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Vieux 04/08/2008, 11h41
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Curleh Mustache
 
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john_constantine change la caisse du Fauve
Bon je pensais terminer Mort à Crédit plus tard dans ma journée, finalement comme j'ai de l'avance et un peu de temps à tuer, je vais m'atteler à une review tout à fait objective de «*Parce que je t'aime*» de Musso (je précise parce qu'on pourrait croire que c'est le titre de Céline Dion). Déjà l'éditeur ,grand seigneur, précise sous le titre qu'il s'agit d'un «*roman*», merci, sans cela je ne pense pas que j'aurais pu savoir face à quoi je me trouvais. Avant de débuter le livre, nous devons jeter un oeil à la quatrième de couverture, il y a un bref résumé, et ensuite des notes pour te donner envie «*Une histoire d'amour envoûtante, un livre profondément humain qui vous plonge dans le mystère et le suspense, un dénouement que vous n'oublierez pas.*» Rien que ça, pour allez plus loin, il pouvait juste mettre un billet de 20 euros dans le livre et écrire «*en plus il te rend riche humainement* ce book.*» (vous comprendrez plus tard pourquoi je fais usage de ce terme).
Et des extraits de grands critiques : «*Musso montre qu'il est passé maître dans l'art du mystère*» Paris Match, «*un dénouement ahurissant.*» Gala, «*Chez Musso, l'émotion a des accents majeurs*» Le Figaro Magazine. Les accents majeurs, je ne suis pas sur, mais j'ai vu des accents aigus et graves oui. Vous noterez qu'il n'y a que le nom des journaux et pas des journalistes, j'ai en effet lu, que des fatwas ont été lancé sur les auteurs de ces mots par l'association du magazine littéraire et de Etudes.

Bon il est temps d'ouvrir le livre, première surprise, un portrait mi-cuisse, couleur, sur toute la page de Musso les mains dans les poches, la Rolex sur un poignée, une mèche sur le front, un sourire complice, un air poupon et le col défait, tout pour que tu lui donnes ton amitié, mais quelque part tu sens qu'il va te trahir dans son écriture comme Jean l'a fait Martinon pour la mairie. A droite une mini-bio où il est dit qu'il est passionné de littérature, une fois que tu as lu le livre c'est un crachat droit dans ta gueule que l'on t'adresse. Ensuite passée une citation en préambule, une note de l'auteur qui dit qu'il ne faut pas révéler la fin du roman, peut être parce que c'est le seul rebondissement du livre, ou son seul intérêt, vu le niveau, c'est comme si un élève de 5ème, en début de sa rédaction sur le plus bel après-midi qu'il a passé, il marquait au début de sa copie «*Pour préserver la surprise, ne révélez pas la surprise à vos amis*», tout cela parce qu'à la fin, il a eu l'idée géniale de dire que sa mamie avec qui il mangeait des gâteaux, elle est morte, elle n'est plus qu'un souvenir. Je le vois le sourire aux lèvres, en trait de se dire que son idée elle pète. C'est ça le problème, c'est qu'il a l'air honnête et qu'à cause de cela tu te retiens de lui mettre des claques, mais dès qu'il fait un truc de travers, c'est bon, il va prendre cher.

