Arrangements avec la Réalité. (Interdit - 18 ans).

[kael]

On... on me veut du mal... Y a-t-il autre chose que des Gardiens du Temple pour poster dans cette section...? Ils me font peur, tous ces types en gras et en italique...

[Hilarion]

Toi-même.

[kael]

Au. Secours.

[Hilarion]

Je suis pas gros et ethylique.

[scarletneedle]

	Citation:			Posté par kael
	On... on me veut du mal... Y a-t-il autre chose que des Gardiens du Temple pour poster dans cette section...? Ils me font peur, tous ces types en gras et en italique...

On avait dit, pas le physique.
Quoique d'italique, je n'ai que les attributs de Rocco...

[Hilarion]

Asgardienne d'adoption... Dani Moonstar?

[kael]

	Citation:			Posté par Hilarion
	Asgardienne d'adoption... Dani Moonstar?

Nope. Ce sera dans l'air du temps...




Edit : Cet épisode avec l'Entité... Je pense que ça a dû être l'un de ceux qui m'ont fait basculer, à l'époque... Il faut brûler les comics...

[Hilarion]

	Citation:			Posté par kael
	Edit : Cet épisode avec l'Entité... Je pense que ça a dû être l'un de ceux qui m'ont fait basculer, à l'époque... Il faut brûler les comics...

C'est bizarre, j'ai directement pensé à toi!

[kael]

Celui-là, on dirait qu'il a été écrit sur mesure. Y'a tout ce qu'aime Jeaph. Je vous jure.

(Lecteurs avertis, 18+, contenu graphique, bavette, bondage et fétichimzzz.)

CHAPITRE 10 :

CAPILLOTRACTÉE

(Dépiédestalisations.)

Quelque part.




Un visage féminin grimace, les yeux serrés. Sa propriétaire tente de relever la nuque, mais un poids monstrueux l'en empêche. La traction sur son cou lui arrache un gémissement. Ses paupières infiniment lourdes parviennent à s'entrouvrir. Ses pupilles s'étrécissent brutalement pour endiguer le flot de lumière assassine qui lui vrille le crâne.

Luttant contre les effets du seppuku optique qu'elle vient de s'infliger, elle parvient à faire le point sur un sol de béton ciré, tellement lisse, qu'elle finit par distinguer le reflet de son visage cerné d'écarlate sur la surface immaculée.

Sa respiration entravée soulève par intermittence sa poitrine endolorie et gonflée. La gravité en fait saillir les veinules qui texturent sa peau claire d'un bleu ramifié. Incapable de tourner la tête pour une raison qu'elle ne parvient à appréhender, elle ausculte les alentours du regard, en quête d'information.

Elle est allongée sur le ventre, un mètre au-dessus du sol. Ou plutôt elle flotte. Il n'y a rien entre le béton éblouissant et la peau de son ventre. Elle redouble d'efforts, les tempes ruisselantes, essaie de ramener à elle les bras et les jambes… mais rien n'y fait.

Elle bande des biceps en feu et contracte les cuisses aux limites de la déchirure, parvient à gagner quelques centimètres dans une débauche d'énergie colossale, puis abandonne, extenuée, les mains et les chevilles ramenées inexorablement à leur position initiale dans un lent bruit de succion pneumatique.

La tension inhumaine fait miroiter son dos laiteux de flaques invisibles qui longent les vallées sinueuses d'une musculature délicate, et filent en larmes transparentes entre ses omoplates dénudées. A bout de souffle, elle interroge à nouveau les alentours d'iris égarés. Entre les mèches surabondantes qui pendent en faisceaux épais et torsadés depuis son front jusque sur le sol, elle parvient à trouver des réponses dans la surface réfléchissante qui tapisse l'un des pans de mur de la salle :

Elle ne flotte pas. Elle est suspendue à l'horizontale, entièrement nue, le visage face au sol. Son crâne est serti d'un diadème métallique carnivore qui lui pénètre la peau. Dans le reflet au-dessous d'elle, elle identifie une multitude de micro-cylindres de verre translucide qui sont enchâssés dans la tiare, et semblent remplis d'un liquide bleu fluorescent dont les niveaux oscillent à la moindre vibration...

