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  #31  
Vieux 12/12/2007, 12h57
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un barde diabetique, quoi...
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"l'homme qui a perdu la faculté de s'émerveiller et d'etre frappé de respect est comme s'il avait cessé de vivre" A.Einstein

Excusez mon humour de chiottes mais c'est parce que j'y mets tous les déchets de mes sentiments.
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  #32  
Vieux 12/12/2007, 14h04
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J'aime bien l'ambiance qui vire au vaudou dans la seconde partie. clapclap

Et deux remarques: en tant qu'IGC (Inspecteur Général des Contraintes) je me dois de te signaler qu'un ours polaire n'est pas un ours en peluche...

Egalement souligner qu'un adorateur de Desproges n'a rien à voir avec ton Russel là. En effet, un adorateur du divin Pierre est forcément quelqu'un ayant des goûts exquis, une personne qui ne connait pas la vulgarité, au rire aussi mélodieux que le chant d'un passereau, et dont la sudation, au demeurant très faible, se parfume d'une délicieuse fragrance qui rend les femmes folles de son corps.
......?
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C'est en voyant un moustique se poser sur ses testicules qu'on réalise qu'on ne peut pas régler tout les problèmes par la violence.

Mes planches originales de comics à vendre.http://xanadu-art.eklablog.com/accueil-c17038922
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  #33  
Vieux 14/12/2007, 18h27
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Encore une fois bravo pour les auteurs. Dans des styles variés mais toujours avec une qualité sans faille, on ne peut que se réjouir.
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  #34  
Vieux 17/12/2007, 11h15
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a toi de prendre le temps de nous lire et de commenter
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nouvel épisode: SUNGIRL
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  #35  
Vieux 23/12/2007, 18h57
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Bonus di bonus

Bon, je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai fait un bonus de bonus. Je suis parti d'une idée, d'un ton et voilà.
Même si je sais qu'avec un thème "en pleine mer", j'aurais mieux fait de partir d'une idée avec un thon, mais on ne choisit pas toujours.


La réapparition

Laissez-moi encore quelques instants. Pas de raison de se bousculer. Je m’y suis fait à cette piaule. On ne m’oblige à rien. J’ai la paix. Besoin de faire le point sur ce que j’ai entendu tout à l’heure.
J’étais en pleine sieste et ma mère, celle dont il est surtout question ici, s’est alors mise à crier qu’il n’y avait pas de raison pour que je sois plus bête que mon frère. Ou alors ça ne sera pas de ma faute avait-elle ajoutée. Plus tard, elle a eu beau me cajoler de sa main douce, j’ai bien compris que nos rapports avaient changé. Et je le lui ai fait sentir. Je trouvais que j’endurais déjà beaucoup en ce moment. C’était vraiment pas la peine d’en rajouter.
Quand mon père est rentré ce soir, il avait une drôle de voix. Il avait passé un examen avec des rayons, tu passes derrière un truc juste beaucoup plus gros qu’un positroneur nucléaire. Là, le technicien te dit de pas bouger, pas respirer, on va jouer à 1,2,3 soleil, flash ! et voilà le positroneur a balancé une décharge d’ondes positives à travers toi, tu sors de là, t’as la photo de ton intérieur. Ce n’est pas si chouette que ça en a l’air. Je trouve ça dangereux d’arrêter de respirer. Respirer déjà, je me demande bien comment j’y arrive, alors c’est pas pour essayer des trucs nouveaux…
Ensuite, pendant le repas, mon père a fait de l’humour. De sa grosse voix, il a dit « Noël au scanner, Paques au cimetière, OhohOhohOhohOHOH. ». Ma mère s’est levée de table et est partie pleurer plus loin. L’émotion, je crois. Ma mère, elle aime beaucoup les blagues de mon père.
J’ai plein de raisons d’arrêter de bouder, mais, comment dire, c’est comme si j’avais tout un stock de jolies lumières en moi qui ne demandaient qu’à s’allumer mais que je n’avais pas d’interrupteur. Il me manque LA raison principale, première, ce que vous voulez, qui me fera arrêter de bouder. Jusqu’à présent, les arguments étaient faibles, à peine digne de mon intelligence. Je les passe sous silence, je sens le dénouement trop proche pour perdre mon temps dans cette énumération. Je vous en donne deux quand même parce que vous m’avez l’air sympa. La première : « C’est parce que tu ne m’aimes pas que tu ne veux pas sortir ?» avec sanglots violons tout. Le chantage affectif, merci, j’ai passé l’âge, j’aurais du lui dire. Pareil, avec le coup du gros nounours en peluche qui m’attend. Ils ont vraiment une sale manie de me prendre pour un demeuré dans cette famille, ça me referme dans ma coquille. Et puis alors la meilleure : « Ton frère réclame après toi.». Super. Un petit con de ce calibre, je suis aussi bien où je suis.
Je fais des drôles de rêves en ce moment. Ma peau me tire de tous les côtés, je passe mes doigts dessus dans un bruit désagréable qui crisse. Autour de moi, tout est tout sec, partout. La gorge me brûle si fort qu’elle me réveille. Généralement, je fais pipi tout de suite après. C’est pas les réveils que je préfère…Mais le pire, c’est qu…Ah ! attendez, chut, je sens que ça se précise, on y est. Oui. Des cris. Ca s'affole. Un boucan métallique qui vrombit et se rapproche.
Je m’en fous, ils m’auront pas aussi facilement. Je vais m’attacher solidement à mon cordon, on verra qui est le plus fort…

