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  #16  
Vieux 07/04/2009, 14h55
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pris aussi (vous m'avez tenté!), bon moment comme vous tous, fin expédié trop rapidement etc... mais surtout, surtout, le cadavre zombie de Gustave Eiffel!! Mouah ah ah!!
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  #17  
Vieux 07/04/2009, 14h58
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Bon, je prendrai ce week-end...
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  #18  
Vieux 09/04/2009, 14h49
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Je n'avais découvert la série que par Comic Box, en me disant : pourquoi pas?
Mais après vos critiques, je suis décidé à m'y mettre. Pour info, Mark Bomback (Constantine, Die Hard 4) écrit l'adaptation ciné, ça risque d'être assez peu subtil vu son historique...

Dernière modification par Aymeric ; 11/04/2009 à 21h24. Motif: ajout de signature
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  #19  
Vieux 20/04/2009, 15h14
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Critique : BATMAN EGO / CATWOMAN LE GROS COUP DE SELINA, de Darwyn Cooke



Après le choc que constitue la lecture de la série La Nouvelle Frontière, Darwyn Cooke devient pour le lecteur un sujet délicat : on a à la fois l'envie de se précipiter sur ses autres oeuvres tout en craignant qu'elles ne soient pas à la hauteur. Visiblement, Paninicomics a choisi de jouer sur les échos très favorables des ouvrages précités pour publier cet album curieusement conçu puisqu'il rassemble deux récits complets, réalisés avec plusieurs années d'écart, aux qualités différentes, comme pour profiter d'un filon plutôt que pour proposer un produit cohérent.

Ce receuil, vendu en hardcover (alors que The New Frontier était en soft...), surfe à l'évidence sur le succès énorme du film Dark Knight de Christopher Nolan, sorti l'an dernier, mettant en avant Batman alors que Catwoman est la vraie vedette du livre. Décidèment, la politique éditoriale de Panini avec les titres DC Comics ne cessera jamais de nous surprendre, que ce soit en kiosque ou en librairie... D'autant que, pour ce prix-là, point de bonus ni même de préface !

Analysons donc séparèment les deux histoires.


Batman Ego : Qu'est-ce que ça raconte ?
D'emblée, ça n'a rien à voir avec une aven­ture classique du chevalier noir : après avoir été té­moin du sui­cide d'un mal­frat, le justicier de Gotham se réfugie dans sa Batcave et se trouve littéralement face à son démon intérieur, sa conscience. S'ensuit un long dialogue entre cette apparition et Bruce Wayne sur son enfance, la perte de ses parents (assassinés, on le sait, par un minable voleur), sa décision de les venger et de combattre le crime, le choix de ne pas exécuter les malfrats les plus dangereux (comme le Joker) au risque de provoquer d'autres crimes...

Batman Ego : Qu'est-ce que ça vaut ?
Cette confrontation entre Batman et son double intérieur est une déception, autant être franc et rapide. Le sujet n'est déjà pas ré­vo­lu­tion­naire, d'autres auteurs l'ont abordé sous bien des angles et avec plus d'originalité. On a le sentiment que Cooke ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes, comme par exemple que le Joker est l'antithèse de ce que représente Bat­man (l'anarchie démentielle et meurtrière contre l'obsession de la justice), ou que Double-Face incarne ce que le chevalier noir pourrait devenir (un maniaque voulant faire appliquer la loi dde manière expéditive)...
Pire encore, l'auteur revient sur l'inspiration originelle de Batman : Zorro, défenseur dde la veuve et l'orphelin dont il vit un film avant le décés de ses parents. Redîte là encore, puisque cette référence a maintes fois été employée dans des récits bien plus puissants (comme le Dark Knight returns de Frank Miller ou Arkham Asylum de Grant Morrison et Dave McKean).
On n'est donc pas convaincu par le traitement du scénario, qui ne nous apprend rien qu'on ne sache déjà, ne nous émeut pas davantage, ne nous trouble point.
Graphiquement, Cooke est un peu en roue libre. Certaines planches retrouvent la fulgurance de ce qu'il a pu faire dans La Nouvelle Frontière, mais trop inégalement pour rattraper ce qu'il raconte. Le style "cartoony" de l'artiste ne convient pas vraiment pour nous effrayer ou nous déranger : on a le sentiment de lire un storyboard certes soigné mais décalé par rapport à l'ambiance que le récit veut installer. Il eût fallu une imagerie dont la stylisation soit plus choquante pour arriver à un résultat digne de qu'on prétendait nous révèler.
Dans son hors-série n°2, Comic Box (sous titré) Noir offrait un one-shot de 12 planches intitulé Déjà vu où Cooke revisitait déjà les origines de Batman à travers le meurtre des parents d'un garçon dont il finissait par capturer les auteurs, au terme dd'une haletante course-poursuite. Le résultat était nettement plus probant et dense qu'ici - et sans doute Panini (également diffuseur du magazine) aurait pu inclure cet épisode à l'album pour permettre aux lecteurs d'en mesurer la différence...


