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  #1  
Vieux 28/07/2007, 14h25
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Mon projet qui n'a jamais avancé :

... Mais que je compte bien achever un jour!!



Comme je l'ai dit sur certains posts, j'ai depuis longtemps un projet de BD que je n'ai jamais pu vraiment achever, ou bien commencer. Je compte m'y remettre prochainement.

Je vais ici vous livrer une part de l'histoire telle que je la vois. Des idées extérieures ou des avis me donneront peut etre le détail qu'il me manque dans ma vision pour que les crayonnés puissent avancer.

Je rappelle que je n'ai rien d'un écrivain. C'est jsute que ma vision de l'histoire ne sortant pas directement vers le crayon, j'ai décidé de tout mettre à plat avant de démarrer.

Dernière modification par tiker ; 28/07/2007 à 14h44.
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  #2  
Vieux 28/07/2007, 14h26
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PROLOGUE

Plus loin, plus haut… toujours plus loin, toujours plus haut. Ces mots, obsessions des plus grands précurseurs, Verne, Galilée, combien de fois les avez-vous pensés si ce n'est rêvés.

Revoyez vous enfant, tout juste né, le visage exalté par ces mains puissantes vous soulevant de votre berceau. Ce simple moment de flottement au-dessus du reste du monde vous rendait votre sourire. Rien ne comptait plus pour vous que de survoler ce nouveau monde à la fois merveilleux et inconnu dans lequel vous étiez tout.

Rappelez vous cette période de votre vie où les arbres, tout justes verts, devenaient le plus grand des parcs de jeux. Ses branches, l’échelle vers de nouveaux horizons. Rien ne pouvait ralentir cette ascension qui vous semblait l’aspiration à un destin plus haut que le simple jeu.

Remémorez vous enfin cet instant presque irréel où vous avez compris que pour monter aux sommets, il fallait en réalité descendre au plus profond de vous-même, comprendre ce que vous étiez et en faire profiter les autres. Instant d'une incroyable intensité. La mise à nu d'une vérité si évidente et pourtant si complexe à mettre en œuvre. Votre quête s'achevait. Vous étiez presque à destination, au bout du chemin, là où vous emmenaient vos rêves d'enfant. Tout était alors accompli. Vous étiez en haut, tout en haut. Rien n’était plus important. Rien… sauf cette question qui vous oppressait de tout son poids.

Une fois en haut, tous vos rêves accomplis, toutes ces vérités découvertes, que vous restait-il à faire?…
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  #3  
Vieux 28/07/2007, 14h26
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Chapitre 1


Foutue ville, qu’est-ce qui peut pousser tout le monde à venir ici ? Je ne comprendrai jamais. La tour Kinn les attire comme un aimant… D’une certaine façon, c’est logique, ils n’ont rien et elle promet tout… On dit que les habitants enfermés là-dedans, les élus comme certains les nomment, les rats pour les autres, vivent au paradis. Qu’est-ce qu’on en sait, personne n’en est jamais ressorti pour le raconter… Entier, en tout cas ! Regardez les salinns, ces femmes soi-disant sélectionnées dès leur enfance pour leur pureté et destinées à être les disciples de Sem. Elles ont tout pour être heureuses paraît-il, en tout cas on le dit, et malgré tout, une troisième ce mois-ci vient de tenter son envol pour finalement reprendre goût à la dure réalité du revêtement de zenium de la tour. Curieux paradoxe. Les holo-flashs ont beau ne pas l’annoncer, on finit toujours par le savoir. Si Kinn n’amène pas le bonheur, elle a au moins le mérite de faire parler… disons plutôt penser les gens. Critiquer ouvertement la politique de Sem ne serait pas très malin en ce moment, les rondes des Milicites s’intensifient et l'arrestation pour conspiration est le meilleur moyen de finir dans la tour, les pieds devant… Je me demande même si continuer ce journal a un quelconque intérêt . Bah, je m’ennuie et çà m’occupe. De toutes façons, que viendraient faire les Milicites ici ; les cafards eux-mêmes trouvent mieux dehors…