Dernière modification par HiPs! ; 25/12/2007 à 13h23. Motif: faute
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  #36  
Vieux 24/12/2007, 11h33
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wallyvega change la caisse du Fauve
J'aime beaucoup l'idée, bravo! Simple et efficace.
Le mien est terminé depuis vendredi mais je n'ai pas eu le temps de le taper. La semaine prochaine peut-être...
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"Please allow me to introduce myself. I'm an alien superfiend. I've come tonight to judge you all. Let me say you what I mean! Pleased to meet you. Judge Death is my name!"

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Moi aussi, je raconte des histoires.
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  #37  
Vieux 24/12/2007, 13h15
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Ah ouais, bien. Le coup de la respiration, je m'en rappelle, étant gosse, je savais pas comment on faisait, ça me stressait...on est cons quand on est gosse (remarque, ça a pas trop changé). Bravo, j'aime bien.
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  #38  
Vieux 24/12/2007, 17h45
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Merci les aminches.
J'en profite pour un quizz que nous appellerons "le quizz de Noël": un point à celui qui trouve l'astuce du titre.
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  #39  
Vieux 28/12/2007, 20h39
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Bon, l'astuce, je n'ai pas trouvé... en revanche (si j'ose dire en ces lieux), j'ai enfin fini d'écrire un texte qui ne se finit pas en suicide!

Merci de votre clémence...

CLEMENT...


Loïc ramait furtivement, tentant d’éloigner le Zodiac du Black Pearl arraisonné par les autorités maritimes. Peu concerné par l’opération douanière d’envergure que ne manqueraient pas d’invalider 8 années de procédure judiciaire internationale, il préférait s’épargner la rigueur tatillonne des garde-côtes qui risquait de le maintenir plus que de raison dans une prison à la merci du choléra et de la dysenterie. Ses viscères étaient de toute façon déjà mis à rude épreuve par le mal de mer qui ne le quittait pas.

La fuite lui était pourtant familière. Une décennie plus tôt, il s’était rendu compte que « L'intelligence est le seul outil qui permet à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur ». Les avanies du quotidien et les aspirations du vulgaire lui semblaient alors une gangue pour l’intellectuel qu’il s’appliquait à mettre en scène pour mieux faire taire l’animal qui était en lui. La frayeur née de ce constat le poussa à s’exiler et il partit se ressourcer en Afrique en aidant des enfants à accéder à l’essentiel : compter, lire, écrire, et connaitre nos ancêtres les gaulois. Au-delà affleurait la conscience du malheur.