Catwoman - Le gros coup de Selina : Qu'est-ce que ça raconte ?
Après un cambriolage foireux à l'étranger (le butin s'est avéré une babiole sans valeur), Selina Kyle alias Catwoman rentre à Gotham avec l'intention de se faire oublier. Mais lorsqu'un gros coup se présente, la voleuse saute sur l'occasion. Problèmes : l'opération est périlleuse (la mafia est impliquée), son indic' va être démasqué, et elle doit demander le renfort d'un ancien amant pour parvenir à ses fins...

Catwoman - Le gros coup de Selina : Qu'est-ce que ça vaut ?
Après l'échec de Batman Ego, honnêtement, on n'en at­ten­dait pas grand'chose de cette autre aventure, réalisée bien avant (et publiée une première fois en vf par Semic). Pourtant, sans sauver complètement les meubles, on est positivement surpris.
Déjà, gra­phi­que­ment, le style de Cooke est nettement plus enlevé : encré intégralement au pinceau (!), on est loin des comics lambda. Le découpage est également de premier ordre : on retrouve avec bonheur le storyteller alerte de La Nouvelle Frontière, avec cette alternance décapante de plans serrés et plus larges qui donne un rythme échevelé à l'action.
Néanmoins, ne nous méprenons pas : d'une part, il s'agit moins d'un comic-book super-héroïque que d'un polar, et d'autre part, ce n'est pas non plus un chef-d'oeuvre. Rétrospectivement, le plus troublant dans ce projet est son influence indiscutable avec les romans de Donald Westlake /Richard Stark. "Troublant", pourquoi ? Parce que, justement, Cooke sortira bientôt l'adaptation en BD de Parker, créé par Westlake / Stark. On touve ici les ingrédients typiques du romancier : la relation d'un casse a priori impossible, un casting de gueules cassées au passé chargé et aux rapports ambigüs, une succession de rebondissements haletants, et un dénouement dramatique qui tranche avec la pure efficacité qui a précédé, comme un couperet symbolique de la fatalité qui colle aux gangsters.
Avoir mixé ce pur cocktail de série noire avec une héroïne de comic-book est déroutant, mais fonctionne bien contre toute attente. Mais il aboutit aussi à une frustration : l'amateur de polars s'interrogera sur l'évocation de Catwoman dans un univers qui s'en passe fort bien, le lecteur de comics se demandera un peu à quoi tout ça rime puisque les codes du genre super-héroïque ont été balayés. Expérience intéressante donc, mais conclusion mitigée.

En bref, une acquisition dispensable que cet album, bizarrement fichu, maladroitement produit, et qui ne peut que laisser sur leur faim ceux qui, comme moi, furent éblouis par La Nouvelle Frontière.
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  #20  
Vieux 20/04/2009, 15h14
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Je suis assez d'accord.
Edit cresson=> je précise que j'ai posté ce message avant la critique, et qu'à ce moment, ca avait un sens.
Maintenant, tout est annulé.
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Dernière modification par Monsieur Mehdi (expert en connerie) ; 20/04/2009 à 15h25.
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  #21  
Vieux 20/04/2009, 15h23
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Moi non plus. Selina's big Score c'est quand meme du tres bon DC et du tres bon Cooke, visuellement tres innovant a l'epoque ou c'est sorti (ca a ete beaucoup copie et redit depuis, y compris par Cooke lui-meme), et l'histoire tient vraiment le coup.
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  #22  
Vieux 20/04/2009, 15h29
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Oui mais Ego c'est pratiquement son premier boulot, d'ou cette impression que c'est moins bon que New Frontier, de plus il y a un gros effet "exercice de style" qui fonctionne très bien. Mais Cooke n'a pas la même expérience que sur New Frontier quand même ! Puis il sortait tout juste de ses expériences de story-boarder, d'ou ce découpage davantage visuel.
De plus Selina a quand même été fait pas mal de temps après Ego, pas le contraire. Ensuite, il ne faut pas oublier que Catwoman, sous la plume de Cooke et de Brubaker n'était pas un comics de super-héros mais avant tout du polar, le GN s'inscrit complètement dans cette démarche, c'est un peu comme quand parfois on se demande ce que peuvent bien foutre des perso aux super pouvoirs dans DD.
J'ai l'impression, en te lisant que dans les deux cas tu es un peu passé a côté du truc, mon bon Doop !!!
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  #23  
Vieux 20/04/2009, 15h31
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Doop c'est RDB?
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  #24  
Vieux 20/04/2009, 15h32
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  #25  
Vieux 20/04/2009, 15h32
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En fait, on est que deux sur le forum. Mais on est schizo.
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  #26  
Vieux 20/04/2009, 15h36
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Critique : JSA THE GOLDEN AGE, de James Robinson et Paul Smith



