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Vieux 21/03/2009, 23h40
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Steuf ! change la caisse du Fauve
Episode 4

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Citation:
« - Allez vous mettre en sécurité, sombre idiot ! »

Le Capitaine venait d’envoyer un coup de pied dans la tête de la créature, ce qui avait libéré Jehan de son emprise. Le jeune homme se leva et couru péniblement à quelques pas de l’empoignade.

De Seine et Hardi ne laissèrent à cette chose aucun répit. A peine fût-elle redressé que le Sergent lui asséna un coup d’épée à l’épaule droite. Une gerbe de sang noir gicla sur la neige immaculée. La créature poussa un râle nonchalant et amorça un tour sur elle-même comme pour prendre la fuite. De Seine en profita pour lui asséner le coup de grâce, et la tête du monstre roula en direction de Jehan. Le jeune homme fixa un instant ce visage à ses pieds. Son expression figée était la même qu’au moment de leur rencontre. Comme si cette horreur n’avait pas réalisée tout au long de la rixe que l’issue en serait sa mort. Que pouvait-il bien se passer ? Jehan tremblait de tout son corps quand Hardi posa sa main sur son épaule.

« - Allez viens petit, le jour touche à sa fin, il ne faut pas rester là… »

---

« - Philippe l’Agile, Seigneur de Fort aux Bois et son épouse Aimerud de Fragelongue ! »

A l’entrée du Seigneur dans la salle à manger, toute la tablée se leva en signe de déférence. De Seine détestait les mondanités et s’arrangeait habituellement pour les éviter. D’ailleurs au Château, il n’était jamais convié aux fêtes ou banquets, c’était un accord tacite entre le Duc et lui. Il était homme de l’ombre et si il voulait conserver son efficacité, il devait le moins possible fréquenter le monde politique.

Ce soir, tous les notables du fort étaient présents. Le Capitaine n’aurait pu se soustraire à ce repas, vu qu’il était en son honneur. Le banquet commença joyeusement et les convives se mirent à discuter bruyamment.

De Seine resta silencieux une bonne partie du repas. La journée avait eu son lot d’émotions et il lui était difficile de suivre les bavardages de ses voisins de table. En face de lui se trouvait l’Evêque, qui mangeait comme un goret et lançait des regards autour de lui, comme si il craignait d’être surpris en train de s’adonner à son vice favori. L’émissaire qui accompagnait sa troupe lors du voyage pour Fort aux Bois était là aussi, et tentait par tout moyen d’éviter le regard du Capitaine. Il semblait ne pas avoir encore digéré ses railleries. De Seine s’amusait par moment à le fixer de façon insistante, ce qui interrompait le malheureux qui devenait rubicond.

Le reste de la tablée était composée essentiellement de bourgeois. De gros bourgeois de province pour la plupart gras, bruyants et vulgaires. Les banquets de campagne devaient supporter ce genre de parasites pour pouvoir donner un peu d’ampleur aux fêtes. Le Seigneur Philippe semblait amplement ravi par cette cour de pacotille et recevait avec satisfaction les flatteries de ces gueux apprêtés comme des animaux de foire.

Dame Aimerud gardait une dignité et une élégance qui dénotait avec le reste de la salle. Elle picorait dans son assiette sans jamais donner l’impression de manger, et souriait poliment à toutes les âneries que lui imposaient ses convives. Sa grâce semblait d’ailleurs rejaillir quelque peu sur son cul-terreux de mari et donnait un peu de noblesse à ce couple improbable. Voyant que le regard du Capitaine s’était posé sur elle, elle esquissa un sourire distingué et lui fit un signe de tête.

« - Alors, Capitaine, que vous ont apporté vos investigations à la chaumière des la Jambe ? »

La voix de Philippe l’Agile était volontairement forte et joyeuse. Il était évident que les gardes congédiés avaient du faire leur rapport dès leur retour au Fort. De Seine sourit au Seigneur et lui répondit sur le même ton.

« - Assez peu de choses… Vos hommes ont fait un excellent travail de nettoyage sur place. Mais je ne vais pas me plaindre… J’ai beaucoup appris des traditions de votre beau pays. Beaucoup plus qu’avec votre émissaire en tout cas. »

L’émissaire se retourna brusquement vers l’officier et lui lança son regard le plus noir. Celui-ci lui rendit un sourire complice qui décontenança encore un peu plus le diplomate.

Philippe l’Adroit poursuivit.

« - Nos traditions ? Tiens donc ! Qu’avez-vous donc découvert de si pittoresque ? »

« - J’avoue qu’à mon arrivée je ne pensais trouver que bigoterie et obscurantisme dans vos contrées… Mais parfois les hommes de la capitale comme moi ne se rendent pas compte de toutes les finesses et les paradoxes de nos campagnes… »

Le Seigneur Philippe tenta soigneusement de gommer toute réaction de son visage. L’Evêque quant à lui trépignait de rage. Dame Aimerud ne leva pas les yeux de son assiette mais de Seine crût deviner une esquisse de sourire. Les bourgeois eux, ne les écoutaient pas. Le brouhaha se poursuivait dans la salle. Le Capitaine monta d’un ton.

« - En effet, qui croirait que dans une contrée si conquise à la Sainte Eglise, l’usage de fétiches païens et autres sorcelleries soit autant répandu. »

Le silence se fît dans la salle. Tous les convives portèrent leurs regards vers le couple seigneurial. Philippe l’Agile devint rubicond. Dame Aimerud, elle, n’avait toujours pas levé les yeux mais tout sourire avait disparu. Sa fine main blanche serrait sa coupe comme pour la détruire. Soudain, l’Evêque se leva.

