Dans sa résidence privée, un chef d'entreprise discute de la place de l'argent dans le rêve américain avec un représentant du personnel de son usine, Joe.
Le patron essaie de le convaincre que c'est l'extrême richesse de certains qui font tourner le système, que le luxe dans lequel ils vivent fourni du travail à d'autres et leur permette ainsi de vivre.
Il lui donne en exemple la nourriture qu'il déguste à cet instant : ces mets raffinés et hors de prix sont issus du travail de certains et il s'en délectera jusqu'à la fin de sa vie.
Selon lui, il n'y a que les gens paresseux qui ne trouvent pas de travail.
Joe lui affirme au contraire que le système n'est pas aussi parfait. Que la pauvreté n'est pas un choix et que lui-même peine à nourrir sa propre famille.
De son point de vue cet excès de richesse et les démonstrations de luxe qui en résultent sont indécentes et sont comme une injure à la classe laborieuse.
Et alors que son patron est sur le point de le congédier, il s'emporte devant tant de mépris et d'injustice. Il saute sur sa chaise et lui fait avaler de force, le filet mignon, les vins fins et le caviar sur la table jusqu'à provoquer sa mort par étouffement.
Sortant de son coup de folie, Joe réalise les conséquences de son geste.
Il téléphone alors à la police pour se dénoncer mais leurs lignes étant surchargées, il se rabat sur la presse et appelle le Daily Bugle.
Il tombe sur le journaliste Simon LaGrange qui flaire le gros coup. Il dissuade Joe d'appeller la police tant qu'il n'est pas sur place et le conforme dans son geste en lui disant qu'il est autant coupable que victime. Il le compare même à une sorte de Robin des Bois moderne.
Quand Simon arrive sur place, il découvre que le lieu du crime a été entièrement peint de "$" et tombe sur un Joe exalté qui se sent désormais investi d'une mission grâce aux paroles de LaGrange: Faire payer aux riches leur excès et il veut que Simon l'aide médiatiquement dans sa croisade.
Simon LaGrange est aux anges, il tient son scoop.
Pendant ce temps, Daredevil sauve une personne âgée d'un vol mais s'aperçoit à plus peur de lui que des voyous. Rassuré, il lui explique que les médias donnent de lui une image de justicier violent, ce qui lui sert sans doute à assurer son image mais cela pourrait également lui nuire.
Le vieil homme ne s'en doute pas mais Karen Page partage également son avis au point de parfois avoir elle-même peur de son compagnon.
Malgré les paroles rassurantes de Matt, la violence de Daredevil l'effraie de plus en plus.
La nuit suivant, le maintenant dénommé "Caviar Killer" par la presse, fait une seconde victime : une millionnaire qu'il étrangle avec son collier de perles d'un demi-million.
LaGrange en fait une nouvelle fois un article dont il a l'exclusivité et où il dépeint presque positivement les actions de Joe.
Au Bugle, Ben Urich est outré par le manque de déontologie de son confrère. La rédactrice en chef lui donne raison. Simon ne s'en soucie pas : il a négocié avec une chaine de télé pour une émission spéciale où le Caviar Killer se dévoilera en exclusivité.
Avant l'émission, Joe fait une troisième victime, un milliaire qu'il abat en plein cœur avec des diamants à la place de balles.
Le soir de l'émission, DD se rend sur le plateau. Depuis sa cachette, il peut observer la foule de "fans" du Caviar Killer qui se montre enfin au grand jour.
Joe explique son action par sa perte de confiance dans le rêve américain.
Il ne croit plus que le système fonctionne. Les pauvres restent pauvres et les riches continuent de s'enrichir grâce à eux.
Mais à peine a-t ‘il finit son discours que DD est découvert par le public. Daredevil tente alors de convaincre Joe et ses supporters que la voie qu'il a choisi n'est pas la bonne et qu'il doit se rendre à la police.
Les sympathisants réagissent très mal à ces propos et engagent un combat avec le justicier.
Même si DD a le dessus, il sait que Karen le regarde et espère que cette expression de violence ne la choquera pas encore plus.
Finalement Joe lance un appel au calme. Il se rend à la police. Les policiers embarquent également LaGrange pour complicité.
Dans son appartement, Karen est effectivement devant son écran et tente de se convaincre que la personne qu'elle aime n'a rien à voir avec cet homme hargneux et violent qu’elle voit.
C'est mon avis et je le partage :
Nocenti signe un numéro très dense dont les sujets sont encore d'actualité. Ann est assez culottée d'attaquer si directement le rêve américain par une critique du système capitaliste. Même si Joe est plus ou présenter comme le méchant du numéro, le fond du discours est sacrement à charge.
Dans une Amérique où l'idée de socialisme est toujours extrêmement négative, il fallait oser.
Peut-être en contrepoids à cet épisode, Nocenti réalisera à la fin de son passage sur la série un autre épisode avec l'Américan Dream comme thème principal mais dans une vision plus positive.
Même si le thème de la manipulation des médias est le plus en avant dans le numéro, il sert avant tout de catalyseur pour mettre en avant le mal-être de Karen vis à vis de la double vie de son amant. Cette angoisse sera analysée plus finement et trouvera sa conclusion dans les deux prochains épisodes.
A noter que l'utilisation de Ben Urich est une première depuis "Born Again", Nocenti le fera ré-intervenir pour la fin de run au #286.
Le travail de Pollard est soigné et offre de très belles planches. Assez agréable soit-il graphiquement, il est néanmoins difficile d'apprécier pleinement cet épisode car il s'agit du 5ème dessinateur différent en 7 numéros.
Même si des rappels du #241 sont placés intelligemment, l'impression de fill-in prédomine.
De plus, le style de Pollard ne correspond exactement au ton de la série, ni à l'univers de DD à cet époque.
"DD # 242 : "American Indigestion"