JSA : The Golden Age est une mini-série publiée en 1993 en quatre volets, dans la collection Elseworlds de DC Comics, et que l'on doit au scénariste James Robinson et au dessinateur Paul Smith (à qui j'ai eu l'occasion de rendre hommage dans ma rubrique "Maîtres et modèles").
Cette histoire, bien avant le chef-d'oeuvre La Nouvelle Frontière de Darwyn Cooke, proposait de revisiter le passé des super-héros au temps du McCarthysme, mais dans une veine beaucoup plus sombre.

Qu'est-ce que ça raconte ?
Le récit s'ouvre avec le dénouement de la Seconde Guerre Mondiale et la retraite progressive et volontaire de plusieurs héros du Golden Age. Ceux-ci formèrent la Justice Society of America et le All-Star Squadron mais à cause d'une arme magique détenue par Hitler, ne purent aller combattre en Europe.
L'un d'eux pourtant, Tex Thompson alias Mr America ou the Americommando, s'est illustré Outre-Atlantique et revient au pays en héros. Il utilise rapidement sa notoriété pour se lancer dans une carrière politique, qui lui permet de devenir sénateur. Son projet est de créer une nouvelle équipe de surhommes pour contrer la "menace soviétique" qui pourrait atteindre les Etats-Unis.
Il recrute ainsi Robotman, qui a perdu tout sens moral, the Atom, qui rêve de gloire, et Johnny Thunder, qui souhaite être reconnu à sa vraie valeur, et enfin Dan Dunbar alias Dan the Dyna-Mite, qui veut succèder à son défunt mentor TNT, et sur lequel Thompson a fait pratiquer plusieurs expériences pour le dôter de pouvoirs.
Les autres héros retirés doivent faire face à leurs propres problèmes : Alan Scott alias Green Lantern est blacklisté par la commission MacCarthy parce qu'il emploie des auteurs aux sympathies communistes ; Johnny Quick et Liberty Belle divorcent - Quick travaille à un documentaire sur les "Mystery men" et Belle est en couple avec le journaliste et écrivain John Law alias Tarantula - ; Starman souffre d'une dépression nerveuse après avoir contribué à l'élaboration de la bombe atomique (responsable à la fois de la destruction d'Hiroshima et Nagazaski mais aussi du retrait des super-héros) ; Lance Gallant alias Captain Triumph essaie de reprendre une existence banale mais le fantôme de son frère le hante ; Hourman continue de combattre le crime mais découvre son addiction à la pilule Miraclo qui lui procure ses pouvoirs.
De son côté, Paul Kirk alias Manhunter, lui aussi de retour d'Europe où il s'est battu, est partiellement amnésique et fait d'éprouvants cauchemars, dont il a l'intuition qu'ils dissimulent un terrible secret. Il retrouve par hasard l'ancien partenaire de Thompson, Fatman, qui l'aide à se cacher puis à découvrir le sens de ses rêves en le conduisant jusqu'à Carte Hall alias Hawkman.
C'est ainsi que la véritable nature de Thompson et de ses plans est dévoiléé : possédé par Ultra-Humanite, qui a oeuvré comme un des savants d'Hitler à Dachau, celui-ci veut briguer la présidence des Etats-Unis pour en faire le nouveau terrritoire de sa dictature.
Joan Dale alias Miss America, la maîtresse de Thompson, devine simultanèment le secret de dernier en lui dérobant son journal intime. Elle avertit Paula Brooks alias the Tigress et son amant, Captain Triumph, pour que les super-héros se rassemblent et piègent leur adversaire, qui a transféré la personnalité d'Hitler dans le cerveau de Dunbar.
Appelés à se joindre à l'équipe de Thompson, les justiciers le retrouvent à Washington et engagent un terrible combat contre lui, Robotman, Atom, Johnny Thunder et surtout Dan The Dyna-Man, ivre de rage. L'issue de la bataille sera fatal à the Red Bee, Captain Triumph, Robotman, et Tarantula. Mais le Mal est vaincu et une nouvelle ère peut vraiment commencer, avec de nouveaux espoirs - et une nouvelle génération de héros...


