Les zombis d'août, vous les aimez au Moyen Âge.

[Deadpoule]

Thoor :

J'adore ton texte ! C'est mon préféré jusque là
Ca glisse tout seul, comme une lame de fleuret dans le torse cramoisi d'un zomzom !
Que du bonheur !
Le ton est juste, sobre, ce qui le rend encore plus efficace. Fatal même !
Et quelle conclusion !

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Diablowagner :

Excellent texte ! Un vrai survival à la sauce moyen-âge ! Félicitations
Tout comme les films de Romero ou des romans tels que celui de Andrevon nous montraient le déclin de la société face aux zombies, ton texte en fait de même mais 1000 ans en arrière ! J'ai vraiment apprécié et dévoré ce petit bout qui a un goût de trop peu !

"Il espérait qu'au moins la mort lui apporterait un peu de réconfort..."
Ou tout du moins, un "second souffle" :twisted:

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Althéa :

Déjà :

"Il ne croisa pas âme qui vive, ni même vivant sans âme sur le chemin du retour."

C'est bôôôôôô !!!

Alors encore un texte tout à fait dans le ton de l'époque ! C'est bien écrit, avec le vocabulaire adéquate ! Bref, ça le fait !
L'idée d'introduire l'horreur avec un loup est excellente ! Ca détourne l'attention du lecteur qui ne s'attend pas forcément à l'intrusion de bon vrais zombies "humains" dans le récit (du moins c'est l'effet que ça m'a fait ^^) C'est vraiment très bon !
Et puis, je ne m'attendais pas à ce qui est arrivé à la fin ! C'est ignoble, de mauvais goût et terriblement grinçant ! En clair, j'adhère totalement !
Bien joué !
Et ce qui est super terrible aussi, c'est cette personnification des zombies, cet état enfantin dans lequel ils sont plongés. C'est GENIAL ! Ca les humanise de manière très ambiguë, c'est bancal, malsain. On aurait presque pitié pour eux comme le héros, mais on n'oublie pas pour autant que ce sont des monstres... Oui, mais comme des gosses, bordel ! BRAVO !

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Steuf :

Encore un Jehan ??! Dingue !!
Bon après lecture, je suis comme tout le monde ici-bas : la suiiiiite !
Pour l'instant le récit est somme toute assez formel, habituel : le héros mène une vie pépère, puis il y a un zombie, puis c'est l'horreur. Il n'y a pas vraiment de surprise, ou de retournement de situation inattendu. Et c'est normal : tous les autres textes sont des nouvelles avec un début et une fin. De ce fait, tout les éléments pour provoquer la surprise, le dégoût, la peur, sont là, condensés en quelques lignes.
C'est je pense la seule chose qui manque à cet extrait, dénué de son contexte, qui je le pense, doit donner tout son poids à ton récit

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Hips !

Récit super cool, comme d'habitude avec toi. Je suis jamais déçu quand c'est toi qui prend le mic ! XD
L'idée de centrer le récit sur un zomzom est excellente ! Quelle surprise quand l'on se rend compte de ce petit détail !
Et j'adore sa manière de penser, ses tournures de phrases. Bien géré tout ça !
Puis cette technique de lancer des zomzom sur les forteresses ennemies, c'est excellent !
Non, vraiment, j'adhère à la touche de folie qui se cache (à peine) dans cette histoire !

Dommage que je ne suis pas plus inspiré par le moyen-âge moa... J'avais bien envie de faire un texte avec des vikings mais je suis en panne d'inspiration

[Althéa]

Merci infiniment, c'est très engourageant tout ça!

Dommage qu'on ne te lise pas... Avec des vikings ça m'aurait b beaucoup plu

[gorlab]

Et de toute manière on a dit au Moyen Age mais sans préciser le lieu...
donc tes Vikings auraient eu leurs places

[Althéa]

Allé hop t'as plus qu'a t'y mettre !

