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  #106  
Vieux 25/06/2008, 13h31
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grogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boy
[QUOTE=Deadpoule;781136]Noooon, ne fais pas çaaaa ! Ya pu de suspense !![/QUOTE]
:ouin: j'ai pas eu le temps de tout lireeeeeuuuuu:'(
:p
[QUOTE=Deadpoule;781138]Na ! J'ai verrouillé mon site !! XD

Pk croix rouge ?[/QUOTE]
la banière était une croix rouge
je ne sais pas ce que tu as fait mais maintenant ça marche
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"l'homme qui a perdu la faculté de s'émerveiller et d'etre frappé de respect est comme s'il avait cessé de vivre" A.Einstein

Excusez mon humour de chiottes mais c'est parce que j'y mets tous les déchets de mes sentiments.
  #107  
Vieux 25/06/2008, 16h13
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Deadpoule change la caisse du Fauve
Alors tant mieux ^^
La suite la semaine prochaine :)
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-(
Maman

>> J'écris des trucs ici
  #108  
Vieux 26/06/2008, 19h18
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Ben Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à Galactus
Hey encore bravo, j'aime vraiment ! :clap:
Ton style me plaît de plus en plus même si je me perds parfois entre les concepts et les phrases, mais c'est très bien foutu. ;)
  #109  
Vieux 27/06/2008, 19h27
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[quote=Ben Wawe;782003]Hey encore bravo, j'aime vraiment ! :clap:
Ton style me plaît de plus en plus même si je me perds parfois entre les concepts et les phrases, mais c'est très bien foutu. ;)[/quote]

Pour ce qui est des concepts, toussa, beaucoup de monde trouve ça bazardeux :) C'est de la hard-nawak:beu:
J'ai lu ton dernier texte, et ton texte en binome, je t'en donnerai des news dimanche ou en début de semaine ;)
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  #110  
Vieux 01/07/2008, 12h36
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J'attends tes critiques alors. ;)
  #111  
Vieux 01/07/2008, 13h35
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Tu les auras demain matin :) En attendant j'ai des papiers à chercher pour de la paperasse toussa - je file :)
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  #112  
Vieux 02/07/2008, 14h32
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Deadpoule change la caisse du Fauve
Episode 2 de cette satanée saga nawak :)

[spoiler="2SD2S - 2nd épisode !"]

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[U][B][SIZE=5]2SD2S
Stuart Smith
Détective Spatial
Sponsorisé[/SIZE]


[/B][/U][IMG]http://itvprod.free.fr/epi/02.01.jpg[/IMG]
[/CENTER]


Le chauffeur qui conduisait le bus menant à Diésantrium semblait prendre un malin plaisir à utiliser des détours et passa à trois reprises tout près de son terminus sans même s'y arrêter. Deux de ces fois, il passa tellement près du terminus que les gens qui l'y attendaient crurent pouvoir le prendre. L'autre fois, il passa TELLEMENT prêt qu'il faillit faucher un de ces malheureux !

Diésantrium était le plus grand asile d'aliénés du monde. Il n'y avait pas d'asile plus grand sur cette planète et il ne viendrait à l'idée de personne de s'attaquer à un sujet tel que l'immensité de ce bâtiment au risque de douter de sa taille avérée.

Donc, le chauffeur du bus qui menait à Diésantrium ne savait foutrement pas son chemin, il conduisait comme un pied et le pire dans tout ça c'est qu'il avait l'air d'en être très fier. C'est-à-dire qu'il rigolait dès qu'il manquait de prendre la bonne rue et qu'il s'en apercevait. Il rigolait si fort que souvent il en fermait les yeux ou bien il en pleurait de joie, ce qui n'arrangeait rien à sa vue. Du coup il conduisait encore plus mal ce qui, évidemment, le faisait encore plus rigoler.

Assis bien au fond de son siège, Stuart Smith observait sa fin proche, les lèvres serrées, les dents claquant, ses yeux fixés sur la vitre avant du bus. Dès que le chauffeur frôlait un passant, ou une voiture, il avait comme un hoquet convulsif et il espionnait alors du coin de l'œil les autres passagers en train de lire, parler entre eux ou en train de rigoler à chaque virage. Il ne comprenait pas qu'on puisse rester aussi calme dans de telles situations. Un des passagers se leva et s'approcha de Stuart, un demi sourire affiché sur le visage.

_ Relax vieux, c'est pas l'avion. Ce bus est sûr !

Stuart le regarda de la tête au pied, puis il dit :

_ C'est pas du bus dont j'ai peur, mais bel et bien du chauffeur !

_ Ah, dans s'cas… le type s'assit à ses côtés puis continua :

_ Dans s'cas, je peux pas vous rassurer sans vous raconter un bobard.

Puis il sourit de nouveau.

_ Vous allez où ? lui demanda Stuart, calmé par la présence de l'homme.

_ Je rentre à Diésantrium.

_ Ah, vous travaillez là-bas ?

_ Ouaip, fit-il en claquant de la langue. Ch'uis gardien !

Puis il se mit à observer Stuart comme s'il se doutait qu'il allait lui amener des ennuis. Oui, en fait on aurait dit qu'il allait le mordre.

Soudainement méfiant, Stuart l'observa plus attentivement. L'homme devait avoir la trentaine, portait un pardessus jaune et des gants bleus. L'ensemble ne lui allait pas du tout et d'ailleurs, un tel ensemble devait aller à bien peu de monde sur toute la surface du globe. Ce type l'inquiétait vraiment.

De moins en moins à l'aise, il voulu se lever et changer de place, mais l'autre ne le lâchait pas du regard comme un chien de chasse qui aurait flairé sa proie et tenterait de l'intimidé. Il restait assis là, à côté du détective qui ne rêvait dorénavant que d'une chose : fuir. Mais il était assis côté fenêtre et l'autre cinglé côté couloir, de ce fait le détective ne pouvait pas réaliser son rêve. De même, la fenêtre au dessus de sa tête avait l'air soudée, ce qui l'empêcherait de sauter.

Puis le gardien tourna sa tête vers Stuart, et se mit à parler.

_ Vous savez cette Tour d'Archiviste qui traîne dans Le Grand Musée du Souvenir… l'Ultime Tour qu'il paraît…

_ Mouais… et bah ?

_ M'est avis que c'est de la belle connerie tout ça !

_ Comment ça ?

_ ‘Savez bien ! Toute cette histoire comme quoi elle saurait des tas de choses, même des trucs qui se sont déroulés avant son existence…

_ Mouais…

_ Des conneries que je vous dis ! Si on veut savoir des trucs, suffit d'aller à l'Archiverie et on saura ce qu'on veut savoir...

Stuart soupira. Il pencha sa tête en arrière à la recherche d'un appui pour dormir, mais il ne trouva que le vide, et un bref et énergique coup de volant faillit lui démettre la nuque.

Le gardien reprit :

_ Je déteste les Tours ! Heureusement qu'il reste que celle-là ! Nom de dieu, c'est évident, ce complot, le truc là, le machin. Personne le voit quand ils vont au Grand Musée, mais c'est é-vi-dent !

_ Qu'est ce qui est évident ? dit Stuart, définitivement agacé.

_ Le Livre Originel !! Le truc qu'on expose au Musée, devant tout le monde, là, c'est du mytho, c'est du toc, c'est même pas là ! C'est pas Le vrai putain de Livre !

_ Ah bon, et où il est Le vrai putain de Livre, alors ?

_ L'Ultime Tour que je vous dis, c'est l'Ultime Tour du Musée qui sait !

La discussion s'arrêta là pour deux raisons. La première parce qu'à la suite d'une énième recherche désespérée d'appui pour sa tête, Stuart se froissa vraiment la nuque, puis aussi parce que le bus s'arrêta finalement devant Diésantrium.



Le chauffeur mit dix minutes de plus pour calmer son fou rire et réussir à appuyer correctement sur l'ouverture des portes. Une fois la chose faite, Stuart sortit du véhicule et observa le bâtiment qui se présentait face à lui.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Vue d'ici, ce n'était qu'un grand mur d'enceinte d'au moins six mètres de hauteur, avec des barbelés en son sommet. Face au détective se trouvait l'entrée de l'asile, une arche fermée par une demie barrière de sécurité rayée de rouge et de blanc. Sur le bord gauche de l'entrée était posté le gardien, bien au chaud dans sa cabine. Stuart s'en approchait lorsque son regard fut dévié par son camarade de tout à l'heure qui se dirigeait d'un pas haletant vers le mur d'enceinte, quelques mètres plus loin. L'homme en question se posta devant puis mit ses mains en porte-voix. Il hurla en direction de l'intérieur de l'enceinte :

_ GEORGES !! C'EST FRANCK !!! JE SUIS DE RETOUR !!!!

Quelques secondes plus tard, une corde sauta au dessus du mur et le bout atterrit sous son nez. Il s'agrippa dessus puis se laissa tirer. Visiblement, quelqu'un de l'autre côté s'acharnait à le faire grimper. Arrivé au sommet, il prit appuis sur ses jambes et sauta par-dessus les barbelés. On entendit alors un bruit de chute et :

_ Aïe-putain-aïe-mon-dos !

Mais ce n'était visiblement pas la voix du gardien qui venait de sauter du haut d'un mur de six mètres. C'était plutôt celle du type sur lequel il était tombé.

Pas du tout amusé par cela, Stuart se dirigea vers la cabine du gardien. Ce dernier, un gros lard à l'allure de chauffeur routier susceptible, était plongé dans la lecture d'un journal qu'il tenait à l'envers. En tendant sa fausse carte de journaliste sous la vitre securit de la cabine, Stuart lui fit part de son observation. Le gardien émit un grognement puis leva son nez porcin de sa lecture :

_ Non mais, s'pas vrai ça ! De quoi j'me mêle ?!

Sur ce, il fit pivoter son journal et reprit sa lecture. La barrière était toujours baissée et le gardien grogna de nouveau son mécontentement.

Stuart réfléchit et élimina d'office l'idée de lui faire une remarque sur sa nouvelle façon de tenir son journal. Bien qu'il l'ait pivoté afin de le lire dans un autre sens, le seul changement était qu'il en lisait maintenant le verso. Mise à part cela, il le lisait toujours à l'envers.

_ J'aimerais rentrer, je suis journaliste et j'ai rendez-vous.

Le gardien dénia une nouvelle fois relever ses deux petits yeux en formes de billes de sa lecture puis grogna une nouvelle fois dans une fréquence sonore qui fit grincer les dents de Stuart.

_ Avec qui ? J'peux savoir ?

_Bah…

Stuart était prit de court, il n'avait pas pensé à ce genre de question, et à vrai dire, il n'avait pas préparé grand-chose comme technique d'approche. Il préférait toujours agir à l'instinct. En plus, le gardien qu'il avait eu au téléphone avant de venir ne lui avait pas donné sa description physique. De ce fait, il se voyait mal demander à celui-ci si c'était bien à lui qu'il avait offert un pot de vin pour le laisser rentrer. Il allait devoir continuer de jouer la comédie.

Pendant que le gardien observait sa carte de journaliste, Stuart avait au moins un peu plus de temps pour réfléchir à la raison de sa présence ici.

_ Alors, j'attends ! Qui c'est que vous venez voir ?

_ Je fais un papier sur Bo Brummer, monsieur.

Il s'agissait du tout dernier descendant de Bred Brummer, le créateur des Tours d'Archiviste. Il était censé finir ses jours à Diésantrium, tout comme son illustre aïeul à l'époque. Mais il s'était fait la malle il y a de cela quelques mois, par un procédé d'une honteuse complexité. Et bien sûr, la presse n'épargnait pas la direction de l'asile quant à cette impensable évasion.

Mais peu importe l'excuse ou le pot de vin, le gardien ne semblait pas enclin à le laisser passer comme ça. Stuart s'apprêta à lui faire remarquer que des fous rentraient et sortaient d'ici par le mur d'enceinte et que par conséquent lui, citoyen aimable et sain d'esprit pourrait bien y faire un tour quand même. Et c'est à ce moment là que le gardien ouvrit légèrement la bouche en agitant fébrilement son doigt dans la direction du détective. Comme un enfant qui aurait la réponse au problème posé par la maîtresse et qui souhaiterait se faire interroger. Mais les mots ne semblaient pas pouvoir sortir de sa bouche.

_ Oui ?

_ Qua… quatre… mon dieu, quatre… quatre mille crédits…

Stuart leva les yeux au ciel, le sourire en coin :

_ Oui, c'est moi qui vous ai appelé… bon, maintenant que les présentations sont faites, je peux passer ?

La demie barrière s'ouvrit avec lenteur. Et Stuart franchit l'entrée le plus vite possible, laissant le gardien abasourdi par la facilité avec laquelle il venait de gagner tout cet argent. Le détective se retourna lorsque le gardien le prévint qu'il avait oublié sa carte de journaliste. Il lui répondit qu'il n'avait qu'à la garder jusqu'à son retour. Le gardien parut surpris par sa requête mais acquiesça. Ou plutôt, encore sous le choc, il garda le bras en l'air, la carte dans la main, remuant imperceptiblement la tête de haut en bas - le regard rempli de cette expression étrange et quelque peu angoissante qui se dessine sur les traits des nouveaux riches.

Il ne savait sûrement pas quel était le plan de Stuart et devait ignorer que ce dernier n'aurait bientôt plus besoin de sa carte de journaliste. D'ailleurs, il n'était pas supposé non plus savoir que bientôt il allait être au chômage et que de toute façon, Stuart Smith n'était pas du tout journaliste !

En tant que détective, Stuart se devait d'avoir toutes sortes de cartes qui lui servaient de laissez-passer dans toutes sortes d'endroits et sa multitude d'identités, mis à part le fait de le rendre quasiment schizophrène, l'avait plus d'une fois sorti du pétrin.

Une autre méthode de travail qui marchait plutôt bien était le [I]soudoiement[/I] . Le détective n'avait pas mit longtemps à savoir ce qu'il allait faire de tout l'argent que Funzirsch lui avait remit. Et même si le gardien était réellement stupide, il remplissait son rôle à merveille. Il faut dire que vu l'argent que Stuart avait dépensé dans cette opération d'envergure, il y avait plutôt intérêt à ce que tout marche comme sur des roulettes.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Stuart s'avançait dans la cour intérieure de Diésantrium et fut stoppé net par ce qu'il aperçut :

Diésantrium était gi-gan-tes-que ! Im-mense ! D'une si grande ampleur qu'il aurait été bien en mal d'imaginer un truc qui pût être plus gigantesque, plus immense ou plus ample ! Le bâtiment cachait le ciel à la vue de tous. Il le remplaçait presque. Un ciel nocturne, nuageux et menaçant. Il pensa à la tâche qui lui incombait et ressentit soudain la peur lui griffer le dos. La cour était déserte.

Vu comme ça, le bâtiment semblait exempt de portes ou de fenêtres, juste une masse noire et imposante. Malgré tout, une ouverture se fit et une longue ombre en sortit puis se dirigea vers Stuart.

Un bruit de moteur au loin suffit à détourner son attention trop longtemps et une main se posa fermement dans son dos. Il sursauta puis fit volte-face et se retrouva nez à nez avec un vieil homme aux rares cheveux blancs. Celui-ci enleva sa main sur le champ et fut pris à son tour d'un sursaut de surprise comme s'il ne s'était pas attendu à une telle réaction de la part de son interlocuteur.

Le vieil homme se racla la gorge puis s'adressa à Stuart sur un ton condescendant :

_ Alors, c'est vous le journaliste ?

