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Vieux 26/10/2015, 14h17
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Super Tortue
 
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MaxPharos change la caisse du Fauve
DC Superman 225

Superman 225 (2006)


(Merci ComicsVF)

(A) Mark VERHEIDEN
(D) Ed BENES (et Elton RAMALHO)

Pourquoi je l'ai acheté?
Je suivais la revue SUPERMAN publiée par PANINI. Dans le numéro 19 de janvier 2007 figurait cet épisode. L'achat du fascicule VO fut motivé par l'intérêt suscité par cet épisode. Pour le résumer, je dirais que «tout SUPERMAN tient dans cet épisode».


Ca raconte quoi?
Après les premiers événements d'INFINITE CRISIS, SUPERMAN s'accorde une pause au PLANET avec sa femme. Puis il part enquêter, à la suite de Jimmy OLSEN, sur un étrange incendie.


Pourquoi j'ai aimé?
Sans être l'épisode du siècle, il est particulièrement agréable à lire: auto-contenu (si l'on excepte les références contextuelles) et très fluide dans sa narration. Certes, il est classique, voire anecdotique, mais c'est ce qui le rend intemporel, et un archétype d'une aventure de SUPERMAN.
En effet, on y retrouve les éléments basiques de la série: SUPERMAN, et son alter-ego Clark KENT, bien sûr, mais aussi sa femme Loïs LANE, le DAILY PLANET, Perry (et son caractère), Jimmy (et sa super-montre!). Concernant le super-héros lui-même, il fait la démonstration de ses principaux pouvoirs: vol, force, changement de costume à super-vitesse, super-souffle, super-vue.
L'épisode est typique dans son déroulement: une enquête journalistique de Clark débouche sur l'intervention de SUPERMAN pour rétablir la situation.
Les méchants évidemment sont de la partie. Là aussi le déroulé est connu: ils commencent par malmener le héros, puis il retourne la situation et l'emporte. L'affrontement est également rhétorique, mais nous y reviendrons plus loin. Sur ce plan, l'homme d'acier s'en sort en convaincant l'un de ses adversaires de sa bonne foi: cette partie a une certaine naïveté, proche des premiers épisodes, c'est le côté boy-scout du personnage.
Au niveau des illustrations, nous avons droit à certaines des poses typiques du super-héros: debout sur le toit du PLANET, le pied sur le parapet, la main posée sur la cuisse; l'envol pour la mission, et bien sûr, le vol final dans un coucher de soleil, le sourire aux lèvres. La couverture elle-même est un classique du genre: Clark se change dans le tourniquet d'une entrée d'immeuble et s'envole droit vers nous, le regard déterminé (quoique j'aurais apprécié un sourire, même discret).
Le dessin est servi par Ed BENES, très en forme. Son SUPERMAN est musclé sans être musculeux, sa représentation est pour moi idéale. Loïs est très mignonne, comme il se doit. Mon seul bémol: Clark a un étrange air «asiatique» en page 3. Je regrette aussi que BENES n'ait pas pu réaliser l'ensemble des dessins: son assistant est d'un niveau bien inférieur et empêche cet épisode d'atteindre la perfection.
N'empêche, tous les ingrédients essentiels à la définition du héros sont présents.

Cela suffit à en faire une vitrine particulièrement représentative du personnage, mais l'essentiel de l'épisode est ailleurs.

D'abord, SUPERMAN y redore le blason des super-héros, particulièrement terni à cette époque, c'est-à-dire en pleine tourmente des événements d'INFINITE CRISIS.
Rappelons que l'on avait découvert dans IDENTITY CRISIS que certains membres de la JLA avaient effacé la mémoire d'ennemis pour se protéger. SUPERMAN était soupçonné, au mieux d'ignorance coupable, au pire de complicité passive.
D'autre part, une manipulation mentale orchestrée par Maxwell LORD l'avait conduit à battre BATMAN quasiment à mort, puis à s'en prendre à WONDER WOMAN. Celle-ci avait fini par tuer LORD pour libérer SUP de son influence. Ce meurtre, filmé et retransmis à la télévision, avait entamé la confiance du public en ses héros.
Ces deux affaires avaient conduit les super-criminels de l'univers DC à s'unir contre ces nouvelles menaces, et même à lancer des attaques meurtrières contre certains héros dans INFINITE CRISIS n°1.
Dans le présent épisode, les lavages de cerveaux et le meurtre commis par WONDER WOMAN sont évoqués comme motifs de l'attaque contre SUPERMAN. C'est l'aspect rhétorique, de l'affrontement, dont je parlais plus tôt.
C'est l'occasion pour SUPERMAN de faire un mea culpa, en son nom et au nom de tous les super-héros. Il admet les erreurs commises et en tire les leçons. Il rappelle que la différence entre héros et vilains est que les premiers savent qu'ils ont dépassé les limites et qu'ils ont eu tort. Il s'engage à ce qu'ils ne recommencent pas. Ce discours, et surtout la conviction et la probité reconnue du kryptonien lui permet de convaincre une de ses adversaires de sa bonne foi: lui seul pouvait réaliser cet exploit.