[Deadpoule]

	Citation:			Posté par gorlab
	Et de toute manière on a dit au Moyen Age mais sans préciser le lieu... donc tes Vikings auraient eu leurs places

Spa le soucis, mais comme je le disais à Althéa en MP, j'ai pas cette petite étincelle décalée qui fait que j'ai une idée qui me plait qui fait que je vais aimer ce que je vais écrire... J'ai que du banal en tête... Donc je vais me contenter de vous dévorer

[Deadpoule]

Sous les encouragements d'Althéa :

	Citation:
	Le gros barbare rentre dans la mélée et sort son gros glaive de macho pour trancher du zombie... Et après heu... il pille le village et heu... il viole un des cadavres ambulants... (Bah ouais c'est un barbare !) Puis il pète et, heu... il va tuer des zombies dans le village d'à côté ! (y parait qu'ils ont du vin là-bas !)

[Althéa]

[grogramane]

ça c'est du Groo!

[gorlab]

	Citation:			Posté par Deadpoule
	Sous les encouragements d'Althéa :

manque de filles peu vétues quand même..

[Althéa]

Tu m'as prise pour un tromblon mal fagoté ou quoi?

[gorlab]

[Althéa]

Ben ouai mais aussi après m'être fait traiter de Pouffy Cat Doll je vois le mal partout moi !

[Thoor]

	Citation:			Posté par Deadpoule
	Sous les encouragements d'Althéa : +texte

Au fou



Bon ben voila, qu'en dire............ ha si trop court

[Deadpoule]

Que veux-tu... la censure, la censure...

[Ben Wawe]

Après mon exam' de hier, je me suis lancé sur cette idée que j'avais mais que je ne pouvais écrire par manque de temps. C'est désormais fait, même si avec retard.

Le chemin de la croix.

Son bouclier écrase le crâne de son adversaire de droite, le sang et la cervelle s'ajoutant à ceux qui le salissent déjà. Son épée vient couper en deux le corps impie qui se lève entre lui et et sa lance. Des mains putrides et inhumaines viennent s'acharner contre son armure pour le retenir, mais il passe. Dans un geste de désespoir, il s'arrache aux étreintes pour récupérer son arme et s'en servir pour faire tomber ses ennemis.
Ils tombent, cela fonctionne. Pendant quelques secondes, il a un répît - quelques secondes seulement. Il est Jean de Saint-Pierre et il est le dernier homme sur Terre.

Les créatures se relèvent, la bave aux lèvres. Cela fait des jours qu'il combat, sans s'arrêter, ces immondes bêtes nées de l'Enfer. Il ne sait pas ce que c'est. Il ne sait pas d'où elles viennent. Il sait juste qu'une semaine auparavant, il était encore chevalier à la Cour de Bretagne et avait un statut que d'aucun jugerait d'intéressant. Il était apprécié du Duc et pouvait espérer mariage avec la fille de l'une de ses cousines. Oui ; une semaine plus tôt, le monde n'était pas encore devenu fou.

D'un coup de lance, il fait tomber un des êtres qui veut sa mort. Il sait qu'il n'a que peu de temps avant que les autres ne fassent de même : il doit retrouver sa monture. Il a tenté une échappée loin du château pour trouver des vivres, mais il comprend maintenant que c'est une erreur. Plus rien ne peut être sauvé.

A nouveau, les horreurs se jettent sur lui : elles se sont relevées plus vite que prévu. Ou alors la fatigue fait baisser son attention. Dans les deux cas, Jean sait que sa fin est proche s'il continue ainsi. S'il a survécu jusque là, c'est surtout grâce à la Divine Providence mais aussi par la grâce de son activité physique et de ses talents de combattants. Il est parvenu à survivre aux batailles où sont morts les Grands des Grands. Il se demande encore si cela est une bénédiction ou une malédiction.