Lorsqu’il ne s’acharnait pas à réaliser son œuvre civilisatrice soigneusement expurgée, Loïc se rendait sur le port pour prendre livraison et trier les rogatons que l’Europe recyclait pour le prix d’une conscience apaisée. A l’approche de Noël, les jouets borgnes ou orphelins d’une partie de leurs roues et les vêtements chauds et élimés remplissaient les caisses des cargos. Pourtant peu physionomiste, Loïc avait reconnu Théodore sans l’ombre d’une hésitation malgré son poil défraichi, son museau écrasé et la mousse qui s’échappait de son bras droit. Sur l’étiquette jaunie, les initiales « LR » tracées il y avait 35 ans d’une main enfantine à coté de la mention « Made in China » valaient tous les tests ADN du monde. Entre ses mains, le nounours invoquait les spectres de l’enfance et de l’âge adulte qu’aucun positronneur nucléaire ne pourrait jamais chasser. Accrochée au ruban crasseux de Théodore, la breloque gravée du prénom de Clément né le 19/12/1997 ne faisait pourtant pas partie de sa panoplie habituelle.

Loïc ne s’attendait pas à être rappelé à la civilisation par un ours en peluche qu’il n’avait pas vu depuis une éternité… une éternité de 10 ans… une éternité depuis qu’il avait cessé de boire les paroles de cette gourde à laquelle la soif d’amour l’avait un temps attaché et qui lui parlait d’avenir. 19 mars 1997… toujours cette obsession pour la précision, la fuite du temps et les zèbres. Ce prénom d’enfant né 9 mois après qu’il ait lâchement abandonné Théodore aux mains d’une fille dans un appartement parisien l’avait fort troublé au long des heures passées à fond de cale.

Sa tête résonnait encore des échos du sac de riz éventré qui l’avait traîtreusement cueilli alors qu’il était perdu dans ses pensées. Il était encore inconscient bien après la fermeture des soutes du cargo. Quand il reprit connaissance dans l’obscurité de la cale désormais close, Loïc tâtonna suffisamment longtemps dans le noir pour renverser le couvercle mal scellé d’une caisse de Uzis. Les premières lueurs qu’il vit furent celles des diamants qui en tapissaient le fond. Le capitaine transportait de quoi équiper et payer les mains des mercenaires qui maintiendraient en place à vie quelques dirigeants démocratiques autoproclamés. Loïc craignait que ces transactions rendent le maître à bord peu enclin aux constats d’accident et que son débarquement se fasse de façon sommaire et précipitée à plusieurs dizaines de miles de la côte. Le halo d’un projecteur et les éclats d’un porte-voix autoritaire le rassurèrent suffisamment longtemps pour qu’il réussisse à se glisser hors de la cale dans la confusion générale et à mettre à l’eau un Zodiac de secours.

Il est des traumatismes crâniens qui vous rendent Républicain et d’autres qui vous font oublier la peur de la mort. Le parcours singulier de l’individu et l’héritage laissé au monde peut adoucir l’inéluctabilité de l’issue collective. Animé de cette conviction, Loïc ramait désormais comme un possédé, espérant bientôt rencontrer un rivage où il pourrait poursuivre sa quête au sec. Loin de la mer et pleine de défiance, la paternité l’attendait de pied ferme. Le guano qui vint nonchalamment s’écraser sur la proue du Zodiac lui apporta le réconfort de savoir que la terre où devait nécessairement se poser la mouette diarrhéique était à portée de rame.




Dernière modification par Hilarion ; 30/12/2007 à 09h28.
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  #40  
Vieux 29/12/2007, 21h17
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Très beau, des images fortes. Ca pourrait être un début de roman. Et animé d'un bel optimisme. La vie te va bien


EDit: oui et pour l'astuce du titre, bon, c'est un peu maitrecapellotracté. La réapparition, parce que mon texte se passe "en pleine mère", le "e" qui "réapparait", références tout ça je me la pète (même si en vrai je n'ai pas encore lu le roman de Perec...).