Qu'est-ce que ça vaut ?
C'est un récit dense, très dense, et torturé que propose James Robinson : autant l'avouer, ce n'est pas un comic-book facile d'accès, mais si on s'y laisse prendre, le jeu en vaut la chandelle.
Tout d'abord, chaque épisode est beaucoup plus important qu'à l'accoutumée : 50 pages chacun, 200 pages au total, JSA The Golden Age n'entre pas dans les formats traditionnels mais la narration foisonnante, le nombre de protagonistes, les enjeux dramatiques, les entrées multiples du récit, la précision du contexte historique imposaient de voir plus grand que d'habitude.
Ensuite, et c'est sans doute une des limites du projet, il faut quand même être un peu initié à l'univers DC, quand bien même les séries "Elseworlds" ne s'inscrivent pas dans la continuité classique, pour tout comprendre. Ici, pas de Superman, Wonder Woman ou Batman pour nous prendre par la main : tous les personnages appartiennent vraiment à la période de "l'âge d'or" (c'est-à-dire des années 30 à 1956) et pour la plupart, ont disparu ou été remplacés par des versions modernisées (comme Green Lantern, ici incarné par Alan Scott et depuis devenu, avec un autre look, Hal Jordan). Mais on peut prendre cela comme une invitation à se documenter sur ces justiciers des origines - c'est d'ailleurs ce que j'ai fait - et ainsi mesurer toute la richesse à la fois de l'album et de DC Comics (au temps où la maison d'édition s'appelait encore la National).
Enfin, la construction même de l'intrigue, qui la rapproche des romans d'espionnage, avec ses esprits manipulés, ses cauchemars à tiroirs, son atmosphère de paranoia étouffante, ses personnages tourmentés, son complot diabolique, jusqu'à son dénouement à la fois tragique et spectaculaire, peut rebuter le lecteur habitué à plus d'action et de légèreté. Mais là encore, si l'on veut bien faire l'effort de s'accrocher, on ne risque pas d'être déçu par la profondeur psychologique et la variété des protagonistes, l'ambition d'un récit qui tient toutes ses promesses, et un final ravageur qui comblera l'amateur de batailles à l'issue incertaine.

Robinson ne caresse pas le lecteur dans le sens du poil mais il lui donne à lire quelque chose de vraiment consistant et dont il se souviendra longtemps. On a rapproché JSA The Golden Age des Watchmen de Moore et Gibbons pour sa complexité et sa manière d'injecter le pessimisme moderne dans une toile de fond rétro : à mon sens, c'est un compliment et le scénariste n'a pas à rougir de la comparaison - même si, évidemment, l'impact de son oeuvre est moindre que celle des "Gardiens".


Graphiquement, cette série doit aussi énormèment à Paul Smith, qui s'y est beaucoup investi, au point de la considérer comme son meilleur ouvrage. Ceux qui se souviennent du graphiste suprèmement élégant des X-Men (encré par Bob Wiacek alors) retrouveront intact le talent de ce grand artiste méconnu, mais avec quelques nuances.
En effet, Smith, à la fois pour rendre hommage aux comics de l'époque et au traitement scénarristique de Robinson, a modifié quelque peu son style pour se rapprocher en particulier de ce que faisait l'immense Alex Raymond (le père de Flash Gordon). Respectant le design des costumes de super-héros, soignant particulièrement les décors et les lumières, et produisant de saisissantes scènes oniriques, l'artiste réussit à reproduire des effets "vintage" étonnants tout réalisant des planches d'une authentique modernité.
Smith s'est encré lui-même et a bénéficié de la mise en couleurs de Richard Ory, découvert par Howard Chaykin (qui signe la préface élogieuse de l'album). Et par mise en couleurs, c'est vraiment d'une contribution à part entière dont je parle : comme Richmond Lewis avec David Mazzucchelli sur Batman : Year One, c'est un véritable travail de peintre qu'effectue Ory, avec une gamme de nuances, de textures, d'ambiances, là encore exceptionnelle pour un comic-book de super-héros.


Alors, non, ce n'est pas une lecture aisée ni confortable. Mais l'exigence des auteurs mérite le respect et garantit un moment unique. Assurèment, un des comics fondamentaux de ces dernières années !
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  #27  
Vieux 20/04/2009, 15h41
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Critique : JLA - VICE ET VERTU, de David Goyer, Geoff Johns et Carlos Pacheco