De longs bracelets de métal sable, doublés de caoutchouc noir pressurisé, compriment profondément ses poignets, ses chevilles et son abdomen... D'autres encore garrottent son cou, le bas de ses cuisses et le dessus de ses coudes. Tous sont assujettis à des bras robotiques articulés beige pale, qui rappellent étrangement les pattes d'un insecte disproportionné. Ils émergent du plafond comme si une araignée gigantesque aux articulations surnuméraires avait trouvé un accès trop étroit à la cavité du dessous, et y avait précipité ses appendices prédateurs avec avidité, afin d'y confiner le vers à soie qui la fait saliver.

Chaque fois que la captive essaie de contrer leur emprise, chacun des membres artificiels accompagne les tentatives de mouvements, entrave largement ses progrès, puis la ramène infatigablement à sa position initiale dans l'absence de discrétion absolue des pistons.

A bout de force dans cette lutte inéquitable contre les sables mouvants hydrauliques, elle capitule.


— Tu n'arriveras à rien.

Des talons s'approchent d'elle dans un clic-clac ostentatoire qui se réverbère sur les panneaux du pourtour de la salle. Les semelles crème enjambent les monticules de chevelure qui jonchent le sol en rouleaux hélicoïdaux, et s'étalent comme des anacondas cramoisis sur une superficie hallucinante. Les bottes d'un vert profond s'immobilisent en craquetant, juste sous le nez de la prisonnière. Elles sont lustrées au point que la captive y discerne son regard brouillé.

— Désolée pour ça, mais tu piques des colères de monarque... Avec la dose de narcotiques qu'on a dû t'administrer hier, nous ne voulions pas annoncer à Richards que tu t'étais étouffée dans ton vomi pendant la nuit... "Face à moi !"

En réponse à la tonalité de l'injonction, les articulations synoviales pivotent avec la synchronicité syncopée d'une chorégraphie de breakdance, et font passer le corps de la femme entravée de la position face contre terre à la position debout en l'espace d'une seconde. Les bras annexes qui soutiennent des tombereaux de cheveux suivent le mouvement, évoquant le vent dans les branches d'un arbre qu'on aurait décoré d'épaisses tentures, qui pendent en parenthèses pesantes et s'étalent sur des dizaines de mètres, serpentant comme les guirlandes couleur sang d'un festival détraqué.

Pendant la manœuvre, la prisonnière a un aperçu périphérique de la pièce qui l'entoure : La salle lumineuse ressemble à un bloc opératoire aseptisé. Tout y est épuré et angulaire.

Contrairement à sa première impression, elle n'a jamais été seule… Une armée surréaliste d'une douzaine de jeunes femmes inexpressives l'entoure, l'air absent. Elles sont disposées en arc de cercle au fond de la salle, comme une collection de real-dolls aux joues couvertes de blush et à l'attitude étrange. Elles ont quasiment toutes le même gabarit, menu et harmonieux, comme si elles sortaient du même moule. Leurs jambes sont serrées précieusement, leurs bras croisés sagement devant elles, comme des écolières timides en attente d'instructions. Quand ce n'est pas le cas, leurs petites mains blanches gantées jusqu'à mi-paume sont chargées de plateaux luxueux remplis d'ustensiles indéfinis, de soieries et de bijoux rutilants, ou d'une montagne de produits cosmétiques.

Le détail le plus incongru, celui qui tranche complètement avec l'aspect clinique des lieux, réside dans leur uniforme, inspiré de celui des soubrettes de l'ère victorienne : une robe noire à volant beaucoup trop courte, brillante et plissée, qui laisse entrevoir des porte-jarretelles rétro dont les pinces ont à peine le temps de mordre la naissance de bas coutures satinés, que leurs gaines de nylon délicat plongent à l'abri des bottes laquées qui leur étouffent les cuisses.

De mini tabliers de vinyle blanc ceinturent leurs tailles étroitement corsetées, et des coiffes brodées chatoient de reflets éclatants, quand les poupées dociles se tortillent imperceptiblement dans leurs vêtements trop serrés.


— …c'est quoi, ce délire…?



— Tes suivantes. Elles ont été formées au Hellfire, on ne peut pas l'inventer... Elles sont dévouées à l'excès. Il n'y a rien qu'elles n'accepteraient pour leur maîtresse…

Les lèvres d'un vert vibrant s'incurvent en une demi-lune malsaine pour souligner le regard en coin jeté par la locutrice vénéneuse, au travers des volutes de la frange asymétrique pomme-crépuscule qui lui occulte la moitié du visage :

— …N'est-ce pas, Armelle…?

