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Vieux 17/05/2013, 22h48
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Hawkguy
 
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Wilder, c'est du bonheur : à 90 balais, il avait conservé tout son mordant, tout son humour. Il y a vraiment des passages tordants.

Par exemple, il revient sur[B] Ninotchka[/B] de Ernst Lubitsch, qu'il a co-écrit avec Charles Brackett (et Lubitsch, même si celui-ci refusait d'être crédité comme scénariste !). Rédaction du scénario à la fois laborieuse (notamment pour trouver LA scène où Garbo cède aux charmes du capitalisme, résolu avec une idée simple et maline - un chapeau qui était déjà présent dans deux scènes précédentes) et ludique (Lubitsch qui insiste sur le fait que le spectateur est toujours reconnaissant quand on ne lui dit pas que 2 + 2 = 4, que quand il le découvre seul il rit encore plus).
Puis projections tests dans des cinoches de province. A l'époque, on demandait aux spectateurs de remplir une fiche avec une simple question (avez-vous aimé ou non ?) et éventuellement une petite remarque.
Fin de la projection, tous les spectateurs s'en vont. Seuls restent Wilder, Brackett, Lubitsch et un producteur. Ils montent dans une limousine après que Lubitsch ait récupéré toutes les fiches. Dans la limo, on boit du champagne, tout le monde est content, ça s'est bien passé. Lubitsch épluche les fiches, confirmant la bonne impression générale. Soudain, il éclate de rire. On lui demande ce qu'il vient de lire, il répond qu'il ne peut pas le raconter et empoche les fiches. Wilder et Brackett insiste. Lubitsch cède et lit le commentaire sur la fameuse fiche qui l'a tant faire rire :

"Je n'ai jamais autant ri à un film de toute ma vie ! J'en ai même pissé dans la main de ma fiancée !":D

Quand il parle de la pingrerie de Cary Grant et comment il l'a fait tourner en bourrique en prétendant avoir acheté du mobilier à des prix dérisoires...

Mais il confie aussi des anecdotes émouvantes comme quand il raconte que Bogart et lui ne s'étaient pas bien entendu sur le tournage de [B]Sabrina[/B] (Bogey était antisémite et pas le premier choix de Wilder, qui était juif et avait publiquement déploré de n'avoir pas eu Cary Grant). Quelques années plus tard, Bogey est mourant et invite Wilder chez lui, et là, il s'excuse d'avoir été odieux avec lui.
Wilder dit alors à Crowe : "il jouait les héros sans être un... Sauf à la fin."

A propos de Gary Cooper, sur le tournage de [B]Ariane[/B], "il savait qu'il était trop vieux pour le rôle, et pas mon premier choix" (encore Cary Grant qui avait refusé !)"mais il donnait tout pour mettre en valeur Audrey Hepburn. C'était un gentleman sur et en dehors du plateau."

Plein de choses comme ça, admirablement racontées. Wilder ne se met jamais en avant : une leçon d'humilité.
Toujours avec esprit, avec ironie : "si [B]Titanic[/B] a l'Oscar du meilleur scénario, je hurle !", "je dis à Von Stroheim (sur [B]Boulevard du crépuscule[/B]) qu'il avait dix ans d'avance (comme réalisateur). Il me répond : 'non. Vingt ans.' "

Et puis c'est touchant de voir que Wilder s'est autant livré à un ancien critique rock... Alors qu'il détestait le rock ! Une fois, il demande à Crowe de lui résumer l'histoire du rock. Crowe s'y essaie et s'en sort visiblement bien, captant l'attention de Wilder. Qui finit par lui lâcher : "Bon, hé bien, je peux faire sans.":D

En fait, c'est ça, la grande réussite du livre : Crowe réussit à prouver que le meilleur personnage qu'ait écrit Wilder... C'est Billy Wilder lui-même.
Et puis, comme moi, c'est [B]La Garçonnière[/B] son film préféré (bon, après, il aime à peu prés tout et il y en a certains que je n'ai pas encore réussi à voir, mais c'est vrai que CC Baxter et Fran Kubelik ont une place à part).