Critiques TPB. Du bon, du beurk, du bof

[HiPs!]

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Avant de parler de cette superbe série, je vous propose, en bonus joie, un ptit préambule sur la situation des réserves indiennes de cette bonne vieille Amérique. C’est pas indispensable mais ça peut être pas mal pour s’imprégner de l’atmosphère qui sourd de ces pages moites comme une queue de ragondin après la pluie. Pour ceux qui savent déjà tout ou ceux qui sont sarkozystes et croient tout savoir (oui, je fais de la discrimination sotte, je suis [I]in[/I]), rendez-vous plus bas, juste après la balise tipi. Hop!

Je vous passe les détails, même s’ils sont assez cocasses, mais disons qu’en 1988 fut créé l’Igra, l’acte de régularisation du jeu indien. Chaque tribu pouvait désormais investir dans les jeux de hasard, sans que l’état fédéral puisse y fourrer son nez. Les casinos se sont donc mis à pousser comme des psilos. On en compte aujourd’hui bien plus de trois cents, le tout pesant près de 10 milliards de dollars de recettes. Voilà pour la facette « les indiens, ces salauds de nouveaux riches. »
Parce que, vous vous doutez bien que, comme d’habitude, la majorité de la thune est brassée par une minorité, une petite poignée de tribus, la plus connue étant celle des Pequots dans le Connecticut, avec le plus grand casino du monde qui ingurgite et recrache chaque jour 30 000 joueurs, en majorité des blancs.
Pour les autres, moins bien situés et n’ayant que d’autres pauvres à plumer, le jeu peut être leur pire cauchemar. Système mafieux et drogues ont envahi leurs réserves. Les sioux par ex ont de gros problèmes de dépendance. Dans le dakota du sud où se passe l’action de Scalped…bon, le Dakota du Sud, pour vous situer…vous voyez le Dakota du Nord ? C’est en dessous. Disons que ce n’est pas la partie la plus riche, ni la plus fertile de l’Amérique. Pas d’or, pas la moindre goutte de pétrole (alors que d’autres en sont gorgés : 30% du pétrole et 20% du gaz naturel du pays sont dans les sous-sols indiens). Et 70 000 indiens y vivent avec le niveau de vie le plus faible des US. 80% de chômeurs. Une espérance de vie raccourcie de trente ans par rapport à un américain middle-class. Relativisons. La situation n’est pas si noire pour eux puisqu’ils la partagent avec la moitié des 1,5 millions de natifs qui vivent dans les réserves…
Le plus grand cynisme de tout cela, c’est que les enjeux paraissent énormes. Et pour les indiens, ils le sont, la violence de Scalped en témoigne. Frontalement. Mais, dites-vous, toujours pour relativiser, que ces 10 Mlds de $ de recettes représentent à peine 5% de l’industrie US des jeux... Pour dire que les indiens ont toujours aussi peu de raison d’être considérés par leurs occupants.



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Je vous avouerai que ma lecture du premier tome partait mal. Sans spoiler, j’ai trouvé l’entrée en scène du héros, Dash, un peu too much. Une entrée à la western-spaghetti, mais avec beaucoup de sauce. Moins « le bon, la brute et le truand» que « Mon nom est personne », voyez. C’est Henri Fonda contre toute la horde sauvage. Et qui survit ! Remarquez, c’est très joliment mis en scène, rien à dire sur la composition, les ambiances sont très bien posées et éclairées, et le dessin de R.M Guéra est vraiment sensass. (Il va d’ailleurs s’améliorer d’épisode en épisode)
Bon, brefle, je poursuis la lecture, cliff de fin de numéro, pas mal, pas totalement inattendu non plus, mais la tension est bien là.
J’enchaîne sur le 2 et là, tchao les réticences, grand bonheur. Pocahontaas ! comme on dit en Hollande. Il faut bien voir aussi que lorsqu’entre en scène une nana comme Carol, c’est dur de résister. Un personnage aussi fort, qui accroche dès le départ, une femme ambiguë, perverse, amoureuse, parfois les trois à la fois dans le même instant, dont le vécu crève les pages. BON, oui, et un corps magnifiquement charnel aussi, voilà, je l’ai dit.
Dash est employé par le grand manitou de la réserve, Red Crow, qui s’apprête à ouvrir son nouveau casino. Carol est sa fille. La mère de Dash connaît très bien Red Crow. Il y a du passé et du passif entre eux tous. Au fil des zodes, les fils se tissent pour dévoiler une toile complexe qui s’étend 30 ans en arrière. Beaucoup de sang, beaucoup de morts. C’est brut, c’est âpre et rarement mieux que violemment tendre.
Fin du tome 1. Je ne vous dirais pas si elle est bien ou pas. Juste, vous remercierez notre seigneur Jésus-Christ de vous avoir suggéré de prendre le 2 avec.

