Sakigake !! Otokojuku : la virilité à l'état brut

[Man-Thing]

L'hymne officiel d'Otokojuku est aussi l'opening de la série.

A quoi pouvait bien ressembler le monde d’Hokuto no Ken avant l'apocalypse survenue en l’an 19XX ?
Les quelques éléments glanés dans l’anime et le manga parlent notamment de très nombreuses écoles d’arts martiaux et on sait que les radiations ont transformé physiquement certains survivants ou descendants, ce qui n’explique pas nécessairement le physique d’armoires à glace de nombreux personnages de la série.

Sakigake !! Otokojuku est un anime adapté d’un manga paru dans le Jump de 85 à 91 qui s’amuse à reprendre certains archétypes des mangas à la Ken, une touche d’humour en plus.
Quand on regarde l’anime, on ne peut s’empêcher de penser que c’est aussi une partie possible du passé d’un monde à la Hokuto no Ken, tant les persos sont des armoires normandes !


Les profs tout à fait charmants d'Otokojuku, aux méthodes pédagogiques...différentes!

Dans les années 80, Momotaro, surnommé « Momo » répond à l’invitation d’Otokojuku, ( on pourrait traduire l titre de la série par « Chargez !!! Le lycée privé des hommes »)
Cet établissement très particulier récupère les loubards en rupture de ban ou les individus violents rejetés par les autres lycées dans le but de développer leur virilité, perçue comme un mélange de bienveillance, de justice, de force, de ténacité dans l’épreuve, d’esprit de sacrifice, de loyauté et de camaraderie.

Sous la férule de trois professeurs tous droits échappés du monde du hokuto de cuisine, les élèves sont amenés à survivre dans un environnement tellement hostile que c’en est risible, la ville autour du lycée étant tout à fait normale : ils dorment dans « le dortoir de l’enfer », dirigé d’une main de fer par un intendant sadique qui surveille les allées et venues. Des dobermans sont chargés d’interrompre toute tentative de fuite.
Dès le premier épisode, nous assistons à de multiples brimades perpétrées par les profs, toutes droites tirées des écoles militaires nippones des années 30, comme des séances de pompes interminables, des coups de bâton et autres joyeusetés. La première épreuve imposée aux nouveaux est de sortir vivants du lycée en échappant aux multiples pièges mortels semés ici et là !

Le principal semble quant à lui avoir servi de modèle à Mishima Heihachi de Tekken. Il s’appelle Edajima Heihachi et c’est un colosse de près de 3 mètres à l’énorme musculature et au crâne dénué de tout cheveu. Ancien soldat de la marine impériale pendant la Seconde guerre Mondiale, il exsude tellement la virilité par tous les pores de sa peau qu’il est surtout connu pour ses discours capables de la communiquer à n’importe qui, se résumant souvent à une seule phrase beuglée une fois : « Je suis le principal d’Otokojuku, Edajima Heihachi ! »
Il faut le voir recevoir une inspection académique de l’éducation nationale venue lui faire des remontrances sur ses méthodes d’éducation d’un autre temps et la façon dont il les reçoit !


La virilité absolue est détenue par un seul homme.

Entre autres joyeusetés du lycée, notons que les élèves sont sous nourris tandis que profs et dobermans se goinfrent ou encore les humiliations publiques qui relèvent du pire du bizutage. Tout manquement au règlement vaut au fautif de subir une des « spécialités » du lycée permettant de prouver son courage et de laver son honneur. Il y’a par exemple ce supplice horrible qui consiste à supporter a chaleur dégagée par un wok géant géant lequel le pénitent est assis dans un fond d’huile bouillante ( !) sur laquelle flotte une bougie posée sur une feuille. Tout le jeu consiste à ne pas la renverser sous peine d’être brûlé vif.

Notons aussi que toute agression d’un prof vaut le renvoi immédiat, que les secondes années briment les nouveaux dès qu’ils le peuvent et on a seulement un aperçu de cette antichambre de l’enfer, la série hésitant toujours entre la parodie et l’oeuvre sérieuse.
Pour dire, les insubordinations graves envers les profs sont soumis à des châtiments considérés comme moins graves que le bannissement comme soutenir le poids d’un plafond en train de s’écrouler pendant…un an ! Oui, c’est du nawak et c’est ça qui est bon, dans un contexte réaliste.

Ai je dit que le terrain du lycée comporte des monuments hommages à tous les élèves qui sont morts pendant leurs études? Et qu'on les dit hantés par leurs âmes en peine?