Cela suffit à rappeler l'exceptionnel sens des valeurs du personnage, mais tout le sel de l'épisode est encore ailleurs.

VERHEIDEN répond surtout à INFINITE CRISIS 1 de Geoff JOHNS. BATMAN y avait alors reproché à SUPERMAN son manque de leadership dans l'adversité. Pour reprendre les termes du chevalier noir: «Tu es SUPERMAN, agis comme tel. […] La dernière fois que tu as inspiré les gens, c'est quand tu étais mort.». C'est d'ailleurs sur l'écho de cette parole de BATMAN que s'ouvre l'épisode 225. Elle laisse notre héros perplexe, à la limite du doute.

Tout le sel de l'épisode se trouve dans cette réflexion sur le personnage et sa capacité à inspirer les autres.
Pour rappeler ce «super-pouvoir», VERHEIDEN utilise notamment trois pages, réparties dans l'épisode, chacune consacrée à un de ces trois personnages: STEEL, SUPERBOY, et SUPERGIRL.
Chacun y cite «big S» comme une référence, un modèle, un exemple. STEEL puise en son modèle la capacité à ne jamais renoncer, SUPERGIRL y voit un exemple moral pour guider ses choix, et SUPERBOY s'y réfère comme idéal de héros à atteindre. Le lecteur peut donc constater que SUPERMAN continue d'inspirer ses pairs. Le choix de ces trois personnages n'est évidemment pas innocent, parce qu'ils portent tous le «S» mythique, mais particulièrement à cause de la référence à la mort de SUPERMAN. En effet, STEEL et SUPERBOY ont pris leur envol précisément pendant le décès du personnage au début des années 90.
Cette faculté à inspirer le meilleur opère aussi sur les vilains, puisque l'honnêteté légendaire de l'homme d'acier conduit même un de ces adversaires à se retourner contre ses alliés.
Enfin, et surtout, c'est sur les humains ordinaires que l'influence de SUPERMAN agit. Car au final, les personnages en danger sont sauvés en partie grâce à l'action héroïque de deux humains. Et quand SUPERMAN leur demande les raisons de leur action, ils le désignent lui. C'est précisément ce qui rendra le sourire au héros, en fin d'épisode, comme une consécration. Cette conclusion en dernière page est une réponse à l'accusation du justicier de Gotham, citée en première page. BATMAN s'est trompé, la figure inspiratrice de SUPERMAN est intacte.

Revenons sur le choix des héros inspirés: SUPERGIRL, STEEL et SUPERBOY. Si l'on réfléchit au-delà de l'épisode, leur existence même est directement inspirée par le super-héros kryptonien. La capacité à inspirer est donc à lire à deux niveaux: d'une part dans l'univers DC bien sûr, d'autre part au niveau «éditorial». Non seulement SUPERMAN inspire les personnages de DC dans leurs comportements, mais il inspire la création même de personnages. En allant encore plus loin, on peut y voir le rappel que SUPERMAN est le premier personnage du genre super-héroïque. Il a été la source d'inspiration de tout un genre littéraire en général, autant qu'il est le modèle des héros dans l'univers DC en particulier.

La dissertation est finie, la démonstration est faite, en une vingtaine de pages: SUPERMAN est et reste une source d'inspiration, pour tous.
Pour toutes ces raisons, cet épisode constitue, à mes yeux, le meilleur épisode qui soit pour illustrer ce qu'est SUPERMAN, une sorte de credo pour la série et le personnage.


Pourquoi je le conseillerais?
(Euh, vous avez lu tout ce que j'ai écrit au-dessus?!)
Parce que cet épisode contient tout ce qui fait qu'on aime le personnage.
Pour découvrir et savourer tout ce qui fait l'essence de SUPERMAN, point.


A noter:
(1) La «question», ou comment SUPERMAN peut nous guider: «Quand la solution de facilité ne nous convient pas, nous nous demandons: que ferait SUPERMAN?» («What would SUPERMAN do?»).
(2) Sur ce même point, et pour rappeler l'éternel optimisme et la persévérance du personnage, je retiens aussi sa phrase fétiche dans ALL-STAR SUPERMAN: «Il y a toujours un moyen».
(3) Mark VERHEIDEN signe là son dernier épisode après un passage en demi-teinte (parce que particulièrement contraint du point de vue éditorial par INFINITE CRISIS). L'épisode 225 est son chant du cygne, sa conclusion sur le personnage. VERHEIDEN a déjà scénarisé SUPERMAN par le passé, et intervint aussi dans la série BATTLESTAR GALACTICA début des années 2000.
(4) L'épisode 85 d'X-MEN par Joe KELLY et Alan DAVIS me fait exactement le même effet pour la série X-Men.
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