Transmusicales 2007

[Mr Gumby]

Le rennais de l'étape recycle son compte rendu de soirée pour ceux que ça intéresse.

c'est l'hiver (ha, non l'automne en fait !!), il pleut, il fait froid et nous avons droit à deux heures de soleil par jour...
... mais c'est les Trans et tout va donc bien !

Surtout quand avant de partir on voit défiler la farandole sons et lumière des Compagnies Républicaines de Sécurité. Ça rassure ?

Vendredi 7 décembre

On est à la bourre et on voit deux morceaux des Tiny masters of today. Les deux indy-gniards flanqués du batteur du muppet show sont bien mignons mais ça fout quand même un peu mal à l'aise de voir deux minots instrumentalisés (érotisés dit judicieusement Sylvain).

The Whip, sa voix simplemindesques et ses synthés criards ne nous retiendra guère plus longtemps. On a mieux à faire.

Poussés par l'ami Boogie man déjà en transe avant la moindre note nous allons dans le gros hall 9 voir l'étrange duo de gratteux mexicain Rodriguo & Graciella. Sur la papier il y a tout pour me gonfler : virtuosité flamenca sur des reprise de metal, c'est pas gagné. Et pourtant, c'est deux là font de la pure magie. La démonstration technique disparaît instantanément derrière une patate phénoménale et le côté métal apporte une énergie communicative et irrésistible. Le public entre rapidement en ébullition et la prestation est magistrale de chaleur et d'intensité. Tout le monde prend un pied phénoménale.


Forcément après ça, tout paraît un peu fadasse. Après la route du rock on donne une seconde chance aux Fujiga et Muyagi et bof, toujours bof. C'est plutôt entraînant certes mais si inoffensif.

La hype du soir c'était Calvin Harris. Le gonze a une patate certaine, mais son electro pop peine vraiment à décoller et on se barre rapidement pour aller voir les furieux zozos à capuche de South Central.

C'est tout de suite plus convaincant. Leur punk rave bien rentre dedans fait enfin peu preuve d'un peu de perversité. C'est teigneux, rageur, ça joue mille fois trop fort et j'aime beaucoup la voix nasillarde et traficotée du chanteur. Bon, le côté hyper poncif des éléments electro finit quand même par rendre ça un peu emmerdant et on lâche avant la fin en se demandant tous un peu pourquoi on a regardé ça aussi longtemps.

Déception pour l'homme orchestre de l'année. Le danois Prins Nitram en fait des caisses au niveau gadget scénographiques mais le côté « je chante sur des vidéos de moi qui joue plein d'instruments » ne convainc pas grand monde.

Pour finir on se fait un petit bout d'Etienne de Crécy qui dans son joli décor style « académie des neufs à Beaubourg » impressionne certainement. Côté son, c'est la grosse artillerie french touch 90's. C'est pas très fin mais ça pulse. Bon, je dois avouer aimer des sons un poil moins lissés donc dodo.

Demain, on nous promet un saxo éthiopien septuagénaire, des rappeuses exhibitionnistes et des platines allemandes qui devraient tout emportées sur leur passage.

[Fix]

Vivement qu'il fasse les 3 soirs !

[Mr Gumby]

Suite et fin.

Et voilà, plus ponctuel qu'un car de montres suisse !

Samedi 8 décembre

En guise de préliminaires, je m'offre une petite escapade en solo salle de cité au centre de Rennes pour voir l'improbable et excitante rencontre du légendaire saxo éthiopien Getatchew Mekuria et des vieux punks hollandais de the Ex. C'est peu de dire qu'ils sont à la hauteur de mes attentes. L'énergie du duo des guitares acérées se mêle avec la classe bonhomme du magnifique septuagénaire africain. Le set est carré tout en gardant une spontanéité folle. Le public réagit au quart de tour et je suis sur un nuage, seul face à neuf musiciens qui donnent sans compter. Je frissonne quand la rythmique s'abaisse pour laisser s'exprimer un saxo émouvant, libre et malicieux. Je saute sur place quand les rythmiques se durcissent ou que la formidable batteuse scande un chant dans je ne sais quelle langue. Finalement je fonds quand mélancolie européenne et éthiopiennes se fondent de manière quasi magique.