Dans la pure tradition des anime nekketsu et de bosozoku, nous suivons Momotaro, loup solitaire qui va être amené à devenir chef de bande peu à peu, au fil des épreuves.
Le gars n’a en fait rien à faire dans le lycée : il est déjà l’incarnation de la virilité recherchée par les éducateurs du lycée. Pour dire, il se balade en permanence avec son katana, même dans la rue, est plus fort que l’ensemble des lycéens de l’établissement (suivant en cela son modèle de personnage, Kenshiro) et dégage une impression de confiance en soi et de force. Ne se départant jamais de son sourire en coin, il semble arrogant mais est toujours respectueux des règles, même les plus injustes, étant particulièrement habile pour parvenir à ses fins en les respectant mais en défiant tout de même l’autorité.
Inutile de dire qu’il dégage une certaine classe dans ses actes !

Parmi ses compagnons, notons le très attachant Togashi, loubard avec la trogne qui va avec qui cache derrière son sale caractère un cœur d’or et un passé dramatique, qui sera la première des recrues du shitennou (les quatre rois, figure classique du genre shonen de baston) rassemblés par Momo.


Le surpuissant shitennou des première années d'Otokojuku, prêts à se battre jusqu'à la mort


C'est leur prof principal qui le dit!

On peut également citer les personnages comiques comme la « tronche » du lycée, pas spécialement génial mais qui brille par comparaison avec ses congénères nuls en cours (mais qui a parfois des éclairs de génie pour le calcul de trucs aussi nawak qu’un pont suspendu humain ou un cerf-volant d’encouragement lesté par deux gars accrochés, cherchez pas, c’est des traditions viriles millénaires.
Tiens, d’ailleurs, c’est un élément comique récurent de la série mais très sympa : chaque tradition à la con d’Otokojuku a une source pseudo historique relatée par le narrateur de la série, qui en profite à chaque fois pour citer un bouquin édité par la même maison d’édition qui écrit sur des sujets aussi pointus que « Traditions guerrières méconnues des royaumes combattants », « arts martiaux oubliés à travers les siècles » ou encore « Cuisine innovante de la Chine du 7ème siècle après Jésus-Christ », à chaque fois un grand moment de fun.


Togashi, en route pour rencontrer le chef des troisième année et se venger.


Cet anime est composé de trois parties principales : Dans la première, nos héros font connaissance, se familiarisent avec Otokojuku et finissent par en devenir des membres à part entière. C’est l’occasion d’épreuves comme « la procession droit devant d’Otokojuku à travers la ville » qui consiste à marcher tout droit au pas de l’oie jusqu’à ce que le prof vous dise d’arrêter. Un mur devant vous? Défoncez le ! Un poteau électrique vous barre le chemin ? Escaladez le un par un ! Une annexe du puissant syndicat du crime yakuza du Mal à l'état pur (c’est son vrai nom !!!) devant vous ? Pétez la tronche de tous les occupants après avoir démoli leur mur!


La procession droit devant peut même interrompre les enterrements!

On assiste également aux charmantes sorties scolaires initiées par les seconde années pour bizuter les nouveaux dans le seul parc safari du Japon, avec des bêtes sauvages en liberté, aux escapades de nos amis pour aller manger un ramen dehors sans être repérés ou encore aux échanges culturels nippo-américains, comme la visite des élèves de la super police academy, qui contrairement à son nom, forme les meilleurs athlètes martiaux du monde mais n’a aucun lien avec la police américaine.
Cette période est la plus comique, souvent jusqu’à l’absurde en caricaturant tout ce qui bouge mais compte déjà quelques très beaux combats très nekketsu où on met sa vie en jeu et où on vante le travail en équipe et le respect de la parole donnée, comme dans ce duel au sabre entre Momo et le boss des seconde années.


Un des lieux d'affrontement très colorés de la série.

La seconde période voit le lycée en ordre de bataille pour affronter la menace de l’alliance des lycées du Kanto, une bande de lycéens qui terrifie tous les lycées de la région de Tokyo en les forçant à adhérer et en les lattant s’ils s’y opposent. On entre alors dans une période beaucoup plus classique et sombre, avec des morts et des moments dramatiques à la Hokuto no Ken, comme ce match de rugby opposant les ennemis. Ayant avalé du poison, seule l’équipe qui parviendra à attraper le ballon qui contient la clé et l’amènera aux buts adverses sera sauvée !