A l'évocation du prénom qu'on lui a assigné, la soubrette à deux pas derrière le dos-nu de la femme inquisitrice moulée dans sa combinaison de PVC émeraude se raidit. Elle rosit des pommettes et ses mains se crispent dangereusement sur les poignées d'argent du plateau qu'elle transporte. Le contenu effervescent de deux flutes interminables chavire de concert avec le seau à champagne couvert de condensation, dans lequel tangue un jéroboam fraichement sabré…

— Elles sont infatigables… appliquées… à couper le souffle. Un délice, crois-moi…

L'anneau chromé du collier d'esclave cadenassé de la petite Armelle s'affole. Il bringuebale à l'unisson des anglaises torsadées qui lui caressent la naissance des épaules, et des boucles-lacet pailletées qui dodelinent sous ses lobes charnus, quand les joues de la suivante s'enflamment pour de bon…

Satisfaite du trouble qu'elle induit, la femme en vert ajuste les sangles luisantes du brelage de ses holsters, et l'énorme boucle de son ceinturon à l'effigie tentaculaire d'Hydra. Elle s'accroupit devant la captive groggy, et attrape à deux mains l'une des lourdes gerbes rouge-vif qui jonchent le sol. Elle la porte lentement à ses narines en se relevant. Les mèches flamboyantes de la prisonnière contrastent sur la frange viride de la Vipère, quand elle s'enivre d'une inspiration interminable :

— …J'en ferais des complexes. J'ai toujours été fière de mes cheveux, mais ça… On a calculé hier, pendant que tu jouais les princesses assoupies : Une chevelure comme la mienne, ça doit aller chercher dans les trois cent grammes… Toi, tu te pavanes avec plusieurs centaines de kilos sur le crâne. J'ose même pas imaginer quand tu sors de la douche…

Tu devrais remercier les servo-palpes qui soulagent ta nuque de cette tignasse ahurissante... Avec la tiare qui anesthésie ton cuir chevelu pour prévenir ta trichokinésie, tes cervicales n'auraient pas passé les premières minutes de la nuit.

…Quand je pense qu'il va falloir démêler tout ça, mes pauvres chéries…

Madame Hydra laisse glisser l'énorme mèche de cheveux pourpres entre ses doigts olive. Le panache choit, puis s'étale en un nuancier embrasé sur le sol, au milieu des monceaux capillaires qui n'attendaient que son retour... La femme gainée de jade s'approche encore de la captive :

— L'effet Sunsilk, Jessica Drew et moi, ça a longtemps été notre marque de fabrique, mais toi tu exploses tous les records. Ça me rend toute chose... C'est Blackagar, qui a dû se régaler toutes ces années…

La tortionnaire sulfureuse tend une main impudique et parcoure lentement le ventre offert de l'Inhumaine, dont le visage se crispe de rage alors qu'elle tente une dernière fois de se libérer de l'emprise mécanique. Elle se tortille furieusement, se cambre de toutes ses forces dans le carcan inviolable, fournissant un effort qui mobilise ce qui lui reste d'énergie… puis elle se relâche d'un coup, la poitrine agitée de sanglots d'impuissance…



— …Tu viens seulement de te rappeler…



Je suis désolée pour ça, je te présente mes condoléances.

Je suis sincère... Tu descends bien de ton piédestal : Passer du trône d'Attilan à cet arbre de contention en deux jours, l'ascenseur social est en chute libre...

Nous sommes toutes passées par là, tu sais... Les prochaines heures vont être compliquées… Tu vas te sentir Leïa qu'on prépare pour Jabba, mais si ça peut te consoler, une fois votre nuit de noces consommée, tu ne ressentiras plus cette détresse. Tu accepteras les choses simplement, déconnectée du fardeau qui te torturait. Plus de honte ou de dilemmes moraux. Juste une exaltation et une soif inédite d'avancer avec lui.

Pour rien au monde je ne reviendrais en arrière…


Mais tu ne dois même pas comprendre de quoi je parle… La Brute, le Reed Richards de la Contre-Terre. Tu ne l'as pas encore rencontré, mais il est en campagne pour prendre ce monde. Attilan et tes relatifs ont payé pour le savoir...

Comme moi, et d'autres femmes influentes de la planète, tu auras l'honneur de siéger à ses côtés, Medusalith Amaquelin…



— …JAMAIS… tu m'entends…?


— Je te comprends… Nous avons un peu abusé hier soir, il est donc impossible de te sédater davantage d'ici ta conversion, mais si tu consens à coopérer, je relâcherai un peu la tension générée par le dispositif. Nous devons seulement te maintenir sous contrôle, ce n'est pas censé êt…



— A BOIRE !! FISSA !!!!


