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Vieux 22/02/2013, 17h27
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The Mighty Charentais
 
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Thoor change la caisse du Fauve
Nouvelle histoire: Le secret du Schalk

Publier dans les plumes de Buzz III, cette histoire ne cesse de me hanter et j'en écrit la suite.
Bonne lecture a tous


Citation:
Le secret du Schalk

CH 1 - Miromane

Miromane creusait. Dans la pénombre, la poussière et un silence sépulcral, elle creusait. Dehors comme dans son cœur d’enfant, c’était la nuit. Plutôt dans la soirée, elle avait refusé d’entrer dans la galerie. Mais sa mère l’avait fermement tenue par le col et jetée dans la gueule noire de la mine. Poursuivit par les insultes, elle avait rampé en respirant l’âcre poussière humide. Ses genoux, ses coudes, son dos, étaient écorchés faute d’une protection plus épaisse que le chiffon qui lui tenait lieu de vêtement. Elle avait pleurée, un peu, lorsqu’une chose couinante s’était accrochée à sa petite main décharnée. Elle l’avait chassée, mais redoutait de voir revenir le rat. Maintenant, son piolet à la main, elle creusait prudemment dans le front de taille. La peur au ventre, des sanglots plein les yeux, elle creusait en priant d’avoir un peu de chance. Il lui fallait trouver un éclat de Schalk ou sa mère ne la laisserait pas sortir avant l’aube. Elle grattait la roche dure, éclairant de temps en temps son ouvrage avec une petite lampe. Les ombres tendaient alors leurs doigts griffus vers l’enfant. Elles jouaient sur son corps malingre, se moquaient de ses cheveux défaits. Elles attaquaient son jeune esprit de visions d’horreur. Miromane tremblait, ses yeux agrandis de terreur cherchaient vainement le reflet rose qui la délivrerait de son tombeau. Trop souvent déçue, elle raccourcissait la mèche de la lampe et reprenait son labeur.
Elle avait peur, peur d’être enterrée vivante, peur de ne rien trouver, peur de mourir de faim ou tuée par sa mère, peur d’être attrapée par les gend’armes. Si elle ignorait que le Schalk servait à faire de la magie, elle connaissait la peine infligée aux voleurs des mines de Schalk : la pendaison. Il ne lui était que trop facile, dans cette tombe de granit, d’imaginer la corde de chanvre serrant lentement son cou gracile, l’étouffement, ….
L’enfant travailla toute la nuit, quand enfin épuisée, trop faible pour seulement pleurer, elle vit une lueur rose dans son petit cercle de lumière. Un éclat de Schalk, un morceau de cristal de magie gros comme son petit doigt, une fortune.
Sa mère pourrait le remettre au mystérieux homme en noir qui venait tard à la maison. Elle ne frapperait pas Miromane lorsqu’elle allait sortir du piège de granit. Elle allait pouvoir manger.
Citation:
CH 2 - Légende

Je me tortillais sur ma chaise depuis déjà quelques minutes, lorsque Traimon me rappela à l’ordre. La baguette fine baguette sèchement assénée sur mon lutrin, frôla de peu mes doigts. « Prince Yvon concentrez-vous ! », si mon précepteur pouvait être le plus joyeux des compagnons, il se montrait intraitable lorsqu’il me prodiguait ses cours.
« Bien ! Reprenez votre lecture, je vous prie.»
Je coulais un regard en biais à mon maître, mais l’inflexible regard d’acier de ce dernier me coupa toute velléité de rébellion. Je réprimais donc le soupir qui montait et tout prince que je fus, je recommençais à lire maladroitement l’imposant ouvrage enluminé.