-Tamus », s’exclama Nool, la voix trouée par la maladie… Les médicaliens appellent çà un canserr je crois. S’ils l’appelaient un peu moins et le soignaient un peu plus, ça m’arrangerait. Je me rappelle de l’époque où Nool m’a recueilli, 10 ans déjà, sa voix était alors puissante et claire et lui-même ne semblait pas essoufflé à la vue du moindre effort. Il faisait partie des rares krétiins encore affirmés… C’est loin tout çà. Depuis les Milicites nous ont poussé aux frontières de la ville, nous et tous les Rakaï qui n’étaient pas dévouée aux ambitions de Sem. Il ne restait plus pour nous que les ruines de l’ancienne cité pour s’installer. Tu parles d’un paradis…
-Tamus…» Nool se mit subitement à tousser. Ces toux deviennent de plus en plus fréquentes. Les rares médicaments que je lui ramène de l’underMart ne suffisent plus et ils sont difficiles à trouver aujourd’hui.
-Ne t’énerve pas Nool, j’arrive » lui répondis-je calmement « prends cette pilule et va t’allonger, je vais nous chercher de quoi tenir quelques jours »

Quelques jours, comment trouver de quoi tenir quelques jours alors que je ne sais même pas ce qu’on aura ce soir. Les petits boulots n’existent plus, même les basses besognes des Parazït, ces bourgeois collés à l’enceinte de Kinn, ne sont plus faites par nous, les Rakaï… Rakaï, je ne sais d’ailleurs même pas d’où vient ce nom, je ne me le suis jamais demandé. Avec les derniers précepteurs envolés après la crise de l’an un, peu d’entres nous savent même lire… Nool a bien tenté de m’instruire, mais je n’en ai pas retenu la moitié, juste le nécessaire pour survivre. La seule solution qu’il nous restait était le vol, et j’étais assez doué pour çà. Non que j’en sois fier, mais il y avait en moi ce petit sentiment de plaisir chaque fois que je revendais des affaires dérobés chez un Parazït… une petite revanche. Et puis c’est ce qui nous nourrissait Nool et moi, cette excuse me suffisait amplement.
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  #4  
Vieux 28/07/2007, 14h28
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Chapitre 2


Incroyable de voir comment la cité évolue. Quand je la traverse comme maintenant, je me rend compte à quel point les Rakaï n’ont rien. Au fur et à mesure que je m’éloigne de ce fouillis morbide vers l’enceinte de Kinn, je perçois le progrès. Moi qui vis dans les ruines abandonnées d’un ancien tunnel de transport collectif souterrain, je vois les façades des bâtiments de plus en plus travaillées, les murs de moins en moins fissurés pour faire place à de larges parois de verre et de zenium. Là où les Rakaï se déplacent à pied, ici le trafic aérien est de plus en plus intense, sur des voies de plus en plus nombreuses. Alors que l’espace est chez nous une denrée rare, ici les gens se font de moins en moins présents car la pollution au sol les poussent à s’installer de plus en plus haut dans les immeubles, laissant à leurs places quantité d’immondes ordures issues de leurs évacuations. Je me mets à rêver à une vie en haut de ces immenses piliers où vit la partie riche de la cité quand enfin je la vois, l’Enceinte. Elle apparaît devant moins à travers la brume comme la limite infranchissable de mon monde. Du haut de ses trente ou quarante mètres, elle impose le respect. Moi, qui rejette pourtant tout ce que représente Kinn, je ne peux qu’être émerveillé par les colonnes, statues et divers artifices qui ornent l’entrée de son domaine. Ces innombrables corps et visages, à qui sont ils ? Seule l’image de Sem est reconnaissable entre toutes. Imposante, et reproduite à l’infini. Identique à celle que projettent les holo-flashs à longueur de jours et de nuits, rappelant à ses fidèles la ligne de conduite qu’ils doivent suivre pour espérer entrer en son univers : le Paradis de Kinn.