_ Ah, désolé, vous devez faire erreur… vous devez être l'homme qui vient de sortir du bâtiment ?

_ Oui, c'est cela même. Mais ça ne me dit toujours pas qui vous êtes, vous ?

_ Le… spécialiste en sécurité… vous êtes le directeur de ces lieux, je suppose ?

Et une nouvelle carte d'identification s'extirpa de la poche intérieure du manteau de Stuart.

Il y eut un long et pénible échange de regards. Les deux personnages restèrent immobiles l'un en face de l'autre, les visages éloignés de seulement quelques centimètres, et de ce fait ils louchaient horriblement. Ce fut Stuart qui lâcha prise le premier ; il secoua la tête de gauche à droite et se massa l'arrête du nez en bredouillant. Le vieil homme le regarda de plus près, autant que cela puisse être possible, puis observa son visage avec la plus intense concentration que Stuart n'ait jamais eu à supporter. On aurait dit qu'il essayait de discerner quelque chose de terriblement lointain dans les profondeurs de son iris, ou dans une de ses narines. Puis l'ancien dit :

_ Vous n'avez... rien remarqué ?

Stuart demanda de quoi il voulait parler. Le vieux le poussa du bout des bras, puis recula de trois pas. Stuart le considéra d'un œil méfiant. Il le contempla de haut en bas, puis de bas en haut, puis au milieu :

_ Je vois… vous êtes… nu…

Sur ce, le vieil homme se mit à hurler et à pleurer comme un gosse piquant sa crise. Sans prévenir il agrippa Stuart aux épaules et entreprit de le faire tomber par terre, tout en pleurant comme un enfant, cherchant à lui asséner des coups de pieds un peu partout sur les jambes pour le déstabiliser. Mais comme ni son dos ni ses jambes n'étaient de la première jeunesse, chaque mouvement brusque lui arrachait un petit cri de douleur. Stuart, en garçon convenable, ne savait trop quoi faire et était sur le point de se laisser poliment mettre à terre lorsqu'il entendit une sorte de sifflement dans l'air, un truc qui frôla son oreille. Un tiers de centième de demi seconde plus tard, le vieil homme s'écroula lourdement sur le sol, une flèche anesthésiante dans la nuque.

Affolé, Stuart se tourna dans tous les sens pour voir d'où provenait le tir et entendit plus si loin que ça le bruit d'un moteur. Ça venait de la cour intérieure du bâtiment. Quelques secondes plus tard, une jeep kaki déboula de nulle part et fonça sur un Stuart affolé et complètement perdu.

Le véhicule n'était plus qu'à un mètre ou deux de lui lorsqu'il dévia subitement de trajectoire et pila sec au terme d'un dérapage à la mord-moi le nœud que seuls les fous à lier osent faire. Ou bien, après mûres réflexions et observations, les directeurs d'asiles sont aussi assez malades pour oser de tels dérapages…

Car sous ses yeux, le directeur de Diésantrium, paré d'un uniforme de safari, descendit de sa jeep un fusil de chasse sur l'épaule. Il posa les pieds sur le sol, là où de la poussière s'élevait encore après le dérapage, puis il tapota du pied le flanc du vieillard. Il en conclut qu'il était bel et bien endormi puis il enleva la fléchette de son cou. C'est à ce moment là qu'il se rendit compte de la présence de Stuart. Il se redressa et lui tendit la main.

_ Il fallait le faire… avant qu'il ne se fasse du mal.

Hésitant quelque peu, Stuart tendit sa main et le directeur la lui serra vigoureusement.

_ Voilà où nous en sommes, à laisser traîner les pires d'entre eux dans la cour de l'asile.

Le directeur lui fit son plus beau sourire. Il avait les dents blanches et parfaitement alignées, ce qui donna à Stuart la folle envie de garder sa bouche fermée.

_ Vous savez de quel mal il souffre ce pauvre vieux ?

_ humhum, ye ‘ais ‘as !

Stuart qui gardait obstinément la bouche fermée ne put articuler plus convenablement.

_ Il est atteint de Peur Obsessionnelle de Dépossession ! Ou selon l'heure de la journée, d'Obsession de Peur Possessive…

Stuart fit la tête de celui qui ne comprenait pas mais qui voulait faire croire à l'assemblée qu'il avait saisi. Le directeur ne tomba pas dans le panneau et entama une explication :

_ Il s'appel Archibalth Krennurberg et son cas est, comme pour tous les patients et patientes de Diésantrium, très, très, très particulier. Voyez, celui-là est persuadé que personne ne s'occupe de lui et ne fait attention à sa personne. Ça le rend capricieux et colérique. Alors il fait tout pour se faire remarquer. C'est ce qu'on appelle une Névrose Narcissique ou encore une [I]Obsession de Peur Possessive[/I] ... bien sûr, je vous vois déjà douter du bien fondé de nos inquiétudes. Et effectivement si ça s'arrêtait là, quelques semaines de convalescence dans les services administratifs de Ford'Owiss' auraient suffi à le soigner, mais ce n'est pas tout. Figurez-vous que ce cher Archibalth devient colérique et capricieux lorsque nos médecins cherchent à le soigner. C'est qu'il tient plus que tout à conserver ses troubles… nous appelons cela une [I]Peur Obsessionnelle de Dépossession[/I] . Et je ne vous parle pas de ce qui arriverait si quelqu'un essayait de faire attention à lui…

_ Il piquerait sa crise et se mettrait à se chamailler avec ce quelqu'un ?

Le directeur se stoppa net et prit du recul pour observer son interlocuteur :

_ Vous êtes psychiatre ? lui demanda t'il avec enthousiasme.

Temps de silence puis :

_ Oui, répondit Stuart en souriant un peu plus.

Et il sortit une énième carte d'identification de son manteau.

[CENTER][B]***[/B]
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Finalement, après qu'une benne soit venue « cueillir » le vieil homme endormi, le directeur fit visiter l'hôpital à son nouvel ami, et confrère au demeurant. A sa grande surprise, l'intérieur de Diésantrium était comme une coquille vide. En tournant sur lui-même, il vit quatre murs. Les quatre murs qui donnaient sa forme à l'édifice. Ces murs faisaient bien une bonne vingtaine de mètres de hauteur, ce qui représentait au bas mot, au moins la taille du bâtiment vu de l'extérieur. Et sur les murs, des portes. Des centaines de portes. Sur toute la largeur et la longueur, et la hauteur des murs. Des quatre murs.

Nouvelle surprise : tout était blanc. Immaculé. Les portes, les murs, même les habits des quelques employés qui traînaient ça et là. Ces types passaient devant le directeur et son invité, et les regardaient tous les deux avec hébétude, arrêtaient toute activité, puis au bout de quelques secondes ils devaient se rendre compte qu'ils ne travaillaient plus puis reprenaient leurs tâches.

En fait, l'intérieur de l'asile avec sa couleur et ses milliers de porte de cellules ressemblait à une gigantesque ruche qui fabriquerait de la crème fraîche au lieu de miel.

Mais c'était sans compter le bourdonnement incessant des « patients » ; leurs rires, leurs pleurs, leurs cris… Des centaines et des centaines d'abeilles ! Et ça mettait les nerfs du détective à rude épreuve. Néanmoins il était rassuré : de là où il était, au rez-de-chaussée, il pouvait observer que chaque porte était fermée . Sûrement par un quelconque système de sécurité. Si c'était le cas, cela faciliterait son travail.

Car aujourd'hui, Stuart Smith était venu leur offrir à tous un [I]petit moment de liberté[/I] au nom des parts de marché et de la masse média !

[CENTER][B]***[/B]
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Alors que le directeur et lui devisaient innocemment, Stuart s'aperçut qu'ils n'avaient toujours pas été présentés et se dit qu'après tout il s'en fichait pas mal car de toute façon, il allait bientôt lui gâcher tout espoir de promotion. Alors à quoi bon nouer connaissances ?

_ Donc, Diésantrium a ouvert ses portes il y a un peu plus d'un siècle, à l'époque des Tours d'Archiviste. Voyez le soin apporté à la décoration des locaux. Tout blanc, afin de favoriser le calme et la plénitude dans l'esprit déjà assez dérangé de nos chers patients, et…

_ Excusez-moi. Vous avez parlé des Tours ?

Le directeur s'arrêta comme si on venait de lui lancer quelque chose de froid et poisseux en pleine figure puis il se tourna vers Stuart.

_ Oui… je disais que notre hôpital avait ouvert ses portes à l'époque où les Tours d'Archiviste étaient encore en service.

Devant l'air intrigué de Stuart, le directeur tint à préciser :

_ Vers la fin de leur existence : ces chères Tours, paix à leur âme, racontaient tout et n'importe quoi à toutes les personnes qui venaient les voir, peu importe ce que ces personnes voulaient savoir au demeurant. Les Tours leur apprenaient les infidélités de leur fiancé, ou leur apprenaient qu'ils étaient atteints d'une tumeur ou leur avouaient que c'étaient leur père qui avaient assassiné leur mère… des faits horribles dans ce genre, mais aussi d'absurdes informations…

_ C'est-à-dire ?

_ Et bien, voilà qu'elles expliquaient à tout le monde la recette de la tarte tatin au canard braisé cuit au bain marie, ou bien elles chantaient des comptines qui duraient des heures entières en empêchant de fuir les malheureux qui étaient juste venus poser leurs questions ! Ce fut une époque dé-sas-treu-se cher collègue. Et c'est devant une recrudescence soudaine du nombre de troubles mentaux dans la population mondiale que l'on a commandé l'ouverture de Diésantrium ! L'asile fut complet dès les premières semaines d'exploitation… une époque très très très lu-cra-ti-ve, comme je viens de vous le dire !

_ Heu… vous venez de dire que cette époque fut désastreuse…

_ J'ai dit ça, moi ? s'étonna le directeur avec sincérité.

Stuart hocha la tête pour seule réponse et sursauta lorsqu'une main agrippa violemment son épaule par derrière. Il se retourna et se rendit compte que l'un des patients tentait tant bien que mal de se retenir à lui pour ne pas perdre l'équilibre. L'homme à la calvitie bien avancée était essoufflé et transpirait à grosses gouttes.

Le directeur s'approcha de lui et, dans son dos, lui balança une bonne claque sur le haut du crâne. Il s'adressa à lui avec sévérité :

_ Dites donc monsieur Huëll ! Veuillez montrer plus de respect envers mon invité s'il vous plait !

Le monsieur Huëll se retourna, l'air honteux, et abaissa la tête comme un enfant pris en faute.

_ C'est que, commença-t-il , je tombais, ce que bien entendu je ne souhaitais pas, alors…

_ Je m'en moque éperdument monsieur Huëll, vous vous agrippez actuellement au manteau d'un des plus éminents spécialistes des troubles mentaux de notre bon pays, alors un peu plus de respect nom de Dieu !!

Stuart n'avait pas souvenir d'avoir inventé quoi que ce soit sur ses éminentes spécialités… en tout cas pas à voix haute. Le directeur reprit :

_ Je suppose que vous venez encore de tourner en rond dans votre cellule pendant des heures et des heures monsieur Huëll ?

_ C'est que… non… j'y ai couru, certes. Et pendant des heures et des heures, certes. Mais pas en rond. Ah, ça non !

Le patient parlait avec agitation et nervosité afin de ne pas laisser au directeur le soin de le couper et, pourquoi pas, de le baffer une seconde fois. Il reprit :

_ J'ai traversé de long en large ma cellule, deux fois, et cela m'a pris au bas mot…

Il compta sur ses doigts :

_ Quatre heures !

Puis il rabaissa la tête avec le couinement d'un petit rongeur apeuré redoutant le coup de bâton. Cependant, un rongeur reçoit rarement des coups de bâton, alors que monsieur Huëll, lui, en reçut un aussitôt.

Le directeur l'avait sorti de sa longue blouse blanche et avait frappé avec, en plein dans la jambe gauche de son patient. Le choc mit celui-ci à genoux. Il enfouit ensuite son visage dans ses jambes tout en massant celle des deux qui était endolorie.

Le directeur lui attrapa une oreille et la tira vers le haut afin de forcer l'homme à se lever, ou tout du moins, à lever les yeux. Il le toisa du regard puis refit preuve de sévérité :

_ Mon-sieur Hu-ëll, quelle est la superficie de votre cellule, dites le moi… une nouvelle fois…

_ Hui…hui… huit mètres ca… ca-carré, monsieur le directeur !

_ Et que ne peut-on pas faire dans huit mètres carré monsieur Huëll ?

_ Les traverser de long en large deux fois en quatre heures…

La nervosité faisait tremblait sa voix et il dû s'y reprendre à plusieurs reprises sur certains mots.

_ Deux fois, monsieur Huëll ? demanda le directeur en sifflant entre ses dents, resserrant sa prise sur l'oreille maintenant toute violette du patient.

_ Deu… deu-deux fois seu… seulement… Deux fois seulement en quatre heures !!

Le directeur lâcha enfin sa prise et applaudit tout en rigolant de bon cœur.

_ Formidable, répétait-il en conduisant son patient dans sa cellule, qui, Stuart pu le remarquer, était vraiment très petite. Le directeur sortit un mètre d'une des poches de sa blouse et le balança dans la cellule :

_ Maintenant, vous allez me mesurer votre pièce jusqu'à l'heure du dîner, de long en large, et vous méditerez sur le résultat obtenu ! Et n'oubliez pas, monsieur Huëll, de-long-en-large !

Puis il s'apprêta à refermer la porte lorsque sur son visage se dessina un large sourire :

_ Et vous méditerez sur ça aussi monsieur Huëll !

Et il retourna dans la cellule et flanqua un bon coup de pied au derrière du pauvre homme. Celui-ci courut aussitôt se réfugier dans un coin de sa cellule, tout tremblotant.

Le directeur ferma la porte de la cellule puis, de nouveau hilare, se retourna vers Stuart.

_ Voilà une belle journée qui s'achève cher confrère ! Ha, ha, ha, je n'aurais pas cru devoir lui répéter encore les mêmes âneries !

_ Et de quels maux souffre cet homme, au juste ?

_ Eh bien, il est atteint de ce qu'on appelle plus communément le syndrome diathermite…

Nouveau regard plein d'incompréhension de la part de Stuart.

_ Cela date de la dernière révolte des frères maçons de Diathermie sept, lorsqu'ils décidèrent, afin de contourner la loi anti-grève en vigueur là-bas, de continuer à travailler mais en omettant de prendre les mesures correctement. Vous imaginez donc les énormes anomalies qui en découlèrent…

_ Oh, fit Stuart qui comprenait finalement, c'est donc pour ça qu'ils nous ont construit le Prizun'hik en plein milieu d'un champ de bataille !

_ Oui, c'est ça… mais ils n'ont toujours pas eu gain de cause auprès de leurs patrons.

_ Et pourquoi se révoltent-ils au juste ?

_ Pour des histoires de sous je suppose. Je crois que les frères maçons de Vagria ont le droit à une couverture sociale, eux…

_ Vous voulez dire que ceux de Diathermie n'en ont pas, demanda Stuart, sincèrement outré.

_ Eh bien, si, ils en ont une… disons que s'ils se retrouvent à la rue, on leur donne une couverture…

Les deux hommes se turent quelques secondes, puis le directeur reprit la parole :

_ Donc notre patient est persuadé que sa cellule mesure cinquante sur cinquante…

_ Mètres ? s'écria Stuart.

_ Non, cinquante kilomètres sur cinquante kilomètres.

Le détective en resta sans voix.

