Que lisez-vous en ce moment ? (part III)

[FredGri]

Perso je pense aussi que malgré la difficulté d'une lecture l'auteur ne doit jamais oublier d'être avant tout lisible. Ce que Morrison oublie très souvent dès qu'il veut être un chouilla cryptique, c'est l'éternel problème que j'ai avec lui, ce sentiment de se conforter dans une sorte d'attitude, de pose, de ne pas donner tout les éléments exprès. Alors que je lui reconnais un gros talent d'écriture et que je reste un lecteur attentif à ce qu'il produit.
Toutefois, je trouve aussi que c'est bon d'avoir régulièrement des bouquins (pas uniquement en BD) qui demandent une lecture plus active, qu'il ne suffit pas juste d'avoir forcément le truc qui nous tombe tout cuit dans la bouche. Et s'il faut se creuser pour décrypter certains éléments, pour faire le lien entre ça et ça, recoller des morceaux, ça peut être sympa.
La perception immédiate de tout les éléments n'est pas, à mes yeux, une condition absolue pour une bonne histoire, ni une bonne écriture, il peut y avoir des choses à deviner, à creuser, des niveaux de lectures différents ou simplement des jeux formels qui méritent qu'on fasse un minimum d'effort, sans pour autant tomber dans l'ellitisme ! Car c'est avant tout stimulant et intrigant !

[Eddy Vanleffe]

Tout à fait, c'est pour ça que je parle de Moore, qui écrit des histoires parfois complexes et avec plein de de niveaux de lectures mais qui n'oublie pas qu'il parle à autrui. il invite à la reflexion, à la lecture active...
Morrisson m'a souvent laissé dehors comme un videur de boite!
Fraction a parfois une façon tarabiscoté de raconter son histoire pour pas grand chose (Hawkeye, c'est marrant mais sorti de la narration originale et de la prestation graphique qui tue), ben y'a pas grand chose à se mettre sous la dent en terme de scénario...

[FredGri]

Ben c'est vrai que c'est parfois difficile de faire une histoire ou se croisent différents genres. Sur Hawkeye, j'avoue que j'aime assez le côté "vie quotidienne" du perso, donc j'étais très fan (le seul truc que j'achetais chez Marvel à un moment donné d'ailleurs), je n'attendais par exemple aucunement de le voir se bouffer du super vilains dans des grands combats épiques, par contre discuter avec ses voisins autour d'un barbec ca me semblait mieux

[Zen arcade]

	Citation:			Posté par Eddy Vanleffe
	Ce que je vais dire est très perso, mais si d'un côté j'ai très envie de lire ODY-C pour les relations étroites que cela semble avoir avec la Mythologie, je suis aussi assez refoidi par l'aspect que l'on doive "mériter" la lecture du bouquiin. dit comme ça ca fait très très élitiste (et c'est un truc que je ressens parfois chez Fraction). un truc incompréhensible est pour moi en BD (et c'est une position perso, la encore!) un truc tout simplement mal raconté, une faille dans le message. C'est à mon sens pas normal que l'on écrive quelque chose qui doive être uniquement décodé par des "élus".

Je ne me sens pas faire partie d'une caste d' "élus".
Et les références dans Ody-C, c'est l'Odyssée bien sûr mais ça peut aussi parfois être des trucs comme une chanson des Raveonettes (Boys who rape shall all be destroyed).
C'est un grand mix dans lequel chacun fait son shopping en fonction de ses envies, de son bagage, de ses attentes.
Ca peut déstabiliser, dans le sens où c'est le fruit d'une narration qui n'a rien de classique. Dans Ody-C, on ne va pas vraiment d'un point A à un point B. C'est plutôt une lente dérive au sein de laquelle on choisit (ou pas) de se laisser porter.
Il faut accepter que certaines choses restent opaques alors que d'autres vont faire sens (certainement pas les mêmes pour chaque lecteur). Accepter d'être parfois largué et puis trouver des points où l'on peut se raccrocher.
Perso, c'est comme ça que j'ai pris l'expérience et c'est dans ce sens que j'ai pu dire qu'il s'agit d'une lecture qui se "mérite".
Je ne dis pas que je ne lirais que des trucs comme ça mais je trouve que c'est bien que des trucs comme ça existent, même s'ils ne s'adressent manifestement pas à tous les lecteurs.

Sinon, perso, déterminer si quelque chose est élitiste ou pas élitiste, ça ne fait pas partie de ma grille de lecture. Je m'en fous.