- Eh toi, que fais-tu là ? » dit une voix profonde. C’était un Dorz, les Milicites gardiens de l’ordre de Kinn et responsables du contrôle à l’entrée de l’enceinte.
- Réponds-moi, que fais-tu là ? » insista t’il d’une voix métallique. Son casque renvoyait ses paroles avec ce souffle mécanique qui m’a toujours étonné. Y avait-il réellement un homme derrière ce masque sombre.
- Simple promenade», répondit-je, « je désirais seulement voir l’enceinte »
- Il est interdit de rester aux abords du domaine de Kinn. Surtout pour les Rakaï. Tu es Rakaï n’est-ce pas ? »
Bien sûr que je l’étais et il le savait. Qui d’autre viendrait à pied traverser les zones de pollution de la cité pour s’approcher de l’enceinte à cette heure. Le nier signifiait l’arrestation, j’étais certes arrogant mais ma témérité n’était rien comparée à mon envie de liberté.
- Oui, c’est vrai, je suis Rakaï. Excusez ma présence, je… je pars. », bredouillai-je.

Retournant les talons pour lui signifier ma soumission, je m’éloignai légèrement du domaine sacré tout en gardant en tête la vraie raison de ma visite : l’habitation d’un Parazït. Car si le plaisir de voir les détails de l’enceinte m’importait, il me fallait avant tout trouver de quoi subvenir aux besoins de Nool.
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  #5  
Vieux 28/07/2007, 14h29
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Chapitre 3


Le Parazït… J’imagine le Parazït comme un animal dont je voudrais fouiller la tanière. Le traquer est pour moi une sorte de chasse urbaine, de jeu. Il serait possible de se contenter de l’agresser mais le Parazït ne sort plus aucun objet de valeur de chez lui, c’est donc là-bas qu’il faut agir. Je suis quatre grandes règles pour parvenir à mes fins. Appelons çà la notice de chasse du Parazït d’après Tamus.

Tout d’abord, le matériel. Les seuls outils à ma disposition viennent de l’underMart. Un sac, des gants, une cagoule, des aiguilles à crocheter (de rares immeubles ayant encore des serrures, j’ai toujours un kit sommaire sur moi), une lampe ionix à faible luminosité et le summum, qui m’a coûté 6 mois de dettes encore impayées, un détecteur zoltech. Ce petit appareil permettant la détection des alarmes volumétriques qui équipent certains appartements, il est l’atout indispensable du bon chasseur. Lorsque ce matériel ne suffit pas, alors là pas le choix, j’abandonne…

Ensuite, la zone de chasse. Traquer le Parazït très riche est certes rentable mais difficile car celui-ci est pour ainsi dire imprenable : aucune sortie d’immeuble accessible à pied, surveillance électronique des habitations, liaison permanente à un centre Militien… Bien trop de critères rendant la quête fastidieuse. Non, il est plus intéressant pour moi de guetter le Parazït d’entrée de gamme. Souvent aisé, il n’est pas riche pour autant, ce qui le force à habiter des immeubles plus modestes et plus éloignés de l’enceinte. Les systèmes de sécurité sont bien moins évolués et leurs immeubles ont encore la sortie au sol, abandonnée depuis longtemps aux abords du domaine de Kinn.

Vient alors le choix de la cible. Pour gagner du temps, mes amis et moi faisons régulièrement des rondes afin d’évaluer les familles occupant les divers appartements : leurs matricules (je n’ai jamais su leurs noms car ni les boîtes de dépôt, ni les vidéophones ne les mentionnent plus), le nombre de membres, les horaires de présence… Ce travail préliminaire est souvent long mais il nous permet de mieux connaître les cibles sans qu’ils ne nous aient jamais rencontrés. La cible idéale reste sans conteste le Parazït célibataire. La présence d’une seule personne au sein d’un appartement est ainsi beaucoup plus facile à contrôler. Dans le cas contraire, il s’agit de prévoir les occupations de chacun des membres de la famille.

