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Vieux 21/11/2012, 18h42
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Hawkguy
 
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Daredevil #250-252

En préambule, il convient de situer ce run dans le temps. [B]Frank Miller[/B] a quitté la série avec le dernier épisode de sa mythique saga [B]Born Again[/B] ([B]Renaissance[/B] en vf, #227-233), dessinée par [B]David Mazzucchelli[/B], en 1986.

L'editor de la série, [B]Ralph Macchio[/B], confie le scénario du #236 à [B]Ann Nocenti[/B] et les dessins au vétéran [B]Barry Windsor-Smith[/B] en Novembre de la même année.

L'essai est concluant puisqu'en Janvier 1987, elle devient la titulaire du poste du #238 au #245 en Août. Elle collabore avec divers artistes durant cette période : [B]Sal Buscema[/B] (#238), [B]Todd McFarlane[/B] (#241),[B] Keith Pollard [/B](#242), [B]Chuck Patton[/B] (#245) et surtout [B]Louis Williams[/B] (#239-240, 243-244).

Ann Nocenti, comme elle l'expliquera dans une interview au magazine "Comic Box", ne se souciait pas de passer après Miller (devenu la référence pour la série) et en même temps elle savait à la fois comment gérer un comic-book mensuel. Surtout, elle avait la confiance totale de Macchio.

Après un break d'un mois, Nocenti revient au #247. Elle fait alors équipe au dessin avec [B]Keith Giffen[/B] puis [B]Rick Leonardi[/B] (#248-249) Mais en Janvier 1988, un nouvel élément va changer la série et contribuer à faire entrer son run dans l'histoire de la série : c'est l'arrivée de [B]John Romita Jr[/B].

L'artiste est déjà une vedette de Marvel pour lequel il a dessiné (entre autres) [B]Iron Man[/B],[B] Spider-Man[/B] et [B]Uncanny X-Men[/B]. Sa régularité est établie et stylistiquement il a atteint le sommet de son art, affranchi de l'influence de son illustre père et pas encore dans la roue de [B]Jack Kirby[/B]. Il bénéficie aussi d'un encreur légendaire en la personne d'[B]Al Williamson[/B], qui a derrière lui une expérience de dessinateur classique, formé par [B]Alex Raymond[/B]. Ensemble, ils vont produire des planches extraordinaires, qui, elles aussi, se démarquent de l'empreinte de Miller-Janson-Mazzucchelli. Il n'est pas improbable que Williamson ait été plus un finisseur qu'un simple encreur tant sa contribution est remarquable : il "nettoie" le dessin de Romita Jr, lui apporte un soin pour les décors, une finesse dans le trait, un sens des à-plats noirs qu'aucun autre de ses partenaires (à mes yeux du moins) n'accomplira par la suite (sans parler du fait que le dessin de JR Jr perdra aussi en subtilité).

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Ann Nocenti, John Romita Jr et Al Williamson vont collaborer du # 250 à 257, puis du #259 au 263, puis du #265 au 283, soit 32 épisodes, pendant près de trois ans. Williamson reste en place ensuite pour seconder [B]Lee Weeks[/B] comme dessinateur.

Romita Jr et Williamson se retrouveront en 1993 pour la mini-série [B]Daredevil : Man Without Fear[/B], écrite par Frank Miller.

Ann Nocenti, elle, quittera la série en 1991 au #291 : elle demeure donc un des auteurs les plus prolifiques de [B]Daredevil[/B], l'unique femme à avoir écrit le titre. Elle partira en ayant conscience de ne plus avoir de choses intéressantes à dire et aussi pour se diversifier en travaillant pour le cinéma puis comme journaliste, avant de revenir à l'écriture de comics plus tard (aujourd'hui, elle travaille chez DC Comics sur [B]Catwoman[/B]). Mais elle est revenue brièvement à [B]Daredevil [/B]à l'occasion du #500 (final du run d'[B]Ed Brubaker[/B]) en 2009, pour un court récit, [B]3 Jacks[/B], de 13 pages mis en images par [B]David Aja[/B]. 

