A la croisée des mondes : le Crossover inter compagnies

Le cross-over est un genre pratiquement typique du comic book. C’est à la fois une combine commerciale et un cadeau offert au fan boy qui rêve de voir ses personnages préférés se rencontrer. Nous connaissons bien ce genre mais que savons-nous vraiment de son histoire ? Je vous invite à découvrir près de 70 ans de comics à travers le cross-over.

1. Les origines

Cet article est consacré aux crossovers inter compagnies et pas à ceux qui regroupent une histoire comprenant des personnages d’une même maison d’édition, mais à une époque où on ne faisait ce genre de distinction et où le nom crossover n’existait même pas l’idée que deux héros pouvaient se rencontrer faisait déjà baver les éditeurs et les fanboy.
Ainsi il faut savoir que les notions d’univers partagés et de crossovers ont la même origine : la rencontre entre Sub-mariner et Human torch dans les pages de Marvel mystery comics #7 à 10 (1940).

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Seulement quelques mois plus tard, National comics et All american publication s’associent pour créer une équipe avec leurs personnages respectifs. Le premier éditeur propose Doctor Fate, Hour-Man, the Spectre et Sandman et le second the Atom, the Flash, Green Lantern, et Hawkman, de cette union dans All star comics #3 (hiver 1940-41) la Justice society of america et le crossover inter compagnies étaient nés.

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2. Les non officiels

Il faudra attendre les années 70 pour que deux éditeurs collaborent à nouveau ensemble de manière officielle. En dépit de cela les auteurs avaient eux pendant des années une idée sur le concept, et sans accord ils ont créés des crossovers sous couvert de parodies.
En 1963 dans Superman’s girl friend, Lois Lane #42, un Captain Marvel non nommé fait son apparition alors qu’il n’est pas encore un personnage DC, seules les couleurs inversées de son costume le différencie de celui de Fawcett. Cette histoire intitulée « the monkey’s paw » sera republiée dans Lois Lane #104 et cette fois-çi avec les bonnes couleurs.
On revit une parodie de Captain Marvel, sans costume et cette fois-çi appelé Zha-vam dans les pages de Action comics 351 à 353 (1967).
Dans le dernier numéro de la série Inferior five (#10, Sep 1968), Superman rencontra des versions des Fantastic four, spider-man et namor sous les noms The Kookie Quartet, Cobweb Kid et Sub-Moron. Ce n’est pas un cas isolé car cette série à part dans le catalogue DC était spécialisée dans les parodies, on y avait déjà croisé un roi de la jungle ou un dieu nordique armé d’un marteau.

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On le sait tous, le squadron supreme, ou squadron sinister est une parodie de la Justice League of America chez Marvel. Lors de la première apparition de l’équipe dans les pages de Avengers #70 (Nov 1969) nul ne pouvait deviner que ce gag traverserait les décennies pour donner naissance à une vraie licence de la maison des idées.

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Pendant les années 70, des auteurs ont eu l’idée d’écrire des histoires qui se déroulaient pendant la parade d’halloween de la ville de Rutland. Cette parade a la particularité d’être consacrée aux super héros, ainsi dans un comics Marvel les personnages pouvaient croiser des personnages DC qui sont en fait des festivaliers déguisés et vive versa. C’est aussi grâce à cette parade qu’a eu lieu la première histoire à s’étaler sur des titres des big two dans les pages de Amazing Adventures #16 (01-73), Thor #207 (01-73) et Justice League of America #103 (12-72). Je vous invite à lire l’article que j’ai écrit sur ce festival.

Les scénaristes n’en font qu’à leur tête il parait, en tout cas quand ils ont envie de finir une histoire chez le concurrent de celui où ils l’ont commencé ils ne se gênent pas. Un exemple : Steve Englehart a créé Willow dans Justice league of america #142 (Mai 1977) avec les caractéristiques d’une autre de ses créations abandonnée dans les pages de Avengers, Mantis.