_ Cinquante kilomètres plus cinquante kilomètres en quatre heures seulement, il est rapide le bougre ! fit il. Voyant que le directeur ne réagissait pas, il se re-tu quelques secondes en attendant que ce dernier continuât. Ce qu'il fit :

_ Et savez-vous ce qui est le plus drôle, cher collègue ?

_ Non…

_ Il faut, pour cela, être au courant de son second trouble mental.

Le directeur souriait jusqu'aux oreilles.

_ Et quel est ce second trouble ?

_ Il ne s'appelle pas monsieur Huëll... Cependant, il s'évanouit dès que ses interlocuteurs omettent de l'appeler ainsi dans chacune de leurs phrases.

Puis il rigola de plus belle.

_ Je vois, fit Stuart qui avait retenu au moins quelque chose de cette intéressante visite, il s'agit d'un Trouble Obsessionnel de Peur Possessive.

Le directeur s'arrêta soudainement de rire, se retourna vers son invité puis s'écria avec la plus grande sincérité :

_ Vous, vous n'êtes pas spécialiste pour rien !

Puis son rire reprit.

Terriblement agacé, Stuart ressortit la fausse carte d'identification qu'il lui avait brandi tout à l'heure et ne vit définitivement marqué nulle part la moindre notion d'éminence, ou de spécialité.

Et en plus, c'était sa carte de bibliothèque.

Il la rangea de nouveau dans son manteau, puis il se remit en marche aux côtés de son hôte.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Ils marchèrent encore un peu sans rien dire de vraiment notable quand brusquement, le directeur se retourna vers Stuart et le regarda avec un sérieux surprenant :

_Vous comptez voter, vous, pour l'élection du plus bel homme de la planète ?

_ Oh moi et les mecs, vous savez…

Le directeur parut aussitôt fort attristé. Il se plaça entre Stuart et le chemin qu'ils empruntaient jusque là :

_ C'est bien dommage : ce concours est l'occasion où jamais de voir chaque homme de cette planète vêtu de ses plus beaux atouts, souriant, gentil, attentionné. C'est une telle rareté de nos jours qu'il serait vraiment dommage de s'en priver. Et si plus personne ne votait alors il n'y aurait plus de concours et ce serait la fin d'une tradition super chouette !

Il dit tout cela si passionnément que Stuart ne pu s'empêcher de l'écouter. Ce à quoi il aurait préféré échapper.

_ C'est que je n'observe jamais vraiment les hommes qui se trouvent autour de moi et ça ne me dit rien de le faire. Surtout s'il faut en regarder un paquet et les comparer ensuite…

Mais il arrêta de parler car devant lui le directeur s'était mis à l'observer, la mine soudainement suppliante. Il lui brandit sa carte d'identité sous le nez :

_ Vous voulez mon numéro de sécurité sociale ?

Devant l'air absent de Stuart, il dit :

_ Oh laissez tomber…

Puis il se tu un certain laps de temps avant de tapoter sa montre du bout du doigt et de demander du tac au tac :

_ Vous n'auriez pas l'heure par hasard ? Ma montre est cassée.

Stuart regarda son poigné avec irritation, puis répondit :

_ Il est dix-huit heures quarante-deux.

_ Ah… merci.

La nouvelle paraissait affecter profondément le directeur.

Stuart n'avait pas sa montre sur lui ce jour-là. Mais faire semblant était souvent la meilleure manière de paraître naturel. Alors du coup, lorsqu'il était en mission, Stuart faisait toujours semblant.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Les deux personnages continuaient de marcher de concert, lorsque Stuart Smith fit face à un couloir qui s'enfonçait dans une semi pénombre tellement il semblait grand. Et d'ailleurs, c'était le seul couloir de tout l'établissement. Profitant de l'attention quelque peu égarée dont le directeur lui faisait honneur, il s'y engouffra discrètement.

Le choix de cette fuite n'était pas dû à une volonté désespérée d'échapper au directeur - du moins, pas tout à fait - Ce qui avait motivé cet acte était en fait le panneau qui était cloué à l'entrée du couloir. Ça disait :

[CENTER][B]LOCAL DES GARDIENS[/B]
[/CENTER]

Stuart en avait oublié le but de sa venue ici et ce n'était sûrement pas l'envie d'une visite guidée. Et ce panneau qui indiquait le bout d'un couloir tortueux lui avait rafraîchi les idées ! C'était exactement ce qu'il cherchait.

Alors qu'il s'éloignait, il pouvait encore entendre le directeur parler tout seul dans son dos, ne s'étant pas aperçut qu'il était désormais seul.

La suite faisait assez peur, soit dit en passant. Et Stuart regrettait presque de ne pas être resté auprès de son hôte. Ainsi le couloir qu'il empruntait depuis au moins cinq bonnes minutes semblait ne mener nul part ! C'est à dire qu'on n'en voyait pas le bout. Et surtout, les murs de chaque côté étaient d'un blanc immaculé. D'une propreté dingue. Et c'était justement ce qui faisait peur à Stuart. Premièrement parce que la dernière personne qu'il se rappelait avoir vu était le directeur et que cela lui semblait dater d'il ya une éternité, et deuxièmement parce que par - immaculé - on entendait bien par là qu'en plus d'être blancs, les murs étaient dénués de portes et de fenêtres ! Ce qui donnait à ce couloir une ambiance des plus macabres.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Stuart marchait depuis maintenant environ quinze minutes et s'était résigné à continuer ainsi en regardant exclusivement ses chaussures, l'air penaud.

Dans le col de sa veste, il répétait sans cesse : [I]macabre-macabre-macabre-macabre[/I] , lorsque son regard croisa le bas d'une porte blanche. Il leva la tête et observa la lourde porte sur laquelle se trouvait une pancarte avec inscrit dessus :

[CENTER][B]S'ADRESSER AUX GARDIENS[/B]
[/CENTER]

De l'extérieur, on pouvait entendre deux hommes parler entre eux, et Stuart reconnut l'une des deux voix : celle du gardien qu'il avait rencontré dans le bus.

Ça disait :

_ Hey, Georges ! Tu l'trouves comment mon costume ?

_ Heu… c'est un lapin, quoi.

_ …

_ Kesse tu veux que j'te dise de plus Franck ?

Stuart se redressa, porta la main dans le revers de son manteau puis, de sa main valide, il s'apprêta à frapper. Mais juste avant de s'exécuter, il pensa que cela valait mieux qu'il le fasse en rythme. C'est pour ça qu'il fit : « t[I]oc toc-toc toc toc toc-toc toc-toc-toc[/I] » au lieu du « [I]toc toc toc[/I] » habituel.

Les voix se turent à l'intérieur puis la porte s'ouvrit.

La pièce était d'un blanc aussi pur que partout dans le reste de l'édifice. Et juste en face de lui, Stuart aperçut une mosaïque d'écrans de surveillance. Des milliers de minuscules écrans épiant sans relâche chaque cellule sous tous les angles.

Mais pas trace des deux lascars qui parlaient à l'instant.

Stuart risqua un premier pas dans la pièce, puis un second. Tourna sa tête sur la gauche, puis sur la droite et ne vit rien. Quand soudain…

Stuart connu une sorte de passage à vide. Ce qui est assez fréquent lorsque deux brutes vous sautent dessus en même temps et vous plaquent contre un mur. Dans ce cas là, effectivement, vous perdez connaissance quelques secondes. Et à plus forte raison si le mur en question est d'un blanc immaculé et si vous êtes frappé d'épilepsie inversée.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Un épileptique inversé a ça de particulier que lorsqu'il se trouve face à une surface de couleur unie et qu'en plus, il est sujet à un choc un peu trop violent, il s'évanouit. Et c'est exactement ce qui venait d'arriver à Stuart, car figurez-vous qu'il était épileptique inversé.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

En rouvrant les yeux il se trouvait debout, contre le mur, et à quelques centimètres de son visage se trouvait un type aux oreilles de lapin collées sur la tête. Ce dernier le tenait fermement par les épaules. Il fronçait les sourcils et poussait de petits grognements pour se donner l'air agressif mais son costume de lapin bleu gâchait toute la mise en scène. Et la première chose qui traversa l'esprit de Stuart lorsque celui-ci fut un peu plus clair, ce fut une violente envie de rire. Il plissait la bouche pour ne pas exploser mais quand il vit que le lapin n'en était que plus mécontent et que ses grognements redoublaient de vigueur, il commença à avoir un peu peur. Prudent, il s'affaissa sensiblement contre le mur pour bien marquer sa soumission, puis tenta une approche audacieuse :

_ Je vous en prie, entre collègues, il faudrait se calmer…

Le lapin contempla sa proie avec un vif intérêt soudain et une lueur illumina son regard.

_ Mais j'te reconnais, toi ! s'écria t'il comme s'il venait de trouver la réponse à cent millions.

Son comparse, assis derrière lui, se contorsionna pour mieux observer Stuart.

_ Tu l'connais ce type, Franck ? lui demanda t'il.

_ Un peu que j'le connais, Georges, répondit Franck en se retournant pour lui parler.

Puis il refit face à Stuart et lui lança :

_ T'es l'gars du bus, c'est bien ça ?!

Il relâcha quelque peu sa prise et Stuart en profita pour sortir sa carte de bibliothèque de son manteau et la pointa rapidement sous le nez de ses hôtes, puis il la rangea aussi sec. De cette manière, ils n'allaient pas avoir le temps de douter de l'importance d'une telle carte et seraient bien obligés de croire ce qu'il allait dire :

_ Je suis chargé d'inspecter votre travail et c'est pourquoi me voilà à l'impro…

_ Vous pouvez nous la remontrer votre carte, s'il vous plait ?

Stuart resta bouche bée, il observait ses deux interlocuteurs le regard vide et la mâchoire pendante.

_ Simple question de sécurité, acheva Georges tout sourire.

Stuart se rendit alors compte à quel point la salle était petite et l'espace limité. Il était seul face à deux agents de sécurité dont l'un d'eux était déguisé en lapin de deux mètres et il n'avait aucune chance de pouvoir s'enfuir par là où il était entré. Et naturellement, il n'y avait pas d'autre issue. C'est face à cet état des choses qu'il baissa les bras et décida d'obtempérer.

Il ressortit donc sa carte de bibliothèque et la tendit à ces messieurs.

Ce fut d'abord Franck qui l' eut entre les mains. Il la contempla, de près, de loin. Ensuite il la retourna, l'observa dans les deux sens. Il la soupesa puis finit par la renifler et enfin, il la passa à Georges qui exécuta les mêmes gestes. Enfin , Georges la rendit à Stuart d'un geste vif accompagné d'un grognement favorable.

_ Bon… heu… désolé d'vous avoir froissé. On voulez juste être sûrs, vous comprenez… s'excusa Franck tout en lâchant Stuart et en l'aidant à arranger son manteau.

_ On fait que notre boulot, compléta Georges.

Stuart, totalement abasourdit par la scène qui venait de se dérouler dû improviser au plus vite. Il laissa échapper un :

_ Oh putain…

_ Vous l'avez dit, s'exclama Georges, on a bien failli vous péter la tronche vous savez !

_ Ta gueule Georges, lui fit remarquer Franck entre ses dents, puis il se retourna et offrit son plus beau sourire à Stuart.

Le détective passa un rapide coup d'œil sur les différents accessoires qui ornaient le bureau et son œil s'arrêta sur un bouton rouge posé sur la table de contrôle des caméras.

_ C'est quoi ça ? questionna t'il avec autorité.

Le lapin s'approcha de lui et lui demanda, sur le ton de la confidence :

_ Vous voulez nous tester, c'est ça monsieur, heeeeeeeeeeein ?

Puis il lui fit un clin d'œil complice.

_ Je n'aimerais pas avoir à me répéter messieurs ! Alors ?

Il avait été malmené dès son entrée dans ce bureau et comptait se venger un peu.

Ce fut Georges qui répondit. Il se leva d'un bond de son fauteuil, au garde à vous :

_ C'est la commande automatique d'ouverture des portes, m'sieur.

_ Quelles portes, demanda Stuart avec humeur.

_ Les portes des cellules, répliqua Franck à son tour.

_ Bien, fit tout simplement Stuart tout en se demandant quelle question il allait bien pouvoir poser.

Son regard s'arrêta alors sur un des minuscules moniteurs. On y voyait un détenu qui observait avec acharnement la caméra.

_ Quel est son problème, à lui ?

Ce fut encore Georges qui répondit :

_ Oh, vous parlez de Gaver ? Il est persuadé qu'il est filmé jour et nuit…

_ Mais où est le problème puisque c'est justement le cas ?

_ Ben tiens, il est pas censé l'savoir, pardi !

C'était d'une telle évidence que Stuart s'en tint là. De toute façon il avait ce qu'il voulait. Alors, il fit mine de prendre appui sur la table de commande et en profita pour appuya un bon coup sur le gros bouton rouge. S'attendant à ce qu'un bip sonore se mette en marche, il cria la première chose qui lui vint à l'esprit afin de masquer le bruit :

_ Merde, mes phares avant ! J'ai laissé les phares de ma voiture allumés !

Sur ce, il se dirigea à toute vitesse vers la porte du bureau.

Tandis qu'il fonçait dans le couloir, il entendit les deux autres lui emboîter le pas. Franck l'interpella :

_ Mais vous êtes venu en bu…

Puis ce fut tout. On entendit soudainement des portes claquer, des rires déments et des bruits de pas surexcités se répercuter dans toute l'enceinte de Diésantrium.

Georges poussa une flopée de jurons et se mit à courir vers le hall. Franck, lui, s'empressa de reprendre ses oreilles de lapin qu'il avait reposé dans le bureau, se les accrocha sur la tête et couru rejoindre son camarade.

Maintenant que Stuart était seul dans le couloir, il regarda derrière lui et remarqua que, fatalement, les deux gardiens partis avec force précipitation avaient oublié de verrouiller la porte de leur local. Le détective se dit qu'après tout il n'y avait pas de mal à fouiller un peu et il retourna dans la pièce. Il trouva facilement les dossiers qu'il cherchait : ceux de quelques patients de cet asile. En tant que détective, il se devait de posséder un épais réseau de contacts prêts à lui refiler un coup de main au moment venu. Et les 666 fous de Diésantrium qui se faisaient la malle à l'instant même allaient lui en devoir une fière, de chandelle !

Cinq minutes plus tard, les dossiers bien callés sous sa chemise, entre la ceinture de son pantalon et quelques poils pubiens épars, Stuart se retrouva de nouveau dans le couloir sans fin.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Il était temps pour lui de lancer la dernière étape de son plan. Il plongea sa main dans une des poches extérieures de son manteau puis en sortit son Earphone. Ce petit appareil qui ressemble à une crevette se porte à l'oreille. Dépourvu de clavier et d'écran, l'Earphone fonctionne exclusivement par reconnaissance vocale et ses deux antennes reçoivent les ondes téléphoniques par satellites, permettant l'envoi de messages écrits et la communication orale habituelle.

_ Passez-moi les locaux de KLMW Médias Presse, je vous prie.