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Parce que tous ces personnages, on s’y est fort attaché maintenant. Et que le patchouli sioux dans lequel ils sont plongés devient de plus en plus mal fréquenté. Entre en scène, une espèce de dingue tarantinien, un colosse blond qui devient cheval fou dès qu’on dit qu’il n’est pas indien. Et que sort de sa léthargie avec une envie sévère de défourailler, une sorte de shaman à lunettes d'aviateur, un tiers bob dylan, un tiers preacher, le reste chien de prairie.
En fait, sournoisement, l’action s’est déplacée. Nous ne suivons plus Dash, mais le shaman. Puis, un nouveau venu, Dino, un jeune homme désoeuvré de la réserve. A ce moment, la série prend une ampleur nouvelle. Le crime de sang est remplacé par la violence ordinaire de la rue. La drogue, l’ennui, les boulots minables.
Nous suivons Dino encore un peu, et c’est passionnant. Tout commence à vraiment s’interconnecter entre les différentes persos, à intégrer Dino dans la toile. Mais, c’est bientôt la fin. Et alors, là ! Là où c’est très fort et, à la fois, joyeusement sadique de la part de Mr Aaron, c’est que le tome 2 s’arrête exactement pilpoil au même niveau que le 1 ! Vous prononcez le terme « Enculé ! » très distinctement plusieurs fois et vous déchirez votre carte des jeunesses catholiques.

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Bon, eh bien, il n’est pas mal du tout cet arc. Je m’en fous un peu de Vision en réalité. Jamais été fan de l’androïde passe-murailles. Qu’il devienne une poupée Barbie à réaction ne me gêne donc nullement. Et, il faut avouer que sa confrontation avec le méchant docteur Tarlenton est bien menée. La machine, l’homme, qui est le plus humain des deux ? L’homme qui veut devenir machine, la machine qui envie l’homme. La thématique n’a rien de neuf, Asimov en a fait des autoroutes. Mais Mike Carey les emprunte bien. Classique. Et je ne suis pas forcément très fan de ce que fait Brandon Peterson mais ça passe.
En revanche, il serait souhaitable que les éditeurs se mettent un peu d’accord. Dans le prologue en un zode signé Millar et JRjr, Vision se construit un mahousse vaisseau de 250 mètres cube avec toutes les merdes qui traînent dans le labo de Sam Wilson. Mais vraiment toutes. Pas bégueule, la Barbie. Bon, c’est vrai qu’après le bureau est plus propre. Mais, tout de même, pourquoi ne parle-t-on plus de ce vaisseau au début de l’histoire de Carey, et que la Vison, elle part toute seule comme une grande dans l’espace avec ses pieds subphotoniques ? Un truc que j’ai loupé ? Elle a été upgradée entre temps superbarbie ou quoi ?
Sinon, Ultimate Vision, c’est aussi l’acte de naissance, d’un mini MODOK, et ce n’est pas rien.
...

[scarletneedle]

je viens de commander les 2 tpb en quelques clicks...
je suis trop influençable... :huhu:

[gillesC]

Ultimate Modok!
Et ça, on ne le dit pas assez. :oups:

[doop]

Va vraiment falloir que je les prenne ces SCALPED !
:merci:

[gillesC]

[B]Yes![/B]
Et Northlanders aussi. :huhu:

[Tandhruil]

[B]Forgotten Realms: The Legend of Drizzt: Omnibus[/B]
[I]R. A. Salvatore (Auteur), Andrew Dabb (Auteur), Tim Seeley (Illustrations)[/I]
Reprise des 3 TPB Homeland, Exile et Sojourn

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Petit rappel pour ceux qui ne connaîtraient pas Forgotten Realms (Les Royaumes Oubliés). Les Royaumes Oubliés correspondent à un des univers affiliés à Dongeons et Dragons (les jeux de rôle). En gros, il s’agit d’un mélange de l’univers de Tolkien pour le bestiaire (Elfes, Trolls, etc…) et de celui de Moorcock pour la magie (Le multivers, chaque plan correspond à un univers magique).
Bien entendu, le succès des jeux de rôle a entraîné la création de produits dérivés comme les jeux vidéo (Baldur’s Gate et Neverwinter Night sont sans doute les plus connus), et également de romans (parus en France chez Fleuve Noir en 1994).
Si la plupart de ces romans ne sont que des adaptations, souvent pauvres, de parties de jeux de rôle (combien de MJ se sont pris pour des écrivains :roll:), R. A. Salvatore à compris lui que l’intérêt se trouve plutôt du coté du développement du personnage et c’est ainsi qu’il a créé un des personnages les plus célèbres de l’univers D&D, Drizzt Do’Urden.

