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Vieux 30/09/2013, 15h11
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Magda Magda est déconnecté
Queen Mob
 
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Magda change la caisse du Fauve
Ryuji de Toru Kawashima

Ryuji de Kawashima est le genre de film qui ne s'arrête pas au simple base de son genre et qui propose une véritable réflexion autour du Yakuza, son symbolismes, de l'aura que cette organisation entretien pour ses membres et surtout qui s'interroge sur l'homme avant le "symbole".

Ryuji c'est le genre de Yakuza lasse, visible dans le cinéma de Kitano, ou bien de Fukasaku.
Ici point de valorisation du Yakuza, juste le portrait d'un être ayant fait des choix et qui en tentant de revenir en arrière et de laisser cette vie de côté, va commencer seulement à découvrir l'homme qu'il est et ce qu'il représente aux yeux des autres, que ce soit sa famille ou bien les membres de son clan. Le film rejoint le dyptique de Kitano, "Outrage", bien qu'il soit plus subtil et se déroulant au début de la confrontation entre les différentes générations de Yakuza.
Ici on nous présente leur monde et les coutumes qu'ils sont sensés respectés. Les Yakuza ont des codes et ici ils sont mises à mal de manière intéressante. Le scénariste, qui se trouve être l'acteur principal et quel acteur, Shoji Kaneko, montre que le Yakuza évolue comme la société qui l'abrite et la névrose qui contamine la société, contamine elle aussi les Yakuza, faisant des criminels qu'ils sont, des simples salariés comme le serait le salaryman de base. D'ailleurs ce fut la défense de plusieurs Yakuza au moment des purges de quartier dans les années 90/00 et aussi le moyen "légal" qu'ils ont de faire passer certaines de leurs activités aux yeux de la loi.
Ici ce n'est que le début bien entendu, et pourtant on sent déjà le côté blasé des anciens, comme le côté fou des nouveaux, être Yakuza c'est classe pour une grande partie des gens, alors que ce sont des criminels avant tout et le réalisateur et son scénariste nous le montre à plusieurs reprises. Pour autant le film utilise également des passages obligés pour rythmer son récit et les scènes de violence ou de sexe sont intéressantes, car significatives.

Les scènes de sexe du film sont les moments ou le héros est le plus humain, même si la symbolique le présente toujours comme un Yakuza, ce double-sens est omniprésent dans le film. La thématique du film étant la dualité. En effet le héros est partagé entre sa vie de violence et celle plus sereine, les deux étant parasités par les deux vies distinctes et j'apprécie la manière dont cela est présenté. En effet le scénariste n'hésite pas à utiliser les symboles forts et représentatifs du monde des Yakuza, comme ceux de la famille à travers sa fille et sa femme.
Pour autant, bien que ce qui soit présenté est glauque, on sent une sorte de lueur d'espoir dans la vie du personnage principal et jusqu'à la fin on attend le film.

Première réalisation de monsieur Kawashima et dernier film de son acteur, cette production est un Yakuza Eiga que je considère comme un chef-d'oeuvre.
La mise en scène est de qualité, très années 80, les plans larges sont sublimes et le réalisateur arrive à donner un côté lumineux à des scènes ne pouvant l'être à la base, c'est bluffant. Les scènes intimistes sont excellentes, on pourrait se croire dans la pièce avec les personnages tellement il est proche de ses acteurs et actrices.
J'aime beaucoup la manière qu'il a de filmer les scènes d'action, la scène de fight dans la cuisine ou la première en pleine rue sont brutales, jouissives, réalistes donc dénué de chorégraphie, ici c'est brute et ça fait plaisir même si on a mal pour certains acteurs il faut le reconnaitre. La musique sent elle aussi bon les années 70/80 et est plus que plaisante, moi en tout cas elle me donne directe le sourire comme le reste du film, Ryuji c'est bien, c'est à voir de toute urgence pour ceux ne connaissant pas cette oeuvre culte. 10/10.
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Dernière modification par Magda ; 03/10/2013 à 14h23.
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