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Pour commencer, je souhaite à tout le monde une bonne année 1984 ! Hein ? En retard ? Oui, bon. Passons.

Strange fait ce mois-ci sa couverture sur un événement historique : la première rencontre entre Daredevil et le Caïd. Frank Miller a transformé le poussah sans envergure créé autrefois par Lee & Romita en un roi de la pègre infiniment plus charismatique et impressionnant. Le tête à tête entre lui et DD fait totalement oublier sa précédente incarnation et redéfinit à tout jamais le personnage. Un épisode qui éloigne encore un peu plus la série du cadre super-héroïque classique pour se rapprocher du polar américain. (Daredevil #171, par Miller & Janson).
Le reste de ce numéro est assez inégal. Après s’être débarrassé du Cavalier, Iron Man poursuit sa partie d’échecs grandeur nature contre le Fou (Bishop en anglais, d’où le costume d’évêque). Rigolo au troisième degré, surtout la description faite de l’Ecosse, où se situe l’action, pleine de vieux châteaux médiévaux, d’aristos en kilt et de moutons paissant à perte de vue. (Iron Man #164, par O’Neil, McDonnell & Mitchell).
Rom, une nouvelle fois, doit protéger des enfants victimes d’une expérience menée par les Spectres Noirs. Au fil des épisodes, la série prend une tournure de plus en plus fantastique, impression que renforce le travail d’Akin & Garvey sur les planches de Buscema. Le résultat est classique du point de vue du scénario, mais intéressant visuellement. (Rom #38, par Mantlo, Sal Buscema, Akin & Garvey).
Terminons avec un demi-épisode de L’Homme-Araignée, dans lequel le Sorcier et son mystérieux allié, après avoir échoué dans leur tentative de se débarrasser de notre héros, font évader de Ryker Island deux de leurs anciens complices. (Amazing Spider-Man #214, par O’Neil, Romita Jr. & Mooney).

Dans Nova n°72, les 4 Fantastiques nous proposent un remake de King Kong. Avec pour seule variante que le gorille en question est jaune et vient de l’espace. Et qu’il est venu demander l’aide de nos héros pour lutter contre Galactus. Roy Thomas et Bill Mantlo continuent de pasticher Stan Lee, George Perez et Rich Buckler de rendre hommage à Kirby, et tout cela se lit fort agréablement. (Fantastic Four #171-172, par Thomas, Mantlo, Perez, Buckler & Sinnott).
Spider-Woman poursuit son affrontement contre le duo Vipère/Samouraï d’Argent, et s’interroge sur ses origines. Le récit est rythmé et si l’histoire n’a rien de passionnant, on ne s’y ennuie pas non plus. (Spider-Woman #43, par Claremont & Leialoha).
Quant à l’épisode de Peter Parker… alias l’Araignée, si la guerre des gangs à laquelle se livrent le Hibou et Octopus est toujours aussi peu inspirée, cet épisode à au moins le mérite de régler une fois pour toute la question Deborah Whitman, la gentille blonde que Parker traînait comme un boulet depuis trop longtemps. Et tandis que s’en va la jeune fille bien sage, une autre demoiselle, bien différente, fait son retour… (Spectacular Spider-Man #74, par Mantlo, Hall & Mooney).

Dans Spidey n°48, les X-Men doivent faire face au retour du Fléau, d’autant plus puissant qu’après une expérience ratée, il dispose désormais des pouvoirs mentaux du Professeur X. Ce n’est pas la meilleure période des X-Men, Roy Thomas en succédant à Stan Lee sur la série y a introduit une quantité invraisemblable de vilains tous plus ridicules les uns que les autres. Cet épisode au moins ne souffre pas de ce défaut (hormis les Hell’s Angels venus mettre le souk en début d’épisode), mais il n’est pas bon pour autant. Le combat des X-Men à l’intérieur de l’école rappelle le dix-septième épisode, qui proposait une situation similaire, avec Magneto dans le rôle du méchant. Bref : le jeune Thomas continue d’imiter Stan Lee, sans pour l’instant atteindre son niveau. (X-Men #32, par Thomas, Roth & Tartaglione).
Pour le troisième mois consécutif, Rom figure au sommaire du magazine. Avec un épisode très différent de celui publié dans Strange. Steven Grant nous y présente un Spectre Noir qui s’est tellement bien intégré aux humains qu’il n’a finalement plus grand chose à voir avec ses congénères. Classique mais bien mené. (Rom #25, par Grant, Larocque & Mitchell).
Conclusion du conflit opposant Red Richards et Johnny Storm à Atlantis. Et si l’amour avait rendu fou Mister Fantastic ? On a souvent pu le percevoir comme quelqu’un de distant, obnubilé par son travail, alors qu’il s’agit avant tout d’un passionné. Et lorsque l’objet premier de sa passion lui est enlevé… Un épisode à classer parmi les réussites de la série, également pour les dessins de Colan, très en forme. (What If ? #21, par Mantlo, Colan & Wiacek).