L'ordre vocal s'envola alors au sein des ondes téléphoniques pour un court périple vers le ciel, puis vers les étoiles, pour finalement rentrer en contact avec le satellite de Welcome Com, l'opérateur téléphonique de Stuart. Le satellite de Welcome Com qui, malencontreusement, subissait une mise à jour à ce moment précis relégua l'ordre vocal au satellite de secours. Manque de bol, il ne sut pas trop quoi en faire car c'était lui qui était en train de mettre à jour le satellite de Welcome com. C'est ainsi que l'ordre vocal se perdit dans l'espace pendant un quart de seconde avant d'être réceptionné par un satellite en orbite géostationnaire dont le but était de recevoir d'éventuels messages venus d' « ailleurs ». Comme ce satellite ne recevait, parlons franchement, même pas le plus petit écho d'ailleurs, l'apparition de ces quelques mots le déstabilisa au plus haut point. Du coup, il se débarrassa de l'encombrant ordre vocal en le renvoyant vers un satellite de l'armée abandonné depuis près d'un siècle. Agacé d'être ainsi réveillé de son sommeil forcé, il renvoya le message là d'où il venait. Et c'est ainsi que l'ordre vocal de Stuart revint au satellite de Welcome Com. Fort heureusement, ce dernier venait d'achever sa mise à jour et fut très heureux de transmettre l'appel comme il convenait de le faire - c'est-à-dire aimablement et en gardant le sourire - à KLMW Médias Presse, la chaîne d'information continue la plus regardée au monde.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Stuart se rendit soudainement compte de ce qu'il venait de faire et pensa à tous ces malades qui devaient maintenant parcourir chaque recoin de l'hôpital, à la recherche d'une victime, en quête d'une action répréhensible à accomplir. Bref, Stuart craignait qu'il lui arrive malheur s'il quittait son gigantesque couloir sans portes ni fenêtres. C'était son plan, il DEVAIT l'accomplir et c'est d'ailleurs ce qu'il avait fait. Finalement, il s'écroula le long d'un mur et finit la tête entre les genoux.

Il murmurait [I]macabre-macabre-macabre-macabre[/I] depuis deux bonnes minutes lorsqu'il se rendit compte que si un fou se ramenait par ici, le fait qu'il n'y ait ni portes ni fenêtres à ce couloir allait sûrement jouer en sa défaveur. Il était donc de bon ton de sortir de Diésantrium le plus vite possible, mais la peur le tenaillait et le clouait au sol.

Au bout de quelques secondes, une voix monocorde, quoique féminine s'insinua dans tous les recoins de l'asile :

« [I]Bonsoir à tous ! Bienvenu à Diésantrium. Un cadre serein et une équipe de médecins compétents et chaleureux vous accueillent tous les jours… Malheureusement, ce ne sera pas le cas aujourd'hui car toutes les cellules sont vides, ce qui à l'heure de dîner n'est pas très normal. Cette réflexion nous pousse à penser que tous les détenus de Diésantrium sont actuellement en liberté. Toujours à votre service, un autre message vocal fait en ce moment précis le décompte des patients qui sont parvenus à sortir du périmètre de sécurité. Je répète : Bonsoir à tous…[/I] »

Effectivement, durant ce temps une voix suave comptait inlassablement le nombre de malades qui s'évadaient de l'asile. Il en était rendu à trois cent cinquante et sautait de temps à autres des vingtaines de chiffres car le nombre de détenus qui s'évadaient à la seconde dépassait souvent sa capacité à les dénombrer.

Stuart pensa de nouveau à tous ces malades en liberté… Il se dit alors : « bah, à quoi bon ? La vie est trop courte ! » et sur ce, un sourire forcé au coin des lèvres, il se leva et se dirigea vers la sortie.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Après quelques échauffourées mineures dans le bâtiment, quelques prises de bec avec des détenus plus si détenus que ça, quelques surprenantes rencontres avec des théières humaines, et deux ou trois super héros s'écrasant au sol après de minables tentatives d'envol, Stuart Smith se trouvait enfin à l'air libre.

Là, au dehors, la masse imposante de fous courant, sautant, rampant, dansant dans tous les sens lui rappelait la foule de la fois dernière au Prizun'hik. Il lui vint à l'esprit que tout ce monde ferait de très bons figurants pour La Reconstitution de l'année prochaine, et qu'il serait intelligent de prendre leurs coordonnées à tous. Mais ces pensées s'évaporèrent pour laisser la place au bruit des sirènes des forces de l'ordre et des pompiers. Puis les oreilles du détective furent attirées par un tout autre bruit : une cavalcade bien particulière qui se déroulait dans la cour de l'hôpital, derrière lui. Il se retourna et vit ce cher monsieur Huëll courir à toute vitesse vers la grille de sortie. Il avait le visage rouge vif et il couinait comme un rongeur poursuivi par deux agents de sécurité vindicatifs. C'est tout à fait le genre de chose qui arrive très rarement à des rongeurs, mais c'était justement ce qui arrivait en ce moment précis à monsieur Huëll.

Stuart se tordit un peu plus le cou et put observer Georges à une vingtaine de mètres derrière le malade alors que Franck le lapin sortait tout juste du bâtiment et peinait à rejoindre son collègue.

_ Georges, attends-moi !! On va s'le faire à deux ! T'avais promis, hurlait de toutes ses forces le lapin géant.

Quant à Georges qui gagnait du terrain sur monsieur Huëll, il hurlait sur celui-ci ces mots-là :

_ Hep, vous là-bas, s'pèce de taré ! Rev'nez ici immédiatement !!

Puis la course se stoppa subitement et il se retourna pour s'adresser à son collègue :

_ Oh, merde Franck ! Notre gus s'est évanoui juste sous mon nez !

Stuart Smith, quant à lui, ne s'évanouissait pas, ni ne courait en tous sens. Il adopta une démarche qui se voulait la plus naturelle possible vers la sortie de Diésantrium.

_ Aaaah, le Président voulait que je détourne l'attention. Et bien voilà chose faite, se dit-il, non sans un sourire aux lèvres.

En plus de rigoler un peu, il venait d'achever la partie la plus importante de son plan. Mais pas la plus ardue. Le plus dur approchait et il était préférable de se changer les idées.

Il démarra donc dans sa tête le compte à rebours avant l'arrivée de la télévision… et de la belle Monica Carter ! Il allait passer en direct, devoir trouver un bobard à raconter au plus fort taux d'audience de la planète et se faire un peu de pub gratis. Voilà pourquoi il prit le temps d'épousseter sa veste et d'arranger un peu mieux son brushing. Puis :

_ Dix, neuf, huit, sept…



[CENTER][I] Suite la semaine prochaine ![/I]
[/CENTER]

[/spoiler]

:beu:

Et pour ceux qui n'aimeraient pas lire des choses trop longues :

[CENTER][B] Première Année
[/B][LEFT]
Le soleil forçait l'atmosphère reconstituée de Mars pour y plonger ses rayons aveuglants.
Alors que les sondes météorologiques s'affolaient, les Unités de Contrôles Aériennes sortaient de leur torpeur. Méthodiquement elles pulvérisaient dans le ciel des milliards de mètres cubes de particules d'eau afin de tempérer au mieux la chaleur qui montait inexorablement.
Mais malgré tous ces efforts, la journée s'annonçait torride.
Dans tous les sens du terme.

Les gigantesques tours de Rouge, la capitale, assassinaient le ciel bordeaux, transperçaient les nuages et se perdaient dans le ciel.
Plusieurs centaines de mètres plus bas, la foule s'amassait, haineuse, autour d'un petit groupe de jeunes. Des étudiants.

On avait commençait à les pourchasser trois jours auparavant. Au départ, ils avaient été plus intelligents que leurs bourreaux et s'étaient réfugiés dans les sous-sols mêmes de l'Université de Rouge.
Personne ne s'était attendu à un tel stratagème. C'était presque suicidaire.
Puis, comme dans toutes les grandes tragédies, il y avait eu un traître.
Un Première Année du nom de Julius barJulius qui avait cru qu'en agissant ainsi, il serait épargné.
Tant pis pour lui, il n'avait qu'à être plus intelligent. Lui et ses camarades étaient censés se cacher pendant sept jours. Durant ce laps de temps, traîtres ou pas, il fallait les attraper puis les tuer. Tous. Sans exceptions.
Au début de la Grande Traque, ils étaient un peu plus de 8000. En trois jours, ils n'étaient guère plus que 600 sur tout Mars.
Décidément, ils n'étaient pas très endurants, et encore moins vifs d'esprit.

Ainsi, la foule de Rouge venait d'encercler une cinquantaine d'entre eux. Apeurés, les étudiants observaient la masse d'anonymes braillant, gesticulant, lançant sur eux des pierres, des bouteilles et toutes sortes d'objets plus ou moins contondants. Autour des étudiants, les forces de l'ordre formaient une ceinture de sécurité, évitant tout débordement. Et l'espace d'un instant, les étudiants crurent qu'on était venu les protéger.
Mais ils se rendirent vite compte qu'il n'en était rien ; les forces de l'ordre n'étaient pas là pour les défendre de la foule en colère, mais pour les empêcher de fuir le temps qu'arrivent les Seconde Année.

Deux minutes passèrent et la foule se scinda en deux. Calmement, savourant leur victoire, les Seconde Année étaient arrivés sur les lieux.

La presse interplanétaire relata les faits au journal du soir. On parla du parcage des 54 Première Année dans les internats de l'Université de Rouge. Puis des violences qui s'ensuivirent. Les Seconde Année avaient des pioches, des cravaches, des barres en titane, des marteaux. Comme tous les ans.
La Cent Soixante-Quatrième chaîne parvint même à régaler ses téléspectateurs avec les images de la tonte des survivants - tout au plus une dizaine - puis leur incarcération dans les sous-sols insalubres de l'Université. Là où on les laissa croupir durant deux semaines, sans nourriture, dans l'obscurité la plus totale.
On raconte que durant ce laps de temps, on força les étudiants à se battre entre eux pour gagner le droit de manger.
Au terme des ces deux semaines d'horreur, on rendit leur liberté aux six étudiants qui restaient. Le lendemain, ils devaient participer à leurs premiers cours du semestre.

Cette coutume perdure depuis trente-six ans mais cette année, du fait du nouvel Ordre Interplanétaire qui venait de prendre place sur Terre, on décida d'agir. Le Vénérable Président de l'Ordre s'insurgea donc contre la "Grande traque".

À compter de cette année, on décida de réprimander durement le bizutage sur toute la colonie Martienne !


Et hop, :bye:
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[/CENTER]
__________________
- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-(
Maman

>> J'écris des trucs ici

Dernière modification par Deadpoule ; 02/07/2008 à 14h39.
  #113  
Vieux 03/07/2008, 11h50
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Thoor change la caisse du Fauve
Fini le 1er épisode:

Les +:
C'est dense, tout un monde brossé en quelques coups de pinceau.
L'histoire est bonne
Le style est bien barré ( je pense a "Brazil" et au "Guide du routard galactique" va savoir pourquoi )
Les personnage sont bien campés

Les -
C'est dense ( trop peu être), on se perd un peu ( l'histoire des tours d'archiveries est elle bien judicieuse ?? )
Il y a AMHA une ou deux lourdeur (Korn Funzirsch est un peu trop appuyé )

En bref: Je ne boude absolument pas le plaisir que j'ai a te lire, et j'espère que mes petites remarques ne te vexeront pas :copain:
__________________
L'amour pour épée, l'humour pour bouclier ! (B WERBER)

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nouvel épisode: SUNGIRL
  #114  
Vieux 03/07/2008, 18h08
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j'ai pas pu lire hier soir
à croire que les malades ne viennent aux urgences qu'apres la plage et les soldes:meurmf:
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Excusez mon humour de chiottes mais c'est parce que j'y mets tous les déchets de mes sentiments.
  #115  
Vieux 04/07/2008, 14h33
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Deadpoule change la caisse du Fauve
thOOR :
Oui c'est dense, et tout le monde me l'a dit :( Alors vala, peut-être tenterais-je le défi d'alléger tout cela un de ces jours, allez savoir :) Pour ce qui est des Tours, elles sont importantes, et tu sauras pourquoi heu... dans les deux derniers épisodes :) Et Korn... ce fut mon péché mignon. Il s'est créé ainsi afin de faire une cassure entre la première saison et la seconde. Mais comme je n'écrirai jamais la seconde... ça veut plus rien dire. Je t'expliquerai lorsque tu auras lu l'épisode 5 (le dernier de la première saison).
Merci pour les compliments cela-dit. Y'a du Routard Galactique vu que c'est ma référence absolue oui ^^ J'adoore cette trilogie en 5 épisode :)
C'est quoi AMHA ?
Biz et désolé pour le travail de Grogra, spa facile la vie ^^
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-(
Maman

>> J'écris des trucs ici
  #116  
Vieux 04/07/2008, 15h10
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nouvel épisode: SUNGIRL
  #117  
Vieux 04/07/2008, 15h45
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  #118  
Vieux 08/07/2008, 16h53
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Deadpoule change la caisse du Fauve
Aller, paske je suis pas un fainéant (et vous non plus^^) voici-voilou le zode 3

[spoiler="2SD2S - Zode 3 !"]

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[U][B][SIZE=5]2SD2S
Stuart Smith
Détective Spatial
Sponsorisé[/SIZE]


[/B][/U][IMG]http://itvprod.free.fr/epi/03.01.jpg[/IMG]
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Il était une fois un tout jeune enfant qui souhaitait plus que tout ne pas décevoir ses parents. Alors il décida de faire fortune. Et ainsi il pensait effectivement faire beaucoup plaisir à ses parents, quitte à devenir un peu con quand même. Mais malheureusement, l'enfant devenu grand dut abandonner l'idée de faire fortune en jouant aux cartes car il était définitivement mauvais au poker… impossible de faire une partie correcte. Pire ! A cette époque personne ne jouait très bien au poker. Imaginez donc : à chaque partie, tous les joueurs qui évidemment avaient oublié les règles, finissaient par se coucher. Et du coup, personne ne remportait jamais la moindre mise.

Conclusion : il fut obligé de trouver une autre combine pour devenir riche.

Alors, cet homme bien brave et bien courageux décida de donner un coup de pouce au destin et cette décision changea à jamais l'avenir de cette planète. Il se mit en tête d'inventer une machine qui se souviendrait des choses à sa place et qui, à la limite, pourrait lui souffler les règles du poker pendant ses parties. Cet homme s'appelait Bred Brummer et il créa les Tours d'Archiverie.

Et finalement Bred Brummer finit par devenir riche, ses parents pouvaient être fiers de lui ! Les gens dans la rue l'appelaient "[I]monsieur"[/I] et le saluaient ; sa société portait son nom et était la plus puissante des sociétés. Mais bon, il était devenu franchement con et en plus ses parents étaient morts depuis belle lurette .

D'ailleurs, il n'allait pas tarder à les rejoindre.

Après de très bons débuts, les Tours finirent par rendre la population totalement folle à lier.

Beaucoup de pauvres gens passaient l'arme à gauche ou devenaient dangereux pour leur entourage. Des fois, certains sombraient simplement dans la folie. Et au début cela fit plutôt marrer leur famille.

Puis à la longue, pour les familles qui n'étaient pas devenues dingues à leur tour, ça devenait franchement agaçant ! Donc la situation devenait de plus en plus compliquée à gérer et l'on dû se résoudre à construire le plus grand hôpital psychiatrique du monde : Diésantrium.

Monsieur Brummer évita la vague de folie qui submergea ses contemporains et malgré le dépôt de bilan de sa société, il décida de remonter la pente et mis en chantier la destruction de toutes les Tours d'Archiverie. Car, quoique con, il était tout de même un homme intelligent : il monta donc une entreprise de recyclage de Tours d'Archiverie et refit fortune.

Malheureusement après plusieurs semaines sans aucune de ses nouvelles, on retrouva Bred Brummer prisonnier de son usine de recyclage, hagard, marmonnant des choses incohérentes, la bouche pleine de morceaux de Tours. Contre toute attente, il était lui aussi devenu fou. On l'enferma donc à Diésantrium.

