#1726
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La période du New 52" a réservé son lot de réussites, d'échecs, mais aussi de curiosités, comme si, prévue pour ne durer qu'un temps, elle était un laboratoire. C'est du moins ainsi que je la conçois avec le recul, et à la lecture d'une des séries les plus étonnantes de cette époque : la version des Secret Six par Gail Simone, Ken Lashley, Dale Eaglesham et Tom Derenick.
Le titre n'a pas duré bien longtemps, à peine 14 n°, mais l'expérience vaut le détour pour qui est amateur de bizarreries. Voyons ce que donne le premier arc narratif, comptant six épisodes. Catman, après une bagarre dans un bar, est "tasé" par Sue Dibny. A son réveil, prisonnier de Mockingbird, il est enfermé dans un immense cercueil sous l'eau en compagnie de cinq autres individus : Big Shot (un détective colossal), Porcelain (un transsexuel capable de fragiliser tout ce qu'elle touche), la Ventriloque (capable d'animer les objets) et sa marionnette, Strix (de la Cour des Hiboux), et Black Alice (magicienne). Sur un écran apparaît une question à leur adresse : "quel est le secret ?", à laquelle ils doivent répondre sinon l'un d'eux sera exécuté. Ils réussissent à s'évader et se réfugient dans le pavillon de banlieue de Big Shot où ils doivent affronter aussi bien des flics corrompus et violents que la bande de Scandal Savage (avec Ragdoll et Jeanette). Par hasard, Catman découvre le double jeu et la véritable identité de Big Shot : il s'agit de Ralph Dibny et il est complice de Mockingbird, derrière lequel se cache the Riddler... Qui détient Sue Dibny. Mais pourquoi the Riddler en veut à ces Secret Six ? Parce qu'il est convaincu que l'un d'eux lui a volé un précieux diamant, qu'il voulait offrir à Sue Dibny pour la demander en mariage lors d'une réception sur un yacht. Tous les six étaient présent ce soir-là, Catman assurait la sécurité, les Dibny enquêtaient sur le diamant volé, les autres le convoitaient... Il est temps de s'expliquer, mais les choses vont dégénérer. Gail Simone adore visiblement Catman à qui elle a redonné du lustre depuis Villains United (souvenez-vous, c'était avant Infinite Crisis), puis dont elle a fait le leader des Secret Six dans plusieurs volumes du titre. Elle en fait donc logiquement le héros de cette nouvelle version qui se distingue par son ton déjanté. L'intrigue démarre très fort et maintient ce niveau jusqu'à son 5ème épisode. Le dénouement est plus convenu, mais au centre de cette arche narrative, la scénariste laisse espérer au lecteur un objet curieux qu'elle n'assume pas complètement (à mois que l'editor ne l'ait rappelée à l'ordre). Lorsque les Six doivent cohabiter chez Big Shot et voisiner avec un environnement hostile, c'est un vrai festival, tellement absurde qu'on croirait lire un titre Vertigo égaré dans du DC classique (Catman casse la figure à un flic qui maltraite son chien - intolérable ! - , la transsexualité de Porcelain, Strix qui pouponne un nain de jardin, la dégaine décharnée de la Ventriloque, l'autonomie flippante de sa marionnette, la relation quasi-filiale entre Big Shot et Black Alice : tout ça compose un ensemble réjouissant et franchement atypique). La partie graphique est très inégale en revanche : on passe des pages de Lashley, mochissimes (pour les #1-2 et 4), à celles, splendides, fourmillantes de détails, d'une expressivité fabuleuse, d'Eaglesham (sur les #3 et 5), en passant par du bon Tom Derenick (qui seconde Lashley sur le #4 et soutient Eaglesham sur le #5, et signe seul le #6). Cette disparité visuelle est au diapason de l'histoire qui n'est jamais meilleure que dans ses passages les plus étranges et quelconque que lorsqu'elle renoue avec le folklore super-héroïque. Très original (comme les pouvoirs des persos), solide (un plot bien fichu), à suivre pour savoir si les prochains (et derniers) épisodes tiennent ces promesses. Avant un retour sous la bannière Rebirth des Six ? |
#1727
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Désormais publié à un rythme mensuel, The Defenders propose son troisième numéro. Et il confirme tout le bien des deux précédents.