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[CENTER][B]Le point sur la situation de Daredevil :[/B][/CENTER]


[I]Wilson Fisk, le Caïd, a appris par son réseau d'indics, tenant lui-même l'information de Karen Page, ex-petite amie de Matt Murdock, que ce dernier et Daredevil était un seul et même homme. Il s'est servi de cela pour ruiner la carrière de l'avocat, qui a été radié du barreau, a perdu sa maison, est devenu un clochard. [/I]
[I]Désirant s'assurer de la mort de son ennemi, le Caïd a envoyé pour le tuer Nuke, un soldat qui a volontaire pour tester une nouvelle formule du sérum du super-soldat (comme Captain America). Au terme d'un affrontement dévastateur, Daredevil réussit à vaincre Nuke. La révèlation médiatique des liens unissant le tueur au Caïd entraîne des poursuites judicaires contre celui-ci. [/I]
[I]Entretemps, Matt Murdock a renoué avec Karen Page. Ils s'occupent maintenant d'un centre d'aide sociale dans le Bronx au sein de laquelle l'avocat aveugle fournit des conseils, laissant à d'autres le soin de plaider car il n'a toujours pas été réintégré... Mais le Caïd persiste à vouloir anéantir Murdock, autant pour se venger que pour lui prouver que son combat pour la justice est vain.[/I]

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[CENTER][B]#250 : Boom ![/B] (Janvier 1988)[/CENTER]

[CENTER][IMG]http://www.comicbookdb.com/graphics/comic_graphics/1/201/7187_20070725045155_large.jpg[/IMG][/CENTER]

[CENTER][B]#251 : Save the planet[/B] (Février 1988)[/CENTER]

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[CENTER][B]#252 : Ground zero[/B] (Mars 1988)[/CENTER]

Ces trois premiers épisodes forment une sorte de préambule pour le run d'[B]Ann Nocenti[/B], [B]John Romita Jr[/B] et [B]Al Williamson[/B], mais c'est un copieux amuse-bouche avant le plat de résistance que sera l'arc [B]Typhoïd Mary[/B].


[I]Deux forces s'affrontent : d'un côté, l'industrie Kelco, liée à l'armée, elle-même liée à Wilson Fisk le Caïd, responsable de fraude environnementale et de mise en danger de la vie d'autrui (un petit garçon, Tyrone, a ainsi perdu la vue en se baignant dans un lac pollué par les rejets d'une de leurs usines) ; de l'autre, l'association "Planète verte", composée de défenseurs de la nature, dont le responsable, Rolands, vient demander à Matt Murdock son aide pour poursuivre (plus efficacement que cela a été fait jusqu'à présent) la Kelco. Emu par ce qui est arrivé au jeune Tyrone et la colère de son père, Ross, l'avocat en rupture de ban accepte ce job et guide David, un jeune confrère, qui plaidera pour lui.[/I]
[I]Mais Daredevil va découvrir deux nouveaux éléments : d'abord, son ancien associé, Franklin "Foggy" Nelson (en couple avec la photographe Glorianna O'Brien, elle-même ancienne maîtresse de Murdock) est un des avocats de la Kelco (mais ignore que le Caïd en est un actionnaire) ; et ensuite, l'armée a chargé le mercenaire Bullet d'intimider les activistes de "Planète verte" en les mêlant à un meurtre qu'il a commis.[/I]
[I]La situation va se compliquer à cause d'un évènement extérieur à cette affaire : le mutant Apocalypse et ses quatre cavaliers attaquent New York. La population paniquée croit qu'il s'agit d'une attaque nucléaire des russes. Des voyous drogués et armés menés par Ammo comptent profiter du chaos pour piller la ville. Daredevil, la Veuve Noire et quelques anciens soldats et policiers s'interposent...[/I]


Ce qui frappe avec ces trois premiers épisodes (dont le #252 est un numéro double de 40 pages !), c'est leur densité et leur rythme : [B]Ann Nocenti[/B] fournit au lecteur une grande quantité d'informations en peu de temps mais avec une clarté d'exposition et un dynamisme narratif extraordinaire.
La lutte entre la Kelco et "Planète verte", le procès qui s'annonce, la vie du centre d'aide social animé par Matt et Karen : tout cela est parfaitement exposé et pose une intrigue ambitieuse et passionnante.

