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Vieux 28/08/2015, 11h10
doop doop est déconnecté
bouzouk force !!!!
-Gardien du Temple-
 
Date d'inscription: juillet 2005
Messages: 7 281
doop sait diviser par 0doop sait diviser par 0doop sait diviser par 0doop sait diviser par 0doop sait diviser par 0doop sait diviser par 0doop sait diviser par 0doop sait diviser par 0doop sait diviser par 0doop sait diviser par 0doop sait diviser par 0
J'ai appris à lire avec les super-héros.
Le tout premier magazine comics que j'ai lu date d'octobre 1979; il s'agit du STRANGE #118 avec Spider-Man en couverture (celle où la ville est plongée dans le noir par le Shocker). J'avais 5 ans.
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On m'avait acheté ce numéro un dimanche avant d'aller chez mes grands parents j'adorais le dessin animé. La petite bande dessinée du dimanche est devenue bien rapidement un rituel, et les STRANGE (puis les SPECIAL STRANGE) ont commencé à s'enchaîner consécutivement avec les journaux de Mickey, Spirou et autres Pif Gadget. Autrement dit, je venais de rentrer à l'école primaire et je connaissais déjà Daredevil, Magneto et Iron Man même si j'avais encore du mal à saisir toutes les subtilités des histoires et des dialogues.
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D'ailleurs, lors de la lecture de mon tout premier SPECIAL STRANGE (celui où les X-Men sont torturés par Magneto dans son volcan secret), je n'ai pas compris immédiatement que les mutants étaient les héros de la série et je trouvais l'idée assez bizarre mais tellement originale de faire une série sur un groupe de vilains. Il faut dire que l'équipe de l'époque avait tout pour faire penser à des méchants : un petit bonhomme avec des griffes en métal, un homme dont les yeux sont cachés par une visière, une jeune fille aux cheveux de feu et une bête bleue à fourrure. Il n'en fallait pas plus pour que mon esprit de petit garçon en fasse des criminels capturés par le "gentil" Magneto à l'air noble. Et c'est bien évidemment la première fois que j'ai eu affaire, sans le savoir, à cette notion d'ambigüité et de complexité dans les comics qui, contrairement à ce que peuvent penser la majorité de ceux qui n'en lisent pas, sont tout sauf manichéens. D'année en année, les numéros ont commencé à s'accumuler et les piles à s'amonceler dans ma chambre. C'est avec les revues LUG que j'ai donc construit mon enfance, emmenant toujours un STRANGE ou un NOVA avec moi, même lors des repas de famille (ce qui n'était pas très poli, il faut bien l'avouer).
4 ans après ma première incursion dans le monde merveilleux de Marvel (les revues SAGEDITION qui publiaient Superman et Batman étaient à l'époque trop chères pour que l'on me les achète régulièrement), j'ai vécu la mort de Jean Grey en direct. Tout bien réfléchi, c'est certainement la toute première fois que j'ai réellement pris conscience de la notion de mort. Quelqu'un que je connaissais et dont je lisais les aventures tous les trois mois avait disparu pour toujours et je trouvais cela très injuste, j'aurais tellement voulu qu'elle revienne (mon voeu sera d'ailleurs exaucé plus tard et même de nombreuses fois).

