Afficher un message
  #70  
Vieux 13/03/2013, 18h54
Avatar de Thoor
Thoor Thoor est déconnecté
The Mighty Charentais
 
Date d'inscription: mars 2006
Localisation: Derry / Maine
Messages: 5 246
Thoor change la caisse du Fauve
Citation:
CH7 - Comment combattre un dragon ?

La lumière illumina subitement Miromane. La jeune femme, couverte de poussière et de débris, écarquillait les yeux comme un hibou effrayé. Elle rampait depuis des heures à la recherche de la sortie du labyrinthe qu’étaient devenues les mines. La jeune femme travaillait seule dans une galerie isolée lorsque le tremblement de terre avait débuté. Coincée par des éboulis, elle n’atteignait que maintenant la surface, pour découvrir un spectacle dantesque.
Une patte griffue, énorme, apparaissait et disparaissait devant la petite ouverture. Miromane aperçut un homme en surcot blanc, épée au clair, passer entre les pattes du monstre. Les cris étaient effrayants. Des chocs sourds malmenaient les fragiles parois de son boyau de mine. Des pierres et de la poussière lui tombaient dessus, elle devait sortir. La peur mêlée de curiosité lui nouait le ventre, comme lorsqu’elle était petite et creusait clandestinement la mine. Le passage étroit lui comprimait la poitrine, elle rampait, un bras en avant. Dehors des hommes s’interpellaient. Elle crut reconnaître des cris de guerres, des grognements terrifiants.
Aveuglée par une lumière rosée qu’elle ne parvenait pas à identifier, Miromane roula sur le bord de la galerie. Elle aspirait de grandes bouffées d’air et crachait autant de poussière. Elle regardait l’incroyable scène qui se déroulait devant ses yeux sans qu’elle parvienne à y croire.
Un dragon de Schalk occupait le centre d’un cratère et des hommes combattaient le monstre. Des monceaux de Schalk tombaient du ciel et se joignaient pour composer le dragon. Elle vit, comme dans un rêve, trois cristaux se lier et former une griffe d’une des pattes antérieures.
Miromane était protégée par un affleurement rocheux, elle pouvait à loisir voir le titanesque combat. Plus tard, elle apprendrait les noms des héros qui combattirent ce jour là.
Taureau, hache à la main, tentait de trancher la queue de l’animal. Il esquivait en se baissant l’énorme appendice, puis reprenait son ouvrage.
Cœur de Lion, le visage placide, utilisait son arc si vite que ses mains étaient à peine visibles.
Une jeune femme virevoltait autour du monstre, plantait sa rapière et reprenait sa mortelle danse. Feinte semblait inépuisable.
Un rugissement fit sursauter Miromane. Sanglier chargeait. Il portait son épée au flan. Son cimier flamboyait fièrement alors que ses pieds martelaient lourdement le sol. Il prit un maximum de vitesse et percuta l’immense poitrail en projetant son arme devant lui. L’acier se brisa net. L’homme emboutit la créature, tête la première. Le dragon, attrapa son assaillant presque délicatement avec son mufle, puis le catapulta dans les airs. Sanglier ne se releva pas !
Miromane, était bien consciente que le monstre, inachevé, était lent, mais que sa puissance augmentait à mesure que les minutes passaient. Une aile s’écrasa sur le fragile abri de la jeune fille. Elle n’avait pas d’autre choix que d’en sortir et de fuir.
Elle se retrouva entre les monstrueuses pattes, Les colonnes de cristal s’abattaient autour d’elle, l’épargnant miraculeusement. Elle se sentait toute petite, toute fragile sous le ventre de cristal. Elle bondit hors du danger et tomba dans les bras d’un homme. Le visage ouvert, couronné de favoris blond, il lui sourit et l’écarta délicatement sur le coté.
« Courez ! Appelez la garde ! Nous retenons ce monstre ! » Chacune des instructions du Prince étaient ponctuées de coups d’une des deux épées qu’il portait. Forteresse, elle, portait les deux écus frappés des insignes royaux et protégeait son Capitaine. Miromane ne parvenait pas à détourner son regard de cette mortelle danse à trois. Le dragon attaquait les deux hommes, gueule ouverte sur des crocs surdéveloppés. Forteresse détournait le choc afin qu’Yvon puisse frapper. Hélas, les coups portés n’avaient que peu d’effet. Sous le choc de l’acier des morceaux de Schalk sautaient, mais ils se tenaient un instant en l’air avant de reprendre leur place. Même l’épée enflammée d’Yvon ne faisait pas mieux.
Miromane eût la certitude que ces héros luttaient vainement contre la fatalité.

