J’avais très envie de voir Civil War un mois plus tôt quand j’ai appris sa sortie prochaine. Puis, un peu moins depuis une semaine lorsque j’ai vu/lu les avis de quelques critiques ciné. En gros, on reprochait au film son évitement (terme que j’ai retrouvé souvent) de la question politique, le flou idéologique, son manque de parti-pris, et qu’on ne savait pas dans quel bord on se situait, et que, de la part d’Alex Garland, scénariste par ailleurs brillant, c’était étonnant un scénario aussi faiblard et aussi peu engagé.
Bon, ça m’a un peu échaudé et mais j’y suis allé quand même.
Bien m’en a pris. “Civil War“ est un film brillantissime. Si j’ai compris les avis négatifs, pour le coup, je ne les partage absolument pas et je crois que ces critiques n’ont rien pigé à ce que le film disait et montrait.
Ça m’a évoqué les grands films des années 80 sur des reporters plongés dans des conflits qui les dépassent, “Salvador“ ou “L’année de tous les dangers“, pour ne citer qu’eux. Là non plus, on ne savait pas où se situer dans le chaos ambiant. Il n’y avait aucune analyse politique, aucun point de vue vraiment affirmé. On suivait des journalistes occidentaux dans des guerres lointaines qui ne nous regardaient pas ou peu. Et ça ne nous dérangeait alors pas, l’absence ( ou la quasi-absence) d’un point de vue politique, et que des gens comme nous ne pigent pas ce qui pouvait motiver ces gens pas comme nous à s’entredéchirer et à se foutre sur la gueule.
Et c’est justement ça qui est brillant dans le film d’Alex Garland. Parce que, là non plus, on ne comprend pas qui tire, qui est tué, qui sont les gentils, qui sont les méchants, qui a raison, qui a tort dans ce bordel général. Sauf que, pour une fois, ces deux bords qui se font la guerre nous ressemblent, se ressemblent. Donnant lieu à une tension permanente et palpable parce qu’on ne sait pas pour qui prendre parti. Tout ce que l’on peut faire, c’est suivre ces reporters de guerre aussi paumés et désemparés que nous.
Ce qui, l’air de rien, donne au film un propos éminemment politique sur ce pays profondément désuni, qui compte plus d’armes en circulation que de citoyens et où tu peux acquérir aisément des fusils mitrailleurs et du matos militaire. Un pays qui n’attend qu’une étincelle pour s’embraser.
Dans cinq mois, un facho péroxydé sera peut-être réélu. L’année de tous les dangers est plus proche que jamais.
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