Après avoir reçu un avertissement du Punisher, Daredevil, Iron Fist et Jessica Jones rejoignent Luke Cage chez la Night Nurse et, avec pas de monde en ville, font le point sur le retour et les objectifs de Diamondback (auquel Black Cat vient d'oser tourner le dos). Comment, déjà, peut-il être revenu des morts ? Mais surtout il faut gérer Frank Castle qui, lui, veut surtout s'assurer que le prétendant au titre de nouveau Caïd de New York retourne en enfer... Le récit de Brian Bendis continue à se développer sur un rythme soutenu, son aisance à animer ces personnages et à développer cette intrigue, en maintenant quelques interrogations, et en dosant les guests, en fait une série très plaisante. La dialoguiste revient de manière plus appuyé, mais la séquence principale (où les Defenders - et d'autres acteurs - cogitent sur les tenants et aboutissants) prouve surtout que le scénariste a bien révisé les antécédents de Luke Cage et Diamondback. Et, une fois encore, l'épisode se conclut sur une image choc (qui est aussi un hommage à une célèbre scène de Batman...), qui renforce à la fois la dangerosité du méchant mais surtout donne envie de vite découvrir la suite. David Marquez s'illustre avec moins de plages d'action mais sa gestion des séquences d'échanges est très astucieuse et simple (l'usage de gaufriers). Il n'use que d'une double-page (à la mise en scène diaboliquement fluide). S'il maîtrise tout le casting, sa manière de représenter Iron Fist (même dans ce costume que je n'aime pas) est remarquable. Je vais me répéter, mais, même si vous n'êtes pas client de Bendis, essayez ses Defenders : ça envoie du bois ! |
#1728
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Suite et fin du run de Gail Simone avec les Secret Six version "New 52", avec les épisodes 7 à 14 (rassemblés dans le tpb The Gauntlet).
Pourquoi Black Alice ne se remet-elle pas de l'affrontement du groupe contre The Riddler ? Il semble que son état est en relation avec une crise qui provoque l'inquiétude des magiciens (bons comme mauvais), parmi lesquels on trouve le Dr. Occult : il a remarqué que de puissantes créatures sont sur le point de resurgir dans notre dimension, car les quatre colonnes dressées par Arkon sont fragilisées. Pour les Six, le dilemme se pose en ces termes : faut-il sauver Black Alice au risque de faciliter l'invasion de ces monstres ? Ou sauver la magie en sacrifiant Black Alice ? Etrigan le démon s'en mêle (en les incitant à choisir la première option), mais aussi Aquaman (gardien d'une colonne située près du royaume d'Atlantis) et Superman (prévenu par Zatanna)... La précédente affaire réglée, un nouveau problème se présente quand la Ligue des assassins réclame Strix pour l'enrôler après avoir subi les tracasseries de la Cour des Hiboux (dont elle a été un membre). Elle se soumet, mais le retour de Sue Dibny auprès de Ralph (alias Big Shot, l'hôte des Six) va inciter le groupe à délivrer leur amie - qui ne les a cependant pas attendus pour se rebeller contre la discipline de la Ligue des Assassins... Ces deux arcs narratifs confirment les qualités et défauts du précédent recueil des aventures des Secret Six : Gail Simone conduit habilement ses récits, on ne s'ennuie pas, c'est rempli de péripéties, de personnages atypiques, avec une dynamique de groupe improbable. Mais dans cette voie classique, la série ne fait guère d'étincelles, qu'il s'agisse d'une menace type "fin du monde" (avec la menace magique des épisodes 7 à 10) ou règlement de comptes (avec les #11-14). En revanche, le charme de cette production tient à ses à-côtés, son côté farfelu, comique, absurde, grotesque. Si Simone avait uniquement creusé cet aspect, elle aurait réussi quelque chose de vraiment singulier, inattendu, imprévisible, avec sa bande de vilains tocards dans une banlieue dégénérée, où finalement civils et masqués sont aussi inadaptés au quotidien. Lorsque Catman accepte de se battre avec Batgirl (quitte à lui balancer un sac rempli de crottes de chien !) ou que Porcelain manque littéralement de mettre Superman en morceaux en passant par Erigan qui joue au mini-golf, l'étrangeté le dispute à la comédie. Il n'est pas étonnant qu'avec une partition aussi inégale (même si elle est courageuse), le dessin offre des pages extraordinaires (celles de Dale Eaglesham, toujours aussi remplies, avec des personnages hyper-expressifs, qui subliment la loufoquerie des meilleures scènes - mais dont la richesse empêche évidemment l'artiste de tenir les délais) et d'autres plus conventionnelles (celles de Tom Derenick qui réalise à peu près un tiers des épisodes 11-12 et l'intégralité des 13-14 pour un rendu correct mais moins jubilatoire). On quitte cette version avec un sentiment mitigé : voilà une série pleine de promesses, mais assumées à moitié, et de toute façon stoppée nette avec la fin du "New 52" et la succession de "Rebirth". Mais DC serait bien inspiré de réanimer les Secret Six, quand bien même le rôle d'une équipe de vilains pseudo-héroïques est désormais accaparé par Suicide Squad. |
#1729
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Après six premiers épisodes charmants, la nouvelle série Hawkeye, pilotée par Kelly Thompson et Leonardo Romero, a paru prendre une nouvelle dimension, plus ambitieuse, avec son n° 7. Voyons si cela se confirme avec le #8.