Elle trouva, elle ne savait comment, le courage d’obéir aux instructions données par Brillant. « Peut être », se répétait-elle, « Peut être que les renfort suffiront… ». Elle courut. Elle survolait le sol de ses pieds nus, sautait par-dessus les trous. Le souffle cour, gagnée par l’épuisement, elle courut jusqu'à la futaie. La nuit tombante rendait les arbres monstrueux, mais comparé à l’horreur qu’elle fuyait cela ne l’effraya point. A se trouver ainsi cachée par les grands arbres protecteurs, Miromane raccourcit sa foulée. Malgré la fraîcheur de l’air, elle transpirait abondamment et avait besoin de reprendre son souffle. D’autant plus que les années passées à creuser dans la mine ne l’avait pas habituée à un tel effort debout.
Elle évita de justesse l’homme. Il se tenait au milieu du sentier. Il avait l’air fou. Miromane se jeta sur sa gauche ou un buis miséricordieux l’accueillit moelleusement. Elle se débattit avec l’arbuste tout en se demandant pourquoi l’inconnu ne l’aidait pas. Elle pesta et tempêta tout en se redressant. Elle ne cessa pas de jurer et de copieusement incendier l’homme lorsqu’elle se rendit compte qu’il ne la voyait pas. Calmée, elle prit le temps d’observer l’étrange personnage.
Il portait de luxueux vêtements, des soies rehaussées de broderie, des bijoux d’or et d’argent. C’était un homme gros, vieux, qui gesticulait en marmonnant.
« Frappe ! A droite ! Non ! … », Pus t’elle comprendre. Croyant avoir affaire à quelque noble que la raison avait fuit suite aux événements de la journée, Miromane tira sur le bouc du vieil homme. Son espoir de le voir réagir s’évanouit aussitôt. Non seulement, l’homme ne sembla pas la voir, mais il se mit à courir vers la mine. Elle l’attrapa par le bras, le forçant à faire volte-face et le frappa sous le menton de toutes ses forces. L’homme tomba à la renverse, inconscient. La jeune femme se mit en devoir de placer le noble sur le bas coté, à l’abri, lorsqu’elle se rendit compte de l’étrange silence qui régnait. La forêt ne résonnait plus des bruits de la bataille, des cris du dragon ou des appels des hommes d’armes. Craignant pour la vie du beau jeune homme blond, Miromane accouru vers la mine. Les arbres défilaient de chaque coté du chemin en un brouillard brun/vert. Elle oublia ses douleurs, son souffle trop court, l’épuisement qui la gagnait et faisait trembler ses jambes. Elle ne pensait qu’a Yvon. Elle découvrit en sortant du bois, l’incroyable scène. Le dragon inachevé surplombait de toute sa hauteur les guerriers. Immobiles les morceaux de Schalk ne s’aggloméraient plus au monstre. Plus rien ne bougeait. Les hommes, lentement baissèrent leurs armes. Le monstre restait figé, entouré d’éclats de cristal suspendus dans les airs. Inerte, le dragon semblait quand même terrifiant. Mais Miromane n’accorda pas un regard à la statue rosée, elle ne voyait que le jeune homme blond qui gisait au sol. En son sein, son cœur s’emballa. Ne l’avait-elle donc trouvé que pour le perdre aussitôt ? Elle se jura que s’il était vivant, que jamais elle n’en serait séparée !

