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Vieux 12/11/2013, 21h02
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
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Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
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Posté par wildcard
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J'aime le hip-hop, même si ce n'est pas ce que j'écoute le plus (en fait, j'en ai écouté, mais ça m'a, comme qui dirait, passé).
Ce que je n'aime pas, c'est cette catégorie de rappeurs qui samplent à tort et à travers, sans autre souci que d'exploiter des échantillons d'une musique pour faire sonner des chansons qui sans ça se casseraient lamentablement la figure.

Tiens, pour prendre un exemple qui trouve un écho avec une actualité récente (la mort de Lou Reed), je me souviens de A Tribe called quest, qui avait samplé "Walk on the wild side"et sa ligne de basse sur "Can I kick it ?". C'était assez bien vu, bien employé, et j'avais trouvé que Lou Reed avait été très procédurier sur ce coup (il a d'ailleurs gagné cette bataille judiciaire). Il y avait une part d'hommage évidente et un mélange intéressant entre deux musiques qui, au fond, évoquait la même chose, un truc urbain.
Beaucoup plus tard, Q-Tip de ATCQ avait aussi participé à un morceau de REM et la rencontre était très réussie.
En France, un DJ comme Jimmy Jay, qui produisait les premiers disques de MC Solaar, était un authentique amoureux du jazz (il avait par exemple samplé du Lou Donaldson - "One cylinder"de l'album "Alligator Boogaloo").

Ce sont des démarches comme ça qui me plaisaient. Par contre, des mecs comme Puff Daddy qui a samplé du Sting, du Led Zep, juste pour surfer sur le côté hype ou culte, avec au bout des chansons de merde, non merci.
Tes exemples sont assez judicieusement choisis.
Mais le hip hop, c'est un terrain très très vaste, beaucoup plus vaste que le hip hop jazzy cool à la ATCQ ou des premiers Solaar (ou des superbes Digable planets par exemple).

Et Puff Daddy, on est bien d'accord pour dire que c'est créativement proche du zéro absolu.
Mais bon, on ne va pas réduire tout le hip hop à ça, hein.... Ca serait quand même intellectuellement assez malhonnête.

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Ouais, je suis un sale con méprisant et péremptoire. C'est pour ça que je prends le temps de te répondre.
Autant pour moi.
D'autant plus que ta réponse est très intéressante.

Citation:
Je vais essayer de t'expliquer un truc tout simple, que t'apprendrait n'importe quel prof de musique : quand on chante, il y a ce qu'on appelle des "attaques de phrases", c'est la façon dont le chanteur prononce et module sa voix dès les premiers mots d'un couplet/refrain. Tu peux le faire sans effet, en poussant la voix, en faisant des vibratos, en traînant la voix, etc.
Aujourd'hui, quand tu écoutes Béyoncé, elle attaque la plupart du temps en force. C'est une technique qu'elle a visiblement empruntée à Aretha Franklin. C'est très bien, elles sont dans le même registre, des voix puissantes. La différence, c'est le sentiment qu'on veut faire passer en faisant comme ça. Aretha était une chanteuse inspiré par le Gospel, des grandes voix comme Mahalia Jackson, et son chant avait quelque chose de vibrant. Elle transformait parfois le sentiment d'une chanson en quelque chose de différent de l'intention originale (c'est pour ça qu'Otis Redding n'aimait pas sa reprise de "Respect" dont elle faisait un hymne féministe alors qu'il l'avait écrit comme une chanson moins ciblée, plus universelle). Je n'ai jamais trouvé chez Béyoncé l'équivalent d'une émotion pareille, j'ai cette impression permanente qu'elle fait une démonstration vocale juste pour le show (comme a fini d'ailleurs par le faire Aretha) : c'est peut-être impressionnant mais vite fatiguant.
En fait, je suis assez d'accord avec ça.

Mais même si techniquement, le parallèle avec Franklin ou d'autres chanteuses issues du gospel est très pertinent, c'est plutôt sur un autre plan que je comparerais Beyoncé à des artistes des 60's.
Sur le côté machine commerciale pop.
Destiny's child et puis Beyonce en solo, c'est les Suprêmes et puis Diana Ross.
C'est l'usine à tubes.
Des trucs qui font l'air du temps et qui tiennent le coup avec les années parce que il y a des morceaux dans le tas qui sont très bien foutus.
Il ne faut pas chercher chez Beyoncé quelque chose de vibrant comme chez Franklin. Ce serait se tromper de crèmerie.
Beyoncé, comme les Suprêmes, ce sont des instantanés pop, hyper catchy et (parfois faussement) superficiels.
Et dans cette catégorie, Beyoncé est sans doute aujourd'hui sans égale.