Le livre en lui-même est d’assez bonne facture (HC relié sur toile), il se compose d’une introduction par R.A. Salvatore qui dit combien il est satisfait de l’adaptation et d’une autre par Ed Greenwood (le créateur des royaumes oubliés) qui explique pourquoi Drizzt est pour lui un personnage important. S’en suit l’histoire décomposée en 9 chapitres (3 par TPB) et d’un récapitulatif des toutes les couvertures (Normal, Variant, TPB). Et enfin on retrouve quelques esquisses.

Si chaque TPB correspond, à peu prêt, à chaque tome de l’auteur (Terre Natale, Terre d’Exile et Terre promise) c’est à mon avis une erreur car la première partie aurait certainement apprécié d’être développé d’avantage. Ca donne l’impression que les événements s’enchaînent sans beaucoup d’explications alors que le roman décortiquait bien toutes les contradictions du (des) personnage(s).

La narration des 2 autres tomes est, en revanche, plus agréable et se rapproche plus de ce que j’avais pu ressentir en lisant les romans.

L’histoire :
Sous la terre se trouve un monde appelé l’Underdark (l’Outreterre). Survivre dans ce monde tiens du miracle, chaque caverne est un danger que ce soit par les monstres que l’on peut croiser ou les pièges de la nature elle-même. Le pire des dangers, c’est celui que représente les Drows (Les Elfes Noirs). Ils sont aussi puissant que les elfes, mais n’ont aucune conscience, leur mode de vie est basé sur la traîtrise et l’assassinat. Ce sont des experts en magie et dans le maniement des armes. Ils vénèrent la déesse Lloth, la déesse araignée qui n’octroie ses faveurs qu’aux plus puissants, aux plus implacables.
L’organisation des Drows ressemble quelque peu à celle des abeilles. La cité où ils vivent, Menzoberranzan, est répartie en famille, ce qui pourrait correspondre à une ruche, chaque famille est dirigée par une matrone (la reine). Seules les femmes ont de la valeur, elles seules disposent des faveurs de la déesse Lloth. Les hommes n’existent que pour se battre ou être sacrifiés.
Chaque famille occupe un rang au sein de la cité et les 8 familles les plus importantes forment un conseil qui dirige la ville.
Alors que la maison Do’Urden est en train de lancer une attaque contre une maison concurrente afin de gravir une place au sein de la hiérarchie, matrone Malice Do’Urden accouche de son 3e fils, qui devra être sacrifié à Lloth. Celui ci s’appellera Drizzt…

Les graphismes :
Alors comment dire, c’est un peu la déception de ce recueil. Non pas, que les dessins soient moches, au contraires, ils sont même plutôt jolis, c’est juste qu’ils sont trop lisses, ils manquent d’âme.
Autre truc, l’artiste à beaucoup de mal à différencier les Drows (en gros ils ressemblent tous à Elric avec la peau noir). Enfin, normalement les Drows sont méchants, or ils ont des visages trop doux, on voit même des sourires, personnellement ça m’a perturbé.

En résumé :
J’avais beaucoup apprécié la trilogie de l’elfe noir en roman, l’adaptation est à la hauteur. Certains pourront arguer qu’elle est trop respectueuse de l’histoire et au final n’apporte pas grand chose, que les états d’âmes des protagonistes ne sont pas assez poussés, mais malgré tout on éprouve un réel plaisir à suivre les aventures de Drizzt et je pense sincèrement que, même ceux qui ne connaissent pas le roman d’origine, y trouveront un réel intérêt (à condition d’aimer la Medieval Fantasy, bien sur).

Un prochain Omnibus doit paraître en juillet, je l’achèterai certainement.