Yvon ouvrit les yeux et vis un visage d’ange maculé de terre et de larmes. Il se noya dans les beaux yeux verts, tout en cherchant à reprendre ses esprits. Il apprit de ses compagnons qu’il avait été frappé à la tête par le monstre. Le prince tourna son regard vers la bête. Le monstre s’était subitement immobilisé sans qu’aucun des guerriers n’ait portés de coups, sans raison. Le mystère restait entier.
La décision fût prise de laisser Cœur de lion garder le corps sans vie de Sanglier. Elle aiderait au mieux les mineurs miraculés qui sortaient des décombres de la mine. De plus, le féroce archer possédant un cor de chasse taillé dans une corne d’Aurochs Géant, devrait, au moindre mouvement du Dragon de Schalk, sonner l’appel.
Yvon et les gardes survivants, accompagnés de Miromane devaient retourner au château afin de préparer des mesures contre la menace et envoyer au plus tôt des secours pour les blessés.
La petite troupe alla bon train jusqu'à la futaie. La mémoire lui revenant, Miromane s’arrêta au bord du chemin afin de retrouver le noble dément. Yvon fut très étonné de reconnaître en cet homme Traimon. Il n’eut de cesse de faire reprendre ses esprits au vieux professeur. Il laissa ses hommes continuer leur chevauchée afin de demeurer prés de lui. Fidèle à sa promesse, Miromane resta de même. Elle se sentait un peu coupable d’avoir frappé si fort l’ami du Prince et demeura silencieuse tout en faisant craquer ses doigts.
Yvon déchira sa chemise, puis avec les lambeaux, humecta le visage du pauvre homme. Des gémissements virent briser le pesant silence qui régnait. Traimon émergea lentement de son inconsciente. Même éveillé il garda un regard vitreux.
Le prince lançait des regards furieux vers la jeune femme. Elle haussait les épaules « Est-ce de ma faute si mon travail m’a dotée d’une forte musculature ? »
Le jeune homme n’insista pas, trop inquiet pour ce père de substitution.
Citation:
CH 8 - Révélation

Mon précepteur ne pouvait se relever. Je ne pensais pas que le coup qu’il avait reçut suffisait à expliquer cette faiblesse. Sa respiration était courte, haletante. Il me semblait avoir vieillit de dix ans depuis la dernière fois que je l’avais vu. C’était la semaine dernière, pour le banquet donné pour fêter l’anniversaire de ma victoire dans l’arène. Ses cheveux s’étaient fait rares, des taches brunes étaient apparues sur sa peau, il avait beaucoup maigrit. L’homme doté d’un sérieux embonpoint flottait désormais dans ses coûteux vêtements. J’en avais la gorge nouée. Je tentais de l’installer de manière plus confortable lorsqu’il agrippa la manche de mon surcot.
« Yvon, est-ce toi ? Souffla-t-il.
_ Oui Traimon. Reste calme, ne parle pas.
_ Il est bien trop tard pour se taire…Il me faut tout te révéler……Maintenant. »
Il parla. Son récit était haché, décousu parfois, mais plus il parlait, plus j’aurai aimé qu’il se taise.
_ Yvon te souviens tu du jour ou ton père reçut le calice de Schalk en présent ?
Comme j’acquiesçais, il poursuivit.
_ Ta mère adorait ce présent, et pour lui faire plaisir, Notre roi voulut lui offrir d’autres présents ainsi montés. Hélas, les dignitaires étaient repartis dans leur lointaine contrée et aucun de nos artisans ne sut reproduire leur savoir faire. Il me confia alors pour mission de partir dans la lointaine Dalésie et de commander un service entier de Schalk.
C’était une folie. Le coût de ce caprice dépassait de beaucoup la capacité du trésor royal. Je suis quand même parti pour ces contrées sauvages. Mais loin d’obéir à mon roi, je tentais de voler leur savoir.

Traimon s’épuisait. Il se mourrait et ses confessions l’achevaient. Jamais de ma vie je ne m’étais senti si impuissant. Et pourtant je le laissais continuer.

_ J’y ai passé des semaines. J’ai tout essayé, la persuasion, le charme, la corruption, les menaces, rien n’y a fait, personne ne voulut me parler. Et puis, un jour, en cherchant un refuge pour la nuit, je fus hébergé par des Moines Gris. Cette confrérie n’honorait pas les Quatre. Elle honorait les Secundae, les Dragons issus de la Fontaine de Vie. Ils vouaient même une haine farouche contre Dras’ash, Mors’ash, Free’ash et Lume’ash. Ces moines pensaient que nos Quatre avaient éliminés les Secundae par jalousie. C’est là, dans ce petit temple perdu que j’appris le secret du Schalk.