Emma Frost vient de faire irruption dans la salle, le carré en bataille, un faux-cil à moitié décroché qui tente un rapprochement avec sa frange lumineuse. Ses plateformes craie martèlent le sol en une grêle tonitruante. La cape tendue à sa suite virevolte suffisamment haut pour ne rien dissimuler de ses fesses melba.

Sans ralentir sa course, dans un crépitement de glace pilée, elle saisit au vol la bouteille qui barbotait dans son seau givré, entrainant un sillage de gouttelettes gelées qui abreuvent de nacre la poitrine pigeonnante de la suivante transie.

L'intégralité du plateau manque d'être arrachée des mains tremblotantes de la pauvre Armelle... C'en est trop pour les deux flutes de cristal, qui se jettent par-dessus bord plutôt que d'affronter plus longtemps l'ire glaciale.




La Vipère considère la nouvelle venue, agacée :

— …C'est une bouteille de Bollinger que t'as failli foutre par terre… ça va pas !!??

Frost, qui se maintient douloureusement la nuque, porte le goulot à ses lèvres, jette la tête en arrière, et écluse en deux traits la moitié du contenu du jéroboam dans un concert de déglutitions sonores. Elle le repose avec fracas sur le plateau en s'essuyant la bouche du dos de la main. Un geyser de bulles profite de l'opportunité pour spiraler vers la liberté, comme un mini Stromboli en éruption.

— Ok. Ça va pas. Qu'est ce qui se passe, ma belle…??

— Rien Ophélia ! Beurp. J'ai croisé Richards sur l'esplanade. Laisse-moi reprendre mon souffle...

— Reed ? Et puis quoi ? On fait toutes partie de son Harem ici, à l'exception des meubles... Pas de quoi se mettre dans un état pareil. Il t'a promis un truc spécial ?"

La blonde frigide claque des doigts à destination de l'une des servantes les plus proches.

La poupée en ciré rentre brièvement la tête entre ses petites manches ballon, puis fait trois pas rapides pour la rejoindre dans un bruit de plastique qu'on chiffonne. Après une imperceptible génuflexion, elle réceptionne sur ses bras tendus la lourde cape blanche et les épaulettes duveteuses pour désencombrer sa maîtresse. Le porte-manteau vivant recule alors avec empressement, puis se fond dans le décor en espérant qu'on l'oublie…

— Des antidouleurs ! Magnez-vous, ma tête va exploser.

— Et donc ?

— Et donc, j'ai croisé Richards. A l'instant. Je ne sais pas ce qui m'a pris… J'ai essayé de le sonder...

L'œil visible d'Ophélia Sarkissian adopte une sphéricité plus parfaite que celle de l'électron :

— Le sonder ?? T'en as des couilles, ma chérie… Et alors…!? Raconte…!!

— C'était si léger putain… J'aurais jamais cru qu'il capterait…

— Mais il a capté… C'était tellement évident... Tu as pu voir quelque chose ? Enfin, j'veux dire… Entendre... Lire ? Ça se passe comment, avec ça ?

— La télépathie ? Eh ben je peux te garantir que d'habitude, ça ne se passe pas comme ça ! Xavier, Jean Grey, Cassandra Nova, Wyngarde… j'en ai confronté, des esprits, et pas des moindres… Même Farouk, qui était pourtant l'ambassadeur d'une entité multiverselle… Jamais rien ressenti de pareil…

— C'était obligé qu'il ait des défenses. Il est télépathe aussi alors ? Ça commence à faire couteau suisse…

— Non, c'est pas ça. Et je suis sûre que ce n'était pas non plus des barrières... C'était beaucoup plus primal. Archaïque. Je ne sais pas comment décrire ça... Ses pensées sont comme un flot écumant dont les courants se déploieraient en parallèle, dans toutes les directions, à des cadences hypersoniques. Le débit et la pression sont tellement faramineux qu'ils désagrègent et emportent tout sur leur passage. J'ai eu l'impression presque physique que son esprit… débordait… au sens propre.

— Alors c'est quoi ? Du reiatsu ? Ce serait ça qui lui confère l'ascendant…?? T'as réussi à entrer, finalement ?