Dernière modification par HiPs! ; 29/12/2007 à 21h24.
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  #41  
Vieux 30/12/2007, 15h42
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wallyvega change la caisse du Fauve
Au cours de multiples aventures qu’il m’a été donné de vivre aux côtés de mon ami Sherlock Holmes, peu m’ont amené à tant regretter le sol de cette bonne vieille Angleterre. Le sol au sens littéral du terme. Tout commença un matin de l’hiver 1897. J’avais passé la nuit dans notre appartement du 221B Baker Street, après que Holmes eût consenti, au vu de mon insistance, à me narrer l’une de ses enquêtes en cours. Je ne doutais pas qu’il en fût d’abord irrité mais l’admiration se lut rapidement sur mon visage, ce qui flatta assez son ego pour passer outre.
Ce récit nous obligea à veiller tard et j’eus les plus grandes difficultés à atteindre un niveau de conscience satisfaisant, ce matin-là. Alors que je pénétrai dans le salon, je compris que mon ami n’avait pas pris la peine de gagner son lit. Une forte odeur de tabac embaumait la pièce ; Holmes était enroulé dans sa robe de chambre, le dos calé contre le dossier du fauteuil et les extrémités de ses doigts jointes. J’avançai sur la pointe des pieds afin de sortir le plus discrètement possible. Ma main s’apprêtait à saisir la poignée de la porte lorsque :
« Bien dormi, Watson ? Question purement rhétorique. Vos ronflements m’en ont apporté la certitude. »
Je décollai du sol et émis un petit cri aigu, avant de me diriger pitoyablement vers le fauteuil libre, face à Holmes.
« Quand cesserez-vous de me faire de telles frayeurs ?
-Quand vous parviendrez à distinguer le sommeil de la réflexion. »
J’aperçus le Daily Telegraph du jour, posé sur la table basse qui nous séparait. Mon compagnon me fixait, sans me voir, noyé dans ses pensées. Je m’emparai du papier froissé, corné, tâché de gras et m’enfonçai dans mon fauteuil. En parcourant la première page, je survolai un article expliquant comment un scientifique italien avait fait disparaître un objet au moyen de ce qu’il appelait un « positronneur nucléaire ».
Ce miracle avait eu lieu sur un bateau effectuant la traversée Calais-Douvres et le journaliste s’extasiait devant un tel phénomène. Je devinai la réaction de Holmes à la lecture de cet article. Pour le taquiner, je demandai : « Que pensez-vous de ce Tipacci et de son étrange machine ?
-Tst-tss, me répondit-il, balayant l’air d’un revers de la main. Il y a bien plus important que cela.
-Et quoi donc, cher ami ? le défiai-je.
-Voyez-vous, Watson, dans quelques instants, une femme d’âge moyen va sonner à la porte. Mrs Hudson aura l’obligeance de l’inviter à entrer puis nous demandera si nous sommes disposés à la recevoir. Elle nous expliquera, avec un accent français, que son jeune enfant a égaré une peluche. Nous nous verrons confier la tâche de retrouver celle-ci en échange d’une forte somme.
-Il en va de soi, Holmes.
Il ne sembla pas noter l’ironie qui ponctua cette phrase. Mon rythme cardiaque s’accéléra légèrement, au moment où le carillon retentit. Aurait-il raison ? Je distinguai une voix féminine qui répondit à notre logeuse. Des pas presque inaudibles accompagnèrent leur ascension des escaliers. Ce qui suivit donna entièrement raison à mon colocataire, une fois de plus.
La jeune femme était merveilleusement belle, d’une blondeur angélique, un petit nez retroussé parsemé de tâches de rousseur. Une fillette d’à peine sept ans l’accompagnait, jouant avec un minuscule bouton noir. Elle observait Holmes avec attention, décelant certainement la singularité du personnage. Sa mère nous expliqua comment, lors de leur arrivée en Angleterre la veille, sa fille s’était aperçue que son ourson avait disparu. Il s’agissait de l’ultime présent de son grand-père, ce qui le dotait d’une valeur sentimentale inestimable. Si nous parvenions à lui restituer, nous deviendrions des hommes riches, nous promit-elle. D’expérience, je savais que mon ami n’avait que faire de l’argent ; il accepta néanmoins cette mission.
Dès que nos visiteuses s’en furent allées, je m’empressai de demander à mon compagnon quel était son secret.
« L’annonce page 12, dit-il en me désignant le journal que je tenais toujours entre mes mains. »
Je remarquai un cercle tracé autour de ces quelques lignes :

Simone Ramis, Fr, cherche ours en peluche marron, égaré lors
de la traversée Calais-Douvres, le 10 janvier. Forte récompense.
Me contacter à l’Hotel Fielding, Londres.

