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EsseJi 18/10/2016 22h35

Jeff Lemire, seul au monde.
 
J'aime bien étudier les récurrences que l'on peut trouver dans l'oeuvre d'un scénariste, ainsi aussi vrai que Greg Rucka aime les femmes fortes et que Jason Aaron a un rapport fort avec le père, je vous invite à vous pencher sur le cas de Jeff Lemire et son obsession pour la solitude.


Depuis qu'il s'est fait un nom auprès du public comics, notamment avec Sweet Tooth, un profil du personnage Lemirien est apparu*: il est seul, isolé, on s'en méfie et a du mal à s'intégrer. C'était le cas du personnage central de Sweet Tooth et c'est encore le cas sur ses derniers travaux maintream à savoir Bloodshot, Old Man Logan et Moon Knight. Sur ce dernier titre c'est encore plus flagrant, car si supporting cast il y a ce ne sont juste que des pions, qui tantôt sont présents pour le héros et aussitôt disparaissent. Bientôt le scénariste va nous conter les aventures de Thanos, et vu le profil du personnage on est bien dans la catégorie Lemire.
Même quand il nous raconte une histoire d'amour comme dans Trillium c'est deux êtres seuls qui sont au centre de l'histoire, chacun dans son époque, une union improbable.
Avec Green Arrow il a dû composer avec les contraintes de la série télé et de son supporting cast. Mais c'est avec cette série que l'on voit aussi le mieux une des autres méthodes du scénariste*: le flashback. Il aime écrire sur plusieurs époques, et si son personnage est entouré dans l'une, il sera seul dans l'autre, comme Oliver Queen sur son île. Et quand ce n'est pas des flashbacks qui entrecoupent l'histoire ce sont des souvenirs, voir des hallucinations. A croire que l'auteur sait que l'isolement peut être une souffrance, et une des bases de la démence.
Quand il écrit pour équipe vous croyez qu'il aura le scrupule de laisser tomber sa manie*? Pas vraiment, ses arcs sur Extraordinary X-Men parlent pratiquement d'un membre ou d'un petit groupe coupé des autres.

Partagez-vous mon analyse*? Je vous laisse en discuter.

Fletcher Arrowsmith 18/10/2016 22h55

Tu peux aisément rajouter Essex County, Jack Joseph soudeur sous-marin et Winter Road.

Jeff Lemire aime bien confronter ses protagonistes face à leurs angoisses (Essex County, Winter Road, Sweet Tooth, Jack Joseph soudeur sous-marin,Bloodshot Reborn, Old Man Logan)

Il utilise également les grands espaces naturels (Animal Man, Essex County, Winter Road, Sweet Tooth Jack Joseph soudeur sous-marin mais également Trillium). Dans Green Arrow, les grands espaces sont utilisés de manière différentes avec d'abord la ville, puis une île et enfin le japon qui fait le lien avec l'espace urbain et sauvage. On retrouve donc cette approche dont tu parles sur la solitude.

Il projette surement une parties de ses propres angoisses dans son écriture et se sert de son environnement (le canada qu'il chérie) pour créer à la fois la solitude mais également l'angoisse puis l'apaisement.

Je n'ai pas lu The Nobody mais avec un titre pareil je mettrais ma main à couper que ce titre trouve sa place dans cette discussion.

JB 18/10/2016 23h14

Pour le coup, Gus n'est plus seul après le premier numéro de Sweet Tooth, je trouve (Jeppard, les autres hybrides, les femmes ou même Singh).

Fletcher Arrowsmith 18/10/2016 23h32

Dans Sweet Tooth c'est Jeppard qui est le plus Lemirien des personnages.

Eddy Vanleffe 19/10/2016 10h09

je connais peu mais je cru déceler une importance du décor, généralement exterieur vaste et desertique pour insatller ses ambiance. il doit être claustrophobe...
Le voyage semble ausi être au coeur du truc....