Un concert qui entre directement tout en haut de mon top personnel !
Pas découragé par le fait que, forcément, je ne verrai pas mieux de la soirée, on se rend aux halls avec la ferme intention de s'y amuser comme des petits fous.

Le Boogie (que désormais on peut aussi appelé « THE gentleman ») avait insisté pour que nous arrivions à l'heure pour les éclectiques Foreign beggars et il a bien fait. .Les deux MC aux flots classieux assurent sévère. Débit de mitraillette ultra maîtrisé pour le petit trapu et profond et suave pour la grande tringle, c'est du velours pour les oreilles. Le DJ est également au niveau même si le réglage voix/beat n'est pas très bon. On regrettera juste que Schlomo la boîte à rythme humaine virtuose et timide (!) qui arrive en fin de concert donne fortement l'impression de combler les trous sur la longueur.

Dans le gros hall 9, le duo Modeselektor nous cueille d'entrée de jeu avec des basses profondes et malicieuses. C'est du très bon. Le son est je cite E girl : « typique B pitch » avec un petit travail sur les voix et les cassures tout à fait plaisant. Juste quand on a l'impression que les ficelles commencent à tourner en rond, ça virevolte vers autre chose. Bref, je crois que s'ils étaient arrivés un poil plus tard on aurait pris notre grosse suée mais il faut garder des forces pour la suite.

Avec le recul, nous aurions d'ailleurs mieux fait de rester chez les boches parce que l'américain Girl talk est bien gentil mais son mash up plutôt banal a surtout l'air d'amuser la joyeuse bande qui font les cons sur scène autour de lui. La fête bat son plein mais on a l'impression de ne pas y avoir été invité.

Etrange, mon dessin fait vraiment penser à la cène !!!

Retour à la grande salle pour un beau gâchis. Le malheureux Dan Deacon foire totalement pour cause de problèmes techniques son set electro expérimental et intriguant; dommage ça aurait pu me plaire ce bidule. J'écouterai en skeud.

On ne s'attarde pas pour le duo Simian Mobile Disco et leur electro plan plan beaucoup trop stéréotypée pour ma pomme.

On file donc voir le duo d'américaines énervées de Yo majesty. ça dépote grave, c'est fun et énergique et les T shirt sont déjà évaporés quand nous arrivons. Bon elles souffrent un peu de la comparaison technique au niveau tchatche avec les Foreign beggars mais ça le fait quand même..

La peur de la déception est palpable quand nous arrivons pour l'allemand Boys Noize qui DOIT nous faire danser. Pari tenu les doigts dans la platine et avec un seul bras. Des cas de combustion spontanée sont aperçus dans la foule compacte qui remplit le hangar. Tout le monde saute comme un seul homme et le set est à la fois élégant et imparable. Preuve du pouvoir du bonhomme alors que nous essayons de nous éclipser pour aller voir le groupe suivant, une volée de sons titanesque nous scotche sur place et repousse d'un bon quart d'heure notre départ.

On finit par s'arracher douloureusement pour finalement ne voir que le titre final (assez carton d'ailleurs) de l'énergique Santogold qui mérite sûrement mieux que ça.
Du coup, on retourne s'achever chez Boys Noize sur un final à base de feist tout en finesse. Sublime.

Revigoré par cette petite heure de demie de danse frénétique, nous avons même la force de mater MixHell le projet electro du batteur de Sepultura. C'est chaleureux mais vraiment monocorde (monotempo ?). ce n'est pas le petit numéro de batterie final qui sauve le truc.

Il est 4h passé. C'était une très bonne année et la barre est mise très haute pour l'édition anniversaire (30 ans) de l'an prochain.

Prochaine épisode : Taste the winter of our Road of Rock

[HiPs!]

Merci. Très chouettes chroniques "à la Luz".