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Vieux 29/08/2008, 20h55
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Ivan Rebroff change la caisse du Fauve
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Posté par Yahoo, dans la catégorie "Insolite"
Bangladesh: un bébé, né avec deux têtes, est décédé
AFP
AFP - Jeudi 28 août, 13h33

DACCA (AFP) - Un bébé de sexe masculin, né lundi avec deux têtes dans le sud du Bangladesh, est mort au domicile familial des suites d'une forte fièvre et de complications respiratoires, a-t-on appris jeudi de source médicale.
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Le nourrisson, prénommé Kiron, était pourtant en bonne forme depuis lundi, mais il a soudainement développé de la fièvre et éprouvait des difficultés à respirer jusqu'à son décès dans la nuit de mercredi à jeudi, a indiqué à l'AFP le pédiatre de l'hôpital de Jessore, K.S. Alam.

"Nous voulions l'envoyer dans un hôpital de Dacca, mais sa famille est si pauvre qu'elle n'a pas pu se l'offrir. Le bébé a été ramené à la maison où il est mort", a déploré le docteur Alam.

C'est à l'hôpital de Jessore que le nouveau-né et sa mère de 22 ans avaient été transférés et placés sous la protection de la police face à l'afflux de 150.000 curieux venus à la petite clinique où il avait vu le jour, à Keshobpur à 135 kilomètres de Dacca.

Kiron était venu au monde par césarienne et pesait 5,5 kg.

"C'était un cas extrêmement rare. L'enfant avait un seul corps mais deux têtes", a rappelé le médecin.

L'obstétricien Mohamad Abdul Bari, qui avait fait accoucher la mère, avait raconté mercredi à l'AFP que Kiron disposait d'un "estomac unique" et s'alimentait "normalement, mais avec ses deux bouches".

Pour tenter d'expliquer comment le bébé pouvait avoir deux têtes, M. Bari avait simplement expliqué qu'un "seul embryon au départ s'était développé de manière anormale". Les médecins n'ont pas été en mesure de déterminer si le bébé disposait ou non de tous ses organes vitaux en double.

Le secteur hospitalier du Bangladesh, un pays musulman laïc de 144 millions d'habitants, a été confronté ces dernières années à plusieurs anomalies à la naissance, notamment des bébés-siamois.
Un être humain mort, la misère, le deuil. Insolite, n'est-il pas?
Une réaction sur Rue89:
Citation:
Posté par koz
Un enfant est né lundi, au Bangladesh, avec deux têtes. Passons sur le premier sentiment légitime d’étonnement, sur les premiers questionnements. Voilà un enfant, un être humain, un petit d’homme. Sans s’attarder complaisamment à se figurer la réaction des parents à la naissance de cet enfant, on peut imaginer leur détresse.

Aujourd’hui, ce petit enfant est mort, soudainement frappé d’une forte fièvre et de difficultés à respirer. Aurait-il pu vivre ? La médecine pouvait-elle quelque chose pour lui ? Nous n’aurons pas l’occasion de le savoir. Nous ne le saurons pas, notamment, parce qu’il n’a pas pu être transféré dans un hopital de Dacca : sa famille était trop pauvre pour supporter le coût de cette hospitalisation.

Vous me direz que c’est là la misère classique du monde. Même si nous étions ouverts à toute la compassion possible, nous n’aurions jamais le coeur assez gros pour nous émouvoir de toute la détresse du monde. Il y a, en revanche, une chose qui m’écœure, une chose bien proche de nous, un détail qui dit quelque chose de nous-mêmes : sur yahoo, où je consultais cette dépêche (que j’avais lue auparavant ailleurs), l’information figure dans la rubrique insolite. Insolite au même titre que l’ouverture d’une plage pour chiens à Chypre, au même titre que l’adoption d’un chat à quatre oreilles par un couple, au même titre… que l’interdiction de l’attraction « chaise électrique » à la fête foraine de Paris.

Comme à la foire…

La dépêche est accompagnée d’une photo de l’enfant. Pourquoi pas, certes. C’est une information. Mais ajoutée à la classification « insolite », on regarde cette photo avec le sentiment d’assister à l’exhibition d’un phénomène. On ne peut pas retenir un sentiment d’horreur. Horreur et amusement, voilà ce que doit susciter cette catégorie. Oubliée toute la détresse humaine, oubliée la pauvreté au Bangladesh, oubliée la dignité de la mère, celle de l’enfant, le deuil légitime dans lequel, après l’épreuve de la naissance d’un enfant ainsi malformé, cette famille est plongée aujourd’hui, en cet instant même. Abandonné, le temps du respect, celui du recueillement. Approchez, mesdames et messieurs…

Il y a quelques jours, un entraîneur de rugby est mort, tué par le jet d’une boule de pétanque. Insolite, encore. La famille, dans le deuil, a-t-elle seulement pu ne pas lire l’information sur le décès de leur père, de leur fils, dans la rubrique « insolite » ?

Il y a quelque temps, j’avais adressé un mail à Yahoo pour leur faire part de mon sentiment de dégoût devant ces classifications. Ils m’avaient répondu qu’ils n’étaient pas responsables de la catégorisation des informations. Une défausse facile. Ils n’ont à l’évidence pas songé utile de transmettre cette remarque. Aux sièges des agences de presse - en l’occurrence, dans le confort du siège parisien de l’AFP - une personne, machinalement, automatiquement, sans intention ni réflexion, classe la mort d’un enfant, la mort d’un homme, la misère d’une famille, dans la rubrique « insolite ». Et pendant qu’au Bangladesh, à l’instant précis où vous lisez ces lignes, à l’instant précis où la case est cochée, une famille enterre son enfant, la dépêche apparaît sur Yahoo, elle apparaît sur d’autres sites, entre la plage à chiens et l’annonce d’une sex-tape.

Comme à la foire.
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