Les créatures tentent d’enlever son heaume mais sa fidèle épée les coupent en morceaux. Ils sont lents, peu intelligents mais tenaces. Ils ne craignent ni douleur, ni fatigue : ils se tuent littéralement à la tâche. Jusqu'à maintenant, Jean n'avait jamais vu pareille ardeur au combat. Même les Saxons ne sont pas aussi savages...même eux ne pourraient faire tout ce qu'il a vu.
Que Dieu protège son âme : pourra-t-il jamais espéré l'absolution pour tout cela ? Est-ce une épreuve que Dieu lui envoie ? Il n'en sait rien, il n'a pas encore eu le temps d'y penser. Ses journées se résument à des combats et à l'attente d'un bruit étrange qui éveillerait sa combativité. Il a l'impression que les jours sont devenus des semaines mais il ne peut y penser. Réfléchir fait décroître sa force et sa réussite.

Avec les forces qui lui restent, Jean se met à courir mais il sent qu'il ne parviendra pas à tenir le rythme longtemps. Fatigue ? Lassitude ? Certainement, mais comment pourrait-il faire autrement ? Il a passé plus de batailles que certains vieux guerriers de la Cour qui se permettent de lui donner des conseils, il ne semble pas démesuré qu'il soit usé. Enfin...les vieux guerriers se permettaient de faire cela - avant. Ils ne sont logiquement plus là.

Son armure le ralentit, son épée lui créé une charge et il doit abandonner sa lance. Son bouclier frotte contre sa jambe et l'irrite. Il a mal, il n'arrive pas bien à respirer. Son destrier doit être derrière la colline, mais il n'a pas besoin de se retourner pour savoir que ses adversaires sont là, tout près.
Il ne sait pas combien ils sont mais il a l'impression que leur nombre ne décroît jamais. Quoiqu'il fasse, quelque peu manière qu'il trouve pour les tuer, il en viendra toujours d'autres. Jean pourrait désespérer et décider de rester au château en attendant le trépas, mais il ne peut accepter une telle attitude. Il sait que certains ont agi de même et il a même été le témoin de morts "provoquées", mais il n'est point ainsi. Il est chevalier, si tant est que cela veut encore dire quelque chose. Les mots "vérité", "justice" et "foi" veulent encore dire quelque chose, même s'il est le dernier à s'en rappeler.

Oui, Jean considère qu'il incarne un idéal qu'il a embrassé et qu'il ne peut quitter. Il ne peut décemment laisser ces rebus de l'enfer vaincre et emporter sa dépouille pour leurs odieuses besognes sans leur opposer la plus grande résistance possible. Il n'est peut-être né que de vassal ravalé aux bas privilèges, il n'a peut-être pas droit aux mêmes avantages que ses cousins plus aisés, mais lui au moins ne se laissera pas faire. Jamais...même si la tentation demeure lourde dans les coins sombres de son âme convoités par le Malin.

Enfin, il parvient à la colline mais sent sur son cou la fètide haleine d'un des monstres. De suite après, des mains inhumaines tombent sur lui et tentent de l'arrêter. Il sait que s'il se laisse faire ou hésite, d'autres les rejoindront et qu'il ne pourra y échapper. Ici et maintenant se joue son destin...et celui de Blanche. Il ne peut l'abandonner.
En bas, il voit son destrier est encore attaché à l'arbre - encore intact, miraculeusement. Sans y réfléchir vraiment, Jean décide se laisser tomber et de rouler le long de la pente. Il sait qu'il peut se faire mal avec son épée et son bouclier, sans compter son armure terriblement lourde, mais il ne peut agir autrement. Les créatures semblent avoir du mal avec leurs gestes : mêmes si elles ne peuvent se fatiguer - ou du moins en ressentir les âffres - elles ne sont pas à l'aise avec leurs actes. Il compte en profiter.

