Afficher un message
  #25  
Vieux 19/01/2009, 21h48
Avatar de Hilarion
Hilarion Hilarion est connecté maintenant
Nanti social...
-Gardien du Temple-
 
Date d'inscription: mars 2005
Localisation: Hic et nunc...
Messages: 22 500
Hilarion est LA légende vivante de ce forum !Hilarion est LA légende vivante de ce forum !Hilarion est LA légende vivante de ce forum !Hilarion est LA légende vivante de ce forum !Hilarion est LA légende vivante de ce forum !Hilarion est LA légende vivante de ce forum !Hilarion est LA légende vivante de ce forum !Hilarion est LA légende vivante de ce forum !Hilarion est LA légende vivante de ce forum !Hilarion est LA légende vivante de ce forum !Hilarion est LA légende vivante de ce forum !
Au début des années 90, un voyage dans les pays de l'Est, la guerre en Yougoslavie et ma vie à la fac m'avaient inspiré cette nouvelle :

LES PASSANTS


Egon étudiait à l'université de Vaclavostock depuis deux ans déjà, deux années au cour desquelles la vie autour de lui avait suivi son cour un peu plus régulièrement que lui n'avait suivi les siens. Au delà de l'ironie qu'Egon manipulait de plus en plus familièrement avec une fascination malsaine, ses proches auraient pu déceler une angoisse réelle, brute de toute parure humoristique. Les soirées se suivaient chez l'un ou l'autre. A la cinquième bière, Egon avait une vision assez juste du monde refait à neuf qu'il portait en lui, sans pouvoir toutefois la faire prévaloir sur celle que chacun réussissait à garder en lui quand même leurs viscères les quittaient. Les consciences se réveillaient dans les relents de vomis et de honte, elle aussi bue jusqu'à la lie depuis longtemps. Ils pensaient justifier leur statut d'étudiant en prenant part aux différentes actions protestataires qui ne manquaient pas de naitre au cœur de syndicats qui, tel un comité des fêtes, orchestraient les différentes manifestations annuelles.

Dans un pays au bord de la déchirure, les masses manipulées vomissaient leurs insanités racistes exacerbées par des seigneurs démagogues. Les boucs-émissaires se terraient et trainaient de foyers en foyers, d'incendies en agressions xénophobes. Les intellectuels se risquaient encore à conspuer l'ignorance grégaire et tachaient de soulever des mouvements de protestation au sein même des universités dont certains secteurs s'acharnaient encore à former les derniers humanistes. Le soleil printanier avait fait fleurir sur le bitume les revendications des étudiants, prétextes à nombres de révoltes et de débordements, derniers soubresauts d'une adolescence attardée qui n'en finissait pas de digérer son spleen. Laissant là les espoirs du grand soir naufragé, pressé d'enterrer dans son charnier intime de nouvelles illusions émergées par faiblesse, Egon avait rapidement pris ses distances avec les syndicalistes hâtifs à corriger d'un geste les résultats imprécis de scrutins dérisoires, les laissant s'enliser en revendications ineptes pendant de longues semaines qui empiétèrent même sur les vacances scolaires.

Les longues averses qui embuaient la ville surchauffée tenaient à domicile les habitants de Vaclavostock. Les enfants des cités restaient des journées entières le nez à la fenêtre, guettant les accalmies providentielles. Dans le crépuscule, d'inattendus rayons firent leur apparition, des rayons de feu qui écrasèrent la ville comme sous une canicule de fer. Une pluie de missiles tint les gens à l'abri des caves toute la nuit, dans l'attente de la découverte des cendres de leur quotidien si cher. Des quartiers entiers de Vaclavostock n'étaient plus que poussière et gravats, écrasés sous les surplus de bombes du dernier conflit balkanique en date, atomisée par des armes étrangères dont les crises politico-économiques avaient rendu l'achat plus facile. La première vague mit à terre les orgueilleuses tours qui avaient résisté durant des siècles, et celles plus récentes de l'habitat moderne qui de toute façon ne résistaient déjà pas à la sur occupation par des familles entières de désœuvrés. Le nivèlement social s'était fait par le bas, nantis et démunis se retrouvant dans la masse des sinistrés d'une ville inerte. Les uns n'ayant plus rien à perdre et les autres plus rien à leur prendre, la promiscuité durerait, au moins le temps que se crée une hiérarchie des apathiques.

... A suivre...


Vous auraient peut être les 8 pages suivantes. Mon "style" étaient encore plus lourd qu'il ne l'est maintenant!

J'ai été tenté de corriger quelques passages un peu minables, mais non...
Réponse avec citation