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Vieux 22/04/2009, 19h22
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Ivan Rebroff Ivan Rebroff est déconnecté
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Ivan Rebroff change la caisse du Fauve
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Qu'est-ce que ça vaut ?
Aussi étonnant que ça puisse être, jamais (à ma connaissance, du moins...) le principe du Cluedo n'avait été transposé dans le monde des super-héros. Auteur de romans noirs, Brad Meltzer était tout indiqué pour imaginer cette histoire à la fois violente, dérangeante et poignante.
Le choix de sacrifier un personnage de troisième ordre comme Sue Dibny est d'abord déroutant mais finalement judicieux : on constate que la principale faiblesse des surhommes est leur entourage proche, des individus sans pouvoirs pour se défendre, parents, amis, amants.
Le châtiment infligé au Dr Light révèle aussi des divergences philosophiques profondes entre les justiciers : certains prônent des solutions radicales, quitte à trahir leurs camarades en les traitant comme les criminels qu'ils ont capturé ; d'autres (plus laxistes ?) refusent peut-être de considérer avec lucidité le Mal qu'ils combattent sans vraiment l'éradiquer.
Ces questions, Brad Meltzer les pose avec brutalité. Mais ainsi il fait descendre de leur piedestal des héros iconiques, comme Superman ou Batman, et rend leur relation plus humaine, réaliste, ambiguë. Les 7 épisodes de cette mini-série possèdent une densité dramatique rare qui culmine dans un dénouement déchirant, dont personne ne sort indemne. Certains ont reproché au romancier une certaine complaisance dans la représentation de la violence, mais peut-être était-ce le prix à payer pour décaper les mythes ici mis en scène.

[...]

Bref, un classique moderne, qui fait une forte et durable impression. Une lecture mémorable qui justifie son investissement.
Wow. Tu te rends bien compte que tu fais le panégyrique d'une histoire qui, partant d'un simple whodunit dans le landerneau des icônes à mâchoires serrées et à slips moulants par-dessus leurs collants, finit en n'importe quoi s'enfonçant toujours plus dans le sordide et le bancal? Non, la complaisance dans la représentation de la violence par Meltzer n'est pas le prix à payer pour décaper les "mythes". D'aucuns ont fait beaucoup mieux sans recourir à des artifices nauséabonds, chez DC même, Darwyn Cooke a redéfini à merveille le mythe urbain des super-héros dans The New Frontier, que tu chroniques avec style et retenue plus haut. Alan Moore a cherché à redéfinir des figures littéraires que l'on a longtemps acceptées comme inébranlables dans The League of Extraordinary Gentlemen, où la violence semble moins complaisante, offerte en pâture aux lecteurs pour bien insister que l'histoire est sombre, affreuse, terrible, de la souffrance, de la colère, de la haine, de la vengeance, du sang, de la mort.
Concernant l'aspect Cluedo du truc, le dénouement offert dans le #7 est merdique. Où sont les indices, tout au long des six précédents numéros? Oh, vraiment, Jean Loring, dans l'appartement, avec un lance-flammes? Et c'était un accident? AVEC UN LANCE-FLAMMES?? Beaucoup de choses ne tiennent pas debout: Jean Loring sait utiliser le costume d'Atom, première nouvelle; d'ailleurs, Ray les laisse traîner dans l'appart, à côté du lance-flammes de Jean; les plus grands détectives du monde s'associent ensemble, ont accès à des instruments de recherche divins (littéralement), et Jean n'a laissé aucune trace, pas un cheveu, une peau morte, une trace de pas? Sûr, elle peut la jouer ninja au niveau subatomique, mais quand elle reprend sa taille normale, qu'en est-il, hmm? Et puis, un lance-flammes, ça laisse une odeur bien discernable, non?
Je n'ai pas compris non plus pourquoi Jean Loring est placée à Arkham une fois découverte, sous son propre nom. Un puits glauque de désespoir et d'horreur, où elle n'a absolument aucune chance d'aller mieux, et de grandes chances de se faire violer en groupe par le Joker, Two-Face et Killer-Croc. J'imagine que l'aspect grim'n'gritty n'avait pas été assez souligné jusqu'ici.

Pourtant, entre le viol de Sue, son massacre et celui de son enfant, le meurtre du père de Robin, la destruction systématique du personnage de Jean, on a été servis. Alors que rien de tout cela ne servait l'élément principal, celle de la lobotomie magique. Ce qui en fait un récit rien moins que répugnant, éthiquement parlant.
Je n'ai jamais discerné où se trouvait l'héroïsme dans cette histoire cynique. Quelque chose d'héroïque se passe dans Identity Crisis? On y voit ou y devine des viols, des meurtres, de la folie, de l'horreur, des individus qui se mentent à eux-mêmes, des secrets, des mensonges. Et je ne pense pas que les personnages en présence en sortent grandis ou meilleurs.
Au risque de me répéter et de faire mon vieux con rébarbatif et aigri, Identity Crisis a été pour moi un des pires, si ce n'est le pire, comics de 2004.
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