Qu'est-ce que ça raconte ?
Chaque année, la JLA et la JSA se retrouvent pour une sorte de gueuleton dans leur quartier général : l'occasion pour les super-héros d'évoquer le bon vieux temps, mais aussi de discuter de leurs méthodes d'action ou, plus légèrement, de renouer des liens amicaux. Car la JLA est pour partie composée de justiciers qui sont, en quelque sorte, les versions modernes des vétérans de la JSA, comme Flash ou Green Lantern.
Mais être un super combattant du crime est quasiment un job à plein temps et les vilains ne font pas de pause pour les laisser se détendre. Ainsi les deux groupes sont appelés pour empêcher un attentat contre le président des Etats-Unis (qui n'était autre que Lex Luthor à cette époque !). Cette mission ne leur prend pas beaucoup de temps mais de retour au satellite de la Ligue, l’ambiance est pourtant étrangement tendue... Au point qu'une bagarre éclate.
7 membres sont alors possédés par les péchés capitaux : Captain Marvel incarne la gloutonnerie, Plasticman l'avarice, Green Lantern l'envie, Batman la colère, Mr Terrific l'orgueil, Power Girl la luxure et Dr Fate la paresse. Qui leur a jeté un sort ? Quelles vont être les conséquences de ces transformations ?

Qu'est-ce que ça vaut ?
Le tandem David Goyer (également scénariste-réalisateur du film Blade 3 ) - Geoff Johns (prolifique auteur de D.C. : Infinite Crisis, Green Lantern, Justice Society of America, Flash...) a fait ses preuves en relançant la série JSA avec James Robinson, signant des story-arcs spectaculaires et endiablés. Ils ne faillissent pas à leur réputation en livrant cette histoire à la fois basique et extrèmement distrayante.
C'est l'exact opposé du style narratif "décompressé" popularisé par Brian Michael Bendis : le tempo est trépidant, l’action permanente, le récit rocambolesque et riche en rebondissements extravagants, à la mesure de ce casting de héros surpuissants soudain corrompus.
Le nombre élevé de protagonistes est géré avec un brio épatant : aucun n’est négligé, au contraire chacun est fortement caractérisé, de manière savoureuse et expresse. Un tour de force !
Il y a une vigueur rare dans le traitement de l'intrigue, du début à la fin, qui rend l'ensemble jouissif.

Le dessin est assuré par le prodigieux Carlos Pacheco. Il allie une mise en page explosive tout en nous gratifiant de planches détaillées et d'un trait à la fois fin, souple, élégant et expressif. L'encrage de son fidèle complice Jesus Merino ajoute encore à l'excellence de l'ouvrage. A ces deux-là, aucun de ces personnages iconiques ne pose problème : ils leur impriment leur "griffe" dans un style à la fois légèrement "cartoony" et réaliste. C'est un vrai régal là encore, l'association de talents si complémentaires que tout semble évident sous leur direction.

Sans aucun doute, un "must-have" du genre. Plaisir garanti !
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  #28  
Vieux 20/04/2009, 15h45
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Je plussoie. Du Dc comme on aimerait en lire aujourd'hui en vf.
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  #29  
Vieux 20/04/2009, 15h50
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Critique : KINGDOM COME, de Mark Waid et Alex Ross



Si La Nouvelle Frontière peut être considéré comme l'alpha de la mythologie de l'univers DC, la synthèse du passage de l'âge d'or à l'âge d'argent avec l'apparition de versions modernisées de héros classiques (Flash, Green Lantern, de la JSA à la JLA), alors on peut lire Kingdom Come comme son omega, la relation de la fin des temps, mettant en scène (quasiment) les mêmes personnages, devenus vieux, dans une société futuriste, face à un ultime challenge.
Darwyn Cooke avait voulu écrire et dessiner "le meilleur des origines de DC". Mark Waid et Alex Ross ont imaginé peut-être "le pire avenir" de ce même monde et ont créé une histoire qui a considérablement alimenté les séries de l'éditeur (en particulier celle de la JSA) - et même celles de son concurrent Marvel (Civil War notamment).
Kingdom Come est paru initialement en 4 épisodes, écrits par Mark Waid et peints par Alex Ross, en 1996 sous le label Elseworlds (rassemblant des productions se déroulant hors de la continuité) de DC.

Qu'est-ce que ça raconte ?
Dans le futur, des héros icôniques tels que Superman, Batman, Wonder Woman et d'autres se sont retirés du monde, supplantés par une nouvelle génération de surhommes belliqueux et radicaux.
Le Spectre, accompagné d'un pasteur, Norman McCay, vont observer, à l'insu de tous, comment les vieux héros quitter leur retraite après qu'un de leurs successeurs, Maggog, ait causé une catastrophe. Mais l'ancienne garde se querelle rapidement lorsqu'elle doit décider d'un moyen pour contenir leurs remplaçants et légitimer leur choix auprès des gouvernements.