Pour conclure ce chapitre sur les non-officiels intéressons nous aux rencontres entre les personnages de comics et de franco-belge, et pas n’importe lesquels puisqu’ils sont parmi les plus connus : Tintin & milou et Astérix. Deux comics sont à retenir en particulier, tous deux signés Randy et Jean Marc Lofficier, il s’agit de Teen titans spotlight #11 (Juin 1987) pour Tintin et Milou et Action comics #579 (Mai 1986) où le Man of steel rencontre des gaulois hyper excités.

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3. Les premiers officiels

Avant que Marvel et DC ne commencent à publier des aventures ils fallaient qu’ils prouvent qu’ils savent travailler ensemble. Ainsi le premier comic à afficher le nom des deux éditeurs n’a rien à voir avec les super héros, il s’agit de l’adaptation du film de 1939 Wizard of Oz de la Metro goldwyn mayer.

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Apres ce coup d’essaie en 1975, Marvel et DC vont collaborer quatre fois à faire rencontrer leurs personnages entre 1976 et 1982. Le premier crossover inter compagnie officiel arrive sur les étals, Superman vs the amazing Spider-man : The battle of the century ravi les fans de comics et ouvre la voix d’un genre. Il sera suivit cinq ans plus tard de Marvel Treasury Edition #28: Superman and Spider-Man (1981), DC Special Series #27 (1981) : Batman vs. The Incredible Hulk et Marvel and DC Present The Uncanny X-Men and The New Teen Titans #1 (1982). Une cinquième collaboration devait être prévue, dessinée par George Perez et mettant en scène les deux plus grandes équipes de super héros, mais à cause de différences d’opinions éditoriale ce projet attendra les années 2000 pour se concrétiser.
DC va au-delà du concept en faisant rencontrer Superman et les héros du dessin animé Master of the universe dans DC Comics Presents #47 (Juillet 1982), le crossover dépasse désormais les limites de la BD.

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4. La relève des indés

Et ensuite le vide, plus rien. Les éditeurs étaient-ils plus frileux que ceux que l’on connaît maintenant ? Le genre est totalement tombé en désuétude pendant quelques années. Les big two n’en produisaient plus, il fallait donc chercher du coté des indés pour voir des semblants de crossovers. Quatre titres sont à retenir entre 1987 et 1989 : Teenage Mutant Ninja Turtles #8 où apparaît Cerebus, Cerebus #104 avec Flaming Carrot, Flaming Carrot #25 où l'on voit les TMNT, enfin Leonardo des mêmes tortues rencontre un autre ninja dans Usagi Yojimbo #10.

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5. L'explosion des 90’s

Les années 90 ont vu l’explosion du genre, on a eu tout et n’importe quoi en rencontres improbables. Mais vu que le genre s’étoffait c’est à cette période qu’on a su différencier le bon du mauvais crossover. Ces notions de bon ou mauvais crossover ne dépendent pas de la rencontre annoncée mais des auteurs qui la mettent en scène, d’ailleurs c’est une règle commune à tous les comics, il n’y a pas de mauvaises histoires ou de mauvaises idées, il y a seulement des idées ou des histoires mal écrites ou mal dessinées. Alors il n'y a pas de mauvaises rencontres.
Un éditeur va remettre le crossover au goût du jour au début des années 90 et va relancer le genre. Cet éditeur qui a spécialisé son catalogue en adaptation de licences cinématographiques est Dark horse, ainsi en décembre 1991 il s’associe avec DC pour faire rencontrer le justicier de Gotham et les chasseurs de prime de l’espace dans Batman vs Predator. Cette mini par Dave Gibbons au scénario et les fils Kubert au dessin est tout de suite un succès et aura droit à deux suites.

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Batman sera l’un des personnages qui rencontrera le plus de personnages d’autres univers pendant cette décennie, parmi eux Judge Dredd, Grendel, Spawn, Punisher, Spider-man, les Aliens ou Captain america. La majorité d'entre eux à plusieurs reprises.