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Quant à Rihanna, on est là dans le pur cliché de la chanteuse qui attaque ses chansons comme une actrice de cul : elle gémit pratiquement tout le temps, sans doute pour se donner un air sensuel, mais qui en fait produit plutôt quelque chose de vulgaire (et visuellement, c'est raccord car cette fille, qui est jolie, a toujours l'air de sortir tapiner). En fait, on est dans la ligne de Gloria Gaynor, qui simulait des râles de plaisir sur "I love to you baby", sauf que c'est systématique chez Rihanna. On ne sait jamais si elle veut exprimer de l'émotion, de la colère, de l'érotisme. J'ai l'impression qu'elle surjoue en permanence la fille en chaleur, qui miaule, qui fait traîner sa voix - un vrai film porno. Bon, c'est là aussi sûrement sexy et efficace pour beaucoup de monde vu son succès, mais question variété dans l'expression musicale, il y a beaucoup mieux.
De nouveau, je suis assez d'accord.
Mais l'histoire de la soul, c'est aussi ça, hein.
Les Millie Jackson, Betty Davis, Yvonne Fair (et son superbe album "The bitch is black") et autres chanteuses hyper sexuées et plutôt franchement vulgos.
La soul, c'est aussi plein d'histoires de cul.

Citation:
Résultat : Quincy Jones a eu ce compliment qui devrait inspirer toutes les chanteuses - " a voice that turns melody into magic". La magie dont il parle, c'est quand une chanteuse arrive à si bien maîtriser les techniques (de sa voix, de l'enregistrement), à si bien comprendre ce qu'elle chante, que ça vient naturellement, ça coule de source, c'est évident, c'est juste (et c'est une conception des choses qui préside à d'autres disciplines artistiques). Beaucoup de travail pour donner l'impression que c'est facile et pile-poil dans la bonne intention. Pas de chi-chi, pas de simagrées, pas d'effets racoleurs : juste la chanson, le sentiment. La bonne chanson, la bonne chanteuse, la bonne intention.
De nouveau, je suis bien d'accord.
En règle générale, moi aussi, je suis plutôt adepte du "less is more".
Ou comme l'écrivait Julio Cortázar dans Marelle : "Si le volume ou le ton de l'œuvre peuvent laisser penser que l'auteur a voulu réaliser une somme, se hâter de signaler qu'il s'agit d'une tentative tout à fait opposée, celle d'une implacable soustraction".
(d'ailleurs, si tu ne l'as déjà lu, je te conseille la lecture de ce livre, les personnages y discutent en passant des soirées entières à écouter le jazz de l'époque - le roman date de 1963).
Mais pour revenir à nos moutons, il y a aussi d'autres façons de concevoir les choses, qui peuvent se défendre.
Avec les années qui passent, je me méfie de plus en plus de ce genre de discours, valables dans le contexte dans lequel ils ont été énoncés, mais pas nécessairement à appliquer comme un dogme dans toutes les situations.

Citation:
Justement ce que j'aime bien avec Timberlake, c'est qu'il "nettoie" son chant avec les années. Au début, ce n'était qu'un petit minet quelconque. Puis il a cherché à se situer par rapport à des productions souvent chargées. Maintenant, et certainement que d'avoir joué la comédie au cinéma l'y a aidé, on voit qu'il en fait moins, qu'il n'a plus besoin de se cacher derrière des bidouillages, qu'il n'a plus besoin d'imiter, il fait juste son truc. Ce n'est pas un grand chanteur (par exemple, ce n'est pas Aloe Blacc, qui a une voix insensée et qui fait passer des tas d'émotions avec peu d'effets), mais il est bien calé.
J'ai écouté les deux volumes de son "20/20 experience" et c'est très malin : il évoque Michael Jackson, il se sert un peu chez Jay-Z, il garde un peu de Timbaland, il essaie même des petites doses de rock, mais il le fait avec humilité. Il sait qu'il a plus de charme que de technique, et du coup il a compris que ça ne servait à rien d'imiter les blacks (contrairement à un Robin Thicke). Mais il s'en sert bien, intelligemment, il se taille des chansons à sa mesure, et il les fait bien.
Ce n'est pas mielleux et bêtement agressif/provoc'. C'est juste. Il a trouvé son créneau.
Tiens, tu devrais écouter les mixtapes de The Weeknd.
Ca se trouve légalement gratos sur le net (vu que c'est lui-même qui les a mises à disposition du public gratuitement) et je trouve ça vraiment intéressant.
House of balloons, Thursday et Echoes of silence.
Tout n'y est pas exceptionnel mais pas mal de morceaux sont vraiment réussis. Et je trouve que ce gars a vraiment quelque chose.
(il utilise même astucieusement un sample de Siouxsie and the banshees pour en faire un truc que je trouve très très largement meilleur que l'original)
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"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée
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