Mon entrée au collège a rimé avec une réelle frénésie de lecture : non seulement le nombre de comics que je lisais tous les mois augmentait exponentiellement (l'arrivée d'AREDIT et de ses albums comme COMICS PARADE, les VENGEURS ou LES JEUNES T y était certainement pour quelque chose) mais de plus, je commençais à m'intéresser à un nombre impressionnant de romans de science fiction souvent pas encore de mon âge. En bref, je dévorais littéralement tout ce qui me tombait sous la main, que ce soit des livres, des articles de journaux ou des bandes dessinées. Pour l'anecdote, mon premier "vrai" roman me ramène encore aux comics puisqu'il s'agissait des aventures de Conan le Barbare (dont le film avait fait fureur). C'était réellement une époque bénie où les plus grandes sagas des deux principaux éditeurs américains de comics s'offraient aux lecteurs, qui pouvaient alterner entre le Crisis On Infinite Earths de Wolfman et Perez et les X-Men de Claremont et Smith. Je pense que c'est à ce moment que j'ai définitivement basculé du côté du fan irrécupérable de super-héros.
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Au fil du temps et de mes lectures, j'ai compris que certains récits de super-héros pouvaient aussi s'adresser à un public très adulte. Je me rappelle encore de la sensation de malaise devant la violence de CAMELOT 3000 ou du premier numéro de la série WATCHMEN qui contenait la série éponyme d'Alan Moore ainsi que des épisodes de THE QUESTION.
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Mon arrivée au lycée s'est faite en pleine Batmania. Grâce au film de Tim Burton, les Français ont pu voir arriver dans les librairies des dizaines de comics qui ont fait la transition avec l'arrêt total des publications DC en kiosque, les éditions AREDIT déposant le bilan au moment même où l'éditeur allait proposer des séries totalement nouvelles.
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C'est donc en librairie que j'ai pu découvrir les éditions COMICS USA qui proposaient des récits beaucoup plus matures et qui était en phase avec mon passage à l'adolescence. C'est grâce à ces éditions que j'ai pu non seulement lire la fin de WATCHMEN mais aussi découvrir DARK KNIGHT RETURNS ou encore le ELEKTRA de Miller et Sienkiewicz que les éditions LUG (devenues SEMIC) n'auraient, pour cause d'autocensure, jamais pu publier chez les marchands de journaux.
C'est aussi durant cette période que j'ai découvert des auteurs comme Grant Morrison, Peter Milligan ou encore Jaimie Delano dont les histoires semblaient à des lieues de ce que pouvais lire en kiosque. En revanche, je ne connaissais toujours personne avec qui partager ma passion et j'étais toujours restreint aux revues VF publiées au bon vouloir des éditeurs.

Mon niveau d'anglais devenant suffisant, je profitai alors de mon entrée en classe prépa puis à la fac pour avoir accès au Saint Graal de tout collectionneur VF de l'époque : les comics en VO. Je me rappelle encore de la première fois où je posai les pieds dans un magazin consacré uniquement à ce type de revues à Nice : je n'en croyais pas mes yeux ! Non seulement s'étalaient devant moi les comics que je ne pourrais lire en VF que dans plusieurs années (à cause des délais de publication) mais aussi toute une ribambelle de titres inconnus ou qui n'étaient plus publiés depuis des années en France. C'est à ce moment que j'ai découvert les comics Vertigo (la ligne adulte de DC) mais aussi que j'ai pu combler mon retard sur ce qui à l'époque était mon héros préféré : Batman.
J'avais désormais accès à un nouveau pan entier de la culture comics : tout était disponible et à portée de mains. Je me rappelle du choc monumental que m'a procuré la lecture du deuxième recueil de Sandman (l'un de mes tout premiers TPB) ainsi que la joie de découvrir, trois ou quatre ans à l'avance, ce qui allait advenir de mes mutants préférés.
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De plus, je pouvais désormais discuter pendant des heures avec les vendeurs de ces boutiques ou les clients sur telle ou telle série, prendre conseil, découvrir de nouvelles choses. Soyons francs, j'achetais en VO beaucoup de revues et souvent des titres pas vraiment très réussis comme pas mal de comics Marvel ou Image du milieu des années 90 pour lesquels je garde toutefois une grande sympathie. Contrairement à beaucoup de lecteurs de comics, je n'ai jamais réellement choisi entre les comics "mainstream" classiques et plutôt génériques et des comics plus indépendants ou adultes. Je savais toujours ce à quoi je devais m'attendre et trouvais autant de bonheur à lire une bonne idée ou un bon dialogue dans une série grand public que dans une série plus mature. J'avais trop longtemps souffert du fait que les comics étaient considérés comme de la sous-lecture et je n'allais pas appliquer ce même genre de préjugé aux comics "mainstream".