Et enfin, le moment. Comme n’importe quelle autre personne, le Parazït finit toujours par sortir, et cela pour diverses raisons : promenades (bien que de plus en plus rares), déplacements, voire même sortie des animaux pour les rares familles en ayant encore. C’est le moment choisi pour intervenir. Ces sorties me laissent le plus souvent dix à quinze minutes pour intervenir, c’est peu mais faute de mieux…

Ca y est je suis en place. Au 18451 de la piste Rodnim se trouve un immeuble modeste d’une douzaine d’étages dont j’ai croisé la plupart des habitants au fil de mes promenades. L’immeuble abrite certes des gens aisés mais, malgré cela, on voit sur ses murs les marques du temps. Les peintures s’effritent, l’isolation thermique est presque mise à nue à certains étages, seul un œilleton de surveillance sur trois est opérationnel. C’est l’endroit idéal pour attendre ce soir. Je m’installe et j’attends… j’attends que les Parazït daignent faire leurs rondes.

20h20. Sortie d’un vieil homme. Il me semble que c’est le C5H7D, un habitant du 9ème. Ancien directeur d’une compagnie d’entretien spécialisée dans les ventilations d’immeubles d’après les rumeurs, c’est un client financièrement intéressant car son appartement doit regorger de babioles diverses. Un filon hélas inexploitable. Sa femme ne quitte jamais leur appartement, restant collée aux retransmissions des holo-flashs dédiées aux disciples de Sem.

22h17. Deuxième tentative. Il s’agit maintenant du C34FT, du 3ème étage. Jeune femme d’une trentaine d’années, elle travaille 6 jours sur 7 dans une centrale d’achat du quartier nord et profite de son seul jour de repos pour sortir personnellement Timoty, sorte de chien rabaissé, à taches blanches et noires, spécialement dédié au confort en appartement. Il ne court pas, il n’aboie pas et se contente de suivre les indications de son maître. Ses sorties ne durent jamais plus de 2 minutes, ce qui sera trop juste pour moi. L’attente continue…

23h54. Le froid commence à se faire sentir. Je déteste traquer de nuit car cela rajoute un côté macabre à l’ambiance. On entend les rats fureter dans les ordures. Les lumières issues de la tour éclairent régulièrement le ciel comme pour envoyer un message à une quelconque étoile qui serait à l’écoute. Quelques spotters, ces petits véhicules volants utilisés par les Milicites, circulent dans les quartiers à la recherche de Rakaï tels que moi… Je déteste traquer la nuit. J’hésite même à repartir quand soudain le miracle : le matricule CDA15 dit Panda, je l’ai nommé ainsi d’après une image d’animal aujourd’hui disparu aperçu dans un livre. Ce bonhomme de 40 ans tout en rondeurs, qui dépasse allégrement les 120 kg, est le célibataire endurci de l’immeuble. Cuisinier dans un des plus grands restaurants sino-français de la ville, il ne s’est jamais consacré à fonder une famille. Seuls comptent pour lui ses nems à l'escargot, escalopes de veau vapeur et autres nouilles confites sautées. Qu’allait-il faire dehors à cette heure ?... Bah peu m’importait, il était temps de me mettre en marche.
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  #6  
Vieux 28/07/2007, 14h44
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Suite un peu plus tard.
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  #7  
Vieux 28/07/2007, 22h46
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Chapitre 4