Jusqu’ici les crossovers se passaient d’une explication quand à la rencontre de deux univers et surtout étaient hors continuité. Les années 90 vont faire évoluer le genre, ainsi le batarang envoyé à la face de Spawn dans Spawn-Batman sera à l’origine de la cicatrice du héros recousue par un lacet dans sa série.
Une autre tendance, un éditeur qui possède plusieurs lignes de comics les fera se rencontrer comme dans les cas de DC-Milestone ou Marvel-Malibu, mais alors est-ce encore un crossover inter compagnies ?
Au milieu des rencontres entre univers des 90’s les big two ont édité le crossover des crossovers en 1996 avec Marvel vs DC- DC vs Marvel, une mini série qui amènera à la publication de séries de one-shots d’une maison d’édition imaginaire Amalgam où les héros ont les caractéristiques des deux éditeurs à la fois. Superman et Captain america fusionneront en Super soldier, Wonder woman et Storm des X-men en Amazon ou encore Lobo et Howard the duck en Lobo the duck. Deux autres minis et deux autres séries de one-shots paraîtront en 1996 (All access) et 1997 (Unlimited access). Mais l’intérêt principal de ce cross-over était les duels entre les héros des deux mondes, il y en avait 11, 6 étaient pré écrit et 5 autres dépendaient du vote des lecteurs. En dépit des résultats des votes Marvel et DC avaient convenus qu’après le compte des points ils seront tous deux à égalité.

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C’est aussi l’époque où le crossover est tellement généralisé qu’on ne parle plus d’officiels et de non officiels. Cerebus dans un épisode de Spawn, ce dernier ainsi que Bone, Lady Death ou Madman dans Gen 13 ou les Teenage Mutant Turtle Ninja dans Savage Dragon est devenu monnaie courante.
A la fin des 90’s le genre semblait s’étouffer lui même sous l’immense production, au point que des crossovers de très bonnes factures comme Wolverine-Deathblow, Lobo-The Mask, ou Wildcats-X-men pouvaient passer inaperçus.

6. 2000 à nos jours

Le genre bien que moins présent a passé le cap du millénaire, un en particulier était attendu depuis les années 80 : JLA-Avengers ! Il fallu attendre 2003 et alors que George Perez avait déjà commencer à travailler à un projet similaire dès le début des années 1980 pour que Kurt Busiek écrive un monument du genre crossover. L’œuvre est à la hauteur des artistes a qui on a confié la tache, Busiek et Perez sont tous deux des artistes qui savent caresser le fanboy dans le sens du poil avec des références et des galeries de personnages impressionnantes, et quand ces références et ces galeries concernent les deux plus grandes équipes de super héros la mini en quatre devint immédiatement un succès.

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Dans les années 2000 à nos jours le crossover est décomplexé de probables problèmes de continuité, Planetary rencontre la JLA mais celle d’un univers Elseworlds, Peter David écrit une série chez DC et une autre chez Dark Horse et se permet de faire évoluer ses plots entretenus chez les deux éditeurs à l’occasion de Spy boy-Young justice, les deux rencontres Authority-Lobo sont la suite d’un des one-shots les plus célèbres du dernier des Czarnian en l’occurrence le mythique Lobo Paramilitary Christmas Special.
De nos jours voir des héros passer d’un univers à l’autre ne choque pas, demandez à Majestic ou Captain Atom.

Le crossover a désormais ses références, son histoire et le mot est inscrit en lettres d’or au lexique du fanboy. La rencontre n’est plus improbable et comme tout comic on le juge plus aux auteurs et a ce qu’ils ont à raconter plutôt qu’aux deux noms de héros qui se rencontrent, se battent et à la fin deviennent amis.

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Envoyé par doop (Message 806744) C'est marrant, je viens de relire JLA AVENGERS pas plus tard qu'il y a deux jours (pour TRINITY en fait...) et c'est franchement mieux que dans mon souvenir !

Envoyé par scarletneedle (Message 806894) Y a aussi Ash / Azraël par Joe Quesada dont une vf avait été publiée par Comic Box