Discussion: Le Bouffe-Univers
Afficher un message
  #14  
Vieux 13/12/2011, 12h00
Avatar de effixe
effixe effixe est déconnecté
Super Héros maitre du monde
 
Date d'inscription: juin 2009
Localisation: paris
Messages: 467
effixe pisse du haut de la Tour Starkeffixe pisse du haut de la Tour Starkeffixe pisse du haut de la Tour Starkeffixe pisse du haut de la Tour Starkeffixe pisse du haut de la Tour Starkeffixe pisse du haut de la Tour Starkeffixe pisse du haut de la Tour Starkeffixe pisse du haut de la Tour Starkeffixe pisse du haut de la Tour Starkeffixe pisse du haut de la Tour Starkeffixe pisse du haut de la Tour Stark
9.
Le Palais de l’Elysée n’avait pas grand-chose à voir avec son illustre précédent. Situé au cœur du blockhaus financier de la Défense, il symbolisait à merveille la victoire de l’économique sur le politique. On avait, cyniquement, attribué au Président de la République la place d’honneur, tout en haut de la plus haute tour de verre, qui abritait en son sein les bureaux du premier conglomérat financier du pays, maître de l’eau, du génome et des communications. Le président, surnommé par les médias libres du web Sœur Anne, n’était ainsi jamais loin des véritables décideurs qui, eux, l’appelaient Guignol.
Lina est nue. Superbe. De la sueur perle entre ses seins, comme dans les pubs pour le yaourt bulgare. Je suis tellement près d’elle que je distingue ses pores dilatés et les gouttes glissant le long du léger duvet blond entourant ses mamelons. J’ai une de ces triques, les mecs ! Enfin, je l’aurais certainement si nous n’étions pas suspendus à 45 mètres de hauteur, le vide des ténèbres sous nous, le vide des ténèbres au-dessus de nous, avec pour seul contact à l’humanité la paroi glacée de cette putain de tour de verre dans laquelle, je ne vois pas comment on va entrer, en tout cas sûrement pas en jouant aux Frison-Roche. Et à poil en plus !
Explications : Lina veut aller voir le président. Lui n’est pas au courant et il dirait sans doute non. Alors Lina décide d'attaquer par la face nord. Mais nos tops modernes combinaisons thermolactyls gardent trop bien la chaleur, d’où leur nom, et sont facilement repérables par les capteurs externes. Alors, à poils ! Par -30°C ! J’ai deux litres de whisky dans le corps et une peur à donner la chiasse. J’espère que ça suffira pour maintenir mes 37°C. Lina n’a pas l’air de trop souffrir. Il faut dire qu’elle s’active. Et que je te balance le grappin ventouse à tirs d’arbalète, et que je te hisse mes 50 kilos, plus les 75 kilos de mon acolyte alcoolique qui chierait une fois de plus dans son froc s’il en avait encore un, et que je te plante des mousquetons qui assurent la cordée pendant que je te re-balance le grappin ventouse, que je te re-hisse, etc, etc, etc… Et tout ça à bout de bras, avec une vitesse moyenne de dix mètres par minute.
Plus je connais cette fille, plus je me dis qu’elle est différente.
En une demi-heure, nous sommes en haut de la tour. C’est là que ça commence à être un peu dur. Lina est quand même légèrement crevée. Alors elle a du mal avec les gardes d’élite armés jusqu’aux dents qui l’attaquent de tous côtés. Elle en serait presque venue à bout si je n’avais pas été là. Transi de froid, en fœtus au pied d’une antenne parabolique, le nez sur les couilles, je grelotte en psalmodiant : « une souris vert-teu, qui courait dans l’herb-eu. Je l’attrap-eu par la queue, je la montr’à ses messieurs. Ces messieurs me disent… » Bouge pas, connard ! Mains sur la tête, MAINS SUR LA TÊT-TEU ! ! !
Bref, je suis prisonnier. Alors Lina, étonnamment, se rend, le bras arraché d’un ex-garde d’élite à la main. Les autres se jettent sur elle et la tabassent proprement. Ils sont un peu vénères, je suppose…
Une fois rassasiés de vengeance, ils nous conduisent clopin-clopant vers une porte d’ascenseur. Finalement, il a marché, le plan de Lina. On y est dans la tour. Avec une sorte de galanterie comique, l’un des mastodontes tend une couverture à Lina, le visage détourné. Lina, devant le regard stupéfait des durs, m’en recouvre le corps et se met à me frotter pour me réchauffer. Elle a un fond gentil, cômême ! L’ascenseur s’arrête au 78ème étage. Cela me dit quelque chose, mais je n’arrive pas à me rappeler. Alors je remarque une chose, qui me terrifie plus que tout ce que j’ai vu jusqu’à présent : les yeux exorbités de Lina et son visage, livide, paralysé par la peur.