Sa femme qui était alors enceinte accoucha d'un jeune garçon qui, à première vue était saint d'esprit. A deuxième vue, c'est-à-dire à l'aube de ses dix-huit ans, le jeune garçon qui était devenu un jeune homme chuta dans un abîme de folie et dû être interné à son tour dans l'asile de Diésantrium (mais près de vingt ans s'étaient écoulés et son père était mort depuis longtemps.). La petite copine du pauvre homme découvrit peu après qu'elle était enceinte et donna naissance à deux adorables jumeaux qui, à leur tour, devinrent totalement dingues à leur majorité et comme de fait exprès, ils eurent le temps de donner naissance à un certains nombre d'adorables bambins avant d'être internés à Diésantrium. Ce fut comme si une malédiction frappait les Brummer. Les mères ne donnaient naissance qu'à des garçons, qui devenaient fous à la majorité et finissaient à l'asile.

Et c'est comme ça qu'il y a sept ans, Bo Brummer atterrit à Diésantrium, dans une cellule qui était spécialement aménagée pour sa famille depuis des lustres. Il faut dire que depuis l'annonce de l'heureux évènement, tout le personnel de l'hôpital se préparait à recevoir le petit Bo.

En plus d'être tout simplement bon à jeter et pas mal con (tare qui s'aggravait de génération en génération), Bo Brummer était frappé d'un mal bien déroutant qui s'appelait la schizophrénie inversée. C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir un certain nombre d'identités dans son esprit, il n'y en avait pas même une seule ! Ou plutôt si, mais de manière très périodique. Du coup, généralement il se prenait pour un objet. Un cadre de photo, la serrure de sa cellule, un courant d'air (il imitait très bien la purée qu'on lui servait midi et soir). De plus, il avait trouvé le moyen de chopper une autre déviance psychologique, à croire que Diésantrium n'était pas si efficace que le prétendaient les brochures. Au bout de 3 ans d'internement et de soins intensifs, Brummer était devenu cleptomane inversé ! Pour définir cette maladie mentale, prenons comme exemple un voleur ; voler c'est son métier, son gagne pain. Il est incapable de faire autre chose que ça et ne compte pas s'arrêter de si tôt. Son dernier gros coup est disons… soyons fou : le vol du Grand Livre Originel, l'un des objets les mieux gardés du Musée du Souvenir d'Apéploxia. Bref, si ce voleur devient cleptomane inversé, il y a de forte chance pour qu'un jour il aille de son plein grès au commissariat pour y faire une déposition. Mais il ne se sera pas déplacé pour avouer le vol du Livre Originel. Il sera plutôt venu pour avouer avoir voler le canapé de son salon, ou sa télé alors qu'il n'en est rien. Disons qu'il les a acheté avec ses économies et que donc, il n'a aucune raison de venir raconter à la police qu'il les a volé. Mais bon, un cleptomane inversé est ainsi fait, persuadé d'avoir volé les choses qui lui appartiennent. Lorsque le sujet en est arrivé au summum de son mal, il en vient à vouloir restituer coûte que coûte les objets en question qu'il avoue avoir volé. Donc, si vous marchez dans la rue et qu'une jeune femme tient plus que tout à ce que vous repartiez avec ses chaussures à talon, refusez car il s'agit en fait d'une cleptomane inversée et du coup, vous risquez d'être accusé du vol de ses chaussures lorsqu'elle reprendra ses esprits ! Toute fois rappelons que ce mal peut frapper n'importe qui : des notables, des bouchers, des institutrices, des présidents (mais nous ne nous attarderont pas trop sur ce point).

Finalement, c'est un peu grâce à tous ces troubles mentaux que Bo Brummer est parvenu à se faire la malle de Diésantrium après 7 ans d'internement. C'était il y a quelques mois déjà. Bien avant que le Détective Stuart Smith ne vienne fourrer son nez là-bas.

Révisons les faits :

Un jour, Bo a demandé à recevoir des graines de pétunias dans sa cellule. Il prétendait que c'était pour les faire pousser afin d'en faire cadeau à sa tante. Et comme ça faisait plusieurs mois qu'il avait arrêté de baver par terre en se prenant pour une serpillière, on lui accepta cette faveur. Et les mois passèrent, les plantes poussèrent, personne ne se doutait encore du plan ingénieux que Bo avait mit au point. Vint le jour où il s'exécuta :

Un matin, le gardien de corvée de nettoyage des cellules de l'aile B se pointa dans la cellule de Bo et tomba sur un mot qu'il avait écrit. Le mot demandait à ce que ses pots de pétunias soient bien remis à sa tante. Bo quant à lui, avait disparut. Après que la sécurité ait inspecté la cellule du patient ainsi que toutes les autres, c'est-à-dire après plusieurs heures de travail éreintantes et carrément inutiles, on décida qu'il avait vraiment disparut et qu'on ne le retrouverait sûrement jamais. Eh bien, y avait plus qu'à envoyer ces pots de pétunias à sa tante et puis voilà quoi, pour ce que ça changerait à l'affaire...

On mit donc tous les pots dans un camion qui partit directement chez la dite tante, suivant l'adresse inscrite sur le mot qu'avait laissé Bo Brummer. Ce que les gardiens chargés de la livraison ignoraient, c'était que Bo n'avait jamais disparut. Bo avait juste passé toute la nuit à provoquer chez lui une crise de schizophrénie inversée et donc, il se trouvait avec les gardiens dans le camion de livraison : Bo était [I]devenu[/I] un pot de pétunias… Résultat, il sortit du camion au premier feu rouge et là où le directeur de Diésantrium avait eu raison, c'est qu'on ne le revit plus jamais. Enfin, presque.

Bref, après coup, les gardiens chargés de la livraison se dirent que finalement, un pot de pétunias qui insiste pour vous refiler son pantalon sous prétexte qu'il l'a volé, c'était peut-être plus suspect que ça en avait l'air. Et en plus, on découvrit plus tard que Bo Brummer n'avait jamais eu de tante.

Mais bon, ne nous étalons pas. Finalement, le plus important dans cette histoire c'est ce qu'était devenu Bo Brummer.

Il avait marché des jours durant et avait atteint le dernier lieu qui avait accueillit son aïeul Bred Brummer quand il était encore sein d'esprit : son usine de recyclage des Tours d'Archiverie. Un lieu désolé perdu en plein désert. Bon, elle était en ruine et il est vrai que le temps n'épargne rien. Le toit s'était effondré depuis longtemps sur les carcasses de Tours et la végétation avait repris ses droits. Néanmoins, les voleurs et les contrebandiers fuyaient cet endroit comme si à lui seul il pouvait rendre fou.

On avait même fini par appeler ces ruines Le Vieux Cimetière des Tours. Et donc, en ces lieux Bo trouva tous les instruments, les outils et les carcasses de Tours dont il aurait besoin pour donner naissance au projet qui l'avait poussé à s'enfuir de sa prison. Il travaillait sur les plans d'un tel projet depuis son arrivée à l'hôpital et n'imaginait pas un seul instant qu'il puisse échouer dans sa quête. Normal : il était fou. Et il n'y avait qu'un fou pour être persuadé que sa machine puisse fonctionner un jour !

Il savait comment assembler les pièces des quelques milliers de Tours restantes dans l'usine en ruine, avait gravé dans son crâne la forme générale de la machine qu'il construirait, en connaissait d'avance le fonctionnement, et surtout, il savait parfaitement à quelle date le prochain [I]trou[/I] devait apparaître. Il devait à tout prix finir sa machine au plus vite, avant que le [I]trou[/I] n'apparaisse. S'il ratait son coup, il resterai coincé sur cette planète en pleine agonie sans avoir pu tenté de sauver ses habitants et ils mourraient tous, dans les souffrances insoupçonnées que leur réservaient les monstres de l'ombre qui les épiaient depuis une éternité (je vous rappelle que cet homme était interné dans un asile psychiatrique).

Il fallait qu'il se dépêche, le jour J approchait à grands pas. Le [I]trou[/I] allait apparaître et selon ses calculs, il allait pouvoir sauver l'humanité !

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[/CENTER]

_ … trois, deux, un…

Stuart Smith, détective sponsorisé de son état, avait à peine fini son compte à rebours qu'il entendit puis vit l'imposante camionnette de chez KLMW Médias Presse freiner un coup sec devant l'entrée de Diésantrium.

Le gardien à l'allure porcine parut des plus surpris et des plus irrité. En plus d'être dérangé par des journalistes suspects et de toute une flopée de fous fraîchement évadés, il allait devoir se taper la télé. Mais il n'eut pas l'occasion de se taper qui que ce soit car le caméraman qui sortit par la porte latérale de la camionnette lui en colla une dans la figure avant de réajuster sa caméra et de filmer ce qu'il convenait de filmer.

C'est-à-dire la magnifique blonde qui sortait à son tour du véhicule.

Pour Stuart, il n'y avait rien de plus beau en ce bas monde que la vue d'une Monica Carter en chaire et en os ! Et elle était là, à quelques pas de lui, en train de faire son speech devant des millions de téléspectateurs esseulés et de téléspectatrices jalouses.

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Monica Carter était ce qu'on pouvait appelait une illustration parfaite du conte de la petite marchande d'allumettes. Mais, bien entendu, ce conte n'existait pas sous ce titre sur cette planète. D'ailleurs, le conte qui existait sur cette planète ne racontait pas tout à fait la même histoire. Il y était question d'une malheureuse chef d'entreprise qui se faisait plus de 300 000 crédits par mois et qui rêvait de re-goûter aux choses simples de la vie. Du coup, effectivement, ça n'avait plus rien à voir.

Bref, Monica Carter commença sa montée dans les échelons de la gloire et de la célébrité comme pigiste au Lady Planet, le quotidien hebdomadaire le plus lu de la planète. Etant le seul quotidien hebdomadaire existant, ce n'était pas si dur que ça. Et donc, en tant que pigiste, Monica Carter s'occupait des pages mode.

Très vite elle se fit un nom en se mariant avec un de ses collègues - un rustre venu de la campagne - mais il disparaissait pour un oui ou pour un non et revenait toujours avec des excuses pitoyables. De plus il portait les plus horribles lunettes qui soient, et refusait de les enlever même au lit. Finalement elle divorça aussi vite qu'elle se maria.

Monica ne gagnait pas beaucoup, dormait dans sa voiture et bien entendu, elle ne pouvait payer la dizaine de contraventions qu'elle retrouvait à chaque réveil sur son pare-brise. Il faut dire qu'elle n'avait jamais pu dormir autrement qu'en étant orienter plein nord, et que par conséquent elle était souvent obligée de se garer en double file, sur les places pour conducteurs handicapés ou encore aux arrêts de bus.

Vite lassée par la rubrique mode, considérant qu'elle ne pouvait rester dans un journal où on ne reconnaissait pas son talent et où on ne la reléguait qu'aux basses œuvres ; elle décida de tout plaquer pour devenir archéologue dans les missions spatiales vers de nombreux astéroïdes. Comme Stuart, elle faisait partie des immigrés qui s'étaient installés sur cette planète et qui, du coup, n'avaient aucuns problèmes de mémoire. Elle apprit vite son métier et devint rapidement Responsable des fouilles sur l'astéroïde Péro-Nèl 12. Puis elle disparu dans la nature après avoir mit à jour certaines affaires louches qui se déroulaient sur place. Telles que la fabrication à grandes échelles de copies pirates du Grand Livre Originel que les ouvriers revendaient une fortune aux touristes les plus crédules.

Monica refit surface un beau jour à la une du Lady Planet, avec un article super chaud sur les secrets de maquillage des stars. Entre temps, elle s'était fait lifter, grossir la poitrine, s'était offert un château dont personne ne se souvenait trop à qui il avait appartenu et en plus elle s'était trouvé un nouveau mari. Un raté qui avait gagné à la dernière Election Annuelle de l'Homme Le Plus Beau et qui passait le plus clair de son temps à jeter l'argent par les fenêtres. Non qu'il eut été spécialement dépensier. Au contraire, c'était même quelqu'un de très économe. Mais il jetait l'argent par les fenêtres voilà tout. Monica, femme de caractère, en eut vite marre de ce type et divorça vite fait bien fait. Ce divorce lui revint très cher et les gens commençaient à jaser autour d'elle. On se demandait d'où lui venait une fortune si soudaine.

KLMW Média Presse sauta sur l'occasion : mieux vaut avoir une présentatrice vedette dont tout le monde parle en mal, plutôt qu'une présentatrice vedette que les gens se contentent d'apprécier. En plus maintenant Monica avait enfin une poitrine présentable et ce genre d'atouts étaient devenus monnaie courante dans la course à l'audimat. Monica qui se rendit compte qu'on s'intéressait enfin à elle pour ses talents signa tout de suite et devint très vite le sex-symbol de la télévision !

Depuis elle était très connue pour tordre le cou à toute rumeur cherchant à la discréditer au yeux du public et elle lançait des procès à tout va. On eut dit une grande firme pharmaceutique tachant de défendre son image médiatique face aux calomnies. Ce qui permit à Monica Carter d'être, sur cette planète, la seule femme défendue par La Loi Sur La Protection Médiatique Des Grandes Entreprises !

Voilà où nous en sommes aujourd'hui : La terrible Monica Carter, belle et fatale, meilleure présentatrice et journaliste d'investigation que KLMW n'ait jamais connu. Et ce fut donc elle qu'envoyèrent les gros pontes de la chaîne lorsqu'ils reçurent l'appel de Stuart.

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Dès qu'elle aperçut ce dernier, Monica avança vers lui à toute vitesse, comme s'il était connu pour fuir les interviews en direct. Elle ne lui laissa de toute façon pas le temps de prendre ses jambes à son cou :

_ Alors monsieur Stuart Smith, je ne m'attarderai pas sur…

_ Heu… bonjour quand même, l'interrompu Stuart, armé de son sourire le plus médiatique.

A peine décontenancée, Monica repris son discours savamment préparé là où elle l'avait laissé :

_ … je ne m'attarderai donc pas sur la plupart de vos états de fait mais parlons de la dernière fois où un soit disant agent secret a mit en garde de nombreux gouvernements contre une menace terroriste et, je tiens à le rappeler à nos chers téléspectateurs que tous les documents concernant cet agent secret contenaient soit votre photo, soit votre adresse. Et, hop, rebelote, aujourd'hui vous voilà dans la cours de Diésantrium le jour où les 666 pensionnaires de ce cher établissement se font la malle. Je ne voudrais pas être rabat-joie mais tout cela ne fleure pas bon l'innocence.

_ Je venais seulement en temps qu'enquêteur dans l'affaire du meurtre de la Grande Reconstitution et…

_ Vous voulez parler de l'Officier-figurant-factice Clifforn abattu de sang froid au Prizun'hik ?

_ Je suis désolé mais je crois qu'il serait sage de ne pas faire de conclusion hâtive. L'Officier Clifforn n'a peut-être pas été abattu de sang froid, et on ne sait même pas avec certitude si cela s'est bien déroulé au Prizun'hik ! Alors de là à dire qu'il s'agit de l'Officier Clifforn… non, je pense que les conclusions trop hâtives que les médias aiment à diffuser d'ordinaire ne sauraient que malmener une enquête qui déjà n'est pas facile à démêler. Et je sais que vos téléspectateurs veulent savoir ce qui s'est réellement déroulé.