Par ailleurs, la scénariste articule déjà son histoire autour de la vengeance du Caïd, le second round en quelque sorte après la saga [B]Born Again[/B] de Miller : Wilson Fisk ne veut plus tant tuer Matt Murdock que l'humilier, lui prouver que son combat est vain et donc que sa double vie en tant que Daredevil est vouée à l'échec. Nocenti dépeint le Caïd comme un individu encore puissant, influent, aux relations multiples, et obsédé par Murdock - nous verrons par la suite que la nature-même de son ressentiment se teinte d'une manière plus trouble encore.

Le personnage de Bullet introduit un nouveau vilain dans la galerie d'adversaires de Daredevil - c'est un colosse redoutable, rapide et malin, motivé par le gain, cynique - et c'est un personnage dans un situation original - il est le père, souvent absent à cause des contrats, d'un jeune garçon, Lance, traumatisé par la bombe nuclèaire depuis l'exposé de son instituteur, transformant l'appartement où il vit en abri anti-atomique.

Ce dernier point nous amène à examiner la façon dont Ann Nocenti décrit le décor de la série, auquel elle consacre un soin particulier : New York y est montré comme une mégalopole au bord de l'apocalypse, les rues jonchées de détritus, peuplées de clochards, de junkies, de voyous, de gamins errants, de putes - une masse de gens désespérés, dont les pensées sont souvent dévoilées de manière inquiétante (un passager du métro cachant un flingue et rêvant de s'en servir pour tuer des inconnus au hasard). L'effet est saisissant.


Et cela nous conduit à parler de l'aspect graphique : depuis ses épisodes de [B]Spider-Man[/B], [B]John Romita Jr[/B] n'a plus rien à prouver pour ce qui est de représenter à la fois les héros de la rue, acrobates et batailleurs, et leur environnement urbain.
Avec l'aide d'[B]Al Williamson[/B], connu pour être un dessinateur-encreur minitieux, l'artiste réalise des planches à la fois énergiques, notamment lors des scènes d'action découpées comme des ballets gracieux et violents (superbe baston entre Daredevil et Bullet puis Ammo), et composées avec intelligence (des cases à la fois fournies en détail et aérées quand il le faut).
La contribution de Williamson est notable quand il s'agit de dessiner en détail les intérieurs et extérieurs, les véhicules, les vêtements et accessoires : il est un véritable finisseur qui permet à Romita Jr de se concentrer sur les enchaînements, les personnages, les impacts. Il alterne à-plats noirs et traits fins pour figurer les volumes et le brouillard permanent dans lequel semble noyé New York (seule la tour du Caïd surplombe la cité pris dans ce fog).

JR Jr est formidablement bon pour camper en quelques coups de crayons une silhouette inoubliable : son DD est un voltigeur élégant, le Caïd est un géant obèse, Bullet une figure noire épurée qui dégage une brutalité vigoureuse, et les enfants qui traversent ces épisodes (Lance, Cain) sont également très réussis (moins réalistes que crédibles - bien plus que ce que fait l'artiste aujourd'hui avec [B]Kick-Ass[/B] par exemple).


Bien entendu, il y a quelques bémols : la colorisation de [B]Christie "Max Scheele[/B] a vieilli (surtout que l'impression de l'époque était vraiment lamentable), les coupes de certains vêtements civils et les coiffures trahissent leur époque, l'épisode tie-in au crossover [B]Fall of the mutants[/B] oblige le récit à incorporer des éléments un peu encombrants...

Mais ce n'est pas grand'chose car Nocenti impose des idées originales, atypiques, avec un regard journalistique (les allusions à la guerre froide, la menace nuclèaire, l'écologie) acéré.

[LEFT]Après ces trois premiers chapitres, le trio Nocenti-Romita Jr-Williamson va s'engager dans une saga mouvementée et mémorable de 10 épisodes qui va considérablement marquer le héros, bousculer le lecteur et rediriger la série.[/LEFT]

[RIGHT][I][B](To be continued...)[/B] [/I][/RIGHT]

Dernière modification par wildcard ; 21/11/2012 à 18h54.