Et je me souviens. Le 78ème étage de l’Elysée est le siège du Bureau Information et Propagande de l’État. Et une chose que tout le monde sait, c’est que l’on ressort que de deux façons du B.I.P. : mort ou le cerveau en compote.
— Heu… Lina ? Tu crois pas que c’est le moment de leur dire que tu bosses pour eux ?
— Je bosse pas pour eux.
— Ha ? Merde.
Ouais. Ha merde. C’est tout ce qui me vient.
Les gardes nous amènent dans une pièce au milieu laquelle se tient un scanner. Je passe d’abord. Rien à signaler. Au tour de Lina, je suis tout de même un peu surpris, comme les autres hommes dans la pièce. Sous la surface satinée et hautement désirable de sa peau, une multitude de puces biotronics parsème le squelette de Lina. Une nano-armée qui alimente, répare et dope son organisme. Voilà le secret de sa force et de son endurance. Y’avait un truc ! Comme un enfant qui découvre le double-fond du chapeau magique, je suis un peu déçu, même si c’était évident. Les gardes, remis de leur surprise, lui injectent dans la nuque un carcan psy-zen, en plus des menottes en thermo-mousse qui lui entravent déjà les bras. Courageux, mais pas téméraires, les gars. C’est bien, ils apprennent vite.
— Monsieur le Ministre va vous recevoir pour interrogatoire.
Le Ministre en personne ! La classe ! On est quand même des gens vachement importants, Lina et moi. Cela fait chaud au cœur. Lina est tout sourire. Elle pouffe même un peu. Ils ont dû se lâcher sur la dose de psy-zen.
— Tu vas moins rigoler, toi, tout à l’heure, quand on aura découpé ton crâne au laser et planté une centaine d’électrodes dans la pulpe de ton cerveau.
Ambiance…




10.
Kader, 833 000 ans, se sent aussi seul qu’une vieille executive woman retraitée qui n’aurait jamais pris le temps de faire des enfants. Le contact avec les deux humains est rompu depuis des centaines d’années et Kader s’étiole. Il a pisté le signal de Lina jusque dans les tréfonds informatiques des agences paragouvernementales les plus paranoïaques. Il a fini par accéder à son GPS, puis à sa fréquence radio. Il pourrait communiquer avec elle, mais il ne le sent pas. Pour Kader, les deux humains forment un bloc. Rentrer dans l’esprit de l’un serait comme tromper l’autre. C’est un peu idiot comme raisonnement, mais cela le fait sourire. Alors il les observe, comme l’amoureux transi épie sa dulcinée. Il est branché sur l’énorme réseau de vidéosurveillance de l’Elysée et ne manque rien du spectacle.
Le Ministre est un mutant gras et suintant. Il n’arrête pas d’éponger son énorme crâne boosté et de souffler comme un porc. Il ne doit pas avoir plus de vingt-cinq ans et il lui en reste sans doute moins de dix avant de tomber en poussière. Enfin, si le monde survit d’ici là. Le ministre murmure plutôt qu’il ne parle, en faisant siffler les « s ».
— Ssssss’est bien téméraire d’être venu jusssqu’isssi. Peux-t’on sssavoir sssse que vous veniez serser zissi ?
Le Ministre s’adresse au faux Mario. Lina, toujours sous l’influence du psy-zen, est morte de rire. Elle dit :
— Allez mon grand ! Réponds à Fu Manzzu avant qu’il n’enfonsssse des zaiguilles entre tes zongles !
Elle en pleurerait presque. Le faux Mario est paniqué. Sur un regard du Ministre, un garde donne le coup de crosse qui met Lina à genoux.
— Arrêtez ! On est juste venu voir le Président ! C’est le Palm Pilot de Lina qui nous a dit de venir ! !
Ouais. Pas super convaincant comme argument. Kader sent bien que l’interrogatoire va tourner court. Y’a du trépanage dans l’air !
— Allons, Jacques. Dites-moi tout ssse que vous zavez appris ssses deux derniers zours.