« Qu’en dites-vous, mon ami ? me questionna Holmes.
-J’en dis que votre déduction ne mérite pas le crédit que je lui accordais. Cependant, une question me taraude… En quoi cette disparition est-elle plus digne d’intérêt que le curieux appareil de ce Tipacci ?
-Mon bon Watson, ne vous ai-je donc rien enseigné ? Ces deux affaires sont intimement liées.
Devant l’étonnement qui se dessinait sur mon visage, il poursuivit, découragé :
-Il s’avère qu’une seule traversée Calais-Douvres a eu lieu dans la journée d’hier.
Il se leva d’un bond, s’habilla en un éclair, se coiffa de sa casquette à carreaux et me lança :
« Pressons, Watson ! Pressons ! La Manche nous attend. »

Sur le ponton en bois humide, le vieil homme exécutait nombre de courbettes afin de remercier Holmes du pécule qu’il lui avait offert en échange de sa barque. Il se retira prestement alors que mon ami m’invitait à prendre place à l’arrière de l’embarcation. Une fois installé face à moi, il convînt que j’étais le plus à même de ramer. De plus, ce ne pouvait m’être que bénéfique, disait-il.
« Vos tissus adipeux sont en quantité suffisante pour vous permettre de passer l’hiver, mon cher Watson. »
Le brouillard flottait à quelques centimètres au-dessus de l’eau, nous donnant l’impression de mesurer des kilomètres, les pieds dans l’eau et la tête dans les nuages.
Certains coups de rames s’accompagnaient d’une pluie de perles glacées sur mon visage, me faisant frissonner immanquablement. Cela ne m’empêchait pas de suer sous mon maillot de corps, ma chemise, mon gilet, ma veste et mon pardessus. Cinq épaisseurs de vêtements transformées en véritable étuve par les efforts répétés qui m’étaient imposés. Car Holmes ne me laissait pas de répit.
« Du nerf, du nerf ! »
Son visage osseux était agité de légers tremblements saccadés, trahissant une excitation et une impatience grandissante. Il vérifierait bientôt son hypothèse ; hypothèse dont il ne m’avait toujours pas fait part.
Je ramais encore une heure avant qu’il ne daigne tenir compte de ma présence, en-dehors de ses indications quant au cap à suivre.
« Il arrive que mes manières envers vous soient rudes, n’est-ce pas, Watson ? »
Je restai sans voix. Que venait faire cette question à plusieurs lieues de la côte, sur une vieille barque, au milieu de brouillard ?... Dans la bouche de Holmes ?!
Je le fixai, lâchant les rames. L’embarcation suivait le courant, oscillant avec les vagues. Au bout de quelques instants, je pris conscience de ce silence qui nous entourait, reposant, surprenant. Je décidai, cependant, de le briser.
« Je n’ai pas l’esprit aussi vif que vous, j’en conviens. Mais, je dois avouer que… qu’il m’arrive de vous trouver assez… sévère.
-Hmm !... »
Ma réponse sembla le perturber. Je repris les rames et commençai une nouvelle série de moulinets.
Soudain, mon compagnon se dressa d’un bond, manquant de nous faire chavirer.
« Nous y sommes ! Essayez de garder cette position, mon ami, me dit-il tout en ôtant son pardessus.
-Que faites-vous ? Vous allez attraper froid, il y a bien trop d’humidité.
-Je m’en suis aperçu, Watson. Accordez-moi qu’il serait dommage d’endommager tout cela. Pensons à Mrs Hudson ! De plus, ce ne serait ni pratique, ni confortable. »
Il se sépara de ses chaussures, des ses chaussettes ainsi que de son gilet puis me chargea de veiller à ce qu’ils restent secs. Je compris alors ce qu’il projetait de faire.
« Vous êtes fou, Holmes ! Vous ne pouvez pas plonger dans cette eau, elle est glaciale !
-Les circonstances m’y obligent pourtant. »
PLOUF !
Seule l’enveloppe de tissu restait, vestige d’un ami que je n’avais pu sauver. Quelle folie ! Je tournai la tête vers l’immensité grise et ondulante qui s’était repue de Holmes, scrutant un mouvement, des bulles éclatant à la surface, tout ce à quoi je pourrais me raccrocher.
