Discussion: Quelques textes
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Vieux 02/04/2008, 22h02
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Dieu qui déchire sa race
 
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Ben Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à Galactus
A chaque semestre, je crois que j'ai des moments de déprime qui doivent sortir. J'ai écris hier un texte bien triste et bien dur, mais il y avait certaines choses qui devaient sortir, vraiment. "Bonne" lecture.


Les notes commencent lentement à s’élever des basses, et mon cœur est prêt à éclater. Ca y est, la fin a commencé. La chanson débute, les gens me regardent en espérant que je ne craquerai pas. Je ne sais pas si je vais réussir. Je ne sais pas ce que je vais pouvoir réussir maintenant. On tente de me sourire, certains me font même des petits signes, et je ne peux pas répondre. J’ai le regard fixé devant moi, sur cet objet horrible et pourtant connu. Je l’ai choisi, l’autre jour…je ne sais même plus quand. Nicolas était là, avec moi : il a fait ce qu’il a pu pour me dissuader, mais je devais le faire. Comme je dois être là, maintenant, à écouter ce type chanter ta chanson préférée. Je ne peux pas te trahir, pas une fois de plus.

Tu adorais cette chanson. Tu la voulais pour ton enterrement…j’ai tenu parole, chérie. Mes mains tremblent alors que je sens ma gorge se serrer, mais je ne craquerai pas. Pas maintenant, pas ici. Je ne veux pas faire ça devant tout ce monde. Oh, pas parce que je suis un sale macho comme tu me l’as parfois dis…ça ne les concerne juste pas, tu sais. C’est entre toi et moi. Ca l’a toujours été, et ça doit finir comme ça. Je ne peux pas te dire au revoir devant eux. Et…et je ne peux pas le faire avant d’avoir accepté.

Tu es partie, et je n’arrive toujours pas à le croire. Le cercueil, les fleurs, l’organisation et cette chanson, tout ça c’est pour me forcer à accepter, à admettre que tu n’es plus là, mais ça ne fonctionne pas. A chaque instant, je m’attends à te voir arriver et dire que tout ça n’est qu’une blague. Ce n’est pas ton genre, mais…mais tu pourrais peut-être faire exception, non ? Avoir mon humour stupide et lourd, pour une fois. Faire des blagues pas drôles comme moi. Ca fait des jours que j’attends devant la porte que tu la finisses, cette vanne, mais tu n’es toujours pas revenue. Ca fait des jours que je frissonne à chaque voix de femme en espérant que c’est la tienne, mais elles sont toujours différentes…et tu ne ferais pas ça. Pas à moi.
On m’a dit que je dois me rendre à l’évidence, que c’est fini et que tu ne reviendras pas, mais je n’y arrive pas. On me dit que ça passera, que je t’oublierai et que ça ira avec le temps, mais comment est-ce possible ? Comment je pourrais t’oublier ? Comment ça pourrait passer ? C’est…c’est trop dur. C’est impossible.

La chanson tire à sa fin et j’ai envie qu’elle continue à jamais. Je ne veux pas me lever. Je ne veux pas regarder ces gens qui me semblent inconnus alors que je les connais depuis toujours. Mes amis me passeront des mains dans le dos et me diront des mots tendres, mais ça ne sera jamais ta main et tes mots. Eux seuls pouvaient me calmer. Eux seuls pouvaient me réconforter quand ça n’allait pas, pouvaient me faire reprendre confiance en moi. Pourquoi n’es-tu pas là, alors que c’est le moment où j’ai le plus besoin de toi ? Pourquoi ne viens-tu pas à mon secours ?
Pitié…viens. Viens me parler. Viens me dire que ça ira, et qu’on passera toujours notre vie ensemble. Je sais, je ne suis pas parfait, mais…mais je fais des efforts. J’essaye, et je ferai encore mieux. Apparais, je t’en prie…apparais. Je…je veux juste te revoir…juste savoir que ça va, que tu m’en veux juste, que…que tu n’es pas là-dedans…