Dix minutes. Je ne m’en autorise pas une de plus. Il fallait faire vite. Tout d’abord, entrer dans l’immeuble. C’est la partie la plus simple. Ces vieux bâtiments, contrairement aux nouveaux, fonctionnent encore à clé. Un simple crochetage suffit, je garde l’électronique pour plus tard. Plus que neuf minutes. Je monte en prenant les escaliers. Plus personne ne s’en sert et la caméra qui y est présente est facile à contourner. Un étage. Deux étages. Trois étages, plus que huit minutes. Quatre étages, cinq étages, six étages, nous y voilà. Je longe le couloir sans y allumer la lumière. L’œilleton de surveillance brille dans le noir d’un rouge vif mais je ne crains rien, c’est un ancien modèle efficace uniquement avec un peu de luminosité. Je suis face à la porte 63, chez Panda. Plus que sept minutes. Là, le plus dur reste à faire. Bien que nombres de Parazït vivent dans des immeubles sans alarme, il n’en est pas de même pour l’intérieur de leurs appartements. C’est une question de chance. Je sors le zoltech, et prie tous les dieux n’habitant pas Kinn. Trois secondes, deux secondes, une seconde… Aucune alarme présente apparaît sur le cadran. Plus que six minutes. Je crochette la porte et entre doucement dans l’appartement. Je referme la porte derrière moi et contrôle rapidement la présence de caméra dans la pièce. Aucune. Plus que cinq minutes. Pas de temps a perdre, je sors la ionix et entame mes recherches. Allons au plus pressé, la nourriture, il faut quelque chose pour Nool ce soir. Mon bonheur se trouve dans la glaceuse. Voler un cuistot a ses avantages. Plus que quatre minutes, je continue ma tournée dans la pièce principale. Quelques bibelots sans importance, quelques holo-disks, quelques montres, bracelets sans trop de valeur. Plus que trois minutes. Il me reste la chambre. Les Parazït aiment cacher près d’eux leurs objets importants. Je me dirige vers la chambre. Je fouille sur le chemin. Toujours rien. Plus que deux minutes. Je rentre dans la chambre. Je ballade ma lampe dans l’ensemble de la pièce et là, sur le lit…
- Par Kinn, qui êtes-vous ? »
Une femme… Panda avait ramené une femme. Jamais depuis le premier jour où j’ai croisé Panda, je ne l’avait vu avec une femme et il fallait que ce soit ce soir. La surprise aidant, je n’eus pas le temps de réagir avant elle. Elle frôla un bouton qui se trouvait sur la gauche du lit et se mit à crier.

Ce n’était pas possible, elle avait déclenché une alarme. C’est la première fois que ça m’arrivait. En courant dans l’appartement, j’entendais son bruit sourd montant crescendo jusqu’à en devenir strident. Combien de temps avant qu’un spotter ne reçoive ce message et s’arrête devant l’immeuble. Que faire ? Où se cacher ? Tenter de partir et tomber nez à nez avec la Milice, ou essayer de passer inaperçu et attendre que cela se tasse. J’étais paniqué… On peut être bon voleur et ne pas avoir tout prévu. J’attendais que mon esprit daigne me souffler une solution valide. Je n’eus pas longtemps à attendre. J’étais encore dans l’appartement à me convaincre de bouger que déjà ils étaient là. De l’autre côté de la fenêtre. L’alarme s’arrêta, leurs gyroscopes perçaient le noir de la pièce jusqu’à la rendre presque blanche. Ils étaient à ma recherche. Leurs détecteurs avaient sûrement signalé ma position dans l’appartement.
-Rakaï, tu ne peux t’échapper. Allonge toi sur le sol et attends la montée des Milicites. Soumets-toi et ta sanction sera réduite ». Cette voix de machine semblait venir de l’appartement lui-même. Elle me pétrifiait à elle seule. Soudain, un moment de lucidité et de terreur à la fois. Il n’y avait pas de petites sanctions pour les Rakaïs. Une seule était applicable, l’exécution sommaire. Je n’avais donc pas d’issue de secours. Je devais partir.

Ce fut le début d’une course folle. Je courais dans les longs couloirs sans véritable but. Une seule phrase contrôlait ma course, ils t’attendent dehors… ils t’attendent dehors. Je déambulais au hasard des étages. Que faire ? Où se cacher ? Pas un Parazït ne me laisserait rentrer chez lui. Les sous-sols. Il ne restait plus que les sous-sols. C’était des dépotoirs mais ils communiquaient les uns avec les autres. Il fallait qu’ils communiquent. Je cavalais dans l’escalier, descendant les marches deux à deux. Cinquième, quatrième, troisième étage… Je redoutais de tomber nez à nez avec un Milicite. Eux sont équipés, ils peuvent me repérer à travers les murs, me sentir arrivé à deux étages d’intervalle. Je tentais de ne pas y penser et courais. Deuxième, Premier, Sol… Je reconnais leurs voix métalliques à l’entrée de l’immeuble. Ils sont plusieurs. Certains prendront l’escalier, d’autres l’ascenseur. C’est maintenant moi qui suis traqué. Sentiment paradoxal. Des poussées d’adrénaline tentant constamment de compenser l’extrême violence de ma peur. Je continue ma course. Premier sous-sol, deuxième sous-sol. Je ne réfléchis plus, je m’enfonce aussi loin que possible. Troisième sous-sol, terminus. J’entends la porte de la cage d’escalier qui s’ouvre au niveau du sol. « Il est en bas, vous deux suivez-moi. Les autres, faîtes le tour et cherchez une autre issue». Un animal… je suis un animal. Un rat de laboratoire dans un labyrinthe qui n’a pas de sortie. Je repars dans les couloirs. De moins en moins de lumière. Ma lampe, restée en haut… Cette fois-ci , c’est le noir complet. La peur m’envahit complètement. Je ne vois plus, eux me détectent. Je ne connais pas la sortie, eux ont accès aux plans du bâtiment. Je tente un dernier passage. Une impasse. L’animal est perdu et va être abattu.

