[Thoor]

[quote][U]LE RETOUR ?[/U]

Elle attend. Debout sur les remparts de la cité depuis l’aube, elle fixe l’horizon. Le soleil se couche lentement derrière elle, ajoutant de jolis effets rouges dans sa longue chevelure autrefois blonde. Un petit vent se lève, charriant une forte odeur iodée. La marrée monte, son ressac se fracasse inlassablement sur les galets de la plage, elle y puise la force d’être aussi patiente. Elle attend. Ses yeux plissés, elle ne bouge pas. Elle reste jusqu’à ce que la lumière ne soit plus suffisante pour voir les Iles Blanches. Les mouettes abandonnent leurs joyeuses parties de pêches, les travailleurs rentrent chez eux, de faibles lueurs tremblotantes transpercent les contrevents des masures. Il faut rentrer. Ses épaules s’affaissent alors qu’elle se décide a rentrée chez elle. Son pas est hésitant sur les pavés mal dégrossis. Elle regrette de ne pas avoir pris sa canne. L’ombre d’un sourire effleure ses lèvres, elle sait que demain elle laissera une fois de plus le vilain bout de bois dans le placard. Elle ne veut pas courir le risque que Yorrick, à son retour, la trouve vielle et faible. Lorsqu’il reviendra, il faut qu’elle soit forte, qu’il la retrouve telle qu’il la quittée. Alors tout ira bien, ils seront de nouveaux réunis.

Sa hanche lui fait mal. Elle avance avec beaucoup de précaution sur les pavés mal ajustés de la rue. Sa maison n’est plus très loin, elle accélère un petit peu afin de pouvoir échapper au vent glacial qui soulève son lourd jupon. Elle devra bien sûr rallumer le poêle en fonte, mais si les braises sont encore chaude cela devrait allez assez vite.
D’ailleurs, la corvée de bois risque bien d’être le premier travail de Yorrick. L’hiver risquant de durer encore deux bon mois, il faut refaire le stock de bois de la réserve. Ce ne sera pas le seul travail qu’il aura à faire, le toit qui fuit, la chaise cassée, la porte d’entrée qui grince, et les milles autres menus travaux d’entretiens qu’il repousse depuis tant d’années vont certainement l’occuper un bon bout de temps. En contrepartie, finit les soupers de cambuses des navires marchants, finit les nuits glacial dans des hamacs usés, finit les filles de joie des ports sans noms du bout du monde. Lucie s’occupera de son mari comme la femme aimante et fidèle qu’elle est.
Il y aura des heurts, bien sûr, tous ces longs mois, seule lui ont fait prendre bien des habitudes où son homme est exclu. Lui aura gagné quelques manies propres au marin au long court.
Sur la cuisinière à bois, le pot de soupe bout tranquillement, remplissant la petite masure d’une odeur de pomme de terre et de poireau. Pas de viande pour Lucie, la bourse laissé par Yorrick lors de son départ est presque vide. En pensant à la petite boite en fer, cachée derrière une brique descellée du manteau de la cheminée, Lucie soupire. Si Yorrick revient les poches vides, il lui faudra retourner à la pêcherie. Avec ses mains torturées par l’arthrite, l’idée de les plonger dans la glace pour vider les poissons ne l’enchante guère.
L’heure de se coucher est arrivée doucement, Lucie bien au chaud sous l’épais édredon rouge rêve du plus beau jour de sa vie, son mariage.
Une chaude mâtinée d’été qui s’étire indéfiniment, Son père vêtu de ses beaux habits qui l’embrasse sur la joue, la couronne de blé qui lui gratte la tête et bien sur Yorrick qui danse avec elle. Un rêve agréable.

Un matin gris se lève sur St Malo. Lucie est déjà à son poste, sur les remparts. Son regard tente de percer les brumes matinales, espérant voir la silhouette du « Belle des Mers ». Yorrik arrive aujourd’hui. Elle en est sure.
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Voila, voila

un petit texte, presque dans les temps :p

Je vais pouvoir lire les vôtres maintenant