14/20

[Tandhruil]

[I]Written by Mike Carey; Art by Scott Hampton, Chris Weston and James Hodgkins[/I]

[IMG]http://www.dccomics.com/media/product/1/6/1636_180x270.jpg[/IMG]

[B]Sandman presents: Lucifer #1-3 [I]"The Morningstar Option"[/I][/B]
A l’issue de Sandman, La saison des brumes, Lucifer (Morningstar) décide d’abandonner les enfers. Il se rend sur terre et aspire à une retraite bien méritée.
C’est à ce moment que commencent ces histoires qui lui sont dédiées.
Alors qu’il vient d’ouvrir un piano Bar (Lux) à Los Angeles avec Mazikeen une descendante de Lilith. Un ange, Amenadiel, vient l’informer que Dieu souhaite lui confier une mission non officielle. En contre partie, il pourra bénéficier de la récompense de son choix.
Cette mission consiste à se débarrasser de dieux anciens qui pourraient revenir sur terre par le biais d’un jeune amérindien paraplégique.
En contre partie, Lucifer demande un laissé passé vers le paradis.
Contre toute attente, Dieu accepte…

[B]Lucifer #1-3 [I]"A Six-Card Spread"[/I][/B]
Lucifer dispose enfin du précieux pass pour le paradis, toutefois, en tant que maître de la duplicité, il se demande si Dieu ne lui a pas tendu un piège. Aussi décide t’il de consulter un jeu de tarot gardé précieusement par Remiel au fond d’une librairie en Allemagne…

[B]Lucifer #4 [I]"Born with the Dead"[/I][/B]
Une petite histoire qui ressemble beaucoup au 6e sens, très sympa bien qu’anecdotique (pour l’instant ?)

J’ai découvert cette série en lisant les fameuses [URL="http://www.buzzcomics.net/showthread.php?t=21621"]critiques de Virgule[/URL]. En tant que Fan de Sandman, j’étais fortement intrigué et je dois dire que je n’ai pas été déçu !
Autant le dire tout de suite, ces histoires sont une vraie réussite, j’attaque en ce moment le second TP et il démarre aussi très fort.
Attention, même comparé à Sandman, Lucifer s’adresse clairement à un publique Adulte. Une scène entre des Skins et un homosexuel est, par exemple, particulièrement éprouvante.

Du point de vue graphique, la première histoire est superbe, la seconde est également très réussie, dans un style différent mais plutôt joli. La 3e dispose d’un graphisme plus original même si ce n’est pas forcément le style que je préfère.
Dans l’absolu c’est, d’un point de vue personnel, beaucoup plus joli que Sandman (comment ça ce n’est pas difficile ?;)).

Attention, on sent bien que Gaiman contrôle le truc, les histoires s’intègrent parfaitement dans son imaginaire. D’ailleurs cette histoire d’ange est un truc récurrent chez lui (cf Angela dans Spawn, ou quelques nouvelles dans [I]Miroirs et fumée[/I].
C’est marrant, mais je trouve presque que Lucifer est plus intéressant que Sandman. Car, là où Dream se laisse porter par les évènements, l’histoire ici est construite, il y a un but, les évènements s’enchaînent de façon justifiée.

Bref, une vrai réussite qui devrait plaire à tout ceux qui ont apprécié Sandman.

17/20

[HiPs!]

Pfff! Pfffffff! On dépoussière un peu le topic et on avertit que ça spoile.

[IMG]http://i730.photobucket.com/albums/ww309/hips_hips/img19194.jpg[/IMG]

En préambule, je précise de suite que j’aime bien Millar. Ses Ultimates, ses Authority, Wanted, 1985 notamment, m’ont fait passé de très agréables moments de lecture.
Voilà. Ça. C’est fait.


[B]Wolverine, Old Man Logan[/B], donc, fruit de sa nouvelle collaboration avec Steve McNiven après Civil War.