ArnaudXIII 27/10/2016 15h26

J'ai lu The Nobody. Je me rappelle plus très bien mais effectivement, c'est l'histoire d'un type qui devient invisible et qui se cache du monde (si mes souvenirs sont bons) donc on reste dans le thème.

EsseJi 27/10/2016 15h49

Et pour Descender que je ne lis pas, mais on retrouve aussi ses thèmes fétiches?

HiPs! 27/10/2016 15h58

Citation:

Envoyé par EsseJi (Message 1686911)
Et pour Descender que je ne lis pas, mais on retrouve aussi ses thèmes fétiches?

Totalement. Un androïde-enfant isolé.

Fletcher Arrowsmith 11/01/2017 16h01

Quelqu'un connait il, Gord Downie, chanteur rock canadien qui vient de sortir en octobre dernier un album complété par un graphic novel illustré par Jeff Lemire : Secret Path.

http://cdn.quillandquire.com/wp-cont...-2-600x600.jpg

Pour savoir, car je pense que cela va assez vite atterrir à la maison :huhu:

HiPs! 11/01/2017 16h50

inconnu au bataillon. Tu nous diras.

FredGri 11/01/2017 17h38

Une grosse utilisation du pathos avec tout les stéréotypes possible. Ca c'est ultra récurent chez Lemire en solo, en tout cas dans ce que j'ai lu de lui...

Fletcher Arrowsmith 11/01/2017 17h43

Là il n'est pas en solo. A priori il illustre l'album du rocker, ce qui est différent (même si on soit retrouver les thèmes de prédilections de Jeff Lemire).

Je ne suis pas complètement d'accord avec ta vision sur les stéréotypes. Oui Lemire aime bien écrire en utilisant le pathos comme ressort. Ce n'est guère étonnant au vu de son œuvre. Après on aime ou pas (ce que je comprends très bien d’ailleurs). Moi cela me parle assez (surtout que j'apprécie en plus son coup de crayon largement décrié).

FredGri 11/01/2017 17h56

Moui, c'est pas ultra subtile je trouve sa façon de gérer l'émotion. C'est même plutôt très scolaire. Tel héros est solitaire, le scénario insiste lourdement sur ce fait en montrant du doigt tout ce qui peut venir le renforcer, les sourcils bien tristes, la marginalité très insistante, très inadaptée (toujours dans le cadre de ce que j'ai lu de lui en solo hein, je n'ai par exemple pratiquement rien lu de lui chez Marvel/DC ou Vaillant)
Mais parfois ça fonctionne sur moi, comme Trillium, par exemple, que je trouve plutôt sympa. C'est juste que Sweet Tooth ou Essex County, j'ai trouvé ça vachement poussif, justement parce que l'écriture n'est vraiment pas subtile (la forme). C'est dommage, car à mes yeux il y a vraiment matière à développer des choses plus émouvantes (le fond) sans forcément se cantonner à de la recette.
Après, ok je ne suis pas fan, mais ça n'est pas du bête bashing, j'ai essayé de comprendre pourquoi ça n'accrochait pas avec moi... Puis je ne baisse pas les bras. La je dois lire Winter Road et les volumes 2 et 3 de Sweet Tooth... je verrais bien...

Fletcher Arrowsmith 11/01/2017 18h14

Belle édition de Winter Road d'ailleurs quand on sait que cela n'a toujours pas été publié aux States. Je ne pense pas que tu changes d'avis .... Je ne mettrais pas Sweet tooth sur la même ligne de départ car le côté futuriste (comme pour Trillium) change un peu la donne (et surtout le contexte). Je pense que ton sentiment doit également être influencé par le dessin de Lemire où je retrouve ce que tu décris (et vu que tu es un très bon dessinateur ton regard critique doit être différent du mien)

FredGri 11/01/2017 18h20

Le graphisme doit jouer en effet, je pense aussi. Mais là c'est très subjectif et ça ne s'explique pas forcément aussi facilement. Après tout, je suis plutôt fan du dessin de Kindt par exemple, alors qu'il fait clairement partie de la même école, et que l'un ne dessine pas mieux que l'autre...


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