Qu'est-ce que ça vaut ?
Kingdom Come est clairement la réponse de deux auteurs aux comics sombres et violents ("grim'n'gritty") qui ont pullulé dans les années 80 et 90. Après l'exercice nostalgique de Marvels (écrit par Kurt Busiek pour la Maison des Idées), Alex Ross s'est encore davantage impliqué dans ce projet en le co-signant et en effectuant un colossal travail de "relooking", modifiant aussi bien l'histoire, les costumes que les pouvoirs de nombreux super-héros.
Mais c'est surtout une réflexion amère et puissante à laquelle invite cette entreprise qui tient toutes ses promesses, si l'on considère que le résultat est largement à la hauteur de sa folle ambition.
Que voit-on en effet ? Les héros sont fatigués, parfois écoeurés par leurs "héritiers", et se sont retirés : Superman est devenu un fermier comme ses parents adoptifs, les Kent. Green Lantern vit reclus dans un satellite. Batman poursuit sa lutte contre le crime mais en ayant emprunté une direction sécuritariste... Parallèlement, de nouveaux venus font régner la justice par la terreur sur une Amérique qui menace de basculer dans l'apocalypse à chaque instant. Ils appliquent une répression brutale, aveugle, sans aucun honneur, qui a oublié toute valeur humaine et irresponsable.
Mais Mark Waid, en scénariste chevronné, ne saurait se contenter d'exploiter basiquement une situation a priori manichéenne. Il a su proposer un drame qui traite autant du conflit des générations que des libertés individuelles et de la notion d'héroïsme. Pareille à la science, la justice appliquée sans mesure n'est-elle pas pire que l'oppression ? Vouloir faire le bien de l'humanité, presque malgré elle, ne revient-il pas à s'engager dans un combat où la passion l'emporte sur la raison ? C'est l'ultime leçon pour des héros qui ont toujours agi comme des chevaliers au milieu du commun des mortels.
Ces individus déguisés et surpuissants sont-ils des guides ou des fous furieux ? Et faut-il leur faire confiance ou les supprimer quand ils ne maîtrisent plus des situations qu'ils ont créées ? La conclusion sera terrible et amère.

Pas la peine d'être un connaisseur pour s'extasier devant les images de Kingdom Come. Alex Ross maîtrise parfaitement son art, qu'on peut comparer sans ironie à celui d'un Norman Rockwell du 9ème Art.
Le contraste entre l'emploi de couleurs éclatantes et la une noirceur omniprésente du propos est saisissante. La mise en page, abondante en vignettes aux formes inattendues, évoque Neal Adams.

Mais comme tout le monde le sait, de magnifiques planches ne suffisent pas à produire un excellent comic-book. Avec ce scénario, Mark Waid propose finalement un vibrant hommage à ces super héros, souvent raillés comme symboles de l'hégémonie américaine ou comme ersatz des grandes figures mythologiques.
Mais c'est un hommage troublant, dérangeant, comme ont pu en rédiger Frank Miller (avec Dark Knight) et, surtout, Alan Moore (avec Watchmen) : je ne peux que recommander dde lire et relire ces épisodes pour en apprécier toute la densité. De quel droit peut-on faire régner la justice ? Dans un monde où tout est possible, qu'est-ce que l'homme de la rue face à des demi-dieux vivants, ayant déserté par orgueil ou dépit et s'étant réfugié dans leur Olympe personnel, laissant le champ libre à des créatures dégénérées, incapables de contrôler leurs pulsions et d'endiguer le mal.
Comme l'oncle Ben prévint Peter Parker que de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités, les justiciers vétérans de Kingdom Come apparaîssent comme des sauveurs à la fois providentiels et décalés.

Dédicace à la fois respectueuse et adulte, cette oeuvre complexe et visuellement bluffante est de celles qui laissent un souvenir durable - le souvenir d'un livre qui change votre regard sur un genre.
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  #30  
Vieux 20/04/2009, 16h03
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Critique : WATCHMEN, d'Alan Moore et Dave Gibbons