	Citation:
	Par contre j'ai tenté plusieurs fois The Filth de Morrisson, outre le fait que je me suis fait chier, j'ai rien capté de bout en bout, j'ai d'abord cru que j'étais un "pauv' débile" pas digne de la prose de l'auteur, mais je pense depuis que c'est histoire pas si bien racontée que ça, qui envoie une multitude de messages codés en tous sens, dans un ensemble qui ne ressemble plus à grand chose. et le "conteur" se plante totalement dans sa mission. Q'en penses-tu ?

J'ai lu The Filth il y a très longtemps et je n'en ai qu'un souvenir assez vague.
Faudrait que je relise, mais je me souviens avoir bien aimé à l'époque.

Je crois que pour aborder ce genre d'œuvres, il faut abandonner la volonté de comprendre rationnellement tout ce qui s'y passe. Il faut prendre ça comme une expérience sensorielle, un truc dans lequel tu t'abandonnes et qui va convoquer des sensations, des émotions.
Ceci dit, je comprends que l'on reste complètement extérieur à ce genre de trucs, mais à mon avis, les réactions du style "j'ai rien compris, je dois être un pauvre débile", c'est la conséquence d'un truc qui n'a pas été pris par le bon bout (c'est pas une critique, hein).
J'ai un ami comme ça qui déteste les films de David Lynch parce que ça ressemble à rien et qu'il n'y comprend rien. Ben oui, c'est juste pas fait pour lui.
Personne ne peut tout aimer.

[FredGri]

C'est exactement ce qui s'est passé, pour ma part, avec Young Liars de Lapham ! je suis complètement passé à côté, je n'ai d'une part plus rien compris dès le second tpb, ça m'a même assez agacé, mais ensuite je n'ai absolument pas adhéré à cet argument sur les sensations etc. Même si pourquoi pas !
A mes yeux Lapham avait rompu le lien de la lisibilité avec moi et c'était fini...

Je pense en effet qu'on n'est pas sensé tout aimer ni tout comprendre !

[Eddy Vanleffe]

Clair,
perso, un truc que j'ai adoré lire parce que j'ai trouvé ça beau peu importe l'histoire: ben j'ai eu STEAMPUNK, j'ai ultra kiffé les planches de Bachalo, je le refeuillette régulièrement et à chaque fois, je me dit putain, c'est vachement beau!
là où je réagis, en fait au delà, de trouver tel ou tel truc élitiste, c'est pour moi un auteur envoie un message, alors cryptique ou juste mal foutu? parfois je me pose la question (Sur Fraction notamment...) Parfois j'ai la sensation que le coté cryptique sert de déco à un truc mal ficelé et bancal...
Si je dis ça, c'est parce que les rares fois où je m'essaie à concevoir une BD, je trouve que l'effort à fournir pour bien "écrire" ce que je veux faire passer est un des trucs les plus importants du job. sinon je jette des scène pêle-mêle et c'est au lecteur de faire le boulot, quitte à inventer des double sens là où j'ai juste eu la flemme d'expliquer...

Et puis the Filth ça doit être immature

[FredGri]

Mais bon The Filth c'est compliqué à lire hein, faut reconnaître.
Bien au delà de l'écriture de Morrison, moi c'est davantage le fond qui m'a peu intéressé, donc j'ai peiné pour aller jusqu'au bout à l'époque. La je dois lire la VF pour la chroniquer et bon dieu...

[JB]

Bon courage. La genèse de The Filth, ce n'était pas prévu pour être une histoire sur Nick Fury (transfert de sa conscience dans un nouveau corps) ? Du coup, l'aspect psychédélique pourrait être un hommage à Steranko...

[Zen arcade]

	Citation:			Posté par Eddy Vanleffe
	là où je réagis, en fait au delà, de trouver tel ou tel truc élitiste, c'est pour moi un auteur envoie un message, alors cryptique ou juste mal foutu? parfois je me pose la question (Sur Fraction notamment...) Parfois j'ai la sensation que le coté cryptique sert de déco à un truc mal ficelé et bancal... Si je dis ça, c'est parce que les rares fois où je m'essaie à concevoir une BD, je trouve que l'effort à fournir pour bien "écrire" ce que je veux faire passer est un des trucs les plus importants du job. sinon je jette des scène pêle-mêle et c'est au lecteur de faire le boulot, quitte à inventer des double sens là où j'ai juste eu la flemme d'expliquer...