«Je te préviens, je ne sors pas mes griffes»
Nous sommes 50 ans dans le futur. Reconverti Charles Ingalls, Logan a bien du mal à joindre les deux bouts avec sa petite famille, maman wolvie et les deux lardons. C’est que ça bouffe des enfants de mutant! Revêtu du manteau de Clint dans Impitoyable, il parcourt la pampa sur son cheval à la démarche improbable. Oui, Mc Niven a du mal avec les chevales en action, c’est Muybridge qu’on assassine. Heureusement, il y a seulement deux images de canasson pour m’empêcher de trop me moquer. Malheureusement, la plus imposante ouvre la première double du recueil... Pouffer en entamant la lecture d’une histoire qui s’annonce sombre et tragique, ce n’est jamais bon signe.
Et en matière de tragique, on est servi. Ça fait grise mine dans la famille Logan. On ne se marre pas tous les jours. Même qu’à un moment, tellement ils ont du mal et qu’ils crèvent la faim, maman propose de vendre la 360 du petit. «Nous ne vendrons pas les jouets des enfants.» rétorque alors papounet. Alors que c'est vache, il pourrait leur sculpter de bien plus chouettes jouets en bois à ses gosses avec ses gr... Ah, non, c’est vrai «je ne sors plus mes griffes» (pour plus d’effet, à prononcer comme la doublure de stallone dans rambo). C’est l’idée forte du recueil: wolvie ne sort plus ses griffes. Il est impuissant, émasculé, touché dans son essence de bête fauve, dans sa virilité de mouffette des grands espaces. Pourquoi ne les sort-il plus? Quand est-ce que ça va faire SNIKT! de nouveau? deviennent dès lors les deux interrogations principales de cette version aftermath des aventures du canadien bourru. Et râblé. Et je remercie au passage les auteurs d’avoir respecté les proportions byrnesques et pas hughjackmanesques. Mon Wolverine, je l’aime petit et teigneux. Comme quoi, les mouffettes c’est moins dur à dessiner que les bourrins.

«Je te préviens, je ne sors pas mes griffes»
Pour vous dire à quel point c’est la dèche, wolvie parait soixante piges bien tassés. En deux siècles et demi, après deux guerres mondiales, 28765 combats, 657 confrontations inter-mutants et presque autant humains-mutants, et je ne compte pas les fois où il a cramé au 36è degré en frôlant l’astre solaire, ni celle où il s’est retrouvé réduit à un tas d’os minus une cellule de tissu épithélial anal, il s’en était toujours sorti comme une fleur. Trois jours d’arrêt de travail maximum et, hop, frais comme la rosée qu’il était.
Et là, en même pas deux générations, d’un coup pouf!, le coup de vieux. On ne sait pas pourquoi, les soucis peut-être ou un régime trop riche en topinambours. Les cheveux blancs, des rides aussi profondes que la raie du cul à Guy Carlier et des yeux en permanence noyés d’une infinie tristesse que ne cesse de remplir la vision quotidienne d’une famille famélique et miséreuse. Et triste. Mais triste. De surcroit, il se fait systématiquement tatanner la gueule tous les mois pour retard de loyer par des rejetons dégénérés de Hulk. Et il se laisse faire. Pourquoi? Pourquoi? Parce que... «je ne sors plus mes griffes». Voilà, c’est bien, ça commence à rentrer.
Par la suite, occasion lui est donnée de s’évader en week-end avec son pote Hawkeye. Rare survivant de l’apocalypse (causée par une coalition entre méchants, Millar est pour l'auto-recyclage et le développement durable d'idées croupies, on peut saluer l'effort), Clint est tout vieux et il est aveugle. Après Eastwood, rambo, mad max, un petit tour chez Zatoichi. Pourquoi pas. Il est permis de manger à tous les râteliers du moment qu’on laisse les lieux dans l’état où ils étaient quand on est arrivé. C’est cool d’emprunter les voies du genre, western, chambara, aftermath, etc...mais j’estime qu’il faut en respecter un minimum les codes. C’est pas une fosse d’aisance non plus.
Or, il est tellement balaise le gars Clint, un humain normal je le rappelle, qu’il arrive à conduire sa jeep tout seul. A un moment, j’ai cru qu’il faisait ça en laissant la main à l’extérieur pour «lire» sur la route. Même pas. Balaise. Il aurait pu filer de cours de non-voyance à DD si celui-ci ne se faisait pas dévorer deux chapitres plus loin par un vélociraptor furieux de n’avoir rien trouvé à béqueter dans le crâne de Frank Castle.
Pour contrebalancer cette idée ridicule, sa jeep à Clint, c’est la spider-buggy et j’ai quand même trouvé ça hyyyyyyper cool comme trouvaille. Avec le petit frisson du geek à qui on fait renifler un vieux [I]Strange[/I], voyez.
En fait, les deux compères partent en mission livrer un truc. Bon, dès le départ, c’est évident que c’est un «MacGuffin», un prétexte. Et, là revoyez la moitié des Hitchcock. Le MacGuffin est un objet de toutes les convoitises mais qui n’est jamais employé que dans ce but. Ici, ça ne déroge pas à la règle.
Sauf que, pour le coup, et tant qu’à mettre un petit coup de canif au genre, on aurait vraiment bien aimé que ça serve à quelque chose. Parce que, le MacGuffin en question, c’est une mallette remplie de sérum du super-soldat. Non, mais vous vous rendez compte du potentiel démentiel du truc? 99 dosettes de sérum de super-soldat. Dévoilés durant la grosse baston contre l’un des deux méchants du bouquin. Wolverine contre tous les chacals, aventurier contre tous guerriers. Un seul contre tous. Et, ÇA NE SERT À RIEN. Non, franchement, y a des coups de pied au cul qui se perdent. Presque une insulte au lecteur.