Kate Bishop, croyant foncer dans un traquenard tendu par Madame Masque, se trouve face à son père, Derek (dont on sait qu'il doit sa fortune à des activités crapuleuses depuis longtemps). Mais celui-ci resurgit avec une apparence presque aussi juvénile que sa fille ! WTF ? Par ailleurs, après une discussion mouvementée avec son paternel, Kate, épuisée, accepte quand même de recevoir une cliente à son agence : Anna Donnelly a quinze ans et s'apprête à fêter son anniversaire dans quelques jours, mais son père a subitement disparu. La police refuse d'ouvrir une enquête, mais pas Hawkeye pour qui cette affaire a évidemment un écho particulier... Hé bien, oui, le nouveau souffle de la série se confirme bel et bien avec ce nouveau chapitre. Le récit devient plus feuilletonnant, l'intrigue touche plus personnellement Kate Bishop, Madame Masque conspire toujours dans l'ombre, et surtout la scénariste investit une piste prometteuse pour la suite (Kate aurait-elle un pouvoir caché, en dehors de son don d'archer ? Et si oui, lequel ? Cela ne va pas manquer en tout cas de compliquer son existence et sa relation avec son père...). L'enquête qui s'ouvre en parallèle mène l'héroïne dans une sorte de fight club et souligne que le Los Angeles où se déroule l'action est un décor à la fois cossu et inquiétant, où les plus jeunes sont des proies. Leonardo Romero fournit une nouvelle fois une remarquable prestation : son trait simple et précis sert très bien cette histoire, sans se dispenser de quelques morceaux de bravoure (comme des doubles pages aux découpages fournis - voir ci-dessus - et récurrents). Après des débuts légers, voire farfelus, le titre adopte un tour plus dramatique, reliant des événements survenus au commencement, en explorant de nouveaux, établissant des parallèles astucieux. Hawkeye s'impose comme une production épatante. |
#1730
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Epatant ce Superman : American Alien de Max Landis avec un artiste différent pour chacun des 7 numéros.
Quelques épisodes sont même vraiment touchants. C'est bien écrit, bien dialogué, bien rythmé et mis en valeur par des artistes possédant un vrai sens du découpage. Et tout cela au service d'une caractérisation très réussie du personnage. Bravo.
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"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère." Denis Johnson - Arbre de fumée |
#1731
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#1732
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Ca ne se voit pas toujours mais ce genre de lectures chez moi, c'est complètement le résultat d'avis recueillis ici, souvent les tiens ou ceux d'Esseji, qui me trottent en tête et qui finissent par se frayer un chemin dans ma pile de lectures.
C'est pas immédiat, ça ne donne pas lieu à des réactions rapides mais ça sert quand même. Je profite de l'occasion pour vous remercier. Merci les gars.
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"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère." Denis Johnson - Arbre de fumée |
#1733
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Sup passe finalement assez bien le cap des années 2010. |
#1734
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Je voudrais attirer votre attention sur un petit bijou chez Action Lab : Spencer & Locke.
