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Vieux 18/03/2007, 17h58
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Mr Gumby Mr Gumby est déconnecté
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Mr Gumby change la caisse du Fauve
« Tonton Gumby, la mascarade est terminée. J'ai 14 ans, je viens de voir « The wall » et je sais désormais que le monde est une saloperie sans âme.
- Houla, du calme mon petit.
- Nan, ça suffit le paternalisme puant. Tout est pourri, je te dis. Tiens regarde tes chroniques. On croit que c'est pour la beauté de l'art mais en fait je sais que tu ne les rédiges que pour faire monter les côtes dans des enchères déjà plus ou moins truquées sur E-Pay.
- Mais pas du tout.
- Bouhouhou, tout n'est que compromission et marchandage sordide. Je veux mourir comme Kurt !!
- Bon, prends une mousse pour te détendre et viens, on va se consoler en écoutant Clash et les Béruriers.»



Après Scene of the crime retrouvons donc le trait élégant de Michael Lark dans une chouette collaboration avec le scénariste Dean Motter (entre autres Mister X et the heart of the beast). C'est en juillet 1996 que commence chez Vertigo la maxi-série en neuf épisodes : Terminal city.


Le vrai personnage principal de cette BD est une ville, et pas n'importe laquelle. Terminal city est la cité du futur rêvée par les hommes des années 30 avec ces grattes ciels démesurés, ces robots à tête d'ampoule et ces engins volants aussi multiples que rétros. Dean Motter situe donc une série d'aventures pulp débridées et abracadabrantes dans ce décor désuettement charmant.

L'idée qui apporte une touche unique et touchante à cette oeuvre, c'est que le récit se situe « après » le cadre ordinaire dévolue aux fictions de l'époque. En effet dans cette ville, la fête est finie. Les temps sont à la récession. La « brave new world's fair » a fermée ses portes depuis un moment et les grandioses installations rouillent paisiblement. Les héroïques trompe la mort se sont reconvertis ou sont morts. Cosmo Quinn, héros plus ou moins central, est ainsi un ex funambule/alpiniste de l'impossible est devenu un laveur de carreaux spécialisé dans les immenses baies vitrées des dantesques constructions locales.



La galerie de personnages est aussi farfelue que fournie. On peut ainsi croiser un robot maître d'hôtel acariâtre, une meneuse de gang albinos, une justicière vêtue de rouge et muette, un boxeur sur le retour, ou des clones hilarants des Dupont et Dupond...

Le ton est donc plutôt à l'humour mélancolique. Les rocambolesques récits pulp à base de meurtres mystérieux, de vols spectaculaires, de romances fatales, de chutes vertigineuses ou de valise au contenu mystérieux se bousculent et se mélangent avec bonheur avec un ton un poil désabusé mais pas cynique. C'est très inventif malgré un cadre aussi typé (Attendez de croiser votre premier malade atteint du syndrome de Hescher ou de voir qui doit affronter notre pugiliste has been). On a l'impression que ça pourrait continuer comme ça à l'infini en démultipliant des schémas classiques mais qui fonctionnent grâce à la malice communicative du scénariste.

Le dessin de Lark fait des merveilles avec un côté très BD européenne année 80 dans les couleurs plutôt surprenant mais très agréable. La part belle est faite évidemment aux décors grandiloquents dont le côté un peu vide renforce le sentiment un peu amer de l'oeuvre. Cependant les personnages ne sont pas en reste et le design est très inspiré. Lark maîtrise scènes de bagarres débridées et moment plus calme avec beaucoup de classe et d'inspiration dans le découpage. C'est bien sur truffé de petites références visuelles tout à fait plaisantes.

Rajoutez à ça des couvertures somptueuses de Mark Chiarello et Matt Wagner et vous obtenez du tout bon.


Une seconde série en 5 épisodes intitulée Terminal city : Aerial graffiti est parue fin 97 début 98. On reprend la même équipe et le récit s'enchaîne directement avec le précédent. C'est à nouveau très bon avec son robot gangster mexicain, des rivalités entre stripteaseuses et un aviateur écrivant en gigantesques lettres de fumée des grossièretés dans le ciel de Terminal city.



La première série a été compilée dans un TPB mais pas la seconde. Ce n'est pas vraiment un problème puisque Paulie vend ces excellents comics pour un somme sans doute dérisoire. Jetez vous dessus et profitez lâchement de la légendaire incapacité commerciale walnutsienne pour vous faire plaisir.
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