On a aussi droit à un duel de shitennous au cours d’épreuves mortelles et épiques disséminées depuis des centenaires dans des stations secrètes du mont Fuji.


Oui, oui, ce lieu d'affrontement se situe au coeur du mont Fuji, le but du jeu étant de vaincre avant que la glissante plate-forme de combat ne fonde totalement et ne vous jette sur les stalagmites...

La troisième partie est dans le prolongement direct de la seconde : l’affrontement a été prémédité et voulu par un ennemi encore plus puissant, qui se terre dans l’ombre, les redoutables troisième année d’Otokojuku, dont il est dit que personne n’a jamais survécu à une de ses convocations et aux trois maîtres qu’il faut vaincre avant d’obtenir une entrevue avec lui.

A la suite du défi final lancé pour la suprématie sur le lycée, on découvre l’existence secrète ( !) d’une grande muraille du Japon abritant des combattants tous pus mortels les uns que les autres. Ajoutez à cela que certains ennemis d’hier deviennent les alliés de demain, dans la pure tradition des shonen de baston des années 80, le culte de l’effort et du travail en équipe et vous saurez que l’humour est moins présent dans cette partie, se logeant parfois aux moments les plus inattendus pour détendre le spectateur au milieu de moments dramatiques, un peu comme les interventions de l’elfe dans Berserk, par exemple.

On a aussi droit aux adversaires nobles sous des abords brutaux et aux sacrifices héroïques !
Si comme moi, vous aimez les moments intenses et dramatiques à la Saint Seiya ou Hokuto no Ken, vous allez vous régaler avec les deux dernières parties dont chaque moment est juste grand.


Même les trois comiques du lycée ont leurs moments héroïques, c'est dire!

Petit bémol pour les derniers épisodes dont on sent qu’un manque de succès (?) à conduit à sabrer le nombre total d’épisodes en plein milieu d’un tournoi, avec un simple résumé nous privant de superbes combats et nous amenant directement au combat final et à l’épilogue. C’est bien dommage !
L’anime n’adapte que les premiers arcs du manga et mériterait une suite, d’autant plus que le manga a connu des spin off et une suite.
Notez qu'il a connu un très bon film animé, qui raconte une aventure inédite des première années aux USA, mais aussi un film live et même un jeu vidéo sur PS3!


Sakigake !! Otokojuku est une série hybride, mélange d’hommage et de parodie d’anime comme Hokuto no Ken, de comédie lycéenne potache et codes du nekketsu pris au pied de la lettre.
Il me parait évident que cette série manque d’originalité dans ses designs et ses personnages, reprenant divers archétypes mais parvenant toutefois à les rendre mémorables en accentuant toutes leurs actions et en les prenant au sérieux.
J’aime par exemple beaucoup le boxeur américain lycéen connu sous le seul nom de « J », dont les poings peuvent transpercer toute matière, qui parvient toujours à transcender les limites que lui impose le noble art pour en tirer le meilleur. Il faut voir certains matchs pour le croire, notamment les lieux d’affrontements tous plus mortels les uns que les autres.
On hésite toujours entre le rire et la passion dans les deux dernières parties et c’est ça qui est bon.


La fabuleuse technique de J peut fracasser n'importe quoi

Les traditions toutes plus over the top les unes que les autres sont à chaque fois un grand moment tant les auteurs osent vraiment n’importe quoi et vont jusqu’au bout du délire, comme ce drapeau d’encouragement de 700kgs qui doit être porté par un seul homme…qui le fait !

Histoire : 16/20 On peut pas dire que c’est pas original.
Personnages : 16/20 Archétypaux mais très attachants
Character design : 15/20 Un design à la Hokuto no Ken drôle et réussi.
Réalisation : 14/20 ça a pris un coup de vieux mais c’est encore très honnête.
Bande-son : 15/20 Les musiques sont peu nombreuses et donc répétitives mais font le job, étant parfois même très entraînantes.
Fun : 17/20 Le gros point fort de l’anime !
Note finale: 16/20 Un très bon shonen de baston, prenant et drôle.

Le vrai titre de la série : Le lycée des hommes virils
Si vous aimez : Hokuto no Ken, Cromartie Highschool, Jojo’s bizarre adventure, Rokudenashi blues


Taux de moe : 0% Pas un gramme, sauf si vous aimez les hommes musclés et torse nu
Taux de harem : 0% Faudrait déjà que ces benêts arrivent à sortir avec une fille...


Les scènes refaites pour un pachinko donnent vraiment envie d'un remake complet de cette série injustement méconnue!