Pendant quelques instants, Jean ne sait pas ce qu'il se passe : il roule, encore et encore, sentant son heaume lui pénétrer la chair de la nuque et son bouclier irriter sa jambe tandis que les horreurs hurlent - comme toujours. La nuit, leurs cris sont pires que tout dans le château ; les savoir si près et les entendre ainsi est presque pire que les affronter directement. Presque.

Finalement, la chute s'arrête et il n'attend même pas de remettre sa visière devant ses yeux pour se relever. Par réflexe et désespoir, il use de son épée qu'il tenait encore dans sa main malgré tout pour frapper autour de lui, au hasard ; évidemment, la lame rencontre des chairs putrides et les coupe comme à chaque fois. Il se permet alors de voir à nouveau et remarque que les horreurs sont encore couchées pour la plupart, mais que déjà elles se relèvent. Il n'a que quelques instants pour fuir ; cela devrait suffir.

Sans achever ces monstres, il se précipite sur son destrier, saute dessus et lui hurle de fuir. La bête, terrifiée, tire sur la corde qu'il coupe d'un geste rageur et les deux êtres vivants et sains s'échappent de ce lieu maudit alors que les créatures tentent de les poursuivre. Jean sait qu'elles ne pourront les arrêter, mais il ne peut s'empêcher de jeter un regard en arrière pour s'en assurer.
Il entrevoit alors le Duc de Bretagne, sa main coupée et sa mâchoire brisée par ses coups de bouclier, essayer encore de le stopper pour lui faire subir mille douleurs. Encore une fois, il voit un proche dans ses ennemis ; encore une fois, son coeur est brisé.

Jean ne sait d'où viennent ces monstres : ils sont apparus comme si ils sortaient de l'Enfer et nul n'a de réelle vérité dessus. Tout ce que l'on sait, c'est qu'ils parlent peu et font des atrocités aux malheureux qui subissent la défaite face à eux. La première attaque coûta la moitié de l'armée du Duc, et les messagers pouvant encore passés entre les lignes annoncèrent que les autres territoires subissaient le même sort. Le Duc avait décidé de se concentrer sur son propre sort alors que le Roi tentait de lever une armée, et Jean ne peut que lui donner raison.
Même s'il aurait été plus noble et chevaleresque de guerroyer sous le blason royal, le Duc se devait à son peuple avant tout : lui devait être protégé en premier. Et puis, n'ayant reçu aucune aide de la part du Roi lui-même, cela ne peut qu'annoncer sa défaite. Et ce n'est pas avec la moitié d'armée du Duc que la balance aurait pu être changée.

La seconde attaque pris encore la moitié des troupes restantes, et cela ne faisait que trois jours depuis l'apparition des horreurs. Jean a du mal à croire que tout cela s'est passé une semaine plus tôt et que quatre jours auparavant, ses amis étaient encore là, avec lui. Les combats sont devenus alors plus violents et plus insensés : l'armée n'existait plus, le Duc lui-même ne savait plus quoi faire. La tactique avait désertée les esprits pour laisser la place à la rage du coeur. Les efforts étaient désordonnés, pâteaux et sans technique, mais ils étaient au moins vrais. Cela ne suffit pas pour sauver les âmes de ses compagnons.

Auparavant, Jean était très croyant...mais il ne sait plus maintenant. Dieu existe, il ne peut le nier, mais pourquoi fait-il cela ? Il s'agit d'une épreuve, cela est évident, mais s'il désire que l'Homme la passe, il faut lui donner les moyens nécessaires. Or, il est clair que ces ennemis ne peuvent être vaincus par les moyens connus par l'Homme. Est-ce à dire que Dieu n'a rien prévu pour sauver Sa Création ? Est-ce à dire qu'il a décidé de laisser Ses Fils disparaître ?
N'est-il pas Compassion ? N'est-il pas Amour ? Les compagnons de Jean ont combattu autant qu'ils l'ont pu mais ont cédé. Lui-même ne pourra continuer éternellement. Qu'en sera-t-il alors ? Quel sera le destin du monde...s'il en reste un ?