Bon c'est l'heure de commencer l'œuvre. Il faut savoir que chaque chapitre s'ouvre avec une citation qui n'a aucun rapport avec le chapitre, c'est juste là pour faire cool, et ça semble tout droit sorti d'internet sur les sites de citations avec des mots-clefs. Finalement le point positif, c'est que les seules bonnes lignes du livre sont là. Ensuite c'est très souvent le même schéma, tu as un sous titre en gras qui donne la date, 2 lignes qui situent la scène et ensuite 2 pages d'actions trépidantes. Et ce qui prime c'est la surenchère, en un chapitre une femme manque de se faire tuer, se fait sauver par un clochard, et là elle pense «*mais pourquoi a-t-il fait ça alors qu'il ne me connaissait pas ?*» (c'est très fin), ha mais c'est que «*Je ne le connais, c'est mon mari !*». Et pour faire bien, il veut à tout prix placer des références qui ne servent à rien, c'est un peu faire des traits partout pour montrer qu'on connait pas son anatomie, donc en une page (la deuxième du «*roman*») apparaissent les noms suivants : Gutenberg, Rembrant, Vinci, Van Gogh, Voltaire, Einstein, Dylan, Mozart, Brahms, Grace Kelly, Hitchcock. C'est pour donner une touche «*roman réaliste*», Fontane Style. Puis on s'amuse à faire des références «*Mais ici, tout n'est que confort, luxe et raffinement*». Ensuite premier cliché (enfin il y en a eu d'autres sur les deux premières pages précédentes, mais je préfère noter celle là, car elle va intéresser sur sa forme), le clochard boit....pour oublier. Et c'est fait ainsi :
Une rasade, puis encore une autre.
Pour oublier le froid, la peur, la saleté.
Pour oublier sa vie d'avant.
Les effets de styles, Musso surkiffe ça, en vrac on a des tentatives de poèmes
avec des mots,
disposés,
comme ça.
ET IL AIME MONTRER QU'ON EST TRISTE OU EN COLÈRE COMME ÇA !
Ensuite il y a des encarts pour des faire-parts, des extraits de journaux, il y a même une photo de femme imprimée sur toute une page. Que des effets qu'il a du trouver cool dans certains romans et il s'est dit qu'il devait à tout prix le faire, alors que ça ne sert absolument pas son roman, et c'est fait avec une bêtise qui en devient presque touchante. Mais un effet m'a arraché des larmes de rire, il est tellement malin qu'il a eu cette idée de génie, utilisé des phrases en anglais pour faire cool, et donc alors que tout le monde parle français, pense français, parfois des personnages pensent à des mots en anglais, oui comme Jean Claude. Et donc on se retrouve avec des aberrations de ce genre : «*A l'intérieur, un identity card, le renseigna*» Mais le truc énorme c'est qu'il a fait imprimé comme tu le vois les mots en anglais, en italique. Mais il a aussi eu l'idée de faire imprimer des bribes de pensées en italiques aussi, alors je me suis retrouvé à lire des mots avec un accent anglais tout au long du roman, ainsi à plusieurs reprises il est dit que «*c'est l'heure du diner*», c'est tellement plus hype que le diner. Et le Coffee-shop.
A nouveau pour les références et pour montrer qu'il aime lire, à un moment une gamine trouve des romans, alors là une liste avec Faulkner, Garcia Marquez, Steinbeck, Brönte, Wolfe, bref du gratin, mais alors ça ne sert à rien, la gamine est conne comme ses pieds, à se demander s'il a regarder autre chose que les couvertures des romans.

Après on peut parler des émotions des personnages et combien ils sont touchants, en gros c'est l'intrigue d'un harlequin écrit comme un chair de poule, le style de la littérature d'idée, c'est plein de trucs cools mais écrit avec les pieds (tout ce qui fait un bon roman de SF quoi), (après tu peux avoir l'idée et le style comme le Jorge mais bon). Je résume, c'est l'histoire d'un mec, sa fille a disparu, alors il se fait SDF pour montrer qu'il est triste, mais au bout de 5 ans, il retrouve sa fille, et là il pense à quoi ? A aller boire et abandonner sa fille pendant une heure, suite à quoi il se dit qu'il a peut être abusé, oui mais fuck après tout «*ce n'est pas sa fille*». Ca c'est le Musso Style, toujours en rajouter à mort, à faire du gros façon énorme. Et en fait, sa fille elle est morte, c'est une expérience de sa femme pour lui faire oublier sa disparition. Oui sa femme est une pute. Au final c'est tellement gros que ça devient terrible (au moins les 30 premières pages, après ça devient quand même lourd tant c'est con).
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Ça resitue les merguez dans un contexte littéraire et intellectuel qui est le bienvenu.

Viens découvrir la saison des animes qui fleurissent.
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