_ Vous aimez jouer avec les mots et avec les faits, mais vous ne tromperez jamais nos téléspectateurs avec vos discours tout faits monsieur Smith ! Néanmoins je suis bien forcée d'avouer que la presse doit savoir rester neutre et donc… je vais tâcher de continuer mon reportage en faisant comme si je ne vous avez pas croisé par un hasard insultant au beau milieu d'une évasion de masse sans précédent !

Sur ces mots Monica Carter se retourna vers son caméraman et lui demanda si c'était dans la boîte. Tout en éteignant sa caméra, il hocha la tête. Réponse qui parut lui suffire car elle mit son micro dans une poche et s'alluma une clope.

_ Bien jouer Stu', vraiment très audacieux ton … (voix exagérément grave) [I]C'est peut-être même pas Clifforn ![/I]

_ Merci Monie, mais je ne peux rien face à la facilité que tu as pour mettre le public dans ta poche !

_ (voix de fausset) Je ne vois pas du tout ce que tu veux dire !

_ Ah pas de modestie avec moi !

_ Bon ça suffit, lui fit-elle en collant son visage tout prés de celui du détective. Puis elle lui dit :

_ Si t'étais pas sur le coup, je serais pas là et si j'étais pas là, je serai sûrement pas en train de penser à toi en ce moment ! Crois-moi !

_ Oh arrête Monie, tu m'a-dô-res !

_ Bon aller tiens, j'te paye une clope si tu veux.

_ Non merci, ça fait six fois que j'arrête cette semaine.

_ C'est quand même dommage, ces cigarettes de contrebandes viennent tout droit de Mor'L'Bora20…

Monica Carter se retourna aussitôt, l'air de quelqu'un de particulièrement anxieux qui se croirait suivi. Plus précisément, elle épiait du côté du camion de la chaîne. Stuart siffla d'admiration :

_ Bha dites donc madame la journaliste, je vois qu'on ne se refuse rien. Ça doit coûter super cher le paquet de clopes !!

Ces mots firent sursauter Monica qui se recroquevilla sur elle-même et intima fermement à Stuart de se taire. Elle lui chuchota :

_ Ne dis jamais ce genre de trucs quand je suis dans les parages !

La porte latérale du camion s'ouvrit alors avec fracas et une forme à peu près humaine en sortit et cria ce qui suit :

_ [B][FONT=Courier New]987.432.345 Crédits et 23 Unités ! [/FONT][/B]

_ Et c'est repartit !

La forme à peu près humaine avait tout sauf une voix humaine. Le timbre était celui d'une femme mais sinon, cette chose était un robot. La matière dans laquelle son corps était moulé semblait être une sorte de cuivre doré et sa démarche était cadencée comme s'il lui manquait la moitié de ses muscles et de ses articulations. Bref, c'était un robot à l'apparence féminine, un robot qui portait un tablier noir et blanc de soubrette.

Stuart fit une naïve tentative de communication avec le robot :

_ Pour… euh, pourquoi… que veulent dire ces chiffres ?

_ Laisse tomber Stuart, cette chose est une malédiction !

_ [FONT=Courier New][B]Je suis un robot modèle 3C propriété d'une firme S.A.F. ce qui veut dire pour simplifier que je suis un robot de Commerce, de Comptabilité et de Consommation et l'usine qui m'a fabriqué appartient à une Société sans Attache Fixe… son nom ne vous dirait rien. Nous sommes aussi bien proche de vous qu'à l'autre bout de l'univers. Mon rôle est de suivre l'évolution financière des porteurs de la GoldenCard avec comme but d'empêcher toute hausse imprévisible de leur consommation. Dans le cadre de… [/B][/FONT]

Sur ce, Monica donna un solide coup de poing à un endroit bien précis, savamment étudié et mûrement calculé du ventre du robot. Et il s'arrêta de parler sur le champ.

_ Ouaip bon, leur technique pour m'empêcher de trop dépenser c'est de me rappeler toute la tune que j'ai flanquée en l'air dès que j'achète quelque chose. Il lui arrive même de me faire la morale dès que je parle de mes achats. Mais ça c'est que quand elle est en forme.

_ Une sorte de torture psychologique, quoi ?

_ Mouais bof, fit une Monica pas convaincue pour deux sous… ça ne fait aucun effet sur moi !

_ Et, euh… c'est quoi une GoldenCard ?

Elle s'éloigna de la présence du caméraman et sortit un objet de forme rectangulaire de l'intérieur de sa veste. Une petite carte en or massif, à première vue, sur laquelle était noté une série de chiffres. Le reste était illisible, car sûrement usé par le temps et de toute façon, très probablement écrit dans une langue extra-terrestre.

_ Elle a quoi de spéciale ta carte ?

_ Comment dire… disons que, heu… avec ça, on peut un peu s'acheter… tout, quoi.

_ Tout ?

_ Tout.

_ …

_ Moi-même je n'arrive pas à comprendre comment elle fonctionne, mais ce qui m'intéresse, c'est que je peux m'acheter ce qui me plait sans toucher à mon compte en banque.

_ Mais alors d'où vient l'argent de ta GoldenCard ?

En guise de réponse, Monica haussa les épaules. Apparemment elle s'en moquait royalement. Dépenser, c'était ce qui comptait pour elle.

_ Et, le robot là… il était vendu avec ?

_ Il s'appel Ana Lucia. AL pour les intimes… et oui, il a débarqué peu de jours après mes premiers achats…

Elle se retourna vers AL, lui souffla de la fumée à la figure puis dit à Stuart :

_ J'ai vite compris comment le faire taire… ce robot m'irrite des fois ! Tiens, un petit test pour voir.

Elle refit face à AL et lui lança un regard plein de malice et de défi :

_ AL, regarde mes belles chaussures Varzeca, elles sont assorties à ma jupe Jagu'ould Pautier !

_ [FONT=Courier New][SIZE=2][B]La paire de chaussures vous a coûté 6.543 Crédits et la jupe 3.457 Crédits. Je tiens à rappeler que ce sont de petits enfants payés au lance-pierre qui travaillent d'arrache pieds pour ce que les gens civilisés appellent de nos jours des pièces de haute couture. De petits enfants qui finissent aveugles à force de travailler dans de mauvaises conditions matérielles, sanitaires et psychologiques ! Total de l'opération financière 10.000 Crédits tout ronds. Coût de la totalité des opérations effectuées jusque là : 987.432.345 Crédits et 23 Unités ![/B][/SIZE][/FONT]

_ Tssss, va au diable, robot de malheur !

Et elle lui flanqua un nouveau coup sur la carlingue.

_ Bon j'avoue, je peux plus le voir… ce robot de malheur me suit partout. Je peux vraiment pas m'en débarrasser. J'ai cru comprendre qu'il était branché sur ma fréquence ADN, un truc de ce genre. Il me retrouvera n'importe où je vais, aussi loin que je m'en irai il remettra la main sur moi ! Il n'y a pas un seul recoin de cet univers où je puisse me cacher !

_ Maigre prix à payer vu qu'au final tu peux quand même t'offrir tout ce que tu veux !

_ Avec AL j'avais le choix : soit je choisissais de filer droit, je devenais moins dépensière et ainsi je m'évitais d'entendre à longueur de journées des nombres à neuf chiffres…. Soit je continuais à dépenser tant que je le voulais, mais pour cela j'acceptais de passer le restant de mes jours accompagnée d'un robot qui essaye de me refiler des complexes ! Perso, j'ai choisis d'en chier. Mais crois-moi, (elle montra AL d'un doigt accusateur) ce-n'est-pas-un-maigre-prix-à-payer. Ah ça non !

_ Alors pourquoi ne pas avoir choisi d'être moins dépensière, ou mieux : de ne pas prendre la GoldenCard ?

Le ton de Monica se fit théâtralement plaintif :

_ Stu', je suis une victime. Victime de ma folie dépensière. Avant même que mon destin croise le chemin de cet objet miraculeux, j'étais comme ça. J'ai toujours été comme ça. J'ai toujours adoré foutre mon argent en l'air ! Du coup, quand ma psy m'a conseillé de combattre le mal par le mal, j'ai sauté sur l'occasion.

_ Tu es… une… victime ?

Le robot étouffa un rire mécanique.

Monica, visiblement vexée, fronça les sourcils, serra les dents et rentra la tête dans les épaules.

_ Laissez tomber vous deux !

Puis elle écrasa sa clope contre la joue gauche de AL et retourna vers sa camionnette.

Un ou deux mètres à peine plus loin, elle s'arrêta et se retourna. Puis elle avança rapidement vers Stuart qui n'avait pas bougé :

_ Qu'est-ce-que-tu-pré-pares-comme-plan-toi ?

_ Euh, tu veux que je te dise ce que je vais faire ces prochains jours pour détourner l'attention des millions d'habitants de cette charmante planète ?

_ Oui.

_ Tu te rends compte que les lois de l'offre et de la demande exigent que je tape encore plus fort qu'avec Diésantrium ? Si je ne continue pas crescendo, les gens vont se désintéresser de mon travail, vont changer de chaîne et j'aurais foiré le plus énorme contrat de ma carrière !!!

_ … je comprends parfaitement.

_ Bah… soyons clair : cela signifie que dans les jours à venir, toutes les personnes qui m'auront approchées auront leur vie gâchée. Elles perdront leur travail, finiront socialement pommées, seront sûrement poursuivie par les pires flics de l'univers et j'en passe !!

_ C'est un risque c'est vrai.

_ Monie, ne viens-tu pas d'avouer vouloir m'aider dans la suite des opérations ?

_ Eh bien… disons plutôt que je vais me contenter de te suivre… que je sais flairer un bon coup quand il s'agit de booster ma carrière. Mais une question me taraude Stu'…

_ Vas-y, je suis toute ouïe.

_ Tu viens de libérer plus de 600 malades psychopathes qui étaient enfermés dans le plus grand asile du monde… que pourrais-tu faire de plus gros médiatiquement tout en faisant croire que tu enquêtes toujours sur le meurtre de Clifforn ?

_ Mais voyons Monie, je te croyais plus fine que ça ! Eh bien je vais juste faire ce pour quoi mes patrons m'ont payé : je vais tout bonnement élucidé le meurtre de Clifforn et trouvé le véritable coupable !

_ … Ouais, ça se tient. Je te suis !

_ Bah…

_ Tu n'as pas le choix mon vieux. Je suis la voix du peuple, ne l'oublie pas… tu as besoin de moi !

_ A une seule condition…

_ Laquelle ? Si c'est une question d'argent, sache qu'il n'y a aucun pro…

_ Non, de l'argent j'en ai assez je pense… je te laisse venir avec moi si tu me laisses me servir de AL quand je l'entend s et cela, pour une durée indéfinie.

Monica prit un air dégoutté comme si elle venait de découvrir une facette de Stuart qu'elle ne lui connaissait pas.

_ Mouais… ça marche.

A ces mots, les yeux de Stuart étincelèrent. Il observa Monica, le sourire aux lèvres puis il se tourna vers le robot :

_ Hey, AL !

A l'appel de son nom, le robot se redressa et se tourna vers lui.

_ Elles sont pas mal les nouvelles boucles d'oreilles de Monica, qu'est ce que t'en dis vieux ?

_ [B][FONT=Courier New]Ces boucles d'oreilles lui ont coûté 12.457 Crédits. Elle hésitait avec un collier en or massif à 234.478 Crédits et l'aurait bel et bien acheté si elle avait eu le temps de l'essayer, mais Dieu merci ce ne fut pas le cas. Alors elle a juste acheté un bracelet en argent véritable de Vinèze qu'elle a payé 123.678 Crédits. Bracelet qu'elle ne trouve d'ailleurs plus à son goût aujourd'hui et qu'elle ne porte plus ! Total de ce gâchis financier 246.935 Crédits. Coût de la totalité des opérations effectuées jusque là… [/FONT][/B]

Monica grogna et tapa un bon coup sur le ventre de AL :

_ Bon, ok Stu' ! Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant pour résoudre ce crime minable ?

Quand Stuart lui répondit, la première pensée de la journaliste vedette fut qu'il devait sûrement se foutre d'elle. Mais il avait l'air malheureusement un peu trop sérieux.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Il existe un ouvrage très connu sur cette planète qui est[I][B] L[/B]e [B]T[/B]raité [B]S[/B]ur [B]L[/B]es [B]M[/B]étiers [B]À[/B] [B]R[/B]isques, [B]L[/B]es [B]B[/B]oulots [B]S[/B]tupides [B]E[/B]t [B]A[/B]utres [B]J[/B]obs [B]D[/B]éprimants [/I]. Les 1200 pages de ce pavé répertorient les professions les plus ingrates de ce monde étrange. 1200 pages ! Vous rendez-vous compte ? Il est donc pour moi très difficile de vous faire une sélection d'exemples, tellement tous se valent.

Malgré une pléiade de métiers aussi ingrats les uns que les autres, le pire de tous reste néanmoins celui d'Archiveur (on en parlait dans le premier épisode) (Allez un petit effort !). Métier qui, dans [I][B]L[/B]e [B]T[/B]raité[/I] , se trouve entre le Documentaliste et le Croque-Mort.

Un Archiveur est condamné à vivre à l'Archiverie où il reçoit, emmagasine, répertorie et stock des milliers d'informations par jour. Son rôle est des plus importants pour la communauté car rappelons que cette planète est frappée d'un mal des plus étranges :

Un habitant lambda de cette planète (prenons Crastor Bitraindur, le boucher chez qui Stuart Smith achète sa viande tous les jours. Un sympathique bougre né il y a très exactement cinquante-six ans) ne pourra jamais enregistrer dans sa caboche tout évènement s'étant déroulé avant sa naissance, soit il y a plus de cinquante-six ans ! Et même si disons, Grotarde Vuimonchale, la propriétaire de la maison close où Stuart se rend régu… bref, même si cette charmante jeune femme âgée de quatre-vingt printemps venait lui apprendre quelques trucs s'étant déroulés il y a soixante-dix ans (par exemple), le pauvre homme aurait tout oublié la minute suivante. Autant dire que les habitants de cette planète sont nuls en histoire et n'apprennent pas grand-chose. D'où l'importance des Archiveries et de leurs Archiveurs !

Tous les jours, des gens tels que Monsieur Crastor ou bien encore Mademoiselle Grotarde (quand elle n'a pas du pain sur la planche), se rendent à l'Archiverie et y entreposent des documents piochés un peu partout ; des écrits, des albums photos, des vieux mode d'emploi. Bref, leur savoir personnel. Et l'Archiveur (bénit soit-il) s'occupe de classifier tout ça et de le ranger. Baignant toute la journée dans le savoir de tout à chacun, lisant sans relâche les mêmes documents encore et encore comme avant de passer un examen. L'Archiveur absorbe ainsi littéralement toutes ces informations là où n'importe qui d'autre oublierait une page au moment de commencer la suivante.

C'est donc auprès des Archiveurs que l'on se rend lorsqu'on a un doute, une question à poser ou un problème à régler. L'Archiveur répond alors immédiatement et se trompe rarement. Il est la réponse parfaite aux anciennes Tours d'Archiverie, automates bien trop faillibles et effroyablement peu humains.

Malheureusement les gens ont tendance à confondre les Archiveurs avec ces antiques machines, leur manquent souvent de respect ou ne leur disent jamais merci. Et certains jours, l'Archiveur ne réussit même pas à trouver le temps d'archiver à cause du monde pas croyable de personnes malpolies qui ont un doute, une question à poser ou un problème à régler.

L'Archiveur est donc condamné à vivre entre les murs de son Archiverie, à apprendre en un temps très réduit le savoir de milliers de personnes, à tenir des livres de comptes, mettre à jour des listing de tailles effarantes, il range, il renseigne, il prend sur lui pour pas foutre sur certaines personnes, et j'en passe.

