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Vieux 13/11/2013, 20h01
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Hawkguy
 
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J'ai reçu mon exemplaire de Grant Green : The Complete Quartets with Sonny Clark, et... Whaou ! C'est extraordinaire !

Bon, en fait, il s'agit d'un double album qui contient toutes les sessions enregistrés par les deux musiciens (dans cette configuration), et qui avaient été originellement publiés en trois albums entre 1961 et 1962 ("Gooden's Corner", "Oleo" et "Nigeria").
Rien qu'en 61, Green a quand même enregistré SIX albums (sans compter quelques participations sur des albums de ses copains), le mec était en pleine bourre, il avait la confiance des boss de Blue Note, et malgré, déjà, une addiction à l'héroïne, il était déjà au sommet de son art.

Les 7 premiers titres (issus de l'album Nigeria") sont époustouflants : Green s'empare de classiques comme "Airegin" (qu'a aussi joué Wes Montgomery), "Nancy with the laughing face" (un des tubes de Sinatra), "I concentrate on you" et surtout une version de 10'20 de "It ain't necessarily so" splendide.
La section rythmique est alors composée par Clark au piano, dont la technique fluide (dans la veine de Bud Powell) répond idéalement à celle de Green ; Sam Jones à la basse (qui se sert parfois d'un archer sur les ponts) et Art Blakey à la batterie. Incroyable d'apprendre que Blakey (que je considère comme le plus grand batteur de jazz) n'ait enregistré que ces 7 titres avec Green (il est vrai que les Jazz Messengers du drummer n'accueillait pas de guitariste), mais on sent une jubilation entre tous les membres du groupe.

Ensuite, on a droit à 6 titres (issus de l'album "Oleo"), avec encore de grands moments (les reprises de "On the green dolphin street", "What is this thing called love" et surtout une version céleste de "Moon river" d'Henry Mancini - c'est la chanson du film Diamants sur canapé, de Blake Edwards avec Audrey Hepburn).
Louis Hayes remplace Blakey à la batterie (et garde cette place pour le reste du programme de ce double album). Son style est plus discret, moins percutant, moins exubérant, moins hard-bop que Blakey : on perd un peu en énergie, mais ça reste très solide.
Les solos de Green sont superbes : il donne aux airs blues une profondeur bouleversante sans faire de chichis, et quand il swingue, son phrasé est d'une limpidité exemplaire. Ce qui est remarquable avec Green, ce n'est pas seulement la beauté de son jeu, sa sobriété, c'est qu'il écoute ses partenaires, il leur laisse la parole, il les met en valeur. On a vraiment le sentiment d'écouter un groupe, pas un soliste avec des accompagnateurs.

Enfin, on a droit aux 6 titres du disque "Gooden's Corner".
Le pic de cette session, c'est bien sûr la reprise "My favorite things", LE tube immortalisé (et souvent revisité) par John Coltrane. Le saxophoniste Ike Quebec (avec lequel entretemps Green enregistra "Blue & sentimental") aurait d'ailleurs pu figurer sur ce morceau.
La combinaison des musiciens atteint la perfection : on a l'impression qu'ils jouent comme un band avec des années de complicité, leur swing est percutant comme jamais, et quand ils jouent en finesse, c'est de la dentelle. Quand on pense que Sonny Clark (également toxicomane) est mort à 36 ans, quelques mois après cet enregistrement, on imagine ce qu'il aurait pu encore faire, surtout avec cette formation-là.

Ces sessions laissent beaucoup de regrets quand on écoute avec quelle harmonie ces quatre garçons se complètent (même si, donc, les morceaux avec Blakey sont un ton au-dessus du reste). Mais c'est une riche idée d'avoir rassemblé ces 19 morceaux dans un seul coffret. Quand on se rend compte que tout ça a été gravé en seulement trois journées, ça laisse rêveur.
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