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Vieux 28/02/2013, 21h22
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Thoor Thoor est déconnecté
The Mighty Charentais
 
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Thoor change la caisse du Fauve
Encore la suite.....

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CH 5 - Cœur de Schalk

Coraentin regarda le rouleau de corde sombrer dans les ténèbres. Hypnotisé par les ondulations du serpentin de chanvre, le voleur profita de ce temps mort pour compter lentement jusqu'à cent. Ainsi, il força les battements de son cœur à ralentir. Le bourdonnement qui pulsait à ses oreilles cessa et enfin les bruits nocturnes de la ville endormis lui furent perceptibles. Un large coup d’œil autour de lui, et il fut certain que le temple et la ville somnolait paisiblement. Une chouette hulula son plaisir de chasse, un chien en contrebas lui répondit d’un aboiement absent. Coraentin comptait toujours, les yeux fixés vers la noirceur menaçante du trou béant sous ses pieds.
Il lui avait fallut de l’astuce et de la persévérance pour trouver le moyen de pénétrer au cœur du plus sacré des lieux. Des travaux sur la grande verrière, un emploie de manœuvre et le voilà prêt à plonger dans les trente mètres de vide afin de dérober le cœur de Schalk.
Sur désormais que nul ne l’avait perçu accéder à la coupole, le voleur enjamba le rebord plombé et entama la descente. Il avait calculé juste. Ses pieds touchèrent le dallage alors qu’il arrivait au bout de la corde.
Coraentin s’accorda un instant pour savourer son exploit. Puis, toujours à l’affût, il se cacha derrière un énorme pilier de pierre. L’immense atrium était plongé dans une pénombre mélancolique que ne dissipaient point les quelques flambeaux qui brûlaient encore en cette heure tardive. Des liturgies étouffées provenaient des profondeurs du temple. Le calme régnait.
Le voleur sortit de son sac un grand carré de tissus, qu’il plia consciencieusement par les coins tout en se concentrant intensément. Lorsque le linge eut la forme voulue, Coraentin sortit de sa bourse le précieux morceau de Schalk qui lui avait coûté si cher. En effet, son vol lui avait pris plusieurs semaines, et la fuite de la riche demeure avait été douloureuse. Les chiens ne l’avaient pas lâché facilement. Son fondement en portait encore les tristes stigmates.
L’aiguille rosée dans sa main droite, le voleur récita la formule magique et appuya le cristal contre le linge. Un halo iridescent illumina brièvement la cache, puis l’obscurité s’en fut de nouveau. Coraentin banda ses yeux avec l’artefact et ce fut comme si l’atrium s’éclaira dans une explosion de lumière rosâtre. Grâce à la magie du Schalk il y voyait comme en plein jour.
Ainsi équipé, il lui était désormais facile d’éviter les gardiens qui somnolaient ou les prêtres plongés dans leurs dévotions nocturnes. Il connu pourtant un instant de frayeur lorsqu’il faillit percuter l’un des prêtres Bleue de l’ordre de Mors’ash.
Craignant de ne pas avoir le temps nécessaire à son larcin, le voleur avait accéléré son pas. Les couloirs se succédaient, interminables. Et les portes des cellules demeuraient fermées sur le sommeil des prêtres. Coraentin trottait silencieusement, lorsque l’une des portes s’ouvrit. Le servant des Quatre, ensommeillé, sortait un pot de chambre miasmatique. Le voleur se figea, espérant qu’il se situait bien dans l’ombre salvatrice. L’homme de foi regagna sans tarder sa cellule, ses pieds nus traînant sur le froid dallage de pierre. Son morne regard endormi fixé dans le vague rassura le voleur. Cependant, Coraentin ne respira à nouveau correctement que lorsque, de derrière la porte en bois, lui parvint des ronflements bienheureux.
Le coquin s’enfonça plus profondément dans les méandres du temple jusqu'à parvenir, enfin, à la Grande Rotonde Sacré. Coraentin s’arrêta un instant, autant pour vérifier l’absence de témoins que pour admirer ce lieu si sacré. Quatre colonnes de pierres, taillées à l’effigie des quatre dragons primaux, soutenaient une voûte d’obsidienne incrustée de pierres précieuses. Des flambeaux, si nombreux qu’il ne pouvait les compter, jouaient leur symphonie de lumière sur les bas reliefs. Les ombres mouvantes donnaient vies aux sculptures, leurs regards chargés d’innombrables années accusaient le voleur.
Tremblant, Coraentin s’approcha du piédestal d’or et d’argent qui trônait au centre de la rotonde. Sur le plateau reposait le Cœur de Schalk. C’était le plus gros morceau de Schalk connu. Gros comme tête, le cristal rosé palpitait d’une lumière apaisante. Concentré sur son larcin, Coraentin n’entendit pas les gardes qui l’interpellaient. Il posa respectueusement ses mains sur le cristal, et récita la formule magique que lui avait donnée son mystérieux commanditaire. La magie opéra aussitôt, foudroyé le voleur mourut sans s’en rendre contre, un sourire aux lèvres.
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CH 6 - L’éveil