— Tu rigoles ? Je n'ai même pas eu à pousser contre la surface que j'ai eu l'impression d'être avalée toute entière. J'ai cru que j'allais être digérée vivante par les remous inconcevables à l'intérieur. S'il ne m'avait pas repoussée, j'aurais été écartelée et broyée entre les récifs plus tranchants que des rasoirs et massifs comme l'Everest qui croisent dans le déchainement chaotique de sa psyché bouillonnante. C'était biblique, putain…

— Je vois ça... Mais au final t'as pu lire quelque chose ? Il est humain au moins ?

— Le pire, c'est que je pense que oui. La télépathie n'a jamais été la fille facile qu'on imagine... La plupart des gens croient qu'un psychique pénètre un autre cerveau comme on passe la porte d'une boutique. Qu'on lit ou influence les pensées sans autre forme de procès... Mais l'esprit, c'est pas du prêt-à-porter.

— Ah oui…?

— Les premiers contacts avec des pensées étrangères sont toujours terriblement éprouvants pour le télépathe néophyte. Un exemple facile : Il n'y a pas deux êtres qui perçoivent les couleurs de la même façon. Le ciel que tu vois bleu, je le perçois peut-être orange... l'atmosphère réfléchit bel et bien une longueur d'onde spécifique du spectre électromagnétique, mais ce qui se passe une fois que ton œil a converti cette longueur d'onde en impulsions électriques… la façon dont ton cortex cérébral interprète cette impulsion dans ton for intérieur… bref, la représentation que tu t'en fais… ça t'est totalement propre...

Et même si nous percevons chacune le même ciel d'une couleur fondamentalement différente, nous ne serons jamais capables de nous en rendre compte. Depuis notre plus tendre enfance, on nous a désigné du doigt cette longueur d'onde spécifique en l'associant à un mot : "bleu". Chaque fois que toi ou moi désignerons le ciel, ou tout autre objet qui réfléchit une longueur d'onde similaire, nous qualifieront la sensation qui en résulte de "bleue". Peu importe que ladite sensation soit interprétée comme du rose par ton lobe occipital ou comme du marron par le mien... Nous serons toujours d'accord pour la désigner comme bleue.

— Oui, je suis familière de la notion de qualia… Ça m'explique d'ailleurs les goûts douteux de pas mal de stylistes… Mais j'avais jamais fait le rapprochement avec la télépathie…

— Sauf que le phénomène ne se limite pas à la perception des couleurs… sons, odeurs, goûts, impressions tactiles, orientation dans l'espace, douleur ou plaisir… tout ce qui est du domaine du ressenti d'un individu… rien de tout ça n'est universel. Chaque être ressent et perçoit la même réalité de façon radicalement différente… Mon magenta pourrait être ton sucré… et un ré mineur pour tes tympans ressembler à s'y méprendre à ce que j'appelle moi-même la hauteur… c'est le monde à l'envers, là-dedans. Un putain de Babel psychique. Tout est sens dessus-dessous, mélangé d'un individu à l'autre... La première chose qu'on apprend à un télépathe, c'est à ne pas perdre totalement pied quand il est exposé à un autre esprit. Et crois-moi c'est une putain de gymnastique. J'ai refilé plus d'une fois mon p'tit déj sur mes godasses avant de pouvoir surmonter le vertige sidéral et l'incongruité sans limite qu'on expérimente en touchant l'esprit d'un autre…

— Yrk ! J'apprécie mon absence de pouvoirs, finalement…

— Ça s'arrange avec le temps... On finit par se balader dans l'esprit d'autrui comme on se lime les ongles en rematant The Wire. L'inconscient du télépathe finit par faire la conversion à la volée, de façon totalement transparente... Un peu comme avec une langue étrangère qui te parait un galimatias impénétrable au départ, alors qu'avec les années, tu peux ne t'apercevoir qu'au bout de nombreuses minutes que le texte que tu consultes n'est pas dans ta langue maternelle…

— …Je te suis... mais tu m'emmènes où…?

— Avec la Brute, la conversion ne fonctionne pas. Tout va trop vite, le débit est pharaonique... Tout est en mouvement perpétuel, le paysage est rafraichi sans arrêt. Comme si la grammaire et l'alphabet de la langue se modifiaient chaque seconde à mesure que tu tentes de les décrypter. Il n'y a rien sur quoi prendre appui, aucune base autour de laquelle construire… Reuup… La seule option est de se dissoudre et de se noyer...

