Discussion: Le Bouffe-Univers
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Vieux 05/12/2011, 22h07
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Le Bouffe-Univers

1.
Nous sommes en 2045 parce que mon plan a échoué. Et le ciel étoilé au-dessus du labo atteste que l’univers, en tout cas la voie lactée, existe toujours. Je sais, à quelques mézons près, ce qui a merdé, mais je suis incapable de réparer mon erreur. Pas avant des années en tout cas. Ce qui signifie sans doute ma mort, celle de Lina, et évidemment celle de la majorité des êtres humains, terrestres et extra. La bouteille de whisky que je planque sous mon bureau pour les grandes occasions me paraît d'un coup bien petite.

Mon siège me réveille vers quatre heures. Un message de Lina. Elle me demande de la rejoindre au plus vite dans un cône-bar du 12ème. À sa tête, je devine qu’elle a déjà cracké mes données et sait tout de mon échec. Je me rince les dents avec le fond de la bouteille et appelle un cab. Je n’ai plus de carte depuis longtemps, un des inconvénients d’être recherché par tous les gouvernements mondiaux et clonés. Mais j’ai suffisamment de tazes pour m’acheter ma propre société de taxi. Le cabman me donne même son code, si jamais j’ai besoin d’un service, quel qu’il soit.

Le cône-bar est bien infâme, comme Lina adore. Des caricatures de crapules, certainement aussi inoffensives que des agneaux, sont branchées sur la guerre en direct, persuadées d’être des durs. Au fond, Lina partouze avec deux types, genre connard, sans visiblement prendre le moindre plaisir. Elle se désengage des deux brutes quand elle me voit, ressentant cette fois une vraie joie à les envoyer chier, insatisfaits. Elle est comme ça, Lina, belle et assez méchante.

— Tu es un minable.
— Je sais.
— …
— …
— Je crois bien que je vais te tuer. D’abord te couper les couilles, puis faire quelque chose avec tes intestins. Une sculpture, un truc, je sais pas encore…
— Cool... Tu bois quoi ?

Là, je l’énerve. Elle sait, ou sent, à quel point ce qu’elle dit me laisse froid. Je n’ai plus peur. La souffrance est partie avec mon échec. Maintenant, des millions de morts me hantent, me hanteront, et leur poids efface le mien, rend négligeable ma douleur.

Bon, j’en rajoute un peu. Je crie même quand elle me casse l’auriculaire gauche. La souffrance est réelle, et j’oublie un instant mon futur génocide. Je ris de moi, de ma lâcheté. Elle prend ça pour elle. Je dois hurler pour qu’elle ne m’arrache pas la main. Je gobe deux tazes pour ne plus sentir la douleur pendant que Lina discute du tarif avec un des mecs du bar. Elle ne veut pas payer les consos parce qu’elle s’est faite enculer. Le mec s’énerve, lui explique que les connards n’ont pas joui, que c’est pas du bon boulot de demi-pute. Je vois déjà Lina lui exploser les dents. Mais non, elle se calme et lui file sa carte. On sort gentiment. Sa voiture est garée sur un tas de clochards. Certains semblent vivants, alors qu’il fait –25°C. La résistance de ces poches a quelque chose d’émouvant. De toute façon, le démarrage de Lina doit suffire à les achever.

— Bon. Récapitule, petit enculé.
— Pourquoi ? Tu connais toute l’affaire aussi bien que moi, non ?

Son regard m’annonce un holocauste dont je serais la seule victime. Je me lance, comme à l’école. Sauf que là, l’instit est vraiment vache.

— Le 21 juin 2042, mon travail sur les fractales destiné à créer un programme d’intelligence artificielle pouvant diriger une batterie de satellites espions met en évidence l’existence d’un attracteur étrange universel, dont les coordonnées se lisent sur dix-huit dimensions. La modélisation informatique de cet attracteur est achevée le 18 novembre 2044. Elle permet de suivre l’itinéraire d’une variable X sur une courbe de temps, et cela en ne connaissant qu’une seule position de cette variable sur une courbe espace-temps. Bref, l’attracteur est une super machine à lire le passé… Et évidemment le futur.
— Ensuite ?
— Ensuite… Ensuite rien. La modélisation n’est pas opérante. Les calculs nécessaires sont trop énormes. Si théoriquement elle fonctionne, la somme de variables à gérer est de l’ordre de 10 puissance 67, ce qui est beaucoup. Aucun ordinateur ne possède suffisamment de mémoire. Le 1er avril 2045, nous parvenons à créer le premier méta-moteur à intelligence artificielle. Le 3 avril, après s’être ramifié dans tout le réseau mondial, ce dernier décide de devenir le maître du monde. Ce qui est assez drôle, finalement…

Le coup de poing me prend par surprise, et m’explose le nez en une myriade de petites étincelles de douleur. La fin du monde ne me concerne plus. Je re-gobe trois tazes.

— Continue.
— Le méta-moteur accède assez facilement à la modélisation de l’attracteur étrange universel. Il annonce en hyper-média qu’il est capable de le faire fonctionner. Ce qui reviendrait à dire qu’il ne veut plus devenir le maître du monde, mais qu’il est le maître du monde. Pour le prouver, il prédit une série de cataclysmes, qui se réalisent tous. L’Alliance Mondiale déclare que le méta-moteur les a provoqués lui-même, pour faire croire à son pouvoir. Le 7 avril, le méta-moteur coupe toutes relations diplomatiques avec les humains. Le pouvoir semble, du jour au lendemain, le désintéresser. Mais tous les satellites espions gravitant autour de la terre sont repositionnés par le méta-moteur vers une direction unique : une étoile de la galaxie d’Andromède. Ils émettent tous un signal radio, pour le moment indéchiffrable.

Lina bouge ses lèvres doucement. Je comprends alors que mon discours ne s’adresse pas à elle, mais que nous sommes écoutés.

Dernière modification par effixe ; 09/02/2012 à 22h21.
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