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wallyvega 05/05/2007 17h15

Histoires courtes
 
"Shwip, shwip". Ce bruit résonnait dans la ruelle sombre, il rebondissait mollement sur les murs ruisselants et s'engouffrait dans chacune de ses oreilles, forçant le passage, torturant ses tympans. La jeune fille qui marchait derrière lui d'un pas traînant, mâchait bruyammant son chewing-gum, qui empestait la menthe forte. Il n'avait pas besoin de se retourner pour savoir, qu'à chaque mastication, elle ouvrait une bouche béante, dégoulinante de salive. Il avait toujours détesté ces personnes faisant preuve d'un tel irrespect mais il devait garder con calme, maîtriser sa colère. "Shwip, shwip". Il n'entendait que ça, une inévitable succession de "shwip, shwip" sourds, pénétrants, qui le narguaient. Non, c'était elle. Elle le narguait, cette adolescente pseudo-rebelle. Calme-toi! Calme-toi! Elle ne doit pas avoir seize ans. Il serra les poings dans les poches de son imperméable et leva les yeux vers le ciel, menaçants d'exploser à tous moments. Il se concentra sur la suite de Fibonacci, il l'appréciait car il lui était utile, elle l'apaisait. Il tenta de se la réciter. 1, 1, 2, 3, 5, ..."Shwip, shwip". Sale gosse, petite ...! 5, 8, 13, 21, ... Il allaient sortir de la ruelle, la jeune fille toujours à quelques mètres de lui. Elle devait le suivre, il en était quasiment certain. La rue sur laquelle ils débouchèrent tous deux, perpendiculaire à la ruelle, menait vers l'avenue principale en partant sur la droite, et à une impasse sordide, un repaire de clochards et de drogués, sur la gauche. Il décida donc de partir dans cette direction pour vérifier son hypothèse. Elle tourna également à gauche. "Shwip, shwip". Elle te provoque, c'est moi qu'elle veut et elle m'aur...Ta gueule! Elle doit encore être au lycée, tu ne la toucheras pas... Tu lâches prise, tu ne peux rien contre moi... Ses muscles se bandèrent, tendant ses vêtements à la limite de la rupture. Concentre-toi! 21, 34, 55, 89, 147, ... Non, 144. Concentre-toi, bon sang! Il sentait d'infimes décharges d'adrénaline envahir son organisme, chacune gonflant un peu plus ses pectoraux, ses biceps, ses mollets. T'aimes ça, tu ne demandes qu'une chose. Me laisser ta place... Ferme-la, bordel! C'est pour ça que tu ne me domineras jamais, tu m'aimes... Je te hais, monstre!... Tu TE hais, grosse tête, c'est toi le faible, physiquement et mentalement. Il souffla, chassant tout l'air de ses poumons, et inspira profondément. Il allait lui montrer qui dominait l'autre. "Shwip, shwip". Un éclair rompit le ciel grisâtre et le tonnerre gronda: "Sale truie! Arrête ça, putain!"
Il faisait face à son bourreau. Elle le regardait, surprise, aprés avoir été effrayée, un instant.
"Ca va pas, vieux cinglé", lâcha-t-elle, avant d'ouvrir la bouche, laissant apparaître sa pâte verte, immonde.
Résiste, mon vieux! C'est qu'une gamine... Elle te provoque... J'ai gagné... Ses vêtements craquèrent, révélant des muscles saillants. "Shwip, shwip". Nooon!!! Petite conne! La puissance le submergea, le sang circulait en lui à la vitesse de la lumière, lui infligeant une terrible douleur. Son corps n'était plus couvert que de quelques centimètres de tissu à la taille, le reste de ses vêtements réduits en lambeaux. La douleur laissa place à un plaisir encore plus intense, un cri assourdissant jaillit de sa bouche. Il avait, quant à lui, laissé place à un monstre, le souffle court. La petite était pétrifiée devant lui. Il la saisit par la tête, de son énorme main verdâtre, recouvrant entièrement son visage. Elle criait mais aucun son ne s'éléva dans la nuit. Il serra son poing et un liquide chaud emplit sa paume, jaillissant entre ses doigts. Le corps sans tête s'écroula sur le sol, il relâcha la pression et une bouillie pourpre joncha le bitume humide. Il se pencha sur le cadavre et fouilla cette bouillie tiède. Aprés quelques instants, il se redressa, une minuscule boule rose entre le pouce et l'index. Il l'engouffra dans sa gueule. T'as perdu, Banner. T'as encore perdu.
"Shwip, shwip".

gorlab 05/05/2007 17h30

eh bé...il s'énerve pour un rien Banner ces temps ci...8)
mais très bien, stressant et dramatique...;)

wallyvega 05/05/2007 20h31

J'ai inauguré ce topic avec une histoire courte de Hulk mais je pense que j'en posterai sur divers sujets (les comics risquent cependant d'être prépondérant). La prochaine mettra certainement en scène Adrien Monk et j'espère la mettre en ligne bientôt.