Il y a très très longtemps, vivaient quatre dragons. Ils se nommaient Dras’ash, Mors’ash, Free’ash et Lume’ash, issus du Grand Vide, ils l’avaient dévoré. Des reliefs de leur repas naquirent le firmament et Félulmorë notre monde. Repus, les Quatre s’étonnèrent en voyant les restes de leur banquet. Ils contemplèrent longtemps la matrice originelle.
Lassé de contempler la création Dras’ash déclara : « Ce monde est bien sombre » et il cracha tout le feu de son être et créa le soleil. Ses frères le félicitèrent la lumières éclairait d’un jour nouveau leur œuvre. Et pendant des éons, ils l’examinèrent, s’extasiant de la froide beauté des pierres, des montagnes, des grottes et des merveilles minérales enfouies sous terre.
Mors’ash se tenait au plus prés du soleil car il était de nature frileuse et aimait la douce chaleur qui rayonnait de l’astre. Las, ses yeux supportèrent mal l’intense lumière et des larmes coulèrent le long de son museau. Il pleura tant et tant qu’il emplit les océans du monde de pierre, les lacs se formèrent, les rivières jaillirent et l’eau toujours montait. Percevant le danger Free’ash donna un coup de queue au soleil et celui-ci se mit à tourner autour de Félulmorë. Les pleurs de Mors’ash cessèrent, et les Quatre admirèrent les changements survenus sur le monde. Les siècles défilèrent.
Lume’ash dit alors « Ce monde est beau, mais rien ne s’y passe, rien n’y bouge. ». Il se mordit violemment et fit tomber quelques gouttes de son sang. A l’endroit où elles touchèrent le sol, jaillit une fontaine d’où coulait le divin liquide. Chaque goutte produisit alors des choses nouvelles. Intrigués, les dragons s’approchèrent et appelèrent ‘plantes’, les choses qui couvraient les terres de leur création. Plus tard d’étranges créations firent leur apparition. Contrairement aux plantes, elles étaient dotées du don de mouvement, les Dragons les nommèrent ‘animaux’. Les Quatre divinités s’émerveillèrent devant la diversité qui émergeait des entrailles terrestre, elles acclamèrent chacune des nouveautés et attendaient impatiemment la suivante. Mais les créatures qui se multipliaient devinrent plus grotesques, plus néfastes pour leurs congénères. Aussi, lorsque des créatures leur ressemblant commencèrent à arpenter le monde, les Dragons tarirent la Fontaine de vie de leur souffle brûlant. Les gouttes de sang divin se figèrent, et devinrent le Schalk.
Mors’ash se plaignit alors « Mes frères, le soleil m’as trop brûlé les yeux. Je ne peux désormais rester avec vous aussi vais-je me retirer dans les profondeurs de l’océan issu de mes larmes et y demeurer pour l’éternité. »
Dras’ash s’écria qu’il ne voulait pas que son frère connut pareil destin « Je ne peux accepter que tu finisses tes jours seul, dans l’obscurité et le froid.»
Ils discutèrent longtemps, et finalement Mors’ash s’arracha un œil et dit « Je ne peux pas laisser ainsi ce monde, aussi je laisse mon œil dans le ciel et la nuit je pourrais ainsi voir ces terres qui me manquent déjà. Veillez sur notre création mes frères, j’en garderai les profondeurs. » Il plongea dans l’océan et les trois dragons restant choisirent de nombreux animaux et plantes qu’ils modifièrent pour accompagner leur frère dans le Royaume des Océans.
Bien que leur cœur fût gonflé de chagrin, ils reprirent leurs études. Une étrange découverte étonna alors les trois dragons, de leurs manipulations été née une dernière créature, l’Homme. Les Trois Dragons inspectèrent cette chose dépourvue de griffes, de crocs, d’une quelconque armure naturelle, résistant mal au froid ou à la chaleur. La tentation fût alors grande de détruire une aussi imparfaite création. Dras’ash, pourtant déclara « Cette créature est née de notre négligence, nous ne pouvons la détruire sans risquer de détruire toute la création. Ils est de notre devoir de la protéger et de l’éduquer.»

Cette fois la fine baguette de noisetier s’abattit sur mes doigts. « Mon prince, vous n’honorez pas Dras’ash en ne lisant pas avec attention le Grand Livre des Origines. Soyez fluide, et articulez correctement, j’ai l’impression d’entendre chanter Madame votre mère.» Railla Traimon. Je me redressais, une fois de plus. Tout autour de moi je sentais, les regards lourds de reproches de mes ancêtres. Figés dans leurs tableaux sombres, ils m’avaient toujours fait un peu peur. Après tout, je n’avais que sept ans. Eux, étaient tous de Grand Rois ou de Grand Héros et j’espérais de toutes mes forces que j’avais hérité d’eux autre chose qu’une chevelure blonde et un nez busqué. Je me voyais, plus vieux, arborant fièrement la barbe nattée des guerriers et une épée de légende à la main, pourchassant sans trêves ni repos tout les mécréants du monde.
Avant que mon implacable maître ne m’infligea une nouvelle correction je continuais ma lecture, butant parfois sur un nom ou un mot trop long.

