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Vieux 21/02/2011, 20h00
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Mais si je n'ai pas eu plus l'occasion d'écouter le Radiohead, c'est aussi que mon attention a été totalement vampirisée par le Let England Shake de miss PJ dont je tiens à réaffirmer ici, après une semaine entière d'écoutes, la très haute tenue.
Au fond, il est beaucoup plus difficile de défendre une artiste installée qu'un petit nouveau. Pour plein de raisons. Parce que le rock est le culte de la nouveauté et de la fraîcheur; parce que l'avis du critique vierge de tout passif serait perçu comme plus neutre; et aussi, ne nous voilons pas la face, parce que l'auditeur est un affreux snob qui n'aime rien tant que découvrir de nouvelles têtes pour les faire découvrir à d'autres et qu'il est extrêmement difficile de lui faire prendre un train en marche. Ne niez pas, je suis de cette sale engeance.

Cela étant, pour ceux qui ne connaissent la sorcière du Dorset que de loin, ou de nom, ou qui ne prennent de ses nouvelles que de temps en temps, je vous encourage vivement à vous jeter sur son 8è opus. Moi qui la suit depuis ses débuts, je ne suis pas loin de penser que nous avons affaire ici à l'un de ses meilleurs albums. Si ce n'est le meilleur. C'est en tout cas le plus atypique. Le seul dont la pochette ne s'orne pas de la silhouette sylphide de l'artiste. Le seul où elle s'éloigne de son propre nombril pour évoquer un sujet inédit chez elle, la guerre.
Et quand PJ harvey évoque la guerre c'est d'une manière très intelligente, distanciée, puisqu'en tant que femme, c'est la seule position d'où elle puisse témoigner. Les guitares sont sourdes comme les échos de déflagrations lointaines. On y entend du saxo, du clairon et les accords étranges d'une autoharpe, tous instruments totalement nouveaux chez elle. Loin de donner de la voix, PJ fredonne ici d'une colère rentrée, celle de la femme qui assiste impuissante au départ de son compagnon pour la grande boucherie. Elle a des mots terribles sur la guerre, sans romantisme aucun, avec cet indispensable brin de morgue du londonien qui ferait un doigt à un V2 en piqué. Elle parle de "soldats qui tombent comme des morceaux de viande, leurs bras et jambes éparpillés dans les arbres" sous l'apparat glaçant d'une comptine folk/rock en mid-tempo totalement entrainante. On est loin de la fureur noire de "Dry", des expérimentations de "To bring you my love" ou du dénuement de "White chalk". On est à un carrefour de toutes ces directions, à un moment de la maturité d'une chanteuse surdouée qui se sent assez sûre d'elle pour empoigner à bras-le-corps un thème aussi universel que la guerre et en faire sa propre chair (à canons). Remuant.
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