Cette oeuvre a quelque chose d'intimidant et même d'Historique : après l'avoir lue, le regard que l'on porte sur les comics de super-héros n'est plus jamais le même. Pardonnez-moi l'expression, mais la découverte des Watchmen ressemble à un dépucelage. Pour ma part, je n'ai plus jamais lu ensuite de comics sans les juger par rapport à cette somme inépuisable qu'est Watchmen.
Le grand architecte de cette réussite est bien évidemment Alan Moore, qui demeure, à mon sens, l'auteur le plus important du genre - précisèment parce qu'il est parvenu à synthétiser avec cette BD le meilleur de la littérature super-héroïque tout en la transcendant, en lui apposant une vision supérieure, critique, radicale, qui l'a métamorphosée définitiviment. Avec lui, j'ai eu accès à un divertissement intelligent qui réfléchissait sur lui-même et qui a engendré une production à la fois pire (les excés du "grrim'n'gritty") et meilleure (en poussant les auteurs à se dépasser, en inspirant les générations suivantes à explorer cette veine plus profondèment qu'avant). Sans Moore, pas de Mark Millar, de Warren Ellis, de Grant Morrison... Bref, une révolution en quelque sorte comparable à celle des Beatles dans la musique pop !
L'intégrité d'Alan Moore l'a poussé à toujours refuser d'associer son nom aux adaptations pour le cinéma de ses oeuvres : il a eu du flair puisque les résultats n'ont pas été probants. Moore croit dans la BD : c'est un média à part entière, qui se suffit à lui-même pour distraire et faire réfléchir - le 7ème art ne lui apportera rien de plus.
Mais il serait abusif de ne considérer Moore que comme un auteur à la production exigeante et dramatique. C'est aussi l'homme qui s'est amusé à ranimer dans des aventures délirantes des personnages mythiques de la littérature du XIXème siècle (comme le Capitaine Nemo de Jules Verne, Dr Jekyll et Mr Hyde de Robert Louis Stevenson ou L'Homme Invisible d' H.G. Wells avec La Ligue des Gentlemen Extraodinaires) ou à réinventer des créations issues des pulp fictions (comme le Dr Savage avec Tom Strong). Parfois même, les major companies comme Marvel ou DC l'ont laissé aux commandes pour des interprétations inspirées de Captain Britain ou Batman, par exemple. Ce n'est donc pas qu'un ermite érudit et suprèmement sérieux, mais un écrivain abordable... Ne se contentant pas de rédiger des histoires convenues.
Son complice sur Watchmen, Dave Gibbons, n'aura jamais la même aura : dessinateur doué et fécond, parfois également scénariste, je dirai plutôt qu'il a eu la chance d'être "au bon endroit au bon moment" en illustrant le comic-book le plus remarquable de son temps. Il a aussi apporté tout son savoir-faire à la série Liberty de Frank Miller, et rien que cela lui accorde une place de choix au panthèon du 9ème art.
Mais revenons à l'oeuvre.

Qu'est-ce que ça raconte ?
L'histoire des Watchmen se déroule en 1985, dans une réalité alternative. Les justiciers masqués y ont cessé leurs activités, cependant qu'un conflit nucléaire semble imminent entre les blocs politiques de L'Ouest et de l'Est.
L'apparition en 1959 du Dr Manhattan, un surhomme quasiment aussi puissant qu'un dieu, a bouleversé l'Histoire : les Etats-Unis ont remporté la guerre au Vietnam, Richad Nixon est toujours président car le scandale du Watergate a été étouffé, le pétrole n'est plus la pincipale source énergétique...
La mort du Comédien, un agent spécial du gouvernement, va conduire plusieurs de ses anciens confrères à participer à une enquête pour découvrir le mobile et l'auteur de son assassinat. Rorschach, un justicier névropathe, mène des recherches qui vont aboutir à la révèlation d'un complot ourdi par le plus inattendu des adversaires et obliger d'anciens vigilants masqués à sorti de leur retraite, comme Le Hibou ou Laurie Juspeczyk, mais aussi précipiter le départ du Dr Manhattan.
Ces péripéties sont ponctuées par la reproduction de divers documents - articles de journaux, extraits de l'autobiographie d'un héros retiré, etc - qui nous renseignent sur le phénomène des justiciers masqués et leur perception par le public et les médias. En outre, un récit d'épouvante mettant en scène des pirates vient se greffer sur l'intrigue principale comme la métaphore de cette fin du monde annoncée.

