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Vieux 22/01/2014, 15h10
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Bill Mitchell Bill Mitchell est déconnecté
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-Sentinelle du Temple-
 
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Bill Mitchell porte un slip rouge par dessus son pantalonBill Mitchell porte un slip rouge par dessus son pantalonBill Mitchell porte un slip rouge par dessus son pantalonBill Mitchell porte un slip rouge par dessus son pantalonBill Mitchell porte un slip rouge par dessus son pantalonBill Mitchell porte un slip rouge par dessus son pantalonBill Mitchell porte un slip rouge par dessus son pantalonBill Mitchell porte un slip rouge par dessus son pantalonBill Mitchell porte un slip rouge par dessus son pantalonBill Mitchell porte un slip rouge par dessus son pantalonBill Mitchell porte un slip rouge par dessus son pantalon
La circulation dans la planche chez Loisel

On va commencer par un maître de la planche franco belge, avec Régis Loisel .
il pense ses planches comme des entités propres, ayant un sens qui s'inscrit dans la globalité de l'histoire, mais qui a aussi un sens en tant qu'objet isolé . La planche doit raconter une histoire autonome, doit pouvoir donner une impression forte, quoique parfois inconsciente quand on est embarqué dans l'histoire .
Cela marche surtout quand il n'y a pas beaucoup de contraintes de texte, car le texte ralentit la lecture, et induit un autre cheminement du regard . Sur des planches presque muettes, la lecture est très rapide et doit toutefois apporter beaucoup d'informations, qui sont codées d'une autre manière, et la circulation du regard peut donner des solutions .

Un exemple frappant et magistral, tiré du Rige, sans doute le meilleur album de l'excellente quête de l'oiseau du temps nous montre comment la composition de la planche peut susciter une impression forte et complexe .
[IMG]http://i1220.photobucket.com/albums/dd448/olonguet/lecturerige1_zps2e1a385f.jpg[/IMG]
Pelisse tombe dans un précipice . Ca aurait pu se règler en deux images, mais Loisel veut donner l'impression que la chute est très grave, pourrait la tuer, mais veut nous laisser l'espoir qu'elle va pouvoir s'en sortir tout de même .
Par la composition de la planche, il va réussir à nous donner les deux impressions à la fois et à nous laisser le choix entre les deux, en laissant notre regard suivre deux chutes différentes . Si chacune se termine par un tchoc contre une pierre , je pense qu'on peut ne pas imaginer le même son entre les deux chemins .
[IMG]http://i1220.photobucket.com/albums/dd448/olonguet/lecturerige_zps5fade48f.jpg[/IMG]
Le premier chemin, figuré en rouge, est très violent et nous laisse peu d'espoir, car il commence par une séparation dramatique et il se termine par une chute verticale . Entre temps, le clac nous suggère que Pelisse a été fouettée dans sa chute par les lianes . La pauvre Pelisse aura du mal à s'en sortir .

Le second chemin, en vert , est plus doux,il commence verticalement , mais la tension s'atténue, on a l'impression que les lianes sont plus bénéfiques, elles cèdent tout en retenant un peu la chute, qui se termine horizontalement par une roulade, et une pierre pour arrêter la roulade et conclure la planche comme un point final . La chute est moins spectaculaire, Pelisse a une chance de s'en sortir .
Vite, faisons un pari et lisons la suite .

Bien sûr, cette planche est très spectaculaire et extrèmement réussie, cette planche est un chef d'oeuvre dans le chef d'oeuvre, et toutes les planches ne sont pas aussi construites dans ce sens . Ca n'aurait d'ailleurs pas de sens de faire un morceau de bravoure à chaque planche d'un récit d'aventures. Mais j'ai cité cet exemple pour montrer ce qu'on peut faire en plaçant bien les personnages, les cases, pour induire un certaine circulation du regard dans la lecture .


Je me rends compte que ça passe beaucoup moins bien dans le format paysage d'un écran PC!