— Eh beh…

— …Mais j'ai quand-même pu discerner quelque chose de profondément malveillant là au fond, un truc à te glacer les sangs... J'ai l'impression que ça a remarqué ma présence et que ça convergeait, pendant que je me faisais décaper les centres nerveux, bloquée sur le pas de porte par le flux laminaire de cette cataracte apocalyptique...

J'étais comme une putain de mouche collée sur un ruban adhésif, incapable de vaincre la tension de surface... La proie d'une impression de malaise comme j'en avais jamais ressentie, même face au Phénix Noir…



— Ôte-moi d'un doute, chérie… T'es pas censée être l'une des télépathes les plus puissantes de la planète ? Qu'un être sans capacités psioniques comme Reed arrive à te faire la nique sur ton terrain sans transpirer… Y'a pas un truc qui cloche ?

— J'en sais rien, putain, mais ça me dit rien qui vaille…

Je veux progresser avec lui. Je ne ferais rien qui puisse nuire à ses projets. Mais il nous laisse dans le noir… Ces derniers temps, il m'a davantage farcie de questions sur les mutants en général et sur mon passé de X-Woman que d'autre chose… Il mijote un truc, et à l'exception de ses sacro-saints Leaders de Terrain, il ne met jamais personne au courant de quoi que ce soit… Et même eux… Il ne leur distille l'information qu'au compte-goutte. Tout est compartimenté. Personne n'est foutu d'avoir un aperçu général de ce qu'il fabrique…

…Mais regarde-le tisser sa toile, bordel… y'a rien qui l'arrêtera : Subterranea, Brain Death, L'AIM, le push de Cromwell sur la Nation Vampire…Whitney Frost et sa Maggia, Kwannon qui annexe la Main… et aujourd'hui, Attilan…

Je suis la clé censée lui ouvrir les portes du monde mutant, comme tu lui as offert le contrôle d'Hydra, Ophélia… Et d'après ce que j'ai compris, il s'apprête à donner tel coup de pied dans la fourmilière, que même les Eternels ne pourront plus l'ignorer…

Il sait que je ne le trahirai pas. Mais il me cache délibérément des choses, et ça me rend cinglée !!




— …Peut-être que Kwannon aurait réussi ? Je me suis laissé dire qu'elle était pas mal douée, et depuis qu'elle a récupéré l'anneau de renforcement psionique du Mandarin, je me demande à quels sommets elle peut porter ses capacités…

— Difficile à dire. Kwannon et moi n'avons pas les mêmes pouvoirs…

— Tu m'en diras tant… Un télépathe, c'est un télépathe, non ?

— Pas vraiment. Les facultés psioniques se présentent comme un spectre continu, et non comme un éventail discret, avec des cases bien définies. Il y a des tonnes de "télépathies". Sans s'attarder sur le mythe de l'Omnipathe ou la notion de sphère d'influence, il y a les illusionnistes, comme Wyngarde, les empathes qui projettent ou déchiffrent les émotions, les spécialistes des centres du plaisir ou de la douleur… les télépathes en lecture seule, ceux capables de posséder ou de contrôler leurs hôtes, ceux encore qui peuvent effacer ou réécrire les pensées et les souvenirs… Il y a aussi la psychométrie ou la préscience, qui se rapportent aux objets inanimés ou se déploient et palpent le temps… ce qui nous amène à la télékinésie et toutes ses variantes… Médusa, qu'on est en train d'oublier complètement, en est une utilisatrice exotique… sans évoquer l'athmokinésie, la pyrokinésie, la cryokinésie, l'électrokinésie, la magnétokinésie… tout ça jusqu'aux façonneurs de réalités... La liste est plus longue qu'un bras de Lady Oc...

La Reine Blanche récupère instantanément d'un loupé, quand l'une de ses plateformes traitresses dérape latéralement sur le sol trop lisse. La Vipère narquoise enroule machinalement les doigts dans ses mèches :

— …Continue, je sens que t'as besoin de parler ma chérie…

— Moi je suis une télépathe pure, je me cantonne aux psions légers. Kwannon est une télépathe aux limites de la télékinésie. Sa capacité à manipuler les psions légers est moindre que la mienne, mais elle possède un embryon de contrôle sur les psions lourds…

— … Lourds ou légers, c'est quoi la diff…?

— Ça demande des notions de Quantique… t'es sûre de vouloir t'aventurer là-dedans ?