«Je te préviens, je ne sors pas ma bite.»
À propos de noms d’oiseaux, une scène très drôle autant que ridicule si ce n’est embarrassante survient au deux-tiers du périple. Rappel des faits: Wolvie ne veut plus se battre, juste servir de co-pilote à Hawkeye (...). Il ne sort plus ses griffes gnia gnia gnia. Même quand son pote non-voyant se retrouve avec un couteau suisse contre vingt gardes armés jusqu’aux dents, il le laisse se démerder tout seul. Et ce n’est pas avec ses griffes qu’il décapite le méchant mais avec le bouclier de cap. Oui, c’est pas pareil. C’est moins personnel comme acte de boucherie extrême...
Devant cette ténacité à ne pas vouloir sortir ses griffes, certains pourraient dire de wolvie qu’il boude. D'autres, que Millar est fort pour trouver des concepts originaux mais qu'il n'arrive pas à les tenir plus de 40 pages sans que ça parte en sucette.
Donc celui qui est ze "best at what he does" ne le fait pas durant trois numéros et demi...
Hé bien, la scène durant laquelle survient le moment si attendu où la colère légendaire de Wolvie gronde de nouveau, c’est quand il se fait traiter de gonzesse dans un bar alors que Clint lui met un bras sur l'épaule ! Entre parenthèses, un rade redneck où ce genre de plaisanterie constitue le hobby habituel quand il n’y a pas un noir qui traîne dans le coin. Mais, il faut dire que Wolvie n’a jamais de sa vie fréquenté les bars, il n’a pas l’habitude de ce genre de réflexion... Ou, alors il est homophobe, j’hésite.

Maintenant, ça ne serait pas si surprenant que cela. Ca compenserait l’absence totale de blague anti-français dans ce recueil.

Au final, une bédé qui se lit très bien, comme souvent chez Millar. C’est rythmé, très con, y a du sang, des tripes, du démembrement, un éventrement [I]in corpore[/I]-ce qui est rare- et des moments épiques qui tournent en eau de boudin. Pour vous dire que, niveau viscères, on est servi. Et McNiven s’en donne à coeur joie. La tripe, il aime ça. Il en met partout. A part son petit problème de biomécanique équine, il livre un travail clair, fluide et très dynamique. Et sanglant. Avec du sang.

Le conseil boursier de Jean-Pierre Gaillard: n’investissez-pas dedans plus de 7,90 euros.

[doop]

génial!

[PSYCHO PIRATE]

Gloire à Millar et à son copain sans lesquels jamais on aurait pu lire cette tuerie de critique !

[Ivan Rebroff]

Je crois avoir aperçu une référence à Indochine. Tu ne nous dit pas s'il y a des blagues scatophiles? Si le récit en est dénué, il perd tout son intérêt commercial à mes yeux.

[Hilarion]

Je dois être un gros pervers, tu m'as donné envie de le lire!:p

[scarletneedle]

Pareil alors que j'ai trouvé cela très bof

[Lazy]

:D Excellent...
Il ne me reste plus qu'à trouver où ils le vendent à 7,90 euros.

[gillesC]

[QUOTE=HiPs!;996890]
Au final, une bédé qui se lit très bien, comme souvent chez Millar. C’est rythmé, très con, y a du sang, des tripes, du démembrement, un éventrement [I]in corpore[/I]-ce qui est rare- et des moments épiques qui tournent en eau de boudin. Pour vous dire que, niveau viscères, on est servi. Et McNiven s’en donne à coeur joie. La tripe, il aime ça. Il en met partout. A part son petit problème de biomécanique équine, il livre un travail clair, fluide et très dynamique. Et sanglant. Avec du sang.
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Que l'on aime ou pas, tout le monde est assez d'accord avec ça, non? ;)