Pour couronner le tout, un Archiveur ne dort presque jamais car les Archiveries font aussi office de morgues et de centres de fitness…

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Donc certains d'entre vous auront sûrement compris que nous allons parler des Archiveurs.

Et d'autres d'entre vous se demandent peut-être, consternés, pourquoi des êtres possédant littéralement tout le savoir du monde ne dirigeaient-ils pas des pays, des continents voir même des planètes entières ?

Je vais prendre un peu du temps imparti à cette histoire pour répondre à cette question.

La réponse est en fait des plus simples : c'est parce que le principal critère de Pouvoir sur cette planète n'a jamais été l'intelligence ou encore le savoir, au Grand Dieu non ! C'était d'ailleurs pour cette raison que le grand pays d'Apéploxia (pour ne citer que lui) était diriger par un sombre idiot.

Le principal critère de Pouvoir serait plutôt la richesse et la réputation. Quelqu'un qui était capable de gouverner était quelqu'un capable de payer des ponts d'or ses principaux rivaux aux élections, afin de les évincer. D'ailleurs, les présidentielles se déroulaient souvent à coups d'enveloppes distribuées sous le manteau. Et celui qui l'emportait se trouvait être la plupart du temps celui qui avait donné le plus d'argent à ses adversaires. Autre méthode pour gravir les marches du Pouvoir : celle de faire peur à ses ennemis, et au cas échéant, les faire taire à tout jamais ! Il arrivait même fréquemment que quand quelqu'un d'important se retrouvait face à un adversaire qui lui faisait de l'ombre, il lui offrait une somme colossale en lui intimant de se mêler de ses affaires… puis à la fin des élections, il le tuait (ce qui lui permettait de récupérer son fric ni vu ni connu).

Dans le monde de la politique, pot de vin était généralement synonyme d'arrêt de mort.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Passons.
En attendant, Stuart Smith, AL et Monica Carter (persuadée d'être sur un gros coup) se rendaient à l'Archiverie de Pirméd'cidouire, la plus importante Archiverie d'Apéploxia et donc du reste du monde.

Même une fois arrivés devant les grandes portes de l'Archiverie, Monica n'arrivait pas à croire le plan de Stuart. Agir ainsi revenait à pénétrer dans les bureaux du président d'Apéploxia et à lui avouer qu'il comptait foutre en l'air sa couverture médiatique, et à le flinguer tiens, tant qu'on y est.

Elle se pencha vers son caméraman et chauffeur, et lui tendit un billet :

_ Vas-y mon vieux. Ne perds pas ton taf pour une histoire de scoop.

_ Mais…

_ Rentre chez toi et s'il te le demande, raconte au patron qu'on t'a forcé à nous emmener ici.

Le caméraman réfléchit à tout ça, puis il acquiesça, rendit le billet à Monica et sortit du camion. Quand la porte claqua, Monica s'enfonça dans son siège et souffla. Son cœur battait de plus en plus fort.

_ T'es sûr que tu veux faire ça Stu' ?

Ce dernier sauta de son siège et se pencha vers Monica, le sourire jusqu'aux oreilles :

_ Si tu savais depuis combien de temps je rêve de faire vraiment mon boulot de détective !

_ Dans quoi me suis-je fourrée ?

_ Bon, on laisse AL ici, ok ?

_ Hein ?! C'est que…

_ [FONT=Courier New][B]Je suis désolé, mais je ne peux m'éloigner à plus de cinquante mètres de mademoiselle Carter. [/B][/FONT]

En guise de réaction, Stuart haussa les épaules et Monica fit la grimace :

_ Mouais, cette journée s'annonce vraiment pourrie !

_ Hey, pas de pessimisme ! Ça risque d'être marrant !

Ils sortirent tous les trois du camion et firent face à l'Archiverie Nationale de Pirméd'cidouire.

_ [FONT=Courier New][B]Cela me rappelle le jour des soldes, lorsque vous vous teniez devant les portes du Prizun'hik…[/B][/FONT] fit AL.

_ Ta gueule, fit Monica.

_ You-hou ! fit Stuart.

Puis ils poussèrent la lourde porte et entrèrent.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Pour un spectateur Terrien, l'Archiverie de Pirméd'cidouire ressemblait vraiment à une gigantesque bibliothèque. Les étagères, finement sculptées, étaient disposées en allées larges comme des boulevards. Elles étaient remplies à ras bords de papiers, de gravures, de tableaux, et de tout un tas d'autres trucs souvent assez surprenants. De l'entrée on ne pouvait pas apercevoir le fond du bâtiment et des panneaux de signalisations étaient placardés un peu partout afin d'empêcher les visiteurs de se perdre. Enfin bon, il y avait vraiment de quoi impressionner n'importe quel touriste peu accoutumé à la mégalomanie architecturale de cette planète.

Au contraire, lorsqu'un natif du coin découvrait les lieux pour la première fois, il se disait la plupart du temps que, mouais, c'était un peu plus grand que l'Archiverie près de chez lui.

De toute façon, même s'ils visitaient les pyramides de Gizeh ou le canal de Suez, ils les trouveraient [I]pas trop trop mal[/I] …

Après quinze minutes de marches au sein du bâtiment, Stuart, Monica et AL trouvèrent le bureau de l'Archiveur qui s'occupait des lieux. Il ressemblait à tous ces bureaux que l'on voit dans les films noirs des années cinquante sauf que, comme pour les stades de foot, ce genre de référence passait carrément au dessus de la tête des gens de cette planète. La porte était en bois et portait une vitre opaque sur laquelle étaient collées des lettres, formant les mots :

[CENTER][B]Hum'fro Baghert [/B]

[B]Archiveur National de Pirméd'cidouire [/B]
[/CENTER]

Les voilà prévenus.

_ Bon récapitulons, fit Stuart. Il nous faut des infos sur le Musée du Souvenir et les Tours d'Archiverie. Et surtout, il va falloir que tu détournes l'attention de l'Archiveur, ma grande !

Monica paru consternée et lança à Stuart un regard assassin.

_ Hey sale mufle, ne crois pas que je vais faire tout ce que tu m'ordonnes, je suis pas venue ici pour tes beaux yeux ! Je suis là pour un scoop je te rappelle.

_ Mais tu vas l'avoir ton scoop Monie ! Interroge-le assez longtemps pour que je puisse aller voir le corps de Clifforn…

_ … tu veux voir le corps de... ??!

_ Me regarde pas comme ça, je veux juste l'ausculter !

Monica ne releva pas et planta un ongle sur la veste de son complice :

_ Dis-moi quel est le rapport entre les Tours d'Archiverie, le Grand Livre Originel et le meurtre de Clifforn !

_ Tu le sauras en temps voulu Monie.

Puis il agita les doigts vers le sol pour lui faire comprendre que le boulot l'attendait.

_ Bon, je fais quoi moi alors ? Je lui tiens le crachoir pendant que tu joues au détective ?

_ Ouaip !

_ [FONT=Courier New][B]Et moi dans tout ça ? [/B][/FONT]

C'était AL.

_ Eh bien… tu laisses Monica parler avec le monsieur, tu l'attends dehors et… bah, tu la boucles.

AL émit un léger cliquetis de déception puis dut se résoudre à se brancher sur le mode veille. Monica, quant à elle, frappa deux coups sur la vitre de la porte en bois puis pénétra dans le bureau de l'Archiveur.

Stuart ne perdit pas de temps et fonça dans les gigantesques rayonnages de livres. Il traversa des dizaines de rangées d'étagères fabuleusement grandes puis déboucha au bout de cinq minutes sur l'entrée de la morgue. Comme dans toute bonne Archiverie, la morgue se trouvait toujours au fond du bâtiment, là où les étagères sont les plus anciennes et les plus miteuses.

Alors que Stuart observait les alentours pour voir si personne ne le voyait, il aperçut une silhouette un peu empâtée, à demi cachée derrière une étagère. Le détective plissa les yeux puis reconnut le petit homme à la calvitie bien entamée. Il portait un pyjama blanc et souriait nerveusement en faisant de petits gestes comme s'il voulait que Stuart le reconnaisse mais ne souhaitait pas se faire remarquer. En guise de réponse, Stuart hocha la tête d'un air entendu. Le signal était lancé.

Son plan marchait comme sur des roulettes. Diésantrium allait lui rendre un fier service !

Lorsqu'il refit face à la porte d'entrée de la morgue, il se rendit compte de la caméra qui pendait sournoisement au dessus de sa tête. Il espéra alors que Monica allait accomplir son rôle à merveille, car il lui revint à l'esprit que le bureau de l'Archiveur était truffé de moniteurs de surveillance. On était quand même dans la plus grande Archiverie du monde !

Mais c'était sans compter sur les nombreux atouts de la plantureuse jeune femme. A l'heure qu'il est, elle était sûrement en train de raconter à l'Archiveur à quel point elle trouvait craquant ces hommes que leur mémoire infaillible rendait tellement plus [I]intéressants[/I] que les autres ! A cette pensée, Stuart sourit et rentra dans la morgue.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Loin d'être incommodante, l'odeur des lieux n'était tout de même pas ce qu'on pourrait appeler plaisante. Le désinfectant et le désodorisant masquaient à peine les effluves de décomposition qui picotaient les narines. Ça donnait le ton. Une fois passée la porte de la morgue, on pénétrait dans un univers totalement différent de celui de l'Archiverie à proprement parler. Là où se tenait Stuart, c'est-à-dire un couloir minuscule, il faisait sombre et il n'y avait même pas la place d'étendre ses bras de chaque côté du corps tellement le passage était étriqué.

Il fit quelques pas qui résonnèrent dans le vide et tomba sur la porte de la salle d'autopsie. Vérifiant que personne ne traînait dans les parages, il poussa la porte et pénétra vite fait dans la salle exiguë. Le terme est assez bien trouvé. Il y avait dans la pièce juste assez de place pour entreposer une table de travail (communément appelée [I]billard[/I] ) un lavabo et une armoire où étaient rangés tous les ustensiles de travail. Le cadavre du soldat-figurant-factice Clifforn était donc étendu sur la table, en partie recouvert d'un drap blanc.

Stuart s'empressa de soulever le drap. C'était bien Clifforn. Ou plutôt ce qui restait de lui : le visage était en bouillie et la peau commençait à se couvrir de cette légère teinte bleue qui caractérise si bien tous ceux qui reçoivent une balle dans la tête. Stuart se concentra deux secondes pour ne pas vomir (et ainsi éviter de laisser une trace de son passage ici), puis il entreprit d'inspecter le corps.

Il brandit sa loupe et observa son visage. Clifforn était mort, ça ne faisait aucun doute : il lui manquait un œil et l'orifice qui abritait l'autre auparavant était obstrué par un amas de chaire et de cervelle qui n'avait pas encore été nettoyé. La mâchoire inférieure marquait un angle des plus étranges, aplatit contre le nez qui lui, n'était plus qu'un vague souvenir de ce qu'il avait été auparavant. Stuart ne s'attarda pas sur cette partie du cadavre et examina le torse. Naturellement, il ne trouva rien d'intéressant au milieu de cette masse de chaire parcheminée de rainures bleuâtres. Il décela néanmoins des traces de poudres qui lui laissèrent penser que l'arme du crime était ancienne. Il n'avait pas eu la chance ni le temps d'examiner l'arme lorsque le meurtre eut lieu, et pourtant il avait été là, bien présent et il regrettait aujourd'hui de ne pas avoir eu les bons réflexes !

Cette pensée lui donna l'idée de fouiller dans l'armoire qui se tenait juste derrière lui. S'il avait convenablement étudié les plans de l'Archiverie, c'était dans ce meuble que devaient se trouver entre autres choses, les différentes preuves et autres pièces à convictions.

Dès la première porte ouverte, il tomba sur ce qu'il souhaitait. Dans une grande boite en carton qu'il posa par terre, il trouva la balle qui avait était extraite de la tête de Clifforn, ses vêtements pliés, son arme personnelle, le tout soigneusement et méticuleusement rangés dans des sachets en plastique de tailles et de couleurs variables. Dans le lot, il tomba aussi sur un sachet contenant un hachoir. Stuart regarda l'étiquette et compris qu'il s'agissait de l'arme d'une autre affaire et qu'elle n'avait donc aucune raison de se trouver dans ce carton.

Et au milieu de tout ça, il mit la main sur ce qu'il cherchait : l'arme du crime. Le pistolet qui avait du servir à Kristan Waaldegård, son meurtrier présumé ! Il le prit avec précaution, défit l'emballage puis se saisit de l'objet. Il avait pour ce faire, enrobé sa main dans un pan de sa veste afin de ne pas laisser d'empreintes. Non pas qu'il allait l'examiner puis le remettre à sa place, pensez-vous ! Mais comme il comptait l'étudier de plus près une fois à la maison, il valait mieux ne pas mélanger ses empreintes avec celles éventuelles qui s'y trouvaient déjà.

C'était un vieux pistolet comme il l'avait deviné. Sa crosse était nacrée et de fins sillons avaient été taillés sur le pourtour de l'arme par des mains très habiles. C'était une arme de collection, le genre de truc qui devait dater de… qui devait dater, quoi ! Stuart la regarda de plus près puis, perdu dans l'admiration de cette pièce rarissime, il du faire un effort pour s'activer un peu quand même. Il rangea l'objet dans son sachet et cacha tout ça dans une de ses poches. C'est à ce moment là qu'il entendit des pas dans le couloir !

_ Merde ! Les empreintes de Clifforn !

Le sang afflua en trombe dans le cerveau du détective, il avait son idée derrière la tête et s'il quittait cet endroit sans les empreintes du cadavre, alors toute cette entreprise risquée n'aura servie à rien ! N'importe qui dans l'urgence, aurait sûrement fouillé à toute vitesse dans ses poches pour trouver un crayon, aurait vidé l'encre sur une feuille, un torchon ou un truc de ce genre, et aurait courut prendre les empreintes du mort. Mais Stuart Smith est le genre de type à se laisser emporter par les évènements. Il retourna vers le carton où se trouvaient les objets suspects et en extirpa le sachet contenant le hachoir. Il s'en empara et courut vers le corps. En deux secondes, il attrapa son bras gauche et lui trancha la main. Sans attendre, alors que les pas s'approchaient inexorablement de la salle d'autopsie, il mit la main dans une autre de ses poches, jeta le hachoir dans un coin de la pièce et, tout en poussant des petits cris plaintifs, se cacha sous le billard.

Lorsque la porte s'ouvrit, il se rendit compte qu'il n'avait pas rangé le carton dans l'armoire et avait même laissé la porte de cette dernière grande ouverte. Il s'insulta mentalement et attendit son heure.

Lorsqu'il reconnut le bruit mat du métal contre le carrelage de la pièce, accompagné de petits cliquetis mécaniques, Stuart sortit de sa cachette en foudroyant AL.

_ Bordel, je t'avais dit d'attendre Monica !

_ [FONT=Courier New][B]Désolé, mais mes radars ont détecté des activités inhabituelles dans le secteur… et c'était vous. [/B][/FONT]

_ Et après, tu vas me punir ? demanda Stuart avec humeur.

_ [FONT=Courier New][B]Non, ce que vous faites est un acte purement gratuit, et je suis programmé pour plébisciter de tels actes… [/B][/FONT]

_ …

_ [FONT=Courier New][B]Félicitations ![/B][/FONT]

Puis il y eut un temps de silence, durant lequel AL sembla chercher ce qu'il avait à dire puis :

_[FONT=Courier New][B] D'ailleurs il semblerait que Mademoiselle Monica Carter ait échoué dans son entreprise et qu'un certain Hum'fro Baghert soit en route pour ici. [/B][/FONT]

[I]"Putain de merde"[/I] résumait assez bien le fond de la pensée de Stuart.

