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Vieux 16/09/2013, 21h15
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Thoor Thoor est déconnecté
The Mighty Charentais
 
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Thoor change la caisse du Fauve
Suite de l'aventure:


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CH-10 – Couronnement

Miromane grogna et se tourna dans son lit, refusant de se réveiller. Ourse mal embouchée, cachée sous sa montagne de draps et d'édredons, elle maudit l'intrus qui frappait à sa porte.
Que son visiteur revienne plus tard, elle voulait dormir et profiter de ce grand lit moelleux. Hélas pour elle, les coups donnés redoublèrent, ne laissant aucune chance à la jeune femme de se rendormir. Elle poussa un lent soupir, qu’elle fit durer tout en se levant.
Elle maudit le sol de pierre gelé sous ses pieds et sa chemise de nuit tirebouchonnée. Miromane n’était pas du matin et gare à celui qui venait ainsi de la réveiller. Pourtant elle n’eut que le temps de soulever la targette qu’une tornade blanche et bleue rentra dans sa chambre. Miromane bougonna un vague « Bonjour » à sa chambrière.
" Franchement, dame Miromane, nous n’avons pas le temps, vous auriez pu vous levez plus tôt ! Et vous n’avez même pas fait vos ablutions…."
La robuste femme l’empoigna sans ménagement, et Miromane se retrouva instantanément devant sa coiffeuse. L’œil hagard, elle se vit dans le miroir. Cela suffit à l’ancienne mineure pour la désespérer. Comment pouvait-on espérer tirer quelque chose de son visage longiligne et de ses lèvres trop minces. Mais le pire venait de ses cheveux. Elle les laissait pousser depuis des semaines et ils ne lui arrivaient qu’au niveau des épaules. Elle se figura être un croisement impie entre un hérisson et une quenouille de laine noire.
Jenna les lui brossa énergiquement et les attacha avec une lanière de cuir. Et sans plus de ménagement tira sa jeune maîtresse jusqu’au baquet d’eau chaude qui les attendait dans la pièce à coté. Miromane enleva à toute vitesse sa robe de nuit avant de finir dans son bain toute habillée. Si elle n’aimait pas être tirée de son lit, elle adorait ce luxe d’un bain chaud. Parfois elle regrettait son ancienne vie, mais certes pas l’eau froide de la rivière. Elle se laissa faire comme une enfant. Les mains expertes de Jena eurent tôt fait de la savonner, masser, rincer et sécher en un rien de temps. Vint alors une des enfants de la servante, Ydema pensait se souvenir Miromane, elle annonça que la robe était prête, puis reparti sans attendre de réponse.
« Allez Madame, nous allons faire de vous une reine », affirma Jenna, se dont doutait fortement l’intéressé. Elle avait réussit à imposer certain de ses choix pour cette robe telle que la couleur ou la forme du décolleté. Mais les couturières du château avaient été catégoriques sur le corset et les longues manches bouffantes. Il fallait cacher ses bras musclés et affiner sa taille. Elle resta donc une demi-heure les bras tendu, à respirer par à-coup, tandis que Jenna s’échinait sur les lacets. La douleur aidant, Miromane révisa ses leçons de maintient. Depuis qu’elle avait accédé au siège du conseil des Exploitants de Schalk, elle s’était évertuée à ne pas paraître trop gauche en société. Elle finissait de hiérarchiser les titres de noblesses du royaume lorsqu’elle remarqua le silence crispé de Jenna. La suite des opérations allait être délicate pour les deux femmes. La tignasse de Miromane n’en faisait jamais qu’a son envie. Nul bonnet, nulle tresse ou chignon ne parvenaient jamais à les discipliner. Elles avaient passées de longues heures en de vaines tentatives avant de trouver une solution acceptable. Jenna disposa sa panoplie de coiffure sur la coiffeuse telle une armée prête à combattre, et entreprit son ouvrage. Enfin, vint le moment du maquillage qui sonnait comme une délivrance pour la jeune femme. De la poudre de perle, de la graisse colorée et voila une demi-sauvageonne devenue une belle jeune femme. Du moins l’espérait-elle.
_ Madame, vous êtes merveilleuse assura Jenna, vous allez leur plaire.

