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Vieux 31/10/2016, 13h14
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Eddy Vanleffe Eddy Vanleffe est déconnecté
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ELEKTRA : INTROSPECT
GREG RUCKA
JOE BENNET & CARLO PAGULAYAN


SPOILER: Y'A PRESCRIPTION!

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C’est toujours en rangeant ma collection que je tombai sur ma petite collection de 100% Marvel Elektra. Et soudainement une ironie m’a sauté à la gueule comme un « facehugger ». sur un scénario de Greg Rucka habitué aux femmes fortes, féministe la main sur le cœur, les couvertures étaient signées à l’époque par Greg Horn qui avait fait ça :


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C’est donc un brin rigolard que je me relançais dans la lecture de son run, un run somme toute excellent.
Son premier arc avait confronté Elektra à ses origines grecques en la faisant travailler pour une sorte d’Erinye se vengeant de ses anciens tortionnaires. D’entrée de jeu, l’auteur annonce la couleur, la femme victime de l’homme : c’est fini !
Puis vient l’arc qui m’intéresse aujourd’hui, INTROSPECT. Elektra possède pour ses contrats tout un réseau d’intermédiaires aussi sophistiqué qu’opaque afin de rester la plus discrète et intraçable possible. Or un jour, la machine se grippe et voilà notre tueuse au chômage, longtemps…trop longtemps. En tout cas assez longtemps pour que notre héroïne réalise que tuer est pour elle une horrible addiction. L’en priver, c’est la détruire. Et c’est justement ce que l’on veut peut être parvenir à faire.
Rucka va oser déconstruire le personnage de Miller et il va y aller avec une cruauté assez inédite dans un comics « big two ». D’abord psychologiquement, sevrer ainsi Elektra brutalement, va déstabiliser un personnage que l’on a toujours relativement imperturbable, limite extérieur à ses propres histoires. Puis un délabrement physique va vraiment la dégommer de son piédestal, désormais décrite comme une vulgaire junkie, on aura rarement vu un personnage Marvel féminin aussi lamentable. Attention Greg Rucka ne fait pas ça gratuitement, il arrête simplement l’emphase que l’on pourrait avoir avec un personnage qui n’est jamais qu’un tueur sanguinaire et sans pitié. Pas un héros ni même quelqu’un d’enviable.
Bien entendu, la machination autour de cela se révèle, et là les évènements vont prendre une tournure encore plus bizarre. Malgré l’état catastrophique la tueuse grecque, Rucka lui fait exhaler une sorte de magnétisme animal à tel point que pas un homme ne reste vraiment de marbre face à elle. Sa présence est venimeuse et hypnotique. Une ancienne victime la tient alors à sa merci pour la torturer mentalement, pourtant une sorte de jeu malsain d’attirance morbide et de dominant/dominé se met lentement en place afin que l’on ne sache plus vraiment qui est la victime et qui possède l’ascendant. Finalement relâchée dans le désert, l’effet Elektra opère encore et au fur et à mesure qu’elle se débarrasse d’un commando complétement pervers, elle semble récupérer ses forces, son aura et son caractère fascinant. L’histoire se conclue de manière tordue. L’ancienne captive devient consentante comme finalement soumise comme peut l’être un fauve temporairement. De l’autre côté, le tortionnaire totalement fasciné par sa victime se met à la protéger dans un jeu dont les ressorts psychologiques défient justement toute interprétation rationnelle ou bien-pensante.
Deux êtres fracassés se sont donc trouvés dans une étrange relation faite de torture mentale, de domination, de contraintes chargées en connotations sexuelles à côté desquelles les frasques d’un Christian Grey font sourire.
On se prend même à espérer que ces deux-là finissent pas trouver une porte de sortie apaisée à leurs tourments… mais rien den demeure jamais et le reste est une autre histoire.
Ce qui frappe à la lecture, c’est que loin d’instrumentaliser le corps de la femme ou de vouloir rabaisser son héroïne, Rucka lui fait pourtant vivre l’un des épisodes les plus pénible de son existence empli de violence graphique et suggérée, la salissant au sens propre du terme, pour mieux la reconstruire ?
On aurait tôt fait d’interpréter ce genre d’histoire aujourd’hui, mais le talent de Rucka nous aiguille bien entre ambigüité psychologique et la côté sans concession du propos.
Il y a un petit peu du film La jeune fille et la mort (toute proportion gardée) dans ce comics, et c’est glaçant.

mais

Dernière modification par Eddy Vanleffe ; 31/10/2016 à 14h32.
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