Quelques secondes sans bruit. Une éternité pour moi. Soudain, des bruits de pas qui s’approchent. Une lumière aveuglante dans les yeux.
- Lève toi, Rakaï » Telle la dernière phrase du bourreau au condamné, je me laisse faire sans réagir. « Reconnais-tu être l’auteur des crimes pour lesquels nous sommes là ». La réponse importe peu, seul compte pour la milice d’énoncer la phrase. Un côté solennel il faut croire.
- Oui ». Je réponds calmement, aussi machinalement que la question a été posée. Prendre conscience de ma fin me détendait étrangement. Maintenant que j’avais reconnu mes actes, il ne lui restait plus qu’à appliquer la paume de sa main sur ma poitrine, et à m’abattre sur place marqué du sceau de la justice de Kinn. Cette dernière trace de brûlure décourageant les éventuels Rakaï de poursuivre dans ma voie.
- Otez lui sa chemise »… Il approche sa main. Ca y est, pour moi c’est fini.
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  #8  
Vieux 28/07/2007, 22h46
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Chapitre 5


- Par Sem… ». Le chef milicite s’arrêta net. « Qu’est-ce qu’il a sur la poitrine ? Eclairez-le… Vite, éclairez le. »
Je ne comprends plus la situation, je suis tellement paralysé par la peur que je ne vis qu’à moitié la scène. Les Milicites s’agitent autour de moi.
- La marque des exilés. Ce jeune Rakaï porte la marque des exilés.» s’écrit le plus gradé.
- Comment çà, quelle marque ? » lui demanda un de ses éléments.
- Cette marque au niveau de son cœur. C’est la marque des exilés de Kinn. Cela fait des années que plus personne n’en parlait… Posez-le au sol, nous partons »
- Comment çà chef Milicite. Mais le Rakaï n’a pas été puni. »
- Ne vous opposez pas à moi et reposez-le.»

Puis plus rien, était-ce le choc de ne pas mourir, la complexité de la situation ou simplement l’atmosphère chargé des caves, mais je me suis effondré net sur le sol. Quelques minutes ou quelques heures avaient du passer, mais quand je me suis réveillé, j’étais dans la rue à l’entrée de la zone Rakaï, mon sac à côté de moi. Je n’arrivais pas à expliquer ce qui venait de se passer... Je m’en étais sorti. Par quel miracle ! Et ces mots. Exilé. Il a dit que j’étais un exilé. Oui mais d’où et pourquoi. Et cette marque. J’avais bien une marque sur le cœur mais Nool m’avait expliqué qu’il s’agissait d’une tâche de naissance comme des millions d’enfants en ont… Qu’est-ce que ça pouvait être d’autre ?