Je restais suspendu aux lèvres du mourant. A mes cotés se trouvait la jeune femme de la mine. Je ne savais pas pourquoi, mais sa présence me faisait du bien. Traimon déclinait. Ses yeux se perdaient de plus en plus dans le vague et nous devions tendre l’oreille pour comprendre ce qu’il disait.

_ Le Schalk, fils, ce n’est pas un mélange de sang de la Fontaine de vie et de souffle de Dragon. C’est le corps des Secundae morts !
Lorsque les Primaux ont soufflés les fontaines, ils les ont tués. Privés de magie, les Secundae sont mort. Ils sont tombés du ciel, plongés au cœur de la terre. Nous fouillons leur corps, arrachons des morceaux de leurs cadavres pour nous en servir. C’est inique !
_ Ma fin est proche Yvon, Il me faut me hâter. Les Moines Gris m’instruirent. Je suis aujourd’hui le troisième haut dignitaire de mon ordre. J’ai fait bien de mauvaises choses, mais celle-ci était pour toi.

Il s’agrippait furieusement à mes vêtements. Sa tête retombait sur son torse un instant, puis il se relançait dans son exaltation. Je ne savais plus que penser de cet homme. Il m’avait tout appris. C’était lui qui avait accompagné chaque instant de ma vie, tandis que mon père se perdait dans ses royales obligations. Je lui avais confié mes rêves, mes cauchemars. Et voilà qu’il faisait peser sur moi la responsabilité de cette folie.

_ Le Schalk peut être animé. Il suffit d’en avoir quelques morceaux qui s’assemblent, et de la bonne formule, pour faire des golems. J’ai engagé un voleur, il y a bien longtemps, il a volé pour moi bien des éclats de cristal. J’ai réussit à reconstituer une griffe. Je l’ai alors enchanté, elle devait trouver les restes du corps de l’un de mes dieux. Et elle devait le réveiller. Ton père, maudit soit-il, aurait périt en le combattant. Toi, tu te serais lancé dans la bataille et j’aurais relâché le Dragon. Vainqueur, tu devais prendre le pouvoir….
_ Haaa ! Fou que je suis. Je suis bien faible….Comprends, Yvon, Les Secundae ne sont pas totalement morts. Leurs esprits restent attachés à leur corps. Nous, les magiciens, je le sais maintenant, entrons en contact avec eux lors de nos incantations.
_ En réassemblant ce dragon, je l’ai presque ressuscité. Il me tue, non pas physiquement, mais mentalement. Il a besoin de moi, mon corps est l’ancre qui lui permet de revenir. En m’assommant, cette jeune fille l’a désorienté. Elle nous a donné un répit. Je le bloque….. pour l’instant.

Je regardais mon précepteur, son visage ruisselait de sueur. Il souffrait, c’était indéniable. J’entendis la jeune femme murmurer quelque chose comme « Il marmonnait, c’était ça ». Au loin une corne sonna.

_ Yvon, tu dois me tuer.
Je refusais cette révoltante proposition. Il insista.
_ Il n’a besoin que de mon corps, il me tue déjà. Tu ne feras que me libérer.

La nuit nous enlaçait de ses sombres bras. Je ne voyais plus rien en dehors de nous trois. Le monde disparaissait, il ne m’en parvenait plus que des sons étouffés, indistincts. Traimon brillait. Un halo rose émanait de son corps, cela me sembla vivant. Cette chose pulsait d’une vie malsaine. Mon précepteur se taisait, tourné vers son combat intérieur. Ses yeux se perdaient de plus en plus dans le vague. J’étais seul face à mon rôle de bourreau. Je ne sais comment je sortis mon poignard de son fourreau. Ni comment, je trouvais la force de l’amener contre la poitrine de mon mentor. Je respirais fort….

Je n’y parvins pas. Mes muscles refusaient de m’obéir. Je crois, qu’en cet instant je pleurais. Je tournais et retournais toutes les raisons qui devaient m’amener à exécuter un traître. Je ne voyais que le vieil homme que j’aimais.
Plonger dans mon combat intérieur, j’avais oublié la jeune femme. Elle posa sa main sur la mienne.

Nous l’avons fait ensemble !

oct.-2011
Thoor
Fin de la 'saison 01'
__________________
L'amour pour épée, l'humour pour bouclier ! (B WERBER)

ventes Ultimate

WONDERCITY
nouvel épisode: SUNGIRL
Réponse avec citation