Miromane faisait les cent pas dans le boudoir. Nerveuse, elle n'en pouvait plus de cette interminable attente. Chacun de ses nerfs étaient plus tendus que les cordes d'un violon.
_ Jenna, n'est ce donc point l'heure? demanda t'elle à sa gouvernante.
Celle-ci leva simplement les yeux par dessus sont ouvrage de broderie pour lui répondre que "Non, madame, pas plus que dans dix minutes quand vous me le demanderez à nouveau."
Alors la jeune femme se tourna vers l'immense tapisserie murale et tenta de s'oublier dans le bucolique décor. Peine perdue! Ses pensées la ramenaient encore et toujours vers ce beau jeune homme aux yeux bleu. Peu lui importait qu'il y eu mille et une personnes de l'autre coté de la porte. Que celles ci ne la traita qu'avec mépris et dédain, elle voulait le rendre fier d'elle.
De l'autre coté de l'huis, un gong majestueux intima le silence. Une voix s'éleva alors, et annonça tristement la mort du Roi.
_ Cela fait deux ans, espèce de grande saucisse guindée. jura-t-elle entre les dents.
_ Madame, vous vous oubliez. Vous savez parfaitement qu'il faut respecter le protocole. Monsieur le Grand Chambellan ne fait que son devoir.
Miromane sourit, il était évident que la chambrière se pâmait d'amour pour le vieil homme.
_Yvon ne peut accéder au trône sans qu'auparavant l'on ait annoncé le décès de son père.
Toujours le nez dans la tapisserie, Miromane tira la langue. C'était puéril, mais par les quatre qu'elle apprécia cet écart de conduite bien anodin. Contrairement à Jena, elle ne supportait pas la rigueur protocolaire qu'imposait sèchement le maitre de chambre. Celui-ci n'appréciait pas la rude franchise de l'ancienne plébéienne. Au mieux leur relation était fraiche.
_ Je le sais bien, mais par les quatre que l'on en finisse au plus vite avec ce cérémonial imbécile.
Jena lançait un regard noir à sa protégée lorsque le portier ouvrit la porte en grand, il n'était plus tant des remontrances. Miromane se tourna d'un bloc, et ne put réprimer un mouvement de recul devant la foule assemblée qui la dévisageait.
Du plus avenant au plus hostile, chacun des visages devant elle, lui sembla aussi faux que le visage de poupée de porcelaine. Il y avait trop de poudre de riz, trop peinture à lèvre, trop de couleur dans les cheveux, tout, dans cette salle n'était que paraitre et orgueil. Puis elle repensa à sa propre mise, et au temps passé à se préparer, elle faisait aussi partie du spectacle, elle s'avança d'un pas. Magie du protocole, les courtisans s'écartèrent sur son passage, lui traçant le chemin jusqu'au Roi nouvellement révélé. Miromane utilisa les yeux bleus d'Yvon comme un navire rentre au port grâce aux fanaux. Elle ne salua personne, son port de tête altier et son sourire crispé dissuadant quiconque de venir la troubler.
Les quelques mètres qu'elle fit ce jour là, furent les plus long de sa vie. Elle arriva enfin à deux pas de Brillant. Sa révérence fut parfaite. Tête basse, les yeux rivé dans d'invisibles détails des dalles de pierres elle déclara d'une voix faussement assurée « Moi, Miromane, je me présente devant toi, Roi Yvon, avec pour seul trousseau mon amour pour toi, ma fidélité à la couronne et, les quatre m’en sont témoins, mon ventre fertile. M'accepteras-tu, sans dot ni recommandation ?»
L’assemblé bruissa de plaisir devant cette déclaration aussi directe que sincère.
Nul dans le royaume n'avait ainsi mis à nu la pauvreté de ses origines ni la richesse de ses aspirations. Miromane captura ainsi le cœur des jouvencelles pétries de romantisme, des vieux soldats bourrus au franc parlé et des duègnes regrettant l'innocence des temps passés.
« Miromane lève-toi. Lui demanda Yvon. Il ne convient point à la reine consort de s’agenouiller devant son futur époux »
Nobles, pages, servantes, grandes dames, soldats, nulle classe sociale, nul sexe ne se distingua plus dans l’énorme brouhaha provoqué par l’acceptation. Les jeune gens profitèrent pour se donner un chaste baisé, bien trop rapide à leur goût. Sur un signe de tête du Grand Chambellan, les musiciens commencèrent à jouer en sourdine. Des valets entrèrent dans la salle, les bras chargés de monceaux de victuailles. Yvon avait voulut une fête grandiose, bien des poulaillers et bien des jardins étaient désormais plus vides que la bourse d’un mendiant. Miromane ne lâcha pas le bras de son aimé tout le temps que dura le cérémoniale de félicitation. Tous les membres de l'assemblée défilèrent les uns après les autres devant les deux jeunes gens, des félicitations et des louanges plein la bouche.