Ben Wawe 07/05/2007 21h43

Ah j'aime bien. Dur, énervant et violent. Tu arrives très bien à passer les émotions de Banner et on peut comprendre sa colère, et la fin est très brutale, très crue. J'aime beaucoup. Bravo.

wallyvega 04/07/2007 16h56

Le réveil émit son irrémédiable glas, bourreau des nuits de tout honnête travailleur, ce qui n'était pas réellement le cas de Franck. Il observait la lueur rouge fade qui se reflétait sur le mur lui faisant face, la tête calée sur un oreiller plié en deux, pensant à Eve et aux enfants. Eux ignoraient tout de son activité nocturne, de la manière dont il leur assurait un tel niveau de vie. Ils le pensaient homme d'affaires, opportuniste et ambitieux, parti une nouvelle fois en déplacement pour offrir la dernière console à la mode aux enfants ou un nouveau break à sa femme. Elle n'était pas très bonne conductrice. Franck souffrait de plus en plus ces derniers temps, en particulier de ses mensonges répétés, mais c'était la dernière fois, il se l'était promis. Son avenir et celui de sa famille était plus qu'assuré désormais et Ils avaient accepté de le libéré. Il se leva, pénétra dans la salle de bain, tout à fait éveillé, fit couler un peu d'eau et se rafraîchit. Par soucis de coquetterie, il se rasa, toujours dans la pénombre. Ses yeux étaient, depuis longtemps, habitués à l'obscurité. Une fois présentable, il regagna le lit, rejoignant celle qui accompagnait ses nuits solitaires. Il la prit dans ses bras, la caressa et l'enlaça pendant encore de longues minutes; leur relation était fusionelle. Lui la connaissait parfaitement et il supposait que c'était réciproque. Avant de passer à l'acte, il se devait d'effectuer le rituel hérité de sa première expérience. Peut-être par habitude, certainement pour se convaincre que tout irait bien, comme d'habitude. Il se leva donc de nouveau, traversa la chambre sans bruit, alluma la stéréo et la Voix se fit entendre. Franck Sinatra chuchottait "Fly me to the Moon", l'autre Franck l'accompagnait, dans un ultime duo teinté de nostalgie. Quelle chaleur! Il ouvrit la fenêtre, un air glacial envahit la pièce, dispersant sur le sol ses papiers, faux, soit dit en passant. L'hôtesse d'accueil devait être bien fatiguée, ou négligeante, pour n'avoir pas constaté que l'homme sur la photo ne correspondait en aucun cas à celui qui se tenait devant elle. La vue sur la chambre de l'hôtel d'en-face, légérement en contre-bas, était la meilleure possible. Son occupant ne lui était pas inconnu, et pour cause, c'était un ami d'Eve qu'il détestait depuis toujours, sans n'en avoir jamais rien laissé paraître, cela dit. Son nom était Peter Drake, mais cela n'avait aucune importance. Il se retourna, elle était étendue sur le lit, gardant la même position. Il la saisit fermement, lui mit délicatement ses lunettes, restées sur la table de nuit, et effectua quelques pas avec elle, murmurant: "In other words, I... love... you!". Fin du rituel. Il aperçut Drake derrière sa fenêtre, les yeux cernés, le regard vide et une barbe naissante mangeant son visage. Il accentua, inconsciemment, la pression exercée par ses doigts et demeura immobile, obsédé par ce putain d'enfoiré. Franck le fixait, discernant les moindres détails de son faciès; ses doigts couraient le long du véritable canon qu'il serrait contre lui.
Soudain, un léger sifflement perturba le jour qui s'éveillait et Drake disparut de sa vue. Un cri retentit et une fille sublime, entièrement nue, se précipita au côté du cadavre, en pleurs. Ce contrat, Franck en était le commanditaire et l'éxecutant. Avant de rentrer chez lui, il irait acheter une bague à sa femme. Celle qu'il regardait caresser le visage de sa victime.

gorlab 06/07/2007 19h27

Bien écrit, descriptions précises qui font mouche, y'aura t-il une suite ?

wallyvega 06/07/2007 19h46

Merci à toi. Je ne sais pas s'il y aura une suite mais ce n'est pas exclu. J'écris selon l'envie donc de manière un peu chaotique. Pour l'instant, je bosse sur une histoire plus longue dont je posterai certainement le début dans ce topic.