Ce qui part à la base comme un hommage à Calvin & Hobbes version polar s'avère bien plus que ça. Les auteurs nous parlent de schizophrénie, des dommages de l'enfance, des blessures qu'on garde enfuies jusqu'au moment où tout remonte à la surface. L'alternance des styles graphiques entre le monde réel et celui rêvé est particulièrement bien réussi, et les thèmes abordés en font un récit très noir, loin de l'image enfantine qu'on pourrait en avoir au départ. Cette mini se termine cette semaine avec son numéro 4, et je ne pense pas être déçu par sa conclusion. Dès que le tp sort, n'hésitez pas à tenter cette pépite perdue au fond du catalogue Previews, assurément un titre dont on parlera longtemps, et qui peut engendrer des suites, en espérant que les chiffres de ventes suivent. |
#1735
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Jupiter's Legacy 2 #5
Enfin, j'ai pu lire cette conclusion d'arc après des mois d'attente.
Bon, je ne vais mentir, c'est du bourre-pif en veux-tu, en voilà la majeure partie du temps mais sous le crayon de Frank Quitely, ça vaut évidemment le coup. Mark Millar n'oublie pas de glisser quelques clins d'oeil aux personnage ayant inspirés les siens (Atom par exemple) ou même aux précédents épisodes. Qui dit conclusion dit forcément changement de statut pour certains protagonistes et là ça a enfin un lien avec la notion d'héritage et donc le titre (c'est aussi raccord avec le titre d'origine) : c'est certes facile mais l'auteur l'a toujours vendu comme un hommage. A voir si cela sera développé dans une autre mini-série Jupiter's Circle car, pour la suite avec Frank Quitely, il va falloir attendre 2019 pour Jupiter's Requiem mot qui a un certain écho avec un questionnement hérité des dernières pages. Un chouette moment de lecture même s'il a fallu patienter.
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Alan Moore : "I should just keep me mouth shut, I just upset people." Ma galerie sur Comic Art Fans
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#1736
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Ma Wishlist Comics |
#1737
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Allez, pour la troisième fois je tente de lire les Doom Patrol de Morrison en dépassant le quatrième épisode !!!
La première fois c'était Paulie et la secrétaire qui me les avaient passé mais franchement ça m'était passé complètement au dessus. La seconde fois c'était en récupérant les gros volumes commencé l'année dernière, et encore une fois j'avais buté sur les premiers épisodes... Là, je reprends tout ça, tranquillement, et même si je n'arrive pas trop à entrer dans le délire je persévère. J'avoue que cette nouvelle tentative fonctionne mieux sur moi, je vais donc continuer sur ma lancée, d'autant que bon, j'ai les deux premiers volumes, ça serait con ! La suite bientôt donc !
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Mon site (qui date ) |
#1738
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La reprise de Swamp Thing par Alan Moore. Quelle claque ce comics ! L'épisode où Moore revisite l'origine de la créature est juste énorme. Je comprends la réputation de ce run.
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#1739
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C'est quoi la différence entre un bon comic pop-corn et un mauvais comic pop-corn ?
Un bon comic pop-corn, c'est un comic fun, plein de rebondissements dont certains sont surprenants, un comic avec des personnages attachants qui réussit à alterner harmonieusement de l'action débridée et des moments plus calmes et introspectifs. Un bon comic pop-corn, c'est par exemple Green Valley de Max Landis et Giuseppe Camuncoli. Un mauvais comic pop-corn, c'est exactement le contraire. Un mauvais comic pop-corn, c'est par exemple le paresseux Empress de Millar et Immonen. Sinon, au rayon "comics qui se prend la nouille mais qui s'avère au final imbitable", j'ai nommé Omega Men de Tom King et l'assommant AD After Death de Snyder et Lemire.
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"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère." Denis Johnson - Arbre de fumée |
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Bon c'est pas vraiment une lecture, plus un plaisir des yeux pour une bonne cause.
De plus mon chouchou Todd Nauck est en couverture ... De très beau sketch dedans comme d'habitude. J'imagine que tout le monde connais ce projet qui permet de financer les soins pour les créateurs de comics qui n'ont pas de protection social aux états Unis. Pour plus d'info leur site : https://www.heroinitiative.org/the-100-projects/ |
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