Qu'est-ce que ça vaut ?
Watchmen, pour faire simple, c'est d'abord une histoire réaliste de super-héros, mais hormis le Dr Manhattan, aucun ne dispose réellement de super-pouvoir. La relation au temps qui passe et l'évolution psychologique y sont objectivement décrites : les protagonistes vieillissent, connaissent la corruption, le doute, la folie et la dépression.
Dans cette série, rien n'est évident, tout est symbolique et pluridimensionnel. C'est un mille-feuilles narratif, où chaque couche recèle des informations. Ainsi le meurtre du Comédien est le signe inaugural de la fin du monde qui menace en toile de fond mais c'est aussi la fin d'une époque que la mort de cet homme devenu justicier par amusement puis agent gouvernemental car il considérait les affaires humaines comme une vaste farce, à la fois drôle et sinistre.
Plus généralement, le thème central, symbolisé par un smiley qui revient de façon récurrente dans l'album, est le sens qu'on donne à l'existence dans un monde en proie au chaos, la façon dont on s'arrange (ou pas) de cet état de fait. Faut-il traverser la vie avec le cynisme comme armure ? Ou prétendre changer les choses, quitte à faire le bonheur des hommes contre leur volonté d'autodestruction permanente ? Ou simplement se réfugier dans un quotidien banal et réconfortant en acceptant son impuissance ou sa paresse ?
Le titre-même est sujet à plusieurs interprétations : "watch" signifie regarder, mais évoque aussi surveiller et désigne encore une montre. Le récit compte 12 chapitres, s'ouvrant à chaque fois sur le cadran d'une horloge annonçant minuit, la fin d'une jourrnée mais aussi l'heure à laquelle se déclenchera la guere atomique. Cette image du temps inexorable est omniprésente et Moore a poussé le vice jusqu'à conclure son histoire avec uen vignette identique sur ce fameux smiley maculé d'une tâche rouge (le sang du Comédien au début et du ketchup dégoulinant dd'un hamburger à la fin). La forme circulaire de ce badge est aussi identique à celle du cadran de l'horloge.
L'autre locution-clé est cette interrogation latine : « Quis custodiet ipsos custodes? » (« Qui garde les gardiens eux-mêmes ? »), extraite d'une Satire de Juvénal. On retrouve cette question en anglais (« Who watches the watchmen ? ») tagée sur des murs dans plusieurs vignettes tout au long des 12 fascicules de la série : elle pose le problème de la légitimité des super-héros à faire régner et la justice et la loi, tout en se masquant (donc en cachant leur identité au sens large). Peut-on faire confiance à des individus qui sont ainsi accoutrés, qui camouflent leurs visages, leurs intentions, leurs passés ? Cette remise en question du statut des redresseurs de torts est troublante et dépasse le cadre de la classique bande dessinée d'aventures.

Watchmen est une oeuvre graphiquement très riche, l'image y est vraiment le prolongement de l'écrit et on devine à quel point le script comportait des indications précises. Les exemples sont nombreux pour en attester : ainsi le chapitre consacré à Rorschach est construit comme un palinddrome, la première page faisant écho à la dernière, que ce soit sur le thème, la mise en page ou les personnages mis en image. Au coeur de cet épisode, il y a une scène d'action qui reproduit les motifs symétriques et en perpétuel mouvement du masque de Rorschach, dont le pseudonyme est inspiré par le test psychiatrique du même nom.
De même, le découpage simule souvent un effet de travelling arrière suggérant une distanciation entre l'action et sa représentation, les propos des personnages et leurs relations, ou encore l'idée que tout ce qui nous est raconté est peut-être vu par un observateur étudiant les différents événements et leurs acteurs comme un scientifique à travers un microscope - à la manière du Dr Manhattan qui se détache de plus en plus des gens jusqu'à s'exiler sur Mars, où Laurie devra le convaincre de la valeur de la vie humaine pour sauver la Terre de l'apocalypse.
Tous ces effets visuels, parfaitement rendus par le style classique de Gibbons, sont saisissants.

De même, en s'attardant sur des personnages secondaires, Moore obtient une mise en perspective de l'histoire complète et cette addition de faits produit une somme vertigineuse - comme lorsqu'on comprend in fine qui est le père de Laurie, l'objectif d'Ozymandias, la fatalité qui a engendré Dr Manhattan, la filiation spirituelle du Hibou avec Hollis Mason, etc.
C'est sans doute dans cet entremêlement de vies, de destins que se situe la plus grande richesse de Watchmen, qui en fait une BD si complexe, si foisonnante, qu'on peut lire et relire avec toujours autant d'intérêt : le lecteur y est sans cesse renvoyé à des événements passés qui, progressivement, éclairent la situation présente, par touches successives et subtiles.

Passionnante aussi est l'histoire qui a conduit à la création de l'oeuvre : au début des années 1980, DC racheta plusieurs licences de personnages à Charlton Comics, et proposa à Moore de les utiliser pour une série inédite. Puis l'éditeur changea d'avis, estimant que des créations originales seraient plus pratiques et originales. Moore s'est pourtant habilement resservi des super-héros de Charlton pour inventer ses Gardiens.
Ainsi Le Comédien est adapté du Peacemaker, Dr Manhattan de Captain Atom, Le Hibou (I et II) de Blue Beetle, Ozymandias de Thunderbolt, Rorschach de The Question et Le Spectre Soyeux de Nightshade.
Entre le projet initial et le résultat final, Moore avait même songé à ressuciter les Mighty Crusaders... Qui vont prochainement être réanimés par J. Michael Straczynski dans la série The Brave And The Bold !

Comme quoi, Watchmen n'a pas fini d'inspirer les comics... Et avec eux ses amateurs, éclairés ou non. Maintenant, si vous voulez lire un authentique classique révolutionnaire, vous savez ce qui vous reste à faire !
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