Thoor 29/08/2007 14h21

Excellente histoire.

wallyvega 16/10/2007 19h31

Tout autour, le sang coule, gicle, jaillit, l'herbe rougit. Le mien perle. Je reste étendu sur le sol, retenant les gémissements provoqués par la douleur; pour d'autres, c'est l'agonie qui en est à l'orgine et seule la fatalité les fait taire. Ils se sentent mourir, cependant ils espèrent encore échapper à la faucheuse, feignant de l'ignorer. Moi, je simule... Je ne suis pas un lâche. Certes, mon comportement n'a rien de glorieux mais je suis désormais le seul à porter notre héritage. Je me dois de transmettre le récit de cette bataille, d'expliquer aux femmes et aux enfants comment leur mari et père sont morts en défendant la liberté, d'exhorter la jeunesse à prendre la relève. Ils me détesteront car je suis en vie, car je me pâmerai devant l'héroïsme des défunts. Je n'ai pas le beau rôle. On se souviendra d'eux pour des centaines d'années, on m'oubliera une fois dans la tombe.
Mais comment avons-nous pu en arriver là? Nous allions gagner, c'était écrit. Une génération de vainqueurs... Les Océaniens, les Lombards, les peuples de l'Est, ... Tous ont succombé à nos assauts, sur leur territoire qui plus est. Aujourd'hui, les rôles sont inversés et notre conscience, depuis longtemps enfouie, se rappelle à nous. Des centaines, des milliers de visages endeuillés envahissent mon esprit. Avons-nous toujours combattu pour la liberté? L'orgueil et la soif de conquêtes ne nous ont-ils jamais voilé la face? Je n'en sais rien. Je n'y ai jamais réfléchi. Je ne suis pas un penseur, j'agis. Un bon petit soldat parmi une armée. Une armée de morts-vivants.
Ils ont souillé notre sol avec nos propres entrailles... Malgré notre supériorité... Grâce à notre vanité. Ils tournent les talons, bombent le torse alors que la pluie transforme la terre en boue, celle de notre dernière demeure. Je vais attendre qu'ils soient loin d'ici, qu'ils aient regagné leur île et reçu une ovation, ces putains de traîtres. On parle d'un code d'honneur, d'une loi tacite inhérente au combat qui assure des affrontements dignes. Plus personne ne le respecte, de nos jours. Les enjeux sont bien trop importants. Nous étions préparés à un corps-à-corps, ils ont gardé leur distance. Les archers ont pris le pas sur les guerriers, et ils étaient bien meilleurs dans ce domaine. Les flêches ont fusé, une poignée d'hommes nous ont mis à terre. Nous, les rois du monde déjà proclamés. Des rois bien naïfs. La nausée s'installe, ça pue la défaite et la honte, davantage que la mort. Je sombre un instant dans l'inconscience, un monde où nous l'avons emporté. Une victoire que je reconnais comme pur produit de mon désir mais qui s'impose comme une certitude. Je m'offre une réalité qui m'est bien plus agréable, et ça ne peut être autrement. Je savoure le triomphe avec mes compagnons, pour certains des frères. Nous buvons, chantons, dansons sur leur cadavre. Les nôtres nous attendent et la clameur s'élève lorsque nos ombres se découpent à l'horizon, sur le soleil couchant. Enfin, après une seconde ou une heure, mes yeux s'ouvrent sur cette prairie devenue cimitière de fortune et je quitte définitivement le royaume des songes. L'inéluctable vérité m'imprègne, déborde, jaillit par chacun de mes pores. Je dois m'en libérer au plus vite. Je me lève avec difficulté, glissant sur la boue sanglante, ou plutôt sur le sang boueux, m'enfonçant dans le sol qui ne demande qu'à s'emparer de moi. Je suis l'intrus. Le dos courbé par l'impuissance et la détresse, j'erre, je me traîne, guidé par l'instinct.
Soudain, une douleur aigüe me transperce la nuque, une convulsion me soulève la poitrine et projette mon crâne vers l'arrière. J'entre dans la légende.

Thoor 17/10/2007 09h44

Bonne histoire, mais trop courte:oups:

HiPs! 17/10/2007 12h23

Bonnes histoires.
Si j'avais un conseil: fais des paragraphes. Pour le récit, c'est mieux, ça pose des respirations et permet de marquer le temps. Et pour le lecteur, ça lui facilite la lecture et la rend plus digeste.

Ben Wawe 17/10/2007 21h59

Bien, bien foutu, mais trop court, oui. C'est un peu dommage.

wallyvega 18/10/2007 20h00

Merci à vous. Je sais que c'est court mais j'écrit souvent sur le moment, d'une traite et je n'arrive pas à produire plus. Il faudrait certainement que je mette mon histoire de côté et que je la reprenne par la suite. En tous cas, c'est noté, j'essaierai d'y remédier.

Baboussa 18/10/2007 20h09

tré sympa :merci::merci:

gorlab 20/10/2007 12h23

Très épique ! descriptions du ressenti du perso. bien imagé, comme les collègues du haut, un chouia trop court..:beu:


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