Passons assez vite sur Titans n°60. Dans la Guerre des Etoiles, Lando Calrissian et Luke Skywalker tentent de survivre aux manigances d’Orion Ferret, receleur leur ayant promis de leur fournir des vaisseaux impériaux (Star Wars #59, par Michelinie, Simonson & Wiacek). Dazzler termine de se castagner contre Malicia, (Dazzler #24, par Fingeroth, Springer & Colletta), et Saltarella ressuscite tandis que Mikros et Crabby plongent vers une mort aussi certaine qu’inévitable, au moins jusqu’au mois prochain (Mikros, par Naughton & Mitton).
La seule raison valable de lire Titans ? Les Nouveaux Mutants, dont le deuxième épisode rapproche encore cette série des X-Men – faisant par la même regretter à l’époque le décalage entre les deux séries. Plusieurs intrigues menées de front, plusieurs menaces. Un Brood rôde dans l’école, un nouveau projet de Sentinelles est lancé contre les mutants, Michael Rossi (aperçu dans les premiers épisodes des nouveaux X-Men) fait son retour, Sebastian Shaw également, les 23 pages de cet épisode sont particulièrement bien remplies. (New Mutants #2, par Claremont, McLeod & Gustovich).

Strange Spécial Origines n°169bis nous propose deux classiques et un inédit. Premier classique, l’affrontement opposant Daredevil à Namor, signé Stan Lee et Wallace Wood, dans Daredevil #7. Des premières années de la série – jusqu’à l’arrivée sur le titre de Gene Colan – cet épisode est sans doute le seul à sauver. D’abord parce que Wood a fait un travail bien meilleur que ses compères Everett ou Orlando. Ensuite parce que Lee, plutôt que de nous offrir un énième ringard costumé à la Matador ou l’Homme aux Echasses, préfère faire ce qu’il fait de mieux, c’est-à-dire placer son héros dans une situation où il n’a aucune chance de vaincre, mais où il luttera pourtant jusqu’au bout. Malgré les invraisemblances de l’intrigue, cet affrontement reste un grand moment.
Autre classique assez jubilatoire, X-Men #3, par Lee et Kirby, où est introduit le personnage du Colosse. Outre le cynisme du bonhomme, qui en fait un des méchants les plus appréciables de la série à ses débuts, cet épisode reste un modèle du genre pour sa scène finale hallucinante, dans laquelle le manoir des X-Men est attaqué par toute la troupe du cirque où travaille le Colosse. Kirby s’en donne à cœur joie, et c’est l’un des combats les plus inventifs et les plus invraisemblables qu’il ait jamais mis en scène.
L’inédit, c’est un épisode de Captain Marvel qui aurait dû paraître dans la revue Marvel, vingt ans plus tôt, si Lug n’avait dû cesser la publication de ce titre, jugé trop violent par la commission de censure. Cet épisode, dans lequel Cap apparait encore dans son costume vert et blanc des origines, mérite surtout le coup d’œil pour le travail qu’y fournit Tom Sutton qui, à l’instar de Jim Steranko à la même époque, pallie le manque d’assurance de son trait par une mise en page particulièrement inventive. (Captain Marvel #15, par Gary Friedrich, Sutton & Adkins).

Terminons par ‘La Veuve et le Samouraï’, vingtième album de l’Araignée, qui présente quatre épisodes inédits de Marvel Team-Up. Spidey y rencontre une Veuve Noire amnésique, se fait poursuivre et tirer dessus par le SHIELD, croise Tchang-Shi, se bat contre Boomerang, le Samouraï d’Argent et Vipère, et au final empêche un attentat menaçant l’équilibre mondial. Pas une seconde de répit pour ce récit mené à un train d’enfer. Marvel Team-Up était la série consacrée à Spider-Man la plus orientée action, Claremont l’avait parfaitement compris et on lui doit les meilleurs épisodes, en particulier ceux qu’il signa avec Byrne. Ici c’est Sal Buscema qu’on retrouve aux crayons, encré par un inattendu Leialoha qui tire toute la couverture à lui. Ce n’est pas forcément un mal. (Marvel Team-Up #82-85, par Claremont, Sal Buscema & Leialoha).

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