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Vieux 26/11/2013, 00h30
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Ben Wawe Ben Wawe est déconnecté
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Le défi de Nov'-Dév' 2013 : Space-Opera (avec options)

Suite à notre récente discussion sur le nouveau défi, un nouveau thème a apparemment été choisi : space-opera, avec en options cosmique et Mortel Comics.

Vu que nous sommes déjà fin du mois, et que je doute que nos plannings nous permettront de faire deux défis en cinq/six semaines, je fusionne novembre et décembre en Nov'-Dév'.
Et, bien sûr, je me lance sur un thème plus ou moins respecté. Bonne lecture, et vivement vos productions !

Je me souviens

Je me souviens de mes huit ans. Ma première image, mon premier souvenir.
Un dîner autour du feu, dans la cabane. Mère, Père, mon grand frère, ma grande sœur. Moi, assise sur les genoux de Alcala, dévorant le quignon de pain d'arbre*; écoutant les contes de Père, qui essaye d'apprendre à Witcho comment devenir un guerrier d'honneur.
Mère n'intervient pas, comme il sied aux femmes. Les flammes du foyer se reflètent dans les yeux d'Alcala, alors qu'elle est suspendue aux histoires de Père. Si Witcho s'imagine en cavalier fantastique, chevauchant les Triuyt pour s'envoler au-dessus des nuages, elle s'envisage en princesse, évidemment sublime.
Je me souviens de la chaleur du feu, de la douceur de ma sœur, de la voix de Père, de l'attention de mon frère et de la dignité de Mère. Je me souviens de cette douceur, pure et inébranlable*; et je me souviens du couvre-feu, qui nous oblige à éteindre les flammes par précipitation, terrorisés comme chaque soir par les éventuelles représailles.
Je me souviens de la paix et de la peur.

Je me souviens de mes douze ans. Ma première sortie, mon premier émoi.
L'agression de la lumière sur mes yeux, habitués depuis ma naissance aux ombres réconfortantes de la cabane. Père est à mes côtés, Mère derrière moi, la Communauté assemblée autour de nous. La cérémonie débute, alors que les deux représentants de l'Empereur me fixent sur leurs Chevaux de Feu. Flottant dans l'air, immobiles dans leurs armures blanches éclatantes, ils écoutent les paroles anciennes que Père récite, pour m'offrir à tous.
Ceci est le premier jour de mon existence – dédiée au service de la Communauté d'abord, de l'Empire ensuite. Ceci est le moment où ma fonction ici sera dévoilée ; deux ans plus tôt, Alcala a été nommée aux Livres, à son plus grand désespoir. Malgré sa tristesse, elle est venue assister à ma sortie, et je la remercie en mon fort intérieur. Je lui offrirai mon premier dialogue dès que j'aurais prononcé le monologue rituel.
Je me souviens de ces mots, les premières paroles prononcées depuis ma naissance. Je me souviens de cette peur enfantine, de ce bonheur d'être enfin adulte et acceptée dans le monde*; et je me souviens des vieillards, cachés sous les ombres des cabanes, pleurant en silence la présence des Lieutenants dans une cérémonie qui leur est étrangère.
Je me souviens de la fierté et de la peur.

Je me souviens de mes seize ans. Mon premier refus, mon premier déshonneur.
Les doigts gantés sur ma poitrine, ma main qui vole jusqu'au visage du Lieutenant, la haine dans ses yeux. Père et Witcho sont au combat, Mère est enfermée aux Soins, Alcala est à la Capitale. Je suis, depuis des semaines, privée de ma famille, mais entourée par ma Communauté. Je n'éprouve aucune peur depuis le départ des miens, et je ne suis pas non plus terrifiée quand le représentant de l'Empereur va trop loin*; en réalité, je suis enragée.
Il hurle, m'injurie, me menace mais je refuse de céder. La Communauté se rassemble, ses membres s'approchent, prêts à comprendre la situation mais surtout à me défendre. Les Lieutenants ne sont plus autant nombreux qu'avant, depuis que la guerre a été déclarée avec des envahisseurs terrifiants selon les rumeurs. La marque brunâtre de mes doigts sur la joue de ma victime s'intensifie, et attire les questions auxquelles il ne veut pas répondre.
Je me souviens de son annonce d'un procès, de l'hostilité des miens – et de leur inaction. Je me souviens de ma découverte, terrible*: même si les représentants de l'Empereur ne sont plus aussi menaçants qu'avant, la longue habitude de la Communauté à accepter chacun de leurs ordres est plus forte que notre sentiment d'appartenance*; et je me souviens de ma terreur d'apprendre que le déshonneur frapperait désormais ma famille.
Je me souviens du déchirement et de la peur.

Je me souviens de mes vingt ans. Mon premier prisonnier, ma première rencontre.
L'armure qui écrase ma poitrine et bloque ma respiration, le casque qui irrite mes cheveux pourtant rasés au plus près, la transpiration sous mes doigts et dans les gants trop grands pour eux. Le champ de bataille s'est rapproché de la Communauté, et nous avons été tous armés pour défendre l'Empire et notre mode de vie. Les enfants, les Pères et même les Mères ont été formés au combat, alors que les meilleurs d'entre nous sont au loin*; je n'ai eu aucun mot de Père et de Witcho depuis des mois.
De par mon passé compliqué avec les Lieutenants, et les multiples déshonneurs qui ont été portés sur ma famille, mon rôle a été compliqué à définir. La Communauté m'avait destiné, lors de la cérémonie de sortie, à une fonction aux Soins, mais ils craignent des pulsions vengeresses de ma part contre les soldats blessés. Je me contente d'un poste aux Cellules, où les journées sont mornes et sans intérêt.
Je me souviens de son arrivée, entouré par quatre Lieutenants blessés et énervés. Je me souviens de sa petite taille, de son équipement sombre, du symbole rectangulaire et coloré sur ses épaules, de ses cheveux mi-longs et de la fatigue sur son visage*; et je me souviens de sa peau, si différente de la nôtre, et de son air, qui hurle à ceux qui savent regarder que rien ne pourra jamais le briser.
Je me souviens de la surprise et de la peur.