_ Dans combien de temps arrivera t'il ? demanda le détective tout en s'empressant de remettre le drap par-dessus le corps et de ranger le carton à sa place.

Les circuits de AL analysèrent la demande, calculèrent différents facteurs, prit en compte les risques d'effondrement du toit et autres probabilités douteuses, puis il répondit :

_ [FONT=Courier New][B]3 minutes, tout rond. [/B][/FONT]

Stuart fut soufflé. Il n'y avait qu'un Archiveur pour traverser son Archiverie en si peu de temps. Mais c'était plus qu'il ne lui faudrait à lui pour quitter la morgue et faire mine de flâner dans les rayonnages à proximité.

Ce qu'il fit en 2 minutes 32 secondes, d'après AL.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Fronçant les sourcils, le détective essaya de prendre l'air concentré du type qui cherche des trucs dans une Archiverie. Il demanda à AL d'aller rejoindre Monica quand l'Archiveur lui tomba dessus.

_ Je suis Hum'fro Baghert, l'Archiveur de ces lieux. Que venez-vous faire ici au juste ?

Stuart tenta de prendre le même air outré que son interlocuteur, ce qui était quand même très culotté compte tenu de ce qu'il avait dans ses poches. Puis il répondit :

_ Mais je me renseigne, que voulez-vous qu'on fasse dans un endroit pareil ?!

Du regard, il défia l'Archiveur de trouver quelque chose à redire puis cru bon d'ajouter :

_ Et vous, pourquoi venez-vous m'agresser comme ça ?

C'était une position défensive-offensive assez intéressante de part son aspect suicidaire : si l'Archiveur avait vu Stuart s'adonner à ses basses œuvres dans la morgue grâce à ses moniteurs de sécurité, alors il était cuit.

_ Désolé de paraître méfiant. Une folle est venue me baratiner sur l'aspect sensuel de ma mémoire et j'ai cru un moment qu'elle voulait faire diversion.

Stuart n'en cru pas ses oreilles, et du coup, pas ses yeux non plus.

_ Vous… vous ne connaissez pas Monica Carter ?

_ Elle a peut-être dit comment elle s'appelait mais ce n'est pas un détail qui m'a marqué…

_ Monica Carter, la célébrissime présentatrice télé voyons !!

_ Non désolé mais vous savez je ne capte que six chaînes ici, et elles sont même pas de cette planète alors moi, les [I]célébrissimes[/I] présentatrices télé…

Puis il observa le détective encore quelques secondes avec un brin de suspicion dans le regard puis rajouta :

_ Bon, si vous avez besoin de renseignements, je suis dans mon bureau. N'hésitez pas.

_ Je n'y manquerais pas. Rassurez-vous !

Sur ce, alors que l'Archiveur avait fait volte-face, il se retourna l'air perplexe et observa Stuart avec insistance. Son regard figea le détective sur place, un bras encore levé vers une étagère. Ils restèrent tout deux immobiles, se contemplant durant une poignée de secondes qui parurent à Stuart une éternité. Il commençait à se dire en son fort intérieur que l'Archiveur allait lui avouer l'avoir vu fouiner dans la morgue. Peut-être travaillait-il pour le gouvernement et avait-il pour ordre de le remettre aux autorités. Ou pire, peut-être qu'un type comme Funzirsch lui avait donné le droit de tuer comme il était de vigueur dans certains cas extrêmes. Le détective qui sentait la sueur lui couler dans les yeux déglutit. Puis l'Archiveur mit fin au supplice en relevant sa manche gauche et en remuant son poigné dans le vide :

_ Vous n'auriez pas l'heure s'il vous plait ? Ma montre s'est arrêtée.

Stuart ne su quoi répondre sur le coup. Puis il déglutit à nouveau et regarda son poigné.

_ Je… je n'ai pas ma montre sur moi, désolé.

_ Ce n'est pas grave. Excusez du dérangement.

_ Non, non, je vous en prie.

Sur ce, l'Archiveur disparut dans les rayons. Stuart resta planté là le temps d'entendre l'homme s'éloigner puis il l'entendit s'adresser à quelqu'un :

_ Bonne journée mademoiselle Malika Parker !

_ C'EST MONICA ! MONICA CARTER !!!

Et Stuart vit Monica, complètement affolée et folle de rage, se ruer dans sa direction. AL, quant à lui, essayait tant bien que mal de suivre son rythme, faisant grincer ses circuits malmenés.

_[FONT=Courier New][B] Désolé Monsieur Smith, je n'ai pas réussit à la raisonner ! [/B][/FONT]

_ Qu'est-ce qui se passe Monie ?

_ Six chaînes, ma parole, six chaînes ! Et je ne suis sur aucune d'elles ! Mais quel peuple primitif pourrait bien n'avoir que six chaînes ??!

Stuart lui posa les mains sur les épaules :

_ Je comprends, tu traverses ce genre de crises mégalos que toute bonne célébrité connaît le jour où elle s'aperçoit que sa popularité n'est pas totale.

_ Oh c'est bon, te fous pas de moi. Tu peux pas comprendre. Toi tout le monde te déteste, ton statut quo est facile à préserver.

Ignorant cette réplique, Stuart continua sur un ton paternaliste:

_ Mais tu sais Monie, t'es peut-être inconnue dans le reste de l'univers, mais une planète entière qui t'adule c'est déjà pas mal.

_ Va chier…

Stuart repris son sérieux.

_ Bah, tu t'es plantée, tu t'es plantée, ça arrive. Mais on a du pain sur la planche. Je vais causer un peu avec l'Archiveur.

Monica n'eut pas le temps de lui demander ce qu'elle devait faire en attendant, que Stuart était déjà sur les pas du dénommé Hum'fro Baghert.

A son grand étonnement, c'est Baghert qui revint à se rencontre. Pour tout dire, il surgit de nul part. Il se planta devant le détective et le regarda avec circonspection. Puis, après un long moment de silence, Stuart prit son souffle :

_ Monsieur Baghert, j'aurais une question à vous poser…

L'homme ne broncha pas. Il continuait à contempler Stuart avec le regard fixe d'une statue de cire.

_ C'est heu… une question disons… existentielle et assez personnelle…

L'Archiveur prit une mine perplexe et approcha son visage de celui de Stuart, ce qui, vu sa taille, revenait à coller sa joue contre le torse du détective :

_ Allez-y, je saurais être une tombe.

Puis sur le ton de la confidence :

_ Y'a plein de gens qui viennent me voir pour me demander des choses assez... privées. Mais je suis muet comme une porte de prison.

Qu'un homme aussi intelligent, honorable et cultivé que l'Archiveur de la plus grande Archiverie du monde lui dise cela suffit à le mettre en confiance. Baghert reprit :

_ Tenez, pas plus tard qu'hier, y'a un couple qui est venu me voir pour me parler de leurs petits pro...

_ Laissez tomber, jeta aussitôt Stuart.

Et sur ce, il fit demi-tour, l'air soudainement dépité.

_ Attendez !

Le détective se retourna alors que Baghert le rattrapait.

_ Qu'y a-t-il ? demanda un Stuart quelque peu las.

_ Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais vous cherchez quelque chose de bien précis, n'est-ce pas ?

_ Oh oui, fit Stuart en levant les yeux au plafond.

_ Alors laissez-moi vous dire que vous cherchez au mauvais endroit.

En disant cela, l'Archiveur désigna du doigt le fond du bâtiment avec ses étagères anciennes où il avait surprit Stuart tout à l'heure.

_ Qu'y a-t-il là-bas ?

_ Eh bien, les gens m'emmènent leurs écrits, leur savoir et moi je tris tout ça. Et si les informations qu'on me rapporte sont… disons… un peu trop farfelues, je les range là-bas.

Il observa un peu son interlocuteur puis reprit :

_ On en lit des vertes et des pas mûres dans ces rayons, vous savez ? Avec certains collègues, on rigole pas mal quand on traîne dans le coin. On lit de ces trucs des fois je vous jure ! Alors pour passer le temps, il nous arrive d'en lire deux ou trois bien gratinées et on invente des blagues.

Devant l'air de plus en plus impatient du détective, Baghert se massa le front à la recherche d'une de ses fameuses plaisanteries :

_ Tenez, vous savez combien il faut de chats pour dominer le monde ?

_ Quoi ?!

Stuart se sentit défaillir. Les yeux grand ouverts, il n'en crut pas ses oreilles.

_ D'où… d'où tenez-vous cette devinette ?! demanda t'il, des frissons parcourant tout son organisme.

Baghert montra de nouveau les étagères du fond de la salle et sur son visage se dessina une forme de frustration. Il n'avait pas eu le temps de raconter sa devinette et maintenant le détective était déjà loin.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

En quatre minutes, il parvint aux étagères en question (il faut dire qu'il avait courut) et se mit en quête de la lettre C. Il lui fallut quelques minutes de plus pour se retrouver dans tout ce fatras et décrypter l'abominable écriture de l'Archiveur. Lorsque enfin il comprit que cette forme bizarre entre le cercle et le J était en fait un C, il mit la main sur les documents traitant des chats. Monica trouva le moment propice pour apparaître dans son dos.

_ On cherche quoi [I]exactement[/I] Stu ?

Ce dernier sursauta et sous le choc, rangea les feuilles qu'il lisait et prit un air innocent. Il se retourna alors et parut rassuré en découvrant que ce n'était que sa comparse.

_ Tu m'as fait une de ces peurs !

_ Et moi je commence à me demander à quoi je sers ici…

Stuart médita sur la question et répondit le plus sérieusement du monde :

_ Eh bien, mise à part participer à une formidable aventure humaine qui te permettrait très certainement d'obtenir un nouveau prix de journalisme si jamais tu couchais tout ça sur le papier… heu…

_ Je m'impatiente Stu !

_ Bah… à rien en faite…

Il n'avait pas trouvé mieux. Il était totalement désemparé lorsque Monica Carter se mettait en colère.

Et alors que la présentatrice vedette lui tournait le dos pour prendre la direction de la sortie, Stuart lui bloqua le passage, les bras remplis de documents et lui intima de se calmer en agitant une main dans l'air. Puis, comme le résultat avait l'air probant, il pencha la tête sur le côté en faisant de suspects bruits de bouche, comme l'on fait lorsqu'on veut dire discrètement à quelqu'un de regarder quelque part. Il chuchota :

_ Tu vois le gus derrière moi ?

En faisant attention de ne pas se faire remarquer, Monica essaya de voir de qui il parlait puis elle cru effectivement apercevoir un homme à cinq ou six mètres de là, négligemment dissimulé entre deux piles de cartons.

_ Celui avec un pyjama blanc et le sourire idiot ? Qui est-ce ?

_ Notre sauveur Monie, notre sauveur.

_ Qu'est ce que tu racontes ? Si c'est ton ultime tentative pour m'empêcher de partir, tu t'es planté mon grand…

_ Non, je te jure ! C'est l'une des pièces maîtresses de la partie immergée de mon plan.

_ Mais de quel plan tu parles, imbécile heureux ?! Rien qu'à voir tes méthodes d'investigations, on comprend tout de suite que tu n'as aucun plan ! Tu fais tout comme à ton habitude Stuart : dans le chaos le plus total !

Le détective reçut cette dernière déclaration comme un affront. Il remit toute sa paperasse en place et, le visage assombrit et fermé, il refit face à sa complice.

_ Ecoute-moi bien Monica : je vais aller parler à cet homme. Puis quand je te montrerai du doigt, tu agiteras ta GoldenCard en brandissant ton plus beau sourire. Tu m'as bien compris ?

AL qui ne se trouvait jamais bien loin voulu protester contre l'usage abusif et déstabilisant de la GoldenCard mais Stuart le frappa au niveau du torse et le robot retourna au silence. La soudaine détermination du jeune homme cloua littéralement Monica sur place.

Ainsi, Stuart fit comme il avait dit : il s'en alla d'un pas décontracté vers l'homme en pyjama blanc, puis ils discutèrent en chuchotant le plus discrètement possible, comme deux terroristes débattant sur le meilleur endroit où poser leur prochaine bombe. Et au bout d'une minute ou deux, Stuart pointa du doigt dans la direction de Monica et lui fit un grand sourire. Elle, tout d'abord déconcertée par ce qu'il lui avait demandé de faire, du se résoudre à sortir sa GoldenCard et à l'agiter au dessus de sa tête comme un drapeau. Elle omit néanmoins de sourire. Il fallait pas la prendre pour ce qu'elle n'était pas tout de même !

A ce signal, Stuart lui fit signe de venir vers eux. Elle s'exécuta. Maintenant que ce petit manège avait éveillé sa curiosité, elle voulait comprendre ce que Stuart avait dans la tête. Quand elle parvint à hauteur des deux personnages, Stuart s'adressa à elle sous le ton de la confidence :

_ Paye ce monsieur, s'il te plait Monie chérie.

_ Le payer ?! Mais pourquoi ?

L'homme en pyjama blanc sortit d'une de ses poches un lecteur de cartes et le tendit à Monica, le sourire aux lèvres.

_ Je ne fais pas les choses gratuitement, vous savez mademoiselle.

Il avait dit cela sur un ton espiègle qui eu le don d'excéder la vedette de la télé.

_ Monie, je te présente Monsieur Huëll. Monsieur Huëll, je vous présente Monica Carter, la célèbre…

_ Je connais, je connais, le coupa t'il avec un sourire dix fois plus radieux encore.

Stuart prit Monica à part et lui parla dans le creux de l'oreille :

_ Il ne faut sous aucun prétexte que tu oublis de prononcer son nom quand tu lui parles, ok Monie ?

_ Mais d'où tu le sors ce type-là Stuart ?!

_ Bah… de Diésantrium…

_ Ok… je vais faire comme si je n'avais rien entendu. J'ai l'habitude avec toi. Mais en attendant, pourquoi devrais-je le payer ?

_ Mais parce qu'il va nous servir de diversion très chère !

Monica ne partageait pas l'enthousiasme de son complice.

_ Bon écoute Monica… j'ai dans cette poche-ci le pistolet qui a fait feu sur Clifforn et dans cette poche-là sa main gauche… si tu étais plus au courant de l'actualité, tu saurais que depuis deux jours, Apéploxia a lancé le plan Vajapar'ite. Et ce qui est clair, c'est qu'on va avoir droit à une bonne vieille fouille à l'ancienne quand on voudra quitter les lieux…

_ Je suis au courant de tout ça Stuart ! Mais tu es en train de me dire que tu avais prévu que ce type serait là aujourd'hui, ici ?

_ J'ai piqué quelques dossiers intéressants lors de ma visite à Diésantrium. J'ai… disons, préparé le terrain. Enfin bref, Monsieur Huëll est ici, et si l'Archiveur nous vois discuter comme ça trop longtemps il va vraiment finir par se méfier !

_ Bon, je te fais confiance.

A ces mots, le visage de Stuart d'adoucit :

_ Merci !

_ Donc je le paye combien ?

_ A ton bon cœur. Je te laisse seule juge.

_ Et heu… pourquoi dois-je dire son nom dès que je m'adresse à lui ?

_ Tu verras.

Et sur ce, il lui fit un clin d'œil.

L'affaire était maintenant réglée, et ils revinrent voir Monsieur Huëll sur le champ. Ce dernier tendait encore son lecteur de cartes dans