Discussion: Le Bouffe-Univers
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Vieux 06/12/2011, 20h32
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Super Héros maitre du monde
 
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5.
Paris-Beauvais : cinquante morts. Mon père, que le diable l’emporte (mais pourquoi ? Je ne l’ai même pas connu…), disait toujours : Femme au volant, mort au tournant. Il a déjà dû croiser Lina. Elle a évidemment refusé de prendre l’auto-voie de peur que les fréquences du guidage automatisé ne repèrent ma présence illégale à son bord. Nous avons donc emprunté la route des pirates. Là, aucune chance d’être contrôlés. En revanche, impossible de faire dix bornes sans se faire attaquer par des pillards. Mal leur en a pris. Lina est une guerrière à l’ancienne. Je la soupçonne d’avoir pris les petites routes uniquement pour le plaisir du combat de terrain, elle aurait facilement pu brouiller les radars.
La première attaque a lieu alors que je m’interroge pour savoir si je dois, ou non, parler de mes conclusions à Lina. La roquette explose sur notre flanc droit. La voiture subie une secousse qui me projette contre Lina. J’ai à peine le temps de sentir ses seins qu’elle est déjà en train de mitrailler l’obscurité. Une horde de toxicos sort de la nuit et se jette sous ses balles. Leur méthode est simple : les premiers sont déchirés par les rafales, protégeant les seconds qui protègent eux-mêmes les troisièmes et ainsi de suite… Il en déboule de partout. La voiture est rapidement submergée. Lina 007 appuie sur un bouton et voilà les toxicos en train de frire sur le capot, carbonisés par les 4000 volts que dégage la carrosserie. Elle redémarre en trombe, morte de rire, écrasant tout sur son passage. Elle me regarde, les yeux humides, et dit :
— ça, c’était le pied !
Et c’est cette fille qui doit sauver le monde ? Putain, qu’est-ce que j’ai fait de la bouteille de gin ?
Le mélange alcool/ tazes me rend encore plus parano. Je me dis qu’étant recherché par le monde entier, le fait d’être encore plus parano est une bonne chose. Je regarde le Palm-pilot posé sur la boîte à gant. Il est éteint. Le choc a dû le faire buguer. Je le prends et l’allume fébrilement, inquiet d’avoir perdu le seul lien avec notre mystérieux informateur. Heureusement, il fonctionne toujours. De la bonne came ces machines. Décidément, seuls les Taïwanais savent fabriquer de la marchandise de qualité. Ce Palm-pilot accroît ma parano. J’ai véritablement l’impression qu’il nous observe. Je me mets à lui parler, doucement. Tu ne nous feras pas de mal, hein ? Lina me regarde avec répugnance. Son dégoût me rassure, il me rappelle que je suis vivant.
La seconde attaque est aussi inattendue que violente. À quelques kilomètres de Beauvais, Lina doit ralentir pour entrer dans l’agglopôle. Une file de voitures à l’arrêt attend d’être autorisée à pénétrer dans la cité. Lina a à peine le temps de s’arrêter que nous sommes encerclés par une bande armée. Le bouchon est faux, conçu pour faire croire que la ville est proche. La sophistication du piège prouve que nous n’avons pas affaire cette fois à une bande de toxicos, mais bien à des pillards organisés. Sans doute des autonomistes communaux qui perçoivent leur impôt révolutionnaire. Ils sont au moins cent cinquante autour de la voiture. Lina est aux anges. Je me surprends à prier. Drôle de moment pour une conversion.
Lina sort, les mains en l’air. L’apparition de cette superbe blonde, moulée de plastique, crée un petit émoi chez les pillards. Cela laisse à Lina le temps de se jeter sur les plus proches d’entre eux, tout en balançant des mini-molotov par dessus la voiture. La fusillade commence, et dure. Je ne vois rien, la tête enfouie entre mes genoux, essayant de croire que les bruits d’impacts sur la carrosserie blindée ne sont que des caquètements de canards. Puis ça se calme. La volaille survivante s’enfuit. Je jette un œil, le temps de voir Lina, sabre samouraï à la main, décapiter un dernier palmipède. La scène est Dantesque, Goyaque, Ernstienne. Du sang et des membres. Des yeux sur le capot me regardent, semblant regretter leurs orbites. La tête à nouveau enfouie, j’essaye de me rappeler ma vie d’avant. Impossible d’obtenir la moindre image. Je ne connais plus que l’enfer, et son crescendo.
Lina est un peu essoufflée. Elle se repose cinq minutes avant de reprendre le volant. Nous dépassons les carcasses de voitures fumantes et finissons le voyage sans nouvel encombre. La voiture nous dit que le laboratoire est en dehors de la ville, sur une colline artificielle. J’apprends par branchement que le labo est équipé d’un télescope géant et d’une immense antenne parabolique. À Beauvais ! Pourquoi construire un centre d’observation dans un endroit aussi désespérément plat ?
Le labo se voit de loin. Une montagne perdue au milieu des champs. Un phare au milieu de la tempête. Le lieu a l’air désert. Aucun contrôle à l’entrée. Pas de gardiens à l’intérieur. Nous avançons dans une pénombre que le grésillement des néons vient égayer sporadiquement. Un premier cadavre en blouse blanche nous dit qu’il s’est passé quelque chose d’horrible. Un petit poucet, transformé en ogre, a semé des corps qui nous mènent finalement dans la salle principale, rouge-sang.
J’en ai marre des morts. J’en ai marre des corps mutilés. J’en ai marre d’être au milieu d’une boucherie sans nom. Je m’affale sur le sol, bien décidé à ne plus bouger. Que Lina fasse ce qu’elle veut. Moi, je meurs ici.
Le Palm-Pilot annonce un nouveau message.

BRANCHEZ MOI SUR LE SERVEUR PRINCIPAL

Lina le plug sur une free-base. Ce que je vois alors sur l’écran géant m’oblige à me relever.

Dernière modification par effixe ; 15/05/2012 à 22h38.
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