Rien.
Je fouillai ma poche de veste, en quête de la montre à gousset qui s’y trouvait ; je constatai que l’humidité ne l’avait pas affectée. Selon mon estimation, une minute s’était déjà écoulée. Une autre la suivit, puis une troisième. Personne ne pouvait tenir aussi longtemps sans respirer, dans une eau à cette température. Mon esprit fût assailli de pensées macabres, d’un Holmes au teint bleuâtre, les poumons semblables à une bouillotte glaciale… J’entendais ses cris d’agonie étouffés.
« Watson, Wat…-s…-n !... J’ai réussi. »
J’ai réussi ? Me tournant vers ce qui semblait être l’origine de la funeste voix, j’aperçus un long sillon que terminait un disque flottant. Certainement l’une de ses monstruosités aquatiques inconnues ! Je me saisis maladroitement des rames et amorçai un demi-tour.
« Watson ! WAT-S…-ON ! »
Comment connaissait-elle mon nom ? Et comment parvenait-elle à le prononcer ? Un humanoïde ?
« Watson, bougre d’imbécile ! C’est moi. Holmes ! »
Stoppant ma retraite désespérée vers la terre ferme, mes yeux se portèrent sur le visage de mon ami, ses cheveux plaqués sur le front, disparaissant régulièrement derrière une vaguelette. Décidemment, cet homme me surprendrait toujours. Il paraissait à peine essoufflé lorsque j’arrivai à sa hauteur, alors que les quelques mètres effectués à la rame avaient suffi à m’épuiser.
Je lui tendis la main afin qu’il me rejoigne à bord, tout en essayant de faire contrepoids ; la mer ne me paraissait plus si accueillante, désormais. Holmes enjamba la barque comme il pût et prit place face à moi, serrant avec force une boule poilue, marron clair.
« Comment avez-vous fait, Holmes ? C’est prodigieux ! Miraculeux même ! , m’écriai-je.
-Je l’ai, Watson. Je pensais bien qu’il avait trouvé un moyen de garder son butin en lieu sûr mais j’avoue qu’il m’étonne. »
Alors qu’il parlait, Sherlock Holmes tirait sur une fine corde. Je constatai que celle-ci était solidement attachée, par un nœud marin, à l’étrange objet que mon ami avait libéré de la Manche. Lorsque l’autre extrémité s’approcha de sa main, je compris que le disque que j’avais pris pour un appendice monstrueux était, en réalité, une bouée.
« Très ingénieux, n’est-il pas ? me lança joyeusement Holmes.
-Je dois avouer que je ne suis pas en mesure d’apprécier l’ingéniosité de la chose.
-Un rien vous trouble, mon ami. Il s’avère que l’inventif Mr Ducron a découvert le subterfuge de sa femme. Il a donc mis en place une machinerie impeccablement huilée qui s’est achevée par l’immersion de ceci.
Il me désigna la boule brune sur ses genoux et continua.
-Cependant, il ne pouvait laisser le trésor sombrer au fond de la Manche. Non pas un, mais deux objets ont ainsi disparu, dont cette bouée. Celle-ci, reliée à la peluche, permit de le garder à flot.
-Mr Ducron ? »
Holmes eût l’air déconcerté avant d’afficher un léger sourire.
« Mon bon Watson, je dois vous informer que notre charmante visiteuse n’est pas celle qu’elle prétendait être. En effet, nous avons reçu une cambrioleuse de haut vol dans notre humble demeure. Son vrai nom est Simone Ducron. Elle et son mari ont dérobé une parure inestimable à la très mondaine Mme de Jarnier, il y a quelques jours. Ils avaient prévu de gagner la Suisse immédiatement après, s’étant assurer une retraite aisée.
Mme Ducron redoutait, cependant, la brutalité de son époux, elle décida alors de chercher asile en Angleterre. Elle emmena leur fille par le premier bateau au départ de Calais. C’était sans compter sur la méfiance de l’époux qui découvrît la supercherie et se lança à leur poursuite. Il s’affubla d’une moustache et d’une barbe, de lunettes teintées et d’un large costume afin de modifier sa silhouette et s’embarqua, lui aussi, accompagné de ses hommes de main.