— On ne devient pas Hydra Suprême sans rudiments de Physique… Essaie-moi…

— Je la fais grosse alors, on va se mettre en retard :

L'univers est constitué d'un mille-feuille de champs. Les champs de jauge, par exemple, sont associés aux bosons, les particules d'énergie médiatrices des forces fondamentales, comme l'interaction forte ou l'électromagnétisme. Ces champs s'étendent dans toutes les directions, partout, tout le temps, et s'interpénètrent, avec plus ou moins d'influence les uns sur les autres... Certains s'ignorent royalement, alors que d'autres s'impactent profondément. Le champ d'énergie psionique est l'un d'entre eux. Tu en as certainement déjà entendu parler sous le nom de Plan Astral... Les bosons qui lui sont associées sont les psions légers Ψ– et les psions lourds Ψ+… Les psions légers ont certaines affinités avec le champ électromagnétique, par exemple, mais n’interfèrent absolument pas avec la matière…

— …Alors que les psions lourds l'impactent allégrement… Et tu ne pourras jamais manipuler ces psions lourds, Emma ? La télékinésie te restera à jamais inaccessible ?

— Aucune idée… mais je suppose que rien ne l'interdit vraiment. Il y a tellement de variantes… certains télékinésistes ne font que "pousser" la matière, quand d'autres l'accélèrent ou la ralentissent… c'est un peu comme l'oreille absolue… Elle n'est pas donnée à tous, donc tout le monde ne devient pas Chopin... Mais je suppose qu'à peu près n'importe qui est capable de claquer des cymbales en rythme au-dessus de sa tête… Concernant la TK, mon esprit n'a simplement pas trouvé le chemin. Il n'a absolument aucune idée de comment s'y prendre… Consciemment, en tout cas…

— Je n'aurais jamais cru voir tirer un parallèle entre les capacités psychiques et les lois physiques de l'univers. Les deux concepts m'ont toujours paru irréconciliables…

Emma Frost se concentre pour maintenir les yeux dans l'axe quand elle désigne la Vipère amusée d'un index approximatif :

— Pourtant c'est loin d'être le cas : Reed a souvent comparé ce qui se passe à l'intérieur d'une conscience avec la singularité d'un trou noir. Il existe en matière d'esprit une sorte d'horizon des événements, un seuil au-delà duquel toute information qui pénètre une conscience s'y trouve piégée sans espoir de sortie… C'est le domaine des qualia, qui reste à jamais imperméable à toute investigation extérieure.

Chaque conscience est un isolat sensoriel, au même titre que l'intérieur d'un trou noir est un isolat physique. Bien sûr, de l'information altérée peut sourdre de façon imprécise depuis le siège de la conscience vers l'extérieur, par l'intermédiaire de l'action ou de la locution… Comme un trou noir s'évapore par radiation Hawkins, ou comme le principe holographique veut qu'une version éparpillée et désordonnée de l'information qui s'aventure au-delà d'un horizon des évènements soit encodée à la surface de son trou noir… Mais tout ce qui se trouve enfermé à l'intérieur de la "singularité consciente" est voué à y rester, sans espoir pour l'univers extérieur de se faire un idée précise de ce qu'elle peut renfermer, et sans plus d'espoir pour ce qui y est enfermé de s'exporter concrètement au dehors. Le ressenti pur reste inexorablement inaccessible, et inexpressible. Si tu en veux une preuve, essaie de décrire ta conception de la couleur rouge à un aveugle de naissance…

— …Tu me fais flipper, Emma… Si ça se trouve, j'ai jamais porté de vert… l'angoisse…!

Mais, si je pousse ton raisonnement qui veut que la notion d'esprit équivaille à la notion de trou noir… Alors la notion de singularité nue, dépouillée de son trou noir… elle correspondrait à quoi…? L'âme ?? Ça devient ésotérique ma puce, j'ai l'impression d'une épiphanie transcendantale sous DMT…!

Mais… attends voir…

T'es pas un peu télépathe ? Tu entres bien dans l'esprit des gens, non…? Tu la franchis, la barrière…

— …La fameuse traduction à la volée, Ophélia… Ce que je perçois à la lisière d'une conscience est absolument indéchiffrable. Ce qui m'est permis revient à consulter et à réarranger l'information disponible à la surface du trou noir pour en faire sens... Tout est là, disponible hors singularité, mais ça n'a absolument rien à voir avec la configuration que ça prend à l'intérieur... Je ne fais que jouer avec le prisme par lequel une conscience perçoit le monde. Mais je ne peux en aucun cas prétendre savoir ce que ça fait concrètement de ressentir ce qu'éprouve ma cible. Je suis condamnée à n'en percevoir qu'un reflet parcellaire et brouillé, et à l'interpréter par analogie avec mon propre ressenti… De la même manière que tu ne peux reconstituer avec fidélité l'image qui te parvient au travers d'un vitrage dépoli, même si elle est porteuse d'informations théoriquement exploitables sur ce qui se passe de l'autre côté...