Je dormais, confortablement roulé en boule dans mon grand lit à baldaquin, lorsque qu’arriva la catastrophe. Une explosion ébranla tout le château, je crus qu’il s’effondrait sur moi. Comme j’émergeais brutalement de mon sommeil, des tremblements souterrains, sapèrent les fondations même du château. Une vive lumière illumina ma chambre. C’était une lumière douce, chaleureuse, comme un levé de soleil, mais qui provenait du nord. Intrigué, je m’approchais de la fenêtre en évitant les milles éclats de poteries qui jonchait le sol. Pas un objet n’avait tenu sa place. Mes armoiries, mes études se mêlaient aux débris de verre. Une bouteille de vin, cassée, déversait son précieux liquide sur mes vêtements de la veille. Etrange et terrifiant spectacle que je vis cette nuit là.
Un soleil rosé, éclairait toute la région. Des éclairs gigantesques fusaient dans toutes les directions. Certains frappaient le sol et causaient des dégâts à peine imaginable. D’autres partaient bien au-delà de l’horizon. Le tremblement de terre ne semblait point vouloir décroître. Bien au contraire, je fus mis à bas par une secousse plus violente que les précédentes. Une fissure s’ouvrit, s’élargie, signe que le château s’écroulait. Je chassais la froide étreinte de la peur, et je couru hors de ma chambre. Les couloirs se remplissaient, les gens criaient au rythme des craquements sinistres, nous nous précipitions dehors dans un désordre apocalyptique. Les nobles, les bras surchargés de leurs valeurs, conspuaient les simples servants qui les dépassaient sans un regard. Je vis mon ancienne nourrisse traîner derrière elle une flopée d’enfants vers le salut, en chantant afin d’éviter qu’ils fussent par trop terrorisés. Sa méthode en séduisit plus d’un et en quelques minutes un cortège suivait Ceandra, une comptine sur les lèvres.
« Creusent les Nains sous la houlette de Lume’ash
Chantent les Elfes pour la joie de Free’ash
Vivent les Hommes honorant Dras’ash
Mais pleure, pleure Mors’ash
… »
Il ne me fallut que peu de temps pour atteindre l’étage royal mais cela me parut durer une éternité. Je n’en garde qu’un souvenir confus, fragmentaire. Même encore, dans mes cauchemars, je coure sans fin dans les couloirs devenus fous du château. Je revois l’énorme vaisselier qui manqua de me tuer en tombant juste après mon passage, les armoiries familiales dansants sur les murs, des torches tressautantes, les soubresauts qui disjointèrent les dalles de pierres. Dans ces cauchemars, je n’arrive jamais à la porte de la chambre royale.
Essoufflé, le cœur au bord des lèvres, j’atteignis l’huis paternel. J’entrais sans frapper, vaguement honteux de ne pas respecter le protocole. L’antichambre était sans dessus dessous. Pas un bibelot, pas un meuble qui ne fût brisé, renversé, déplacé. Même le lourd fauteuil, où siégeait mon père lorsqu’il recevait, était familièrement appuyé à une armoire. Un grand vide se fit en moi. L’étreinte glacée de l’angoisse enserra mon cœur. Il n’y avait point de garde ici, point de valet, ni même un membre de sa garde royale. Le pressentiment du désastre voletait autour de mon âme. Une nouvelle secousse me jeta à terre. J’entendis alors un bruit que je n’oublierai jamais. Un pan du château s’effondrait sur lui-même, entraînant la moitié de l’aile Souveraine dans les douves.
Fussent la chance, ou les dieux qui me permirent d’en réchapper ? Je ne pourrai répondre. Lorsque la poussière me le permis, je découvris, incrédule le trou béant qui remplaçait la chambre de mon père. Hélas, je ne pus m’appesantir sur son sort, car une vision insolite se dévoilait devant moi.
Au dessus des gravats fumant, un calice flottait dans le vide. C’était un des trésors de mon père, une sculpture de Schalk, patiemment assemblée par les meilleurs artisans, puisqu’on ne pouvait briser ces morceaux de cristal magique. Elle flottait dans l’air, à quelques pas, nimbée d’une lueur rosée. Je n’avais jamais vue du Schalk agir de la sorte. L’on s’en servait pour faire de la magie, certes, mais jamais le cristal n’agissait de lui même. Je vis alors le calice vibrer et, toujours flottant, se disloquer lentement. Puis, toujours avec une lenteur hypnotique, les fragments partirent. En les suivant du regard, je pus constater que d’autres éclats de Schalk les suivaient. Une ribambelle de lumières roses qui survolaient notre ville meurtrie. Tous semblaient aller se joindre en un point que je ne pouvais voir.
Conscient que j’abandonnais peut être mon père à son sort, je me précipitais pour rejoindre les gardes du château. Il fallait donner des ordres, organiser les secours, découvrir la source de nos malheurs, agir en Prince Héritier.