-Tipacci !
-Tout à fait, Watson ! Tipacci. Par prudence, Mme Ducron avait dissimulé les bijoux dans le premier contenant potentiel.
-L’ours en peluche de sa fille !
-Excellent ! Vraiment excellent ! Un élément imprévisible ruina, malgré tout, les plans de la fuyarde. En effet, afin de mettre la main sur son butin, son mari inventa le personnage du professeur Tipacci et construisit, à la hâte, une machine improbable baptisée « positronneur nucléaire ». Son projet était de détourner l’attention des passagers pour permettre à ses complices de visiter les cabines.
-Mais comment faisait-il disparaître ces objets ?
-Il ne faisait rien disparaître. La fumée diffusée par son engin devait permettre à l’un de ses compagnons de passer un objet quelconque par-dessus bord. La prestidigitation ne lui était certainement pas inconnue.
-Incroyable personnage que ce Ducron ! Qu’en est-il de l’élément impévisible ?
-J’y arrive, Watson. La jeune enfant fût attirée par l’agitation que provoquait ce spectacle improvisé. Elle s’approcha du fameux Tipacci et le reconnut immanquablement.
-Comment pouvez-vous en être si sûr ?
-N’avez-vous pas remarqué sa façon de nous dévisager lors de notre entretien avec sa mère. Cette enfant doit être très physionomiste. Mais continuons. Ayant reconnu son père, dans un élan d’amour filial, elle lui tendit sa peluche. Ducron du comprendre ce qu’elle contenait lorsqu’il sentit le poids étrangement élevé de l’ourson. Ne pouvant risquer d’entrer en Angleterre avec les bijoux volés, il fit mine de faire disparaître une bouée du navire et jeta la peluche à la mer, projetant de venir la chercher plus tard. Mme Ducron ne fût au courant de rien et conclut que sa fille avait égaré l’ourson sur le bateau. Ce qui la conduit chez nous.
-Brillant, Holmes ! »
Mon compagnon manipulait la peluche à laquelle il manquait un bouton, lui tenant lieu de globe oculaire, et semblait pensif.
Une question restait en suspens :
« Qu’allez-vous faire de la parure, Holmes ?
-La rendre à Mme Ramis, comme il en était convenu. C’est ce pourquoi elle m’a engagé, me semble-t-il »
Je décelai une certaine malice dans ses yeux.
« Marche arrière toute, Watson ! L’affaire de la jument d’Eton n’attend que nous. J’ai cru comprendre que la police avait passé la journée à ne pas trouver d’indice. »
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"Please allow me to introduce myself. I'm an alien superfiend. I've come tonight to judge you all. Let me say you what I mean! Pleased to meet you. Judge Death is my name!"

Ted Notts: Galaxy Trotter!

Moi aussi, je raconte des histoires.
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  #42  
Vieux 30/12/2007, 22h41
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Bravo! J'ai lu l'intégrale de Conan Doyle : on s'y croirait!

J'ai même le visage de Jérémy Brett en tête en lisant la description de Holmes!
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  #43  
Vieux 30/12/2007, 22h48
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"l'homme qui a perdu la faculté de s'émerveiller et d'etre frappé de respect est comme s'il avait cessé de vivre" A.Einstein

Excusez mon humour de chiottes mais c'est parce que j'y mets tous les déchets de mes sentiments.
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  #44  
Vieux 30/12/2007, 22h51
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Posté par grogramane
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Dis Mam'zelle, un petit texte de derrière les fagots en réserve?
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  #45  
Vieux 30/12/2007, 23h44
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Ah ouaip, il y a du bon, là. Bravo à tous.
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