Jean ne sait pas...il ne sait plus. Il était parmi les plus croyants mais il se demande si Dieu est vraiment Amour s'il laisse Ses Enfants subir une telle foudre sans les aider. Evidemment, il s'agit d'un blasphème, mais comment songer à autre chose ? Cette terre était pieuse et emplie de vide ; désormais, elle ne contient que des créatures vicieuses et hérétiques. L'Enfer s'est établi sur Terre et le Paradis semble bien loin.

Oui, le chevalier est perdu mais il continue de faire galoper sa monture pour rejoindre le château, symbolisé par la Croix du Christ que le Duc avait fait installé et...Blanche. Il est peut-être le dernier homme sur Terre, mais il doit encore protéger la dernière femme...ou au moins fille. Il s'agit de la plus jeune cousine du Duc, de dix printemps seulement.
Après la dernière bataille, quand le gros des forces ennemies a écrasé le château, massacré ses occupants et est partie pour d'autres conquêtes, Jean est sorti des décombres. Il ne sait pourquoi et comment il n'a pu être dévoré ou emmené, mais les créatures ne l'ont pas vu ou n'ont pas fait attention à lui. Il a alors tenté de trouver quelconque trace de vie et a découvert la petite Blanche, perdue dans le système d'égoût du château ; elle y était tombée lors de l'attaque et avait perdu conscience, jusqu'à se réveiller quelques heures après la bataille. Comme lui, elle avait eu de la chance et il s'était alors engagé à la protéger.

Malheureusement, Jean avait alors passé une épreuve des plus difficiles et ne pouvait se rendre compte de l'état de l'enfant lors de sa sortie. Il est un habitué des combats et des massacres, et ne pensa pas que Blanche avait été éloignée de toutes ces horreurs. Dès qu'il la libéra de sa prise de pierre et de canalisations, elle posa ses yeux de jouvencelle sur la grande Croix jadis postée sur la Haute Tour et désormais abandonnée devant le pont-levis, sur les corps sans vie jonchant le château, dévorés ou mutilés. Depuis, l'innocence les a quitté - à jamais.

Elle ne parle, met de la difficulté à se nourrir - elle ne mange plus en fait. Elle fait signe qu'elle n'a plus goût à rien, n'apprécier aucune nourriture. Mais il doit la rejoindre. Il a tenté de trouver des vivres mais a encore quelques rations dans le garde-manger. Cela était supposé être pour lui pour l'expédition du lendemain, mais qu'importe : il pourrait s'en passer. Il est plus fort qu'elle.

La route est longue et fatiguante jusqu'à la Croix, qui représente le repos et la paix ; malheureusement, cela demeure ses seules fonctions. En fait, Jean est lassé : sans cesse, tous les jours, il combat ces atrocités et sait que l'espoir est mort. Aucun messager n'est arrivé et il a suffisamment affronté ces monstres pour savoir que rien ne peut être durablement fait contre eux. Ils peuvent mourir mais ils sont les combattants ultimes : rien ne peut les arrêter avant leur trépas.
Ils ne craignent rien, ne veulent rien d'autre que la Mort et la Destruction. Ce sont des chiens de l'Enfer, des démons et les prêtres n'ont rien pu faire contre eux. L'Homme affronte là un ennemi qui le dépasse ; si cela est une épreuve, comme il l'a pensé, Dieu a vu ici trop grand. Ses Fils ne sont pas à la hauteur.

Jean pourrait abandonner mais il a juré de protéger Blanche et continuera aussi longtemps qu'elle aura besoin de lui. Il veut la faire manger, il veut la faire parler : il veut la faire vivre. Il a fauté, il doit réparer son erreur. Et si, pour cela, il doit affronter les Légions de l'Enfer, il est prêt pour ce combat - son dernier, peut-être.