La musique est finie et je vois les gens se lever. Mécaniquement, je fais de même et je vois le cercueil passer. Je vois tes parents, anéantis. Ce père, qui semblait si fort et qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Cette mère qui ne dit plus rien depuis…depuis la nouvelle. Et les autres, qui ressemblent plus à des fantômes qu’à des êtres humains. Je suis, et je me sens encore plus seul qu’avant. Je ne suis pas des leurs. Même si on s’entendait bien, je ne suis pas de la famille, je n’étais que celui que tu aimais…c’était beaucoup, certes, mais pas assez pour qu’ils s’occupent de moi aujourd’hui. Je les comprends, je ne leur en veux pas. De toutes façons, qu’auraient-ils pu me dire ? Que ça ira mieux, comme les autres ? Eux savent que non. Tu es partie. Rien n’ira plus jamais mieux.

Lentement, nous sortons de l’Eglise et je sens une main sur mon épaule. Papa. Il veut me dire quelque chose, mais les mots ne sortent pas de sa bouche. Je souris tristement. Je sais, papa, je sais. Tu voudrais aussi me dire que ça va aller, mais tu sais que ce n’est pas le cas. Maman est derrière, et ne sait plus quoi faire. Elle voudrait éviter à son petit garçon de subir ça, elle voudrait prendre soin de moi comme quand j’étais enfant, mais elle sait que ça n’est pas la peine. Elle a déjà vécu ça, et peut me dire à l’avance que le chagrin ne disparaîtra jamais.
Ils ne disent rien, parce qu’ils ne peuvent rien me dire. Ce n’est pas dans leur mode de pensée que les enfants meurent avant les parents, surtout à nos âges. Mes grands-parents aussi ont fait le déplacement, mais je ne les vois pas…ce n’est pas grave. Je voudrais dire à mon père que ce n’est pas de sa faute, que je vais bien, mais je lui ai trop menti pour ne pas le refaire sur quelque chose d’aussi grave. Un océan d’incompréhension et de non dits nous sépare…et de non faits, aussi. Il ne peut rien me dire, et je ne peux rien lui dire. S’il me serrait contre lui, s’il me prenait dans ses bras pour me dire que je suis son fils et qu’il m’aime, ces mots que j’ai tant attendus en vain, peut-être pourrais-je craquer et lâcher tout ce que j’ai en moi, mais il ne fait rien…et moi non plus.

Tu le savais, tu me l’avais dis : nous sommes tous les deux des handicapés des sentiments entre nous. Il me regarde, la bouche ouverte, et je finis par enlever sa main de mon épaule. Ca ne vaut pas la peine. Il veut parler à son petit garçon, mais c’est trop tard : j’ai grandi. J’ai malheureusement grandi.

Je rattrape le cortège, et j’ai toujours ta chanson en tête. Hallelujah, Hallelujah…elle est belle, oui. Mais moins que toi. Mon dieu, comme tu es…étais belle. La plus belle de toutes. Je n’ai jamais trouvé quelqu’un d’aussi beau que toi, et je n’ai jamais autant aimé quelqu’un que toi. J’ai tout fait pour te garder et prendre soin de toi, et j’ai l’impression de ne pas avoir été à la hauteur. Je t’ai blessé et déçu plus souvent que je ne le devais. Je…je voudrais tant m’excuser, te dire que je vais te mériter. Mais…mais je ne peux pas…plus. Je ne peux plus. Mon dieu…je ne peux plus…

Le cercueil arrive devant la…le…l’endroit. Personne ne parle, et l’on te descend lentement sous terre. J’ai du mal à le supporter, je serre les poings, je crisse des dents. Je voudrais crier, dire que ça n’est pas possible, arracher ce cercueil des cordes, l’ouvrir et te sauver. J’aimerais être un super héros, te faire revenir et simplement revoir ton sourire avant de m’embrasser. J’aimerais avoir ce pouvoir, mais ça n’est pas le cas…et tu es toujours immobile.