— …L'interprétation de l'interprétation d'une intimité primordiale… Après on se plaindra que les gens ne se comprennent pas…

Bon, chérie… je me sens beaucoup plus riche en matière de rouages quantiques et de tambouille psychique, mais je vais devoir nous ramener les pieds sur terre brutalement... J'ai la tête comme ça, et on a des noces à préparer… Tu côtoies Reed d'un peu trop près, si tu veux mon avis. Tu devrais lever le pied… ou baisser le coude, faut choisir.




La sulfureuse vipérine tape deux fois dans les mains en élevant la voix :


— Allez, les filles, on s'active, notre invitée compte sur nous... il faut encore la toiletter, l'habiller, la maquiller, la manucurer… et surtout, la coiffer… On la rend belle belle belle, on se dépêche…


Après un instant de flottement au cœur de l'essaim frétillant des soubrettes qui s'activent, une Emma Frost en pilote automatique glisse les doigts dans les cinq bagues qui pendent sous un dispositif qui trône au milieu de la pièce.

L'appareil évoque la version frêle et miniature d'un robot de chaine de construction automobile, couronnée d'une main mécanique dont chacune des extrémités serait terminée par une langue d'acier chirurgical en chausse-pied... Les cinq spatules d'inox incurvé s'ouvrent et se ferment en mimant les mouvements des doigts gantés dans les bagues, pendant que la prothèse télescopique accompagne les circonvolutions du bras de la femme embrumée...

De l'autre main, les yeux trop plissés pour être honnêtes, elle procède à des réglages sur un écran tactile pour calibrer les pédipalpes disciplinés...

Visiblement blasée, elle souffle un "Assise" chargé qui a pour effet de replier les jambes et le bassin de la captive, et de la faire pivoter sur le dos dans le vide. Les servo-palpes obtempèrent avec zèle au "Rotation / Ordonnée / 15°" un poil houleux qui suit, orientant la prisonnière face à la reine grise :

—…Désolée Médie... Prf. Mais pour des raisons que je n'ai pas la force d'évoquer maintenant, je sais que tu me remercieras plus tard...

La Frost ouvre et referme la main, puis en fait jouer les articulations comme un pianiste s'assouplit les doigts avant une prestation, accompagnée un peu plus haut par le pantographe appliqué qui reproduit à la perfection ses prouesses digitales…

— …Dans quoi on est tombé, putain…?? Madame Hydra réduite à diriger un cabinet cosmétique… Et moi qui… Oh, pis merde…





…Allez, Raiponce, en piste, on a du pain sur la planche…

[Jeaph]

	Citation:			Posté par kael
	Celui-là, on dirait qu'il a été écrit sur mesure. Y'a tout ce qu'aime Jeaph. Je vous jure.

Ah ça! Déjà, il a fallu que je pose un RTT pour avoir le temps de lire ce pavé (digeste comme une brique de semoule sèche à la patate bouillie).
Et tout ça pour quoi?
Des scènes d'hyper-violence interdites aux moins de 18 ans? Pff! C'est un gigantesque arret sur image entrecoupé de brefs moments de vagues déplacements à peine perceptibles.
Des scènes de sexe torride? Ah ah! Juste un peu de nudité, totalement gratuite, indigne du plus indigent des films érotiques M6.
Par contre, ça tchatche! Des filles vulgaires qui jactent comme des radasses en train de tapiner et qui -pire!!- servent de proxy à l'auteur pour nous asséner ses théories fumeuses de fumiste. Un auteur qui a visiblement fait un bukkake avec un Lagarde, un Michard, un Bescherelle, deux dicos, trois ou quatre bouquins de para-sciences spéculatives à la mords moi l'cul, et qui en a encore plein la bouche!
Je vais aller me lire un Jimmy Guieu, c'est plus sérieux!

[kael]

	Citation:			Posté par scarletneedle
	On avait dit, pas le physique. Quoique d'italique, je n'ai que les attributs de Rocco...

Je viens de vérifier, je suis en Arial Black/Bold/Police de 7, selon les standards vBulletin (oh, hé, vous cherchez aussi...)