Combien de temps ai-je passé là ? Il est 7h30. Ca fait sept heures. Sept heures que je me suis évanoui. Sept heures durant lesquelles j’ai été sorti des caves et ramené chez moi. Mais ramené par qui ? Les Milicites, ça m’étonnerait. Un parazït qui m’aura trouvé dans le dernier sous-sol… Non, pourquoi un Parazït se serait-il occupé d’un pauvre Rakaï, qui plus est un Rakaï voleur. Ca ne pouvait pas en être çà. Un Rakaï. C’était donc un Rakaï. Par chance il m’aura trouvé au fond de la cave et, me reconnaissant, m’aura déposé ici… mais pas avec mon sac… Bah, ce n’était plus le plus important. J’étais vivant et comptais le rester.
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  #9  
Vieux 29/07/2007, 01h55
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Excellent! la Suite please....
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  #10  
Vieux 29/07/2007, 01h59
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Chapitre 6


Parcourant le long des pistes dévastées les quelques centaines de mètres me séparant de l’entrée des souterrains, je pensais à Nool qui m’attendait et à qui je n’avais rien pu ramener. J’espère qu’il comprendra et qu’il pourra attendre ma prochaine sortie car je me sentais trop secoué pour repartir tout de suite. Je quitte la pâle lueur du jour pour m’enfoncer dans les tunnels éclairés par quelques rares lampes tirant leur énergie de dieu sait où. Tunnel 114, les lieux me semblent plus délabrés chaque fois que je reviens de l’enceinte. Le contraste est tellement incroyable que je me demande encore comment les rebellions peuvent être aussi peu nombreuses. Il y a bien quelques poches de Rakaïs refusant de se soumettre mais, vus leurs équipements et leurs nombres face aux Milicites, elles étaient vite réduites à néant. Tunnel 121, tunnel 125. Etonnant, alors qu’à cette heure, les tunnels devraient grouiller comme des fourmilières, là il n’y a pour ainsi dire personne. Tunnel 76, cela va en empirant au fur et à mesure que je m’approche de chez moi. Tunnel 97, je suis dans la dernière ligne droite et plus seul que jamais, aucun autre Rakaï dans les alentours. Enfin, au loin, je vois la porte 97P12 d’une ancienne sortie de secours, la porte de mon domaine, et elle était grande ouverte. Ce n’était pas normal. Les espaces libres sont tellement rares aujourd’hui que Nool met un point d’honneur à ne jamais déverrouiller cette porte.
- Nool… C’est moi Tamus, Nool ?! ». Aucune réponse. Je fouille partout. Aucune trace, il n’est plus là. Mais où a-t-il pu aller à cette heure et dans son état. Même s’il lui avait pris l’envie de partir à ma recherche, il n’aurait certainement pas pu aller plus loin que le tunnel. Il aurait encore moins oublié de fermer la porte. Ca devait être autre chose que j’ignorais. Je remonte alors les anciennes voies, évitant les décombres, restes les plus visibles des deux années de la grande crise, il n’est nulle part, ni lui ni aucun autre Rakaï… Là-bas, au fond du tunnel, deux hommes.
- Eh, vous là-bas. Qu’est-ce qui se passe ? », criai-je en courant. Pas de réponse. Au contraire je les vois s’enfoncer rapidement au plus profond du conduit annexe. On dirait qu’ils me fuient.. Je vis ici depuis 8 ans, la plupart des Rakaï du coin me connaissent, pourquoi m’éviteraient-ils ainsi ?

Je ne sais plus quoi faire, ni à qui m’adresser… Mais oui, bien sûr, comment n’y ai-je pas pensé plus tôt. Je ne vois que lui pouvant m’aider. Colp.
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  #11  
Vieux 29/07/2007, 02h00
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pour l'instant je n'ai écrit que 7 chapitres en plus du prologue donc tout sera bientot la.
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  #12  
Vieux 29/07/2007, 02h01
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Chapitre 7


Colp est une sorte d’informateur payant. L’indic’ du coin si on veut. Il y a 5 ans, Colp s’est installé dans l’ancien centre de sécurité de Fenn Station (ou du moins ce qu’il en reste) et a très vite eu l’idée de monnayer les informations que lui renvoyaient les quelques caméras de surveillance encore en fonctionnement. Depuis, il paie gracieusement une petite escouade pour entretenir son réseau et s’assurer une retraite dorée. Je l’ai rencontré dans le secteur d’écartement des enfants Rakaï il y a onze ans, juste avant que Nool ne me recueille. Il ne refusera pas de m’aider et, si la chance est avec moi, saura m’expliquer la situation.

