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Vieux 14/10/2015, 18h56
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cosmos cosmos est déconnecté
Great Cakes Avenger
 
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cosmos change la caisse du Fauve
The Wicked + The Divine #15

Hmpf.

Pendant tout le premier arc (#1 à #11) j'aimais bien cette série, sans pour autant en être raide dingue non plus. On pourrait ne lire le titre que pour les sublimes planches de Jamie McKelvie magnifiquement colorisées par Matt Wilson, mais si le script est bien ficelé, bourré de références et de réflexions aussi intelligentes qu'actuelles, il y a toujours quelque chose d'assez froid dans l'approche de Gillen. Une mort dans Saga m'émeut un peu par exemple, il y a quelque chose de cru et de direct à chaque fois qui fait que je ressens quelque chose. Les morts de WicDiv ne me font pas grand-chose par contre, tout est tellement cérébral qu'on est plus difficilement sous le choc (je dis "on" mais à en juger par les réactions sur les réseaux sociaux, plein de lecteurs et de lectrices ont été sincèrement bouleversés par certains retournements de situation - faut croire que ça ne marche vraiment pas sur moi). Et de manière générale, j'ai toujours trouvé les personnages beaucoup trop dans le discours et pas assez dans le dialogue, ayant plus l'impression de lire une juxtaposition de monologues émaillés des one-liners dont Gillen a le secret que de réelles discussions.

Enfin ça c'était le premier arc. Le style de Gillen consiste davantage à semer discrètement les graines de développements futurs, pour mieux vous achever d'un gros coup de poing dans le bide quand tout est enfin en place. Depuis le début du deuxième arc, toutes les intrigues secondaires sont en effet en train de se développer brillamment. Après certaines énormes révélations dans le #11, ces chapitres tour à tour centrés sur des dieux plutôt au second plan jusqu'ici sont l'occasion d'affiner leur portrait et d'en faire des personnages plus nuancés, et toujours passionnants. Et tout ça en plus de réflexions toujours aussi pertinentes sur le double-standard, la misogynie, la célébrité, le patriarcat etc.

Si à la fin de l'année je fais un top 10 de mes comics préférés, le #13 sera obligatoirement à la première place avec la bouleversante lettre de Tara. Le #14 était particulièrement fascinant aussi, s'attardant sur Woden aka le connard notoire de l'histoire, pour en faire... ben toujours un connard, mais un connard qu'on comprend mieux même si on ne le méprise pas moins. Et puis cette façon de n'utiliser que des vieilles cases ou presque pour parler d'un DJ/producteur qui donne surtout dans le remix, mais qu'est-ce que c'était brillant et bien exécuté.
Le #15 nous parle de la gentille Amaterasu, qui essaie toujours de ne jamais froisser personne mais qui se met enfin en colère dans une confrontation avec Urdr, qui la met face à l'appropriation culturelle dans laquelle elle baigne. Comme le disait une lectrice sur Twitter, il y avait quelque chose de déchirant à les voir tenter de protéger tous les sentiments du monde, chacune à leur manière, mais sans y arriver. Et puis certains développements récents autour de Minerva donnent particulièrement envie de dévorer la suite.

Bref, The Wicked + The Divine confirme qu'elle est une des meilleures séries du moment. Vivement la série TV pour que Le Monde Sache (ah, je vous ai dit que le chapitre était dessiné par Stéphanie Hans ? STÉPHANIE HANS !!).


Phonogram: The Immaterial Girl #3

Suite des aventures d'Emily Aster, l'Emma Frost du titre qui avait vendu la moitié de son être (celle qui rassemblait tout ce qui la faisait se sentir misérable) contre plus de puissance magique. Problème : elle n'avait pas pensé à spécifier dans le pacte QUELLE moitié devrait être à jamais emprisonnée derrière les miroirs. Comme on s'en doute, l'autre moitié en profite et prend sa place dans le monde des vivants, tandis qu'Emily se retrouve prisonnière du monde des images...

Comme dans les deux volumes précédents de Phonogram, les pages sont bourrées de références textuelles ou visuelles à des artistes musicaux qu'on ne connaît pas forcément (ou pas assez pour identifier ce que la référence dit sur le personnage), MAIS ça n'empêche pas le titre de fonctionner.

Plus le temps passe et plus j'ai du mal avec le concept de "passage à l'âge adulte". Beaucoup de récits en traitent, mais est-ce qu'on "passe" vraiment à l'âge adulte façon enfant/chenille puis adolescent/chrysalide puis enfin adulte/papillon, pour reprendre une métaphore fréquemment utilisée ? J'ai plutôt le sentiment d'un processus de transformation qui ne se termine jamais vraiment. The Immaterial Girl nous parle de la tentation de se défaire totalement d'une partie de soi pour avancer, ce qui sans surprise n'est pas du tout une bonne idée, puisque refuser de ressentir ce qui nous fait nous sentir misérable - comme Emma et Emily - est sans doute le meilleur moyen de ne pas mûrir. Traiter, digérer la douleur puis guérir font davantage partie du processus.

L'histoire d'Emily nous fait nous demander quelles parties de soi on a étouffées ou bannies parce qu'on les jugeait trop enfantines, trop inadaptées, pas assez masculines/féminines et si c'était vraiment une bonne idée. Le tout sous la plume de Kieron Gillen, avec toujours un magnifique travail de Jamie McKelvie sur les expressions, les attitudes et notamment les looks, très importants étant donné que l'histoire se déroule sur plusieurs décennies et traite de personnages complètement sous l'influence des pop stars et de leurs clips. Pour chipoter, je dirais que ses personnages ont parfois tendance à surjouer leurs émotions, mais c'est vraiment histoire de.
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"It's not about adding diversity for the sake of diversity, it's about subtracting homogeneity for the sake of realism."
une cacahuète dans la nuit.

Dernière modification par cosmos ; 15/10/2015 à 00h23.
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