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Vieux 19/04/2015, 19h55
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Hawkguy
 
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Allez, hop, une petite curiosité bien relevée !



Faux en écritures, de James Cain.

Le nom de James Cain est connu de beaucoup de cinéphiles : il est l'auteur de classiques de la série noire comme Assurance sur la mort ou Le facteur sonne toujours deux fois, deux textes qui ont connu de magnifiques adaptations.

Faux en écritures est un petit roman (moins de 140 pages, presque une nouvelle en fait) qu'il a écrit en 1944, et qui a d'abord édité dans un recueil où figurait Assurance sur la mort. On y retrouve d'ailleurs des figures communes avec cette histoire du responsable d'une succursale de banque qui découvre des détournements de fonds commis par un employé réputé pour son efficacité mais qui est hospitalisé pour un ulcère. Sa belle épouse propose de le remplacer au guichet et va se retrouver mêler à l'affaire, sans que le héros ne sache si elle en est complice ou pas.

Le texte est aussi typique de Cain par son économie : le style est sans fioritures, précis, fluide, d'une tension extrême, d'un érotisme subtil. Pourtant, le romancier ne cède pas aux clichés et se montre très sobre quand il évoque la romance naissante entre Dave Bennett, le banquier, et Sheila Brent, la femme de son employé malhonnête.
Les manoeuvres qu'accomplit ce couple pour maquiller l'escroquerie sont évidemment très datées, mais l'essentiel est ailleurs et aboutit à un dénouement fulgurant, comme si soudain le récit explosait, s'emballait.

Ce n'est pas un chef d'oeuvre de ce grand auteur qu'est James Cain, mais quand même une belle preuve de son savoir-faire, et un témoignage percutant de cette école du polar des années 40 aux histoires et aux ambiances si intenses.
(Et en plus, on le trouve dans une collection vraiment pas cher, donc aucune excuse pour s'en priver !)

Ah ! Que je n'oublie pas ce qui suit :




Elmore Leonard, un maître à écrire, de Laurent Chalumeau.

Formidable biographie sur un des maîtres du polars par un de ses plus grands fans. Si vous ne connaissez pas (ou pas bien) Elmore Leonard, alors, ce bouquin vous donnera envie de corriger ça. Son oeuvre est abondante (westerns, polars...), il n'y a que l'embarras du choix, et c'est toujours jubilatoire.

L'occasion aussi de réviser les "10 rules of writing", à la fois drôles et judicieuses, du maestro :

Citation:
1 - Ne jamais commencer un livre par le temps qu’il fait.
Si c’est uniquement pour créer une ambiance, et non une réaction d’un personnage au temps, il vaut mieux ne pas s’attarder sur le sujet. Le lecteur est capable de sauter des pages entières pour chercher le moment où l’on parle des personnages. Il y a des exceptions. Si vous êtes Barry Lopez, qui a plus d'imagination qu’un Eskimo pour décrire la glace et la neige dans son livre Arctic Dreams, vous pouvez couvrir la météo tant que vous voulez.

2 - Evitez les prologues : ils peuvent se révéler ennuyeux, spécialement si le prologue vient après une introduction qui est elle-même suivie d’un avant-propos. Mais on trouve généralement ceux-ci dans des ouvrages qui ne sont pas de la fiction. Dans un roman, un prologue est une histoire qui résume le passé d’un personnage et vous pouvez l’insérer là où vous le souhaitez. Il y a un prologue dans Sweet Thursday de John Steinbeck, mais ça me va, puisqu’un personnage dans le livre résume le contenu de mes règles. Il dit : « J’aime quand on parle beaucoup dans un livre, et je n’aime pas quand on me dit à quoi ressemble la personne qui parle. Je veux deviner à quoi il ressemble à partir de la manière dont il parle. »

3 - Ne jamais utiliser d’autres verbes que "dire" pour porter un dialogue.
La ligne de dialogue appartient au personnage ; le verbe, c’est l’auteur qui vient coller son nez dans le texte. Mais "dire" est bien moins intrusif que "grommeler", "haleter", "avertir" ou "mentir". Je me rappelle avoir lu une ligne de dialogue de Mary McCarthy qui se terminait par "she asseverated" (un terme anglais compliqué pour dire "elle affirma solennellement"). J’ai dû m’arrêter de lire pour aller chercher le dictionnaire.

4 - Ne jamais utiliser un adverbe pour modifier le verbe "dire"… admonesta-t-il gravement.
Utiliser un adverbe de cette façon (ou de presque n’importe quelle autre façon) est un péché mortel. L’auteur se met véritablement en danger en utilisant un mot qui distrait et peut interrompre le rythme de l’échange. Dans un de mes livres, j’ai fait dire à un personnage qu’elle écrivait des romances historiques « plein de viols et d’adverbes ».

5 - N'abusez pas des points d’exclamation.
Limitez-vous à deux ou trois par 100 000 mots de prose. Si vous avez le coup de main pour jouer avec les points d’exclamation comme le fait Tom Wolfe, vous pouvez les jeter dans votre texte par poignées.

6 - Ne jamais utiliser les mots "soudain" ou "l’enfer se déchaîna".
Cette règle ne nécessite pas d’explication. J’ai remarqué que les écrivains qui utilisent "soudain" ont souvent peu de maîtrise dans l’utilisation des points d’exclamation.

7 - Utilisez les dialectes régionaux ou le patois avec parcimonie.
Une fois que vous commencez à orthographier les mots d’un dialogue phonétiquement et que vous chargez la page d’apostrophes, vous ne pourrez plus vous arrêter. Remarquez la façon dont Annie Proulx capture la saveur des voix du Wyoming dans son recueil de nouvelles Close Range.

8 - Evitez les descriptions détaillées des personnages, chose dont Steinbeck a déjà fait le tour.
Dans l’œuvre d’Hemingway, Hills Like White Elephants, à quoi ressemblent « l’Américain et la fille qui l’accompagne » ? « Elle avait enlevé son chapeau et l’avait mis sur la table ». C’est la seule référence à une description physique dans l’histoire.

9 - N’entrez pas trop dans le détail lorsque vous décrivez les endroits et les choses, à moins que vous ne soyez Margaret Atwood et que vous ayez un don pour cela. Vous ne voulez pas de descriptions qui amènent l’action, le cours de l’histoire, à s’arrêter complètement.

10 - Essayez de rayer les passages que les lecteurs ont tendance à sauter.
Pensez à ce que vous sautez lorsque vous lisez un roman : d’épais paragraphes de prose où vous voyez qu’il y a trop de mots.

Ma règle la plus importante qui résume les 10 : si ça ressemble à de l’écrit, je le réécris.
(J'ai remarqué, dans une itw récente, que Jean D'Ormesson appliquait une autre technique : "je ne lis jamais quand j'écris. Si je lis un bon livre, ça me déprime. Si je lis un navet, je perds mon temps.")

Dernière modification par wildcard ; 19/04/2015 à 20h06.
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