Le temps passa et les trois dragons se rendirent chez Mors’ash. Celui-ci ne les accueillit pas comme il en avait l’habitude. Ils le hélèrent mais leurs cris demeurèrent sans réponse. Ils le cherchèrent dans son palais et le trouvèrent étendu sur sa couche. Il avait l’œil vitreux, les membres grêles, et semblait très faible. Sa voix qui jadis était si forte ne parvenait plus qu’avec peine à leurs oreilles. « Pardonnez, mes frères, que je ne puisse vous accueillir comme il vous sied. Voyez ma déchéance. Mon corps me trahit, je ne suis que l’ombre de moi-même.
_ Quel est l’ennemi qui ta infligé cette infamie, demandèrent ses frères, qui doit on chasser et punir ?
_ Personne, souffla le mourant, souvenez-vous comment notre soleil me rendit naguère aveugle. Il fit cela et bien plus, j’ai vieillit mes frères et mon corps m’abandonne petit à petit.»
Attristés, les trois dragons unirent leur souffle de feu brûlèrent la chair défaillante et ainsi libérèrent l’âme de Mors’ash. Délivré du poids de la matière il parti pour les Champs de l’au-delà, accueillant désormais les âmes des défunts.
Ce triste ouvrage effectué, Free’ash, Dras’ash et Lume’ash se séparèrent. Chacun s’occupa de son mieux des créations qui avaient su attirer ses faveurs, laissant les sombres royaumes sous-marins libres.
Lume’ash, le noir, s’enfonça dans les entrailles de la terre, où il prit sous sa protection les plantes, les pierres précieuses et les nains.
Free’ash, l’azuré partit dans le firmament, où il s’occupa des créatures volantes, de la musique céleste et laissa les elfes l’honorer.
Dras’ash, le dragon d’or et d’argent, prit sous sa protection les hommes. Il les éduqua, leurs révéla les secrets du tissage, de la forge et de l’agriculture. Il les guida sur les chemins tortueux de la philosophie. Il montra à ces hommes et femmes à voir la beauté des étoiles et à apprécier les chants des oiseaux. Il apprécia leurs efforts à retranscrire sur des toiles ou dans la pierre la beauté qui les entourait. Dras’ash initia certains hommes aux arcanes de la magie, d’autres aux secret de l’architecture, et enfin entrouvrit les portes de l’au-delà à quelques élus afin que chacun sache que la mort n’est que le début du voyage.
Le temps passa, inexorable. Les Dragons se retrouvèrent une dernières fois, au sommet du Mont Taham. Sur le toit du monde, ils constatèrent leur vieillissement et décidèrent de quitter à leur tour Félulmorë…

Trois brefs coups furent donnés sur la porte. Soulagé de faire une pose, je levais précipitamment la tête de mon ouvrage. Puis craignant pour mes doigts j’y replongeais le nez, sans pour autant lâcher des yeux la lourde porte de chêne. Traimon leva péniblement son imposante carcasse de l’énorme fauteuil ou il s’était affalé. Il sortit de sa poche la grande clef de fer et manipula la serrure de l’huis. C’était par ce seul moyen qu’il m’empêchait, plus jeune, de fuir ses cours. Il échappait ainsi à une harassante course poursuite qui le laissait pantelant et ruisselant de sueur. C’était un jeu auquel je me prêtais bien volontiers jusqu'à la mise en place de la serrure.
Un garde, essoufflé se tenait vaguement au garde à vous devant la porte. Il glissa quelques mots que je n’entendis pas. Tout absorbé par la vu d’une enluminure particulièrement réussie je sursautais en sentant sur mon épaule la main de mon précepteur.
« Votre Altesse, votre père vous réclame. » Le changement de son titre ne m’échappa pas. Mon frère, Silas, était mort.
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L'amour pour épée, l'humour pour bouclier ! (B WERBER)

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