— Heu… Je m’appelle Mario.
— Depuis deux zours, en effet. Avant, tu t’appelais Jacques Fausser.
Jacques Fauzer ?
— Non, Jacques Fausser. Tu es un violeur condamné à perpétuité qu’on a reprogrammé pour devenir Mario Van Baer, mort il y a deux ans. Tu dois nous aider à trouver une solution au problème du méta-moteur. Mais Lina t’a volé, si l'on peut dire. Alors, qu’as-tu trouvé ?
Et hop ! Incompatibilité des souvenirs : l’interface chimique construite par le cerveau pour traiter les données mémorielles implose. Bref, une jolie commutation de la part du faux Mario, qui s’écroule comme une merde après ces révélations. Pas malin, le Ministre. Un Ministre, quoi.
Lina, les larmes aux yeux, se met à vomir aux pieds du ministre tellement elle se marre. Elle en pisse sur le tapis en mohair, alors que le faux Mario, les yeux révulsés, effectue un joli relâchement de sphincters. Cela tourne à la farce rabelaisienne. Le ministre montre des signes de contagion vomitive. Il sort de la pièce aussi précipitamment que son gros cul le permet.
— Cela ssssuffit !… Burp !… Exzzécutez un interrogatoire poussssé de la fille et enfermer l’homme. Il peut encore nous zêtre utile.
Kader s’amuse bien. Il observe, en pouffant numériquement. Les gardes emmènent Lina vers le bloc opératoire au bout du couloir, et le faux Mario, toujours inconscient, dans une cellule du 17ème niveau.
Le médecin qui attache Lina sur une sorte de siège de dentiste ressemble aux vieilles photos de Trotski, que Kader a en mémoire. Il a même l’air en noir et blanc, tellement ses cheveux teints et son bouc noir font ressortir la pâleur extrême de sa complexion. Il commence par découper le crâne de Lina au laser, puis, gêné par ses cris, hésite à l’endormir. Mais l’acquisition de mémoire est meilleure si le sujet est éveillé. Alors, avec un sens aigu du pragmatisme, le médecin s’enfonce de la ouate dans les oreilles et, comme il n’est pas un monstre, en propose aussi aux gardes qui entourent Lina. La pose des électrodes en fibres optiques demande du doigté et de l’expérience. Deux choses que le médecin possède assurément, à en croire son dossier que Kader assimile en regardant l’opération. Une fois les 153 tiges posées, le médecin demande aux informaticiens postés dans la pièce d’à côté de lancer la phase d’acquisition. C’est à ce moment que Kader intervient. Il inverse la procédure et injecte dans Lina une somme de connaissances globales qui lui sera utile pour sauver le monde. Aux informaticiens, il envoie une série de données cryptées sans intérêt, qu’ils mettront un petit moment à cracker. Il envoie aussi au médecin un message priorité Alpha signé du Ministre, demandant de refermer Lina proprement, en évitant le trépanage. Ce qui fait bien chier Trotski. Il n’a pas l’habitude de cette procédure de sauvegarde physique du sujet. Mais bon… L’armée de nanopodes présente dans le corps de la fille devrait rendre la chose possible.
Pendant ce temps, le faux Mario se réveille. Les yeux s’ouvrent. Se referment. Se ré-ouvrent. Un pied à terre. Un deuxième. Première tentative de levage. Retombage sur le lit. Un peu de repos. Un pied à terre. Un deuxième. Deuxième tentative de levage. ça tient. L’attitude a changé. Le faux Mario est plus voûté. Il boite. Il fait un tour de la cellule, regarde sous le lit, puis tape contre la porte. Un garde ouvre le judas.
— J’ai faim ! Donnez-moi à bouffer !
Le judas se referme. La porte s’ouvre. Le garde entre, arme à l’épaule. Le faux Mario se jette sur lui, bras croisés autour du cou du garde. Il le soulève et le fait basculer contre le lit. Saisi son fusil d’assaut et lui défonce le casque puis le crâne à coups de crosse. Le sang jaillit. Le faux Mario continue de taper, encore. Encore. Encore. Quand la trachée-artère du garde est enfin visible, le faux Mario arrête de cogner, satisfait. Il passe la tête par la porte. Personne dans le couloir.
Ils n’avaient mis qu’un seul garde pour surveiller Mario, mais c’est Jacques qui s’est réveillé.

Dernière modification par effixe ; 15/05/2012 à 22h39.
Réponse avec citation