Je me souviens de mes vingt-et-un ans. Mon premier échange, ma première hésitation.
La lenteur des journées, le vide des Cellules, le quotidien morne et usant, la tristesse de la solitude. Il y a une semaine, j'ai été averti que Witcho a été tué au combat, Père, informé de la nouvelle, a mené une contre-attaque vengeresse dès l'heure suivante*; nous ne savons plus rien de lui. La guerre s'enlise, et les Lieutenants présents dans la Communauté ne sont plus que des lâches ou des blessés. Pire encore, Mère ne sortira plus des Soins, l'infection est trop forte, et Alcala ne répond à aucun de mes messages.
Je suis usée et vidée, ne trouvant aucun réconfort dans mes tâches. Depuis un virus qui a touché la majorité des prisonniers, je n'ai plus qu'un seul ennemi à surveiller – celui que rien ne peut anéantir. Mon rôle n'est qu'une illusion, une punition des Lieutenants pour me punir. L'injustice de leurs sentences et de cette guerre me sont chaque jour plus insupportables.
Je me souviens de ses mots, prononcés avec hésitation dans une langue qui n'est pas la sienne. Je me souviens de ses tentatives, régulières, pour attirer mon attention et évoquer avec moi les affres des batailles et de la vie dans les Cellules*; et je me souviens que je l'écoute, malgré mon éducation, malgré ma Communauté... non, je me souviens que je l'écoute à cause de mon éducation, de ma Communauté qui ne m'a jamais soutenue, des miens qui m'ont été arrachés,
Je me souviens de la haine et de la peur.

Je me souviens de mes vingt-deux ans. Mon premier meurtre, ma première bataille.
La furie des lasers, les cris des combattants, la chaleur des moteurs, le tremblement de la terre, les battements de cœurs. Le prisonnier est à mes côtés, mais il ne l'est plus depuis une année – depuis que je l'ai sorti des Cellules. Devenus des Révoltés, rassemblant autour de nous d'autres adversaires de l'Empire, nous agissons contre la guerre et les camps, pour protéger les plus faibles et anéantir les monstres.
Le prisonnier est devenu mon mentor et mon amant. Il s'est détourné des siens, comme moi, et il a fait de moi sa femme. J'appartiens désormais à Byzance Constantin, qui m'a formé au combat et me pousse dans les moments difficiles – comme maintenant, quand mes armes s'acharnent sur des Lieutenants et des membres de ma Communauté. Même si je sais que j'agis pour le bien de mon monde, voir ceux et celles qui m'ont découverte lors de la cérémonie de sortie périr sous mes coups est un déchirement.
Je me souviens de leurs râles, de leur peur, de leur résistance. Je me souviens de mes cauchemars, des mains qui tremblent en tenant les armes et en frappant les miens*; et je me souviens de ce que Byzance m'a montré, des horreurs de mon peuple et de l'Empereur.
Je me souviens de la rage et de l'exaltation de faire quelque chose de terrible mais de nécessaire.

Je me souviens de mes quarante-huit ans. Je me souviens d'hier.
La douleur dans chacun de mes gestes, la triste absence de mes mains au réveil, la respiration compliquée par la perte d'un poumon. Je suis une vieille femme, rongée par les remords et les souffrances d'une existence indigne.
Il y a vingt-six ans, j'ai vaincu l'Empire avec Byzance. Mon époux a arraché le cœur de l'Empereur après une guerre épique, qui nous a vus combattre dans l'espace, mener des armées dans un Soleil, affronter avec de simples épées lumineuses des cohortes entières. En quelques mois, j'ai vécu des vies de découverte, d'aventure et d'horreur*; et nous l'avons emporté, malheureusement.
Je me souviens de la victoire, de ces moments de plaisir et de satisfaction. Je me souviens de ces instants de flottement, où les miens attendaient un signe, une décision, une direction à suivre*; et je me souviens de Byzance Constantin, qui a alerté ses supérieurs et fait apparaître autour de nous les armes de son camp.

Je me souviens de sa trahison, de l'invasion éclaire, facilitée par notre travail de sape. Je me souviens des violences, des assassinats, des tortures*; je me souviens d'Alcata, abusée devant moi pour me faire céder. Je me souviens de leurs œuvres sur mon propre corps, des coups, des chocs et le reste.
Je me souviens de ces étrangers à la peau pâle et rose, si différente de nos corps jaunes et élégants. Je me souviens de cette annexion, de notre Empire remplacé par l'Empire Humain.

Je me souviens de mon peuple réduit en esclavage, des coutumes anéanties, des camps de reproduction et des zones de travail forcé, où notre planète est exploitée jusqu'à ce qu'elle cède.
La culpabilité, la douleur, la haine de mes actes et la mort qui se refuse à moi... ces émotions sont miennes, maintenant, elles forment mon âme, ma propre Communauté intérieure.

J'ai tout perdu, et j'ai tout fait perdre.
Je m'en souviens, je m'en souviendrai à jamais.
Et je ferai payer chèrement à l'Humanité chacun de mes souvenirs.
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