Il est usé et n'ose s'avouer qu'il n'a plus la foi, mais il est chevalier et tiendra parole. Il arrive près du château et sait qu'il pourra goûter quelque peu repos...une heure, peut-être plus. Il est parvenu à fortifier le château et lui seul sait par quelques chemins cachés passer. Les créatures ne sont pas suffisamment sensées pour éventer son stratagème et s'acharnent à frapper la porte du pont-levis ; et vu que le gros de leur troupe est parti, il a encore du temps avant qu'elle ne cède.

Il fait nuit, déjà. Jean se dépêche de passer aussi loin que possible du "camp" ennemi, qui ressemble plus à un bête endroit où les horreurs restent là, sans rien faire, attendant de partir en "ronde" quelques fois par jour. Il ne les comprend pas et ne veut pas les comprendre : elles infectent les êtres et les changent. Elles doivent disparaître, ces monstruosités issues du Malin.
Rapidement, il passe par son "passage secret", laisse sa monture dans le système d'égoûts et parvient dans la salle du Duc par quelqu'escalier secondaire caché. Etonnamment, il n'a pas rencontré d'opposition ou n'a pas entendu de cri. En temps normal, il aurait trouvé cela étrange et aurait été sur ses gardes ; malheureusement, Jean est fatigué, lassé et en perte de confiance : il songe à autre chose et ne remarque pas cela suffisamment. Il pense à l'épreuve envoyée par Dieu, pas à celle qu'il doit affronter.

Sans qu'il s'en doute ou le remarque, le chevalier sent un poids immense sur son dos et tombe. L'haleine fêtide des créatures lui empli le visage et ses yeux réflètent sa terreur, sous son armure. Il sait que les abominations sont là, sur lui, et il les sent déjà en train d'arracher son heaume. Il ne parvient pas à porter la main à son épée et son bouclier a déjà été ôté.

Il entend les créatures hurler et claquer des dents. Jean essaye de se débattre mais déjà les mâchoires se referment sur ses bras, son cou, ses cuisses. Il se met aussi à hurler, mais de douleur et de désespoir. Il a mal, terriblement mal et sent un poison se répandre dans ses veines.
Les horreurs finissent d'arracher ses protections et elles sont trop nombreuses pour qu'il fasse quelque chose. Il sent sa chair être arrachée, son sang être sucé et il ne peut rien y faire. On le dévore et il n'a aucun moyen de s'enfuir. Son cauchemar est infini et inimaginable.

Néanmoins, sa noblesse d'âme apparaît encore au moment de son trépas : alors que son corps devient dîner, alors que son âme est violée par l'attitude impie de ces abominations, il pense encore à Blanche et pleure de savoir qu'elle subira bientôt le même sort. Il avait promis de lui éviter cela, et il ne peut accepter d'échouer. Blanche ne mérite pas ça.

Même si son bras a déjà disparu, même si la douleur est monstrueuse et que le poison vient à son esprit (il ne sait ce que c'est mais sent au plus profond de lui que quelque chose s'incruste en lui, quelque chose de Mauvais...et il ne supporte pas cela), il tente de se retourner, de faire tomber ses adversaires. Il doit sauver Blanche. Il doit se battre pour la sauver.

Malheureusement, comment faire à sa place ? Il n'est plus que chair et sang désunis, muscles et vaisseaux tranchés par des dents abominables. Tout ce qu'il parvient à faire, c'est retourner sa tête au profit d'un effort des plus violents. Il veut se battre, il veut se dégager, il veut sauver Blan...

"Hum."

Ses yeux, tétanisés, sont désormais paralysés. Les créatures s'attaquent à son cou mais ce n'est pas seulement parce que son cerveau n'est plus irrigué en sang que sa vision est fixée sur l'abomination qui lui arrache les côtes pour en sucer la chair. C'est parce qu'il la reconnaît.

"Bon."

Blanche. C'est Blanche.

"Bon manger."