Dans la grande cour, je retrouvais mes camarades d’épeautres. Nous écourtâmes les effusions de joie pour nous concentrer sur les tâches urgentes. J’envoyais Epervier s’enquérir du devenir de mon père, ne l’ayant vu dans sa chambre je nourrissais l’espoir qu’il réchappa à la catastrophe. Je chargeais Forteresse, Taureau et une dizaine d’autres gardes, d’évacuer la populace du château et du bourg. Je pris Furet à part, et lui expliquais se que j’attendais de lui.
_ Va vers la Mine de Schalk. C’est là que semble se rejoindre nos éclats, découvre se qui s’y trame et reviens vite. Je pressens que nos malheurs y ont leur source et qu’il nous faudra la combattre.

Les heures passèrent, le soleil monta et entama sa descente crépusculaire, lorsque je reçus les deux pires nouvelles de cette horrible journée.
Quelques volontaires avaient cherché et trouvé le corps sans vie du Roi. Furet arriva en cet instant si sombre. L’œil hagard, le souffle cour, il ne pu me souffler que « La mine ! Il est énorme ! », avant de sombrer dans la folie.
Je tentais, en vain d’imaginer ce qui pouvait conduire un homme équilibré en une loque bavante, en l’espace de quelques heures. C’était terrifiant. La situation semblant pouvoir se passer de moi, je réunis en hâte mes gardes d’épeautre afin de mener l’enquête.
Nous partîmes vers l’Est, vers la mine de Schalk, accompagnés des derniers éclats de cristal. La traversée du bourg me fut une torture sans nom, qu’aujourd’hui encore je ne peux pas évoquer sans pleurer. Je n’étais pas le seul à laisser mes émotions me submerger. La ville présentait un triste visage, ses douces maisons éventrées, ses habitants blessés, meurtris dans leur chair et leur esprit. D’où que je portais mon regard je ne voyais que désolation, lamentation et pleurs.
Parfois, un pauvre hère me suppliait de l’aider, de sauver quelqu’un ou simplement de bénir un défunt. Tous avaient le regard mort de ceux qui traversent l’enfer. Les récits se ressemblaient et se confondaient. Le tremblement de terre, les morceaux de Schalk qui s’étaient envolés, les effondrements, les morts….Jamais je ne m’était sentis aussi impuissant.

Il ne faut que trois petites heures pour faire le trajet jusqu'à la mine. Déjà, à mi-parcours, nous avions compris que c’était bien là la source de nos malheurs. La mine présentait habituellement l’aspect d’une grosse colline ventrue sur laquelle grouillait hommes et chevaux. Nous ne voyions plus qu’un cratère fumant. Couronnant les ruines de la mine, un nuage noir stagnait. Tous les morceaux de Schalk convergeaient vers cette sombre nuée, sans que nous ne puissions en deviner le dessein. Parfois un des cristaux nous frôlait, et nous tentions de l’attraper. Peine perdue, même Taureau n’y parvint pas, Il perdit même un doigt, sectionné par l’éclat rose. Le paysage était ravagé. D’où que je porta mon regard je ne voyais que sols dévastés par des trous desquels sortaient des éclats de Schalk.

Au sortir d’une futaie, nous vîmes que la petite vallée artificielle où travaillaient une cinquantaine de nos gens, n’était plus qu’un cratère fumant. Partout alentours des débris et des corps jonchaient le sol. L’explosion avait du être terrible.
Des éclairs roses brillaient violemment au cœur de la nuée. Le crépuscule rendait la scène surréaliste. Nous, six pauvres cavaliers faisions face à cette chose mouvante et hurlante, sans comprendre ce que nous voyions.
Soudain une nouvelle explosion nous jeta à bas. Soufflé, le nuage avait disparu.
Une terreur primale s’empara de nous. Je crois que c’est de devoir calmer nos chevaux et d’éviter qu’ils ne s’emballent que nous avons su gérer notre propre affolement.
Sortant du cratère, nous dominant de plus de dix toises, un énorme dragon nous hurla son défi.
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L'amour pour épée, l'humour pour bouclier ! (B WERBER)

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