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Vieux 02/04/2007, 17h14
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Niglo change la caisse du Fauve


Army@Love #1
(DC/Vertigo, mars 2007, 2.99$)

Scénario & dessin : Rick Veitch.
Encrage : Gary Erskine.


Army@Love est probablement l’une des séries les plus étranges jamais parues sous le label Vertigo, qui en compte pourtant quelques unes à son actif. Ce premier épisode laisse penser à un mix plus qu’improbable entre Over There et Desperate Housewives (avec un côté M.A.S.H. assez prononcé).

L’action se déroule dans un futur proche (cinq ans tout au plus), dans un pays imaginaire mais aux consonnances familières : l’Afbaghistan. L’armée américaine y mène une guerre dont on ne sait pas grand chose dans ce premier épisode, mais qui évidemment évoque celles en cours actuellement. Après de nombreux revers militaires, le haut-commandement américain a du avoir recours à de nouvelles méthodes pour recruter et pour améliorer le moral des troupes. C’est là qu’entre en jeu un nouveau service, baptisé Motivation and Morale, qui prône des méthodes absolument pas orthodoxes, avec un succès certains. La mixité est vivement encouragée, y compris en première ligne, et les relations sexuelles entre camarades de chambrée fortement conseillées, l’état-major allant même jusqu’à organiser des orgies pour resserrer les liens des troupes au combat. La vieille discipline militaire semble désormais caduque, et les nouvelles recrues sont même autorisées à garder leur téléphone portable pendant les opérations. Cela nous donne une scène d’introduction totalement farfelue mais très réussie, dans laquelle Switzer, une jeune femme récemment incorporée, reçoit un coup de fil de son mari et l’aide à retrouver où il a rangé l’une de ses cravates, tandis qu’autour d’elle les obus pleuvent…

Ce premier épisode introduit quelques uns des protagonistes de la série. Switzer et Flabbergast, qui vont découvrir ensemble que rien n’est plus excitant que de faire l’amour au front, sous un tir ennemi nourri ; le colonel Healey, responsable du programme Motivation and Morale ; et également, à l’autre bout de la planète, dans le New Jersey, la femme de Healey, Allie, et Lomax, le mari de Switzer, ces deux derniers ayant eux aussi une relation ensemble.


Evidemment, le grand public américain n’est absolument pas au courant des nouvelles méthodes pratiquées par l’état-major pour garder le moral de ses troupes au beau fixe. Tout est fait pour empêcher les fuites et le scandale qui s’en suivrait. Mais avec les moyens de communication modernes, et l’autorisation faite aux soldats de garder leurs portables sur eux, la tâche s’annonce extrêmement compliquée. Quand on y réfléchit deux minutes, l’idée est même totalement absurde et invraisemblable, mais ce n’est pas le souci de Veitch, et la satire autorise ce genre de libertés, à condition qu’elle soit pertinente.

A la lecture de ce seul premier numéro, il me paraît à peu près impossible de porter un jugement définitif sur Army@Love. L’épisode offre plusieurs scènes très réussies et particulièrement mémorables. Des scènes qui fonctionnent essentiellement sur le côté décalé et surréaliste des situations, auquel s’ajoute un brin de provocation.

En revanche, on peut s’interroger sur la cohérence (ne parlons pas de vraisemblance) de l’univers dans lequel évoluent ces personnages. Outre l’absurdité du plan sur lequel s’appuie la cellule Motivation and Morale, les scènes de combat auxquelles on assiste ici manquent de chair. L’ennemi qu’affrontent les soldats que l’on suit ici n’a aucune consistance, se contentant de servir de cibles presque dociles à nos héros. Veitch a beau insister sur le fait que ses personnages prennent leur pied grâce aux poussées d’adrénaline que leur procure le combat, ils donnent davantage l’impression de s’adonner à quelque shoot-em-up virtuel plutôt qu’à une guerre réelle.

Bref, en tant que série, Army@Love me semble quelque peu bancal à priori, et me paraît difficilement viable sur le long terme. Ceci dit, le projet est tellement insolite, et propice et quelques beaux délires, comme c’est déjà le cas ici, que je suis curieux de voir la suite. Et puis le duo Veitch/Erskine fonctionne bien sur ces premières planches, ce qui ne gâche rien.

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