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Vieux 07/09/2013, 13h07
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Zen arcade Zen arcade est déconnecté
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Le topic du cinéma japonais sans grosses bêbêtes

Le topic de Kani consacré aux kaiju eiga m'a donné envie de me replonger dans tout un pan du cinéma japonais que j'apprécie particulièrement, le cinéma de genre des années 50, 60 et 70.
Je me propose donc ici de parler de films entrant dans cette définition (mais pas que), des kaidan eiga, des films de sf ou d'horreur, des chambara, des yakuza eiga, du cinéma d'exploitation,... mais aussi quand l'envie m'en prendra des films d'auteurs plus expérimentaux produits en marge des grands studios.
Même si mes cinéastes japonais préférés restent les grands classiques Mizoguchi, Ozu, Naruse,... il n'en sera donc pas question ici (même si a priori, je ne me refuse rien).
Je n'aborderai pas trop non plus des films aisément accessibles, sortis chez nous en DVD et déjà très largement commentés, genre les sublimes Seijun Suzuki sortis chez HK Video par exemple.
Ca se fera au gré de mes envies, au gré des mes (re)visionnages, à un rythme irrégulier, mais si ça vous intéresse, je promets d'alimenter le topic très régulièrement.

Bon, c'est pas tout ça, mais quand faut y aller faut y aller.
On va commencer piano avec [B]Yôen dokufuden hannya no Ohyaku[/B] ([B]Female demon Ohyaku[/B]) réalisé en 1968 par [B]Yoshihiro Ishikawa [/B]en 1968 au sein du studio Toei.
Vers la fin des années 60, le cinéma japonais, qui vient de vivre un âge d'or depuis plus de 10 ans, entre en crise. La fréquentation baissant, les studios cherchent des formules pour relancer la machine.
Pour satisfaire son jeune public, la Toei va mettre l'accent sur la violence et le sexe (ben voyons !) et créer un genre qui fut appelé [B]pinky violence[/B] (à ne pas confondre avec les pinku eiga ou films érotiques, même si leurs trajectoires vont peu à peu se rejoindre au fur et à mesure des années).
Le pinky violence de base va souvent mettre aux prises des bad girls qui cherchent à se venger d'une crasse qui leur est tombée dessus au début du film. Le genre va donc emprunter à d'autres sous-genres tels que le rape and revenge, le WIP (women in prison) et se faire le reflet d'une jeunesse sans repères et désillusionnée.
Assez rapidement, dès le début des 70's, le genre va pratiquer la surenchère (plus de sexe, plus de violence) et même parfois carrément tomber dans le crapoteux déviant, notamment sous la houlette de réalisateurs comme Norifumi Suzuki (surtout connu pour son film de nunsploitation "Le couvent de la bête sacrée") et du frappadingue Teruo Ishii.
Chez nous le représentant le plus connu du genre pinky violence est très certainement la série de La femme scorpion avec Meiko Kaji, une des vedettes du genre avec Reiko Ike et Miki Sugimoto.
Mais revenons à Female demon Ohyaku, qui est considéré comme le film précurseur du genre.
Ohyaku est une saltimbanque prostituée qui travaille pour un protecteur qui l'a prise sous sa coupe après le suicide de sa mère. Elle évolue dans un monde qui fonctionne uniquement autour du pouvoir (des hommes sur les femmes) et de l'argent. Avec la complicité du chef d'un gang de voleurs dont elle est tombée amoureuse, elle pille un convoi d'or mais ils sont trahis, faits prisonniers et elle est contrainte d'assister à la décapitation de son amant (pour les esthètes raffinés que vous êtes, je signale un très beau plan de Ohayu attachée les mains dans le dos qui rampe vers la tête décapitée et se fait doucher par le sang qui coule du corps). Après ça, Ohyaku est envoyée aux travaux forcés dans une mine d'or.
Et elle n'est pas contente.
Mais genre, pas du tout contente, hein.
Voilà pour l'exposition.
Pour la vengeance, ben, faudra regarder le film (ici, vous imaginez mon sourire sardonique, fourbe et cruel devant votre intense frustration).

Comparé à ce que deviendra le genre pinky violence dans les années qui suivent, Female demon Ohyaku reste très classique. Filmé dans un très beau noir et blanc et situé à l'époque d'Edo, il tranche avec les pinky contemporains aux couleurs criardes qui vont rapidement pulluler (genre les séries Delinquent Girl Boss, Boss Girl Blues,...).
Mais, plus qu'un jalon historique dans l'histoire du cinéma de genre japonais, Female demon Ohyaku est avant tout un film très bien réalisé, bien joué (Junko Miyazano est très convaincante dans le rôle de Ohyaku) et qui se laisse voir avec beaucoup de plaisir même si l'exposition est un poil verbeuse et longuette.
Et pour ne rien gâcher, on a même droit à Tomisaburo 'Ogami Itto' Wakayama dans un rôle secondaire.

[img]http://cyberpat.com/blog_gifs/female_demon.jpg[/img]

[img]http://infini-tropolis.com/reviews/images/ohyaku09.jpg[/img]

[img]http://infini-tropolis.com/reviews/images/ohyaku08.jpg[/img]

[img]http://www.dvdactive.com/images/reviews/screenshot/2007/11/pst3.jpg[/img]
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"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée

Dernière modification par Zen arcade ; 07/09/2013 à 13h17.