Secteur 17 – Anciennement Fenn Station, un des plus grands carrefours de la cité. Ici se croisaient la plupart des gens désirant rejoindre le centre d’affaires… Il n’en reste plus rien désormais. Aucun des panneaux, écrans d’informations et autres équipements modernes qui ornaient les murs des couloirs n’a survécu, hormis bien sûr le réseau de Colp. Sinon, juste des ruines. Nool m’avait souvent décrit ces lieux, il les appréciait beaucoup. D’après lui, c’est là, durant les nombreuses attentes, que la vraie vie se racontait : les rencontres, les séparations, les joies, les peines, les naissances et les morts. Tout s’apprenait ici. La seule qui s’apprend dorénavant, c’est à survivre. Les restes de la station ont été aménagés en logements de fortunes, les poutres métalliques soutenant le plafond s’effondrent chaque jour un peu plus. Le zenium, plus solide que l’acier, aurait permis nombre de réparations mais qui s’intéresse au sort de quelques centaines de milliers de Rakaïs.

Me voilà au centre de contrôle, véritable petit bunker à 10 mètres au dessus de la masse. Les vitres ont été remplacées par des panneaux hermétiques, la porte consolidée et verrouillée de l’intérieur, les panneaux de mise en garde alignés le long de l’escalier menant à son entrée. Domaine de Colp… Pas d’argent, pas de réponse…De véritables invitations à la fête.

- Colp… C’est Tamus !… Ouvre cette porte ». Pas de réponse et la porte est bien entendu verrouillée.
- Ouvre, il faut que je te parle ». J’insistais car j’étais persuadé que Colp était là. Il ne quittait que très rarement son antre, craignant perpétuellement qu’un quelconque vautour vienne s’y installer. Rien, toujours pas de réponse, pas de bruit, pas de… Si, la caméra de contrôle au dessus de la porte, elle me suit de son regard perçant. Il est là. Fixant la caméra, je l’interpelle plus fort.
- Je sais que tu es à l’autre bout en train de me fixer ! ouvr…
- Pars, ne reste pas ici ». C’était Colp chuchotant à travers l’interphone.
- Mais, enlève le verrou de ta porte, je dois te voir.
- Tu n’es pas le bienvenu bonhomme. Désolé mais tu vas m’attirer des ennuis alors décolle.
- Quoi ? ! Enfin, qu’est-ce qui se passe ? Tout le monde m’évite.
- Les Milicites. Les Milicites sont venus fouiller le tunnel puis ton squat. Personne ne veut être mêler à tes sales histoires, et pour être honnête moi non plus. Alors pars gamin, désolé je ne peux rien pour toi. Sans rancune» . Le silence. Juste le souffle d’un interphone mal raccroché. Je n’eus pas le temps de lui demander quoi que ce soit que c’en était fini, effrayé par ces envahisseurs dont avait eu lieu la première apparition depuis des années. C’était pour moi trop d’événements en même temps : l’exécution annulée, les exilés, la disparition de Nool et maintenant des Milicites dans le tunnel. Je n’arrivais pas à faire de liens entre tout cela, mais un frisson me parcourut le dos. Il me fallait retrouver Nool à tout prix sans savoir par où commercer. L’inquiétude me gagnait. La nouvelle du passage des Milicites chez moi se répandait comme une épidémie et, m’enfonçant dans les souterrains, tous les gens que j’interrogeais étaient trop effrayés par cette visite de la surface pour s’occuper de la disparition d’un vieux Rakaï, qui plus est un ermite aux yeux de beaucoup… C’est clair maintenant, les Milicites. C’est forcément lui qu’ils sont venus chercher, ça ne peut pas être une coïncidence. Pour quelles raisons ? En trois ans il n’a pas quitté une seule fois la station, en quoi pouvait-il les inquiéter au point de venir ici…
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  #13  
Vieux 29/07/2007, 02h28
Avatar de namorlabien
namorlabien namorlabien est déconnecté
penchant pour Susan
 
Date d'inscription: juillet 2006
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namorlabien change la caisse du Fauve
Merci, ça promet pour la BD
mais c'est aussi trés agréable à lire....
Bravo,et vivement la suite.
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