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Vieux 19/04/2007, 17h30
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Niglo change la caisse du Fauve


Jack Cross
(DC Comics, 2005)

Scénario : Warren Ellis.
Dessin : Gary Erskine.


Petit retour sur une oeuvre de Warren Ellis qui semble un peu tombée aux oubliettes. Jack Cross fut lancée à peu près au même moment que Desolation Jones, mais n’a pas réussi à l’égaler niveau qualité et popularité. Annoncée comme une ongoing, elle s’est arrêtée au bout d’un arc et quatre numéros seulement.

Plutôt que de la comparer avec Desolation Jones, ce qui ne serait pas lui rendre service, Jack Cross est plutôt à ranger à côté des quelques mini-séries écrites par Ellis pour DC au début du siècle, notamment Red et Reload. Il s’agit d’un thriller d’espionnage somme toute assez classique, avec ses différentes agences gouvernementales qui se tirent dans les pattes (FBI, NHS, CIA et j’en passe) et son contexte post 11 septembre. Et avec la patte Warren Ellis, évidemment.

Jack Cross, le personnage central de cette série, est un type assez complexe et excessivement contradictoire. A la fois activiste pour la paix et ancien agent secret, du genre que le gouvernement sort régulièrement de sa retraite lorsque la situation devient chaotique. Et lorsqu’il réendosse son costume d’enquêteur, Jack Cross ne recule devant aucune horreur pour mener à bien la mission qu’on lui a confié. Mais, dans son intimité, il ressent le besoin de s’auto-mutiler pour expier ses crimes. Contradictoire donc, passant constamment d’un extrême à l’autre, sans doute trop pour qu’on puisse prendre le personnage au sérieux.


Certes, le caractère extrême du personnage permet à Warren Ellis de signer quelques scènes très percutantes, d’interrogatoires musclés en fusillades sanglantes. Mais dans le même temps, on ne peut s’empêcher de penser que le scénariste a déjà fait bien mieux par ailleurs. En matière de héros torturé, le Michael Jones de Desolation Jones est bien plus intéressant que Jack Cross ; pour ce qui est des interrogatoires de suspects, ceux qui ont eu lieu dans les pages de Fell sont bien plus mémorables que ceux-ci ; quant à voir de spectaculaires gunfights, on ira plus volontiers jeté un œil du côté de Red.

Sur ce dernier point, c’est plutôt du côté de Gary Erskine qu’il faudra porter nos reproches. J’aime plutôt son travail en tant qu’encreur, en revanche pour ce qui est de ses dessins, on pourra lui reprocher deux choses. D’une part, le manque absolu de dynamisme de ses planches. Tous ses personnages ont l’air de vieux arthritiques, raides comme des piquets. Lors des scènes d’action, c’en devient presque embarassant. D’autre part, Erskine dessine les visages les moins expressifs qu’on puisse imaginer. Tout le monde a l’air botoxé à mort. Et pour couronner le tout, l’artiste foire plusieurs scènes en cadrant n’importe comment, par exemple au-dessus du genou quand un type se fait péter la rotule. Soupir.

Donc oui, à la lecture de cet unique arc, malgré un contexte et un genre qui siéent bien à l’auteur, Jack Cross est à classer parmi les ratages de Warren Ellis. Ca arrive parfois.

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