Avengers : Celestial Quest
 

J'ai toujours eu une affection particulière pour Steve Englehart. Il est de ces scénaristes, avec Gerber et Starlin, à avoir fait bouger les choses chez Marvel dans les années 70, en particulier en ancrant davantage l'univers des super-héros dans le monde réel (voir son inoubliable saga sur Captain America inspirée par le scandale du Watergate).

Depuis 10 ans, le scénariste s'est fait plus rare. Je ne crois pas avoir lu quoi que ce soit de lui depuis son run inachevé sur Fantastic Four. J'attendais donc avec une certaine impatience cet Avengers : Celestial Quest, d'autant qu'il y met en scène son personnage fétiche, pour lequel j'ai une certaine tendresse : Mantis.

Englehart a créé ce personnage il y a près de 30 ans, et l'a développé tout au long de sa carrière. Même lorsqu'il est parti chez DC, Mantis l'a suivi, sous un autre nom, sans que soit mentionné son passé chez la concurrence, évidemment. A l'origine essentiellement experte en arts martiaux, son personnage s'est épaissi au fil des ans, tandis que ses capacités s'accroissaient et qu'elle atteignait une dimension cosmique en devenant la Madonne Céleste (pour une biographie plus détaillée, je vous renvoie ici ).

Lorsque le récit commence, 5 Mantis existent en divers lieux de la planète, chacune possédant une partie de la personnalité de la Mantis originale. Celle-ci va recouvrir son intégrité physique et mentale lorsque Thanos va, l'une après l'autre, éliminer ces différents avatars. A travers elle, Thanos vise en fait à éliminer son fils, Sequoia, né de l'union de Mantis avec les Cotati, et qui serait le Méssie Céleste. Avec l'aide des Vengeurs (Vision, Scarlet Witch, Thor et Silverclaw) et de Haywire du Squadron Supreme, Mantis va tenter d'empêcher Thanos d'arriver à ses fins.

Sur une trame très classique (en gros Thanos contre le reste du monde, ou presque, on a l'habitude), Englehart ajoute diverses intrigues secondaires potentiellement intéressantes : l'obsession de Haywyre pour son ancienne compagne disparue, la relation Mantis-Vision, et surtout une sorte de cancer cosmique (baptisé 'Rot') qui gangrène la galaxie.

Pourtant, la série est au final très décevante. On n'imputera pas cet échec à Jorge Santamaria, jeune dessinateur qui, sans être éblouissant, possède un assez bon sens du storytelling, et bénéficie en outre de l'encrage comme toujours irréprochable de Scott Hanna.

Non, le problème est que les quelques bonnes idées que recèle cette histoire n'aboutissent à rien. La poursuite de Sequoia est linéaire et sans surprise, les intrigues secondaires finissent en eau de boudin. Pire, le personnage de Sequoia est absolument calamiteux : un teen-ager tête à claque en pleine crise de rébellion contre ses parents, et qui va découvrir l'amour auprès d'une pirate de l'espace ! Et ça se prétend messie, ça, madame...

Dommage, l'histoire avait un certain potentiel, mais le résultat est bien en-deçà de ce à quoi Englehart nous a habitué.