« - Encore une fois vous insultez notre foi ! Vous et votre Duc, ce suppôt de Satan qui tente de détruire cette terre pieuse depuis son intronisation ! »

« - Taisez-vous imbécile ! » Le Seigneur se leva lui aussi et brandit un poing vengeur en direction du Capitaine.

« - J’ai bien assez toléré votre comportement ! Que vous vous gaussiez de notre foi, passe encore. Que vous dénigriez mon autorité en mes terres ne me surprend guère, Votre Duc fait cela depuis suffisamment longtemps. Mais que vous profitiez de notre hospitalité pour insulter mon épouse, je ne puis l’accepter ! Vous et vos hommes quitterez le Fort dès demain, la Jambe sera jugé par nos autorités. Si le Duc n’est pas satisfait de ma décision, qu’il vienne exposer ses griefs de vive voix ! »

Le Capitaine de Seine n’avait pas bronché. Il posa lentement son regard sur le Seigneur.

« - Sire Philippe, je respecterai votre décision. Vous vous doutez cependant que cela risque d’avoir des conséquences fâcheuses pour vous et votre peuple. Mais je ne comprends pas pour quelle raison vous m’accusez d’avoir insulté votre épouse… »

« - Vous ne le savez que trop ! Le paganisme est un fléau en Fragelongue, et notre union doit justement endiguer cette peste. Vous profitez de notre hospitalité pour traiter Dame Aimerud de sorcière et ainsi semer la discorde au sein de mon peuple ! »

Dame Aimerud se leva brusquement et lança de toutes ses forces sa coupe qui traversa la pièce avant de heurter le mur. Elle lança un regard empli de haine à l’attention de son mari. Le Capitaine s’inclina en sa direction.

« - A aucun moment je n’ai voulu jeter l’opprobre sur vous, Ma Dame. Si vous vous êtes sentie heurtée par mes propos je m’en excuse. »

Aimerud le regarda avec mépris en se retira sans un mot pour ses convives.

---

« - Je crois que nous sommes bon pour une grosse tempête. »

Dès le coucher du soleil, le vent avait redoublé d’effort. Les flocons étaient maintenant lourds et leur course était folle. Gildas la Forge exprima son mécontentement à voix basse avant de rentrer dans sa chaumière. Il lui faudrait plusieurs heures pour rejoindre le Fort demain et il se doutait que le reste de la populace resterait enfermée pendant les trois prochains jours. Tout cela était mauvais pour les affaires, et Gildas détestait cela.

A l’intérieur, il faisait chaud. Sa femme était affairée devant la cheminée et une bonne odeur de lard et de chou embaumait la pièce. Cette ambiance fît oublier ses préoccupations à Gildas.

« - Une tempête se prépare… » Dit-elle sans se retourner.

« - J’ai bien vu, n’en parlons plus… »

La Forge s’installa à la table et se servit un godet de vin en attendant le repas.

« - Les enfants ont mangé ? »

« - Oui, ils dorment déjà. »

La femme lui déposa son assiette. Le fumet qui s’en dégagea parvint à détendre le forgeron. Plein d’enthousiasme, il prit son couteau, signa la belle miche ronde, et se coupa une tranche généreuse. Il était affamé et cela faisait au moins trois bonnes heures qu’il attendait ce moment.

Soudain un cri aigu se fit entendre de l’extérieur. C’était ce sale cabot qui avait du se faire mal en chassant le mulot sur le tas de bois. Cette sale bête allait encore réveiller les enfants ! C’était d’ailleurs déjà fait. L’aîné laissait déjà sortir sa tête de la soupente, les yeux ronds comme des billes. Le petit, lui, entonnait déjà sa litanie de sanglots. Gildas se leva, menaça son aîné pour qu’il retourne à sa couche, et pressa son épouse d’aller calmer le benjamin. Ce chien allait apprendre ce qu’il en coûtait de déranger son maître pendant son repas.

« -Viens donc ici, sale corniaud ! »

Le vent était glacé. Gildas était exaspéré. Il allait se débarrasser de ce sale cabot, c’en était trop. Il prit sa hache à côté du tas de bois, et commença à inspecter les abords de la chaumière, bien décidé à accomplir son office. Un léger gémissement se fit entendre sur sa droite, et le forgeron se pressa vers cette direction. A la vue de l’animal, son sang se glaça.

Ce qu’il restait de la bête gisait dans une mare de sang. Le chien n’était pas mort mais était séparé de sa partie postérieure. Ses pleurs n’avaient rien de légers en vérité. Si à distance le vent les avait fait ressembler à un murmure, Le chien hurlait son agonie. Gildas, par charité, s’empressa d’achever la misérable créature avec sa hache.

Quelle bête avait bien pu lacérer son chien sans l’achever, et surtout laisser la dépouille sur place ? Mieux valait rentrer et barricader toutes les ouvertures.

Quand il arriva au niveau de sa porte, une dizaine d’hommes et de femmes déambulaient dans sa cour. Ils erraient sans but, comme des pantins. Lorsqu’un d’entre eux remarqua la présence de la Forge, il poussa un gémissement mou, et tout le groupe se dirigea vers lui. Leurs bras étaient tendus vers lui et moulinaient comme ceux d’un enfant devant un jouet. Le forgeron fonça dans sa maison, s’approcha de la table, et, sous le regard interloqué de sa femme, la poussa contre la porte d’entrée.

« - Rejoins les enfants, hâte toi ! »

La Forge fît basculer la grande commode par-dessus la table. Personne ne pourrait rentrer ainsi, en tout cas il l’espérait. Il rejoint sa famille à l’étage. Sa femme et ses deux garçons le regardèrent terrifié. Il se laissa tomber sur les genoux et les enlaça tous. Gildas n’avait jamais été très pieux mais il commença à prier.
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