Je n'aime pas trop cette vision négative du lecteur qui fait le boulot. De toute façon, dès que tu lis, tu acceptes de faire une partie de boulot. Quand tu lis, tu t'appropries l'œuvre et en retour elle t'enrichit. C'est le contrat de lecture. Après, les contrats peuvent être de nature différente, évidemment.
Contrairement aux œuvres construites de manière plus classique où le lecteur est assigné à une place bien précise, il me semble que certaines œuvres donnent aux lecteurs une place plus mouvante, laissent un espace dans lequel le lecteur doit s'engouffrer et chercher sa propre place.
Ca donne des expériences de lectures parfois intimidantes mais moi a priori j'aime plutôt bien ce genre de contrats de lecture. J'aime cette sensation d'être déstabilisé par une lecture, de perdre ses repères.
Ceci dit, il y aura des trucs réussis, d'autres moins, des trucs ratés et des trucs qui se la pètent. Mais c'est comme dans tout.
Dans le genre "je m'affranchis des règles narratives conventionnelles et je vous balance trois zillions d'idées à chaque planche, faites ce que vous voulez avec" , je ne saurais trop recommander Multiple warheads de Brandon Graham.

[FredGri]

Noté

[doop]

Vous connaissez ma relation avec Morrisson. EH bien j'avais beaucoup aimé THE FILTH ! Je m'en rappelle plus vraiment mais pour moi c'était très bien !
Ensuite, moi c'est pas le compliqué ou pas, le tarabiscoté ou pas, j'aime juste me faire embarquer par les auteurs.
STRAY TOASTERS aussi est un sacré exemple de récit où l'on ne peut rien comprendre. Mais tout fait sens à la fin.
LAPHAM, YOUNG LIARS ouais, pareil, j'avais été complètement décroché du truc, alors que là je me régale à lire STRAY BULLETS ! Et je trouve pas que finalement, la narration soit si différente !

[FredGri]

Quelques petits TPB pour garder la forme
Tout d'abord, après avoir reçu le deuxième tpb Four Eyes de Kelly, Fiumara et Ortiz, j'ai tout relu et franchement j'adore cette "série" (pour peu qu'on puisse l'appeler comme ça !!!) Certes on a le sentiment que c'est assez long a se lancer mais cela reste une excellente lecture, avec une très bonne caractérisation globalement !
Certes mon principal intérêt est plus sur le plan graphique, mais je trouve le travail de Kelly très subtile et bien vu, même si je reconnais qu'il utilise les grosses ficelles habituelles !

Ensuite le quatrième Deadly Class qui se concentre sur "l'examen final" que doivent passer les nouveaux venus. C'est extrêmement violent, sec et particulièrement bien rythmé. En contre partie, même si je continue de beaucoup aimer cette série, ce dernier volume se lit assez vite, comme une sorte d'énorme course poursuite ou tout le monde se dézingue à tour de bras !
En parallèle Remender en profite pour creuser les caractérisations, rendant ce grand déballage plus subtil qu'il ne pourrait y paraitre !
Une très bonne lecture !

[JB]

Silverblade de Gary Bates, Gene Colan et divers encreurs dont Klaus Janson, que j'ai pris à l'aveugle sur la bonne bouille de Gene Colan.
Un ancien acteur, vieilli et aigri, passe son temps à revisionner ses anciennes gloires, soient des films de capes et d'épées (il est le rival oublié d'Errol Flynn et de Tyrone Powers) et des films de monstres à la Hammer. Une ancienne entité lui offre la possibilité de retrouver la jeunesse en devenant les personnages de ses anciens films. Son majordome et ancien ami se retrouve donc à gérer une maisonnée rassemblant sous son toit son maître rajeuni et se transformant tour à tour en gargouille, en momie ou en Dracula, un faucon (maltais) géant et parlant, un indien rajeuni après s'être immolé et un fantôme d'une vieille gloire décédée. Leur affrontement contre un esprit rival ayant pris possession de l'assistante d'un producteur véreux et féru de danse culmine en une bataille de Kaijus au centre d'Hollywood. Puis la série devient bizarre.
Excellente surprise. La série est relativement originale, même si son principe rappelle quelque peu Kid Eternity ou encore un épisode de Tomb of Dracula où des personnages de littérature s'incarnaient. L'auteur alterne gravité et humour, la série devenant plus folle au fur et à mesure des numéros, et Colan est très lisible. Ma partie préférée est cependant les documents d'accompagnement, des articles fictifs sur le personnage principal (une nécrologie, une filmographie, une critique de spectacle musical, des enregistrements retranscrits...)

[doop]

intéressant !!!

[archerhawke]

Wishlisté ! Thx