Encore, encore, encore pensait Miromane. Elle était exténuée. Elle transpirait à grosses gouttes et pourtant elle souhaitait ardemment que cela ne finisse jamais. Hélas, son partenaire lui souffla « Madame, la journée fut longue et je vous demande la permission de faire une pause. » Elle devait bien le reconnaître que c’est aussi son cas, c’est donc de bonne grâce qu’elle accepta sa requête. Elle quitta ses bras à regret non sans lui voler un dernier baisé.
Des applaudissements s’élevèrent. Les danseurs, ravis et essoufflés, saluèrent la prestation de l’orchestre du royaume de Grand Provins. Le froufrou des robes remplit la salle de balle de sa propre musique alors que toutes ces dames retournaient s’asseoir un instant. Les hommes les plus murs se précipitèrent sur les tables chargées de vins et de bières, tandis que les damoiseaux allèrent conter fleurettes aux damoiselles de l’assemblée.
Miromane suivait docilement Yvon tant sa tête lui tournait. Elle profita de la longue traversée de la salle de bal pour se reprendre et remettre un peu d’ordre dans ses idées.
Jenna toujours prête à devancer les désirs de sa maîtresse lui porta un hanap d'hydromel. Doucement sucré, la boisson lui donna immédiatement un coup de fouet. Sentant ses jambes défaillirent, Miromane se laissa guider jusqu'a un des bancs placé le long des murs. Elle profita de se moment calme pour observer l'assistance. Des groupes s'étaient formés et chacun y allait de son bon mot ou de ses messes basses. La future reine intriguait, agaçait ou choquait tout à la fois. Quelques regards biais n'auguraient rien de bon quand aux ennemies qu'elle s'était faite. Depuis son ascension à la tête de la nouvelle guilde des mineurs, elle avait contrarié plus d'un noble. Yvon avait beau lui assurer qu'ils finiraient bien par l'accepter, force était de constater que nulle demoiselle d'honneur ne l'entourait. Soupirant de plus belle, Miromane leva les yeux vers le plafond dans un vain appel aux Quatre. Elle remarqua alors une ombre dissimulée dans l'obscurité dans une galerie surplombant la salle. Un sombre pressentiment frappa la jeune femme. Rejetant toute convenance, elle couru et sauta sur son aimé.
La flèche se planta à quelques centimètres de leurs visages. Ils n'eurent ni l'un ni l'autre le temps de faire un geste que Miromane ressenti une violente douleur à l'épaule. L'assassin tentait de rattraper son coup et décochait flèche sur flèche sans vraiment prendre le temps d'ajuster son tir.
De partout des cris s'élevaient. Les femmes fuyaient ou se cachaient sous le mobilier. Les hommes sortaient leurs armes d'apparats cherchant en vain l'ennemie. Feinte, Taureau et Sauge seuls agirent efficacement. Faisant barrage de son corps, le puissant guerrier s'interposa dans la trajectoire des traits. Tandis que les jeunes femmes grimpèrent jusqu'à la galerie en escaladant les colonnes de pierre.
L'assassin refusa de se faire prendre. Il s'élança dans le vide, dans l'espoir d'échapper définitivement à la question. Furet surgit et amorti la chute mortel.
"Comme c'est étrange, il pleut des hommes en noir" lança t'il. Puis le pauvre fou piqua un fou rire hystérique.
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L'amour pour épée, l'humour pour bouclier ! (B WERBER)

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