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Vieux 01/04/2007, 00h41
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Niglo change la caisse du Fauve


Batman : Snow
(DC Comics, 2007)

Scénario : J.H. Williams III & Dan Curtis Johnson.
Dessin : Seth Fisher.


Puisqu’on est dans les hommages posthumes…

DC vient de rééditer cette semaine Batman : Snow, arc paru initialement en 2005 dans Legends of the Dark Knight #192 à 196. Il s’agit de l’un des derniers travaux publiés de Seth Fisher, l’une plus remarquables révélations des comics de ces dernières années (en même temps que ces épisodes, Marvel publiait de son côté une autre de ses œuvres, la mini-série Fantastic Four/Iron Man : Big in Japan, écrite par Zeb Wells). Seth Fisher est malheureusement disparu en janvier 2006, à seulement 33 ans.

Snow se déroule au début de la carrière de Batman (il porte le masque depuis environ un an et demi, et n’a pas encore recruté Robin). Il bénéficie alors du soutien du commissaire Gordon et de Harvey Dent, mais réalise bientôt les limites de l’aide qu’ils peuvent lui apporter. Après avoir frôlé la mort d’un peu trop près, il décide de constituer un petit groupe de spécialistes qui vont le soutenir dans son action.


Dans le même temps, Williams & Johnson reprennent les origines de Mr. Freeze. Lorsque le récit début il n’est encore qu’un scientifique sans histoires, mais la maladie incurable de sa femme et sa tentative vaine de la sauver vont le faire basculer dans une folie meurtrière.

L’intrigue est solide et bien foutue. On y rencontre un Batman encore jeune, parfois maladroit dans ses choix et ses méthodes, obligé à plusieurs reprises de se remettre en question. L’équipe qui l’entoure manque un poil de place pour réellement exister, mais la plupart des individualités qui la composent ont suffisamment de consistance pour qu’on se soucie de leur sort.

Les scénaristes consacrent une bonne partie de leur récit à Mr. Freeze, le suivant dans sa progression inexorable vers la démence, jusqu’à ce qu’il commette l’irréparable. Le personnage est tragique et pathétique, très différent du tueur sans scrupules qu’il est devenu aujourd’hui.


Mais surtout, ce récit est transcandé par les planches extraordinaires de Seth Fisher. Cet artiste avait un des styles les plus originaux que je connaisse, évoquant à la fois Moebius, le sens du détail délirant d’un Geoff Darrows, la rondeur de certains mangas et l’épure de la ligne claire franco-belge. Cela donne tantôt des images oniriques de toute beauté (les conversations post-mortem entre Freeze et son épouse) et des moments où l’action s’emballe et où les corps se mettent à voler dans tous les sens.


Seth Fisher est ici remarquablement bien secondé par Dave Stewart, dont les couleurs renforcent encore la beauté de ces planches. Fisher a adopté ici un style plus réaliste que sur Big in Japan, beaucoup plus délirant dans sa mise en page et farfelu dans son trait, mais le résultat est tout aussi superbe, peut-être plus encore. La manière dont l’artiste parvient à composer des planches fourmillant de détails sans jamais paraître surchargées est tout à fait exceptionnelle.

C’est infiniment triste de relire ces pages en sachant qu’il n’y en aura plus d’autres. Ca les rend d’autant plus précieuses, et fait de Snow un achat indispensable.

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