Je…je n’ai jamais cru en Dieu, tu le sais. Ou plutôt, je crois mais je ne sais pas quoi croire. Mais là…là, je sais que Dieu n’existe pas. Dieu ne peut pas être aussi cruel. Qu’ils aillent se faire foutre, tous ceux qui croient qu’on peut accepter la perte d’êtres chers à cause de la religion ! Ceux qui disent que ce sont des épreuves qu’on m’envoie et que tu vis déjà une existence meilleure avec Dieu n’ont jamais perdu de proches. Je…je ne peux pas me réjouir de t’avoir perdu…je ne peux pas me dire que tu seras mieux sans moi…comment peut-on se dire ça ? Comment peut-on masquer autant ses sentiments ? Je pensais déjà que les religions étaient hypocrites, je sais maintenant qu’elles sont sans cœur.

On jette de la terre sur le cercueil, et je n’arrive pas à réagir. Je sens mes parents derrière moi, Nicolas et Chris à mes côtés. Mes amis…mes meilleurs amis. Mes frères. Eux non plus ne peuvent rien faire pour moi, et je sais que ça les détruit. Je vivrais le même enfer à leur place, mais j’ai le mien réservé…et il est bien pire.
Je suis entouré par mes proches, ma famille et mes amis. Tout le monde pense que je vais m’en sortir : ça sera dur, mais j’y parviendrai. On m’a répété qu’on serait là pour moi, de jour comme de nuit, et que je ne manquerai de rien. C’est faux. Je manque de toi, je manque de ton sourire, je manque de ton odeur, et personne ne pourra le remplacer. J’apprécie, mais je suis obligé de dire non et de leur balancer la vérité : c’est fini. Tout est fini.

Je…je ne te vois plus. Je voudrais enlever la terre, mais encore une fois je n’arrive pas à bouger. Je voudrais penser que ce n’est qu’un mauvais rêve, que je vais me réveiller et que tu seras là pour me dire que tout va bien et que tu prendras soin de toi. Ca n’est pas le cas. Je suis seul.

Lentement, les autres partent. Camille me dit que je ne devrai pas rester là, que ça me fera du mal mais un regard de moi suffit à lui faire comprendre que c’est peine perdue. Chris et Nicolas veulent faire de même et me propose une cuite, mais je refuse : ce n’est pas le moment. Pas maintenant : à plus tard l’oubli dans l’alcool. Je dois faire mon…enfin, je dois faire ça.
Malgré les protestations de ma mère, mon père comprend. Depuis avant, il a saisi beaucoup de choses, apparemment, et je suis triste qu’il faille quelque chose comme ça pour que ça arrive. Ils partent, mais ma mère ne le supporte pas et vient me prendre dans ses bras. Elle s’attend à ce que je redevienne son petit bébé pour qu’elle puisse m’emmener et me protéger, mais je ne bouge pas. Ce n’est pas contre elle, c’est juste que c’est fini : je ne suis plus son petit chéri. J’étais ton chéri, et je dois me comporter comme tel.

Ils s’en vont définitivement, et je suis seul…seul devant toi. Ta famille elle-même est partie avec la mienne, certainement pour trouver du réconfort entre adultes et entre proches. Je regarde cette terre qui t’abrite maintenant, je vois cette pierre où ton nom est gravé avec ces dates infâmes qui brisent mon cœur. Sans m’en rendre compte, je suis à genoux, les mains sur la terre encore fraîche. Je n’en peux plus, chérie, je n’en peux plus sans toi. Pourquoi n’es-tu plus là ? Pourquoi ne viens-tu pas me dire que c’est une blague ou que tu vas mieux ? Pitié…je t’en prie…dis-moi que ça va mieux…je t’en supplie… dis-moi juste que ça va mieux…

Mais tu ne dis rien, parce que tu ne peux plus. Tu n’as pas fait que disparaître : tu…tu es morte, et je ne peux rien contre ça. Je commence à l’accepter, chérie, je comprends que nos projets ne verront jamais le jour. Mon amour est mort et elle ne me reviendra pas. Les spasmes me secouent alors que je reste seul, accroupi devant la tombe de celle que j’aime, déversant des flots de larmes en espérant l’impossible…et en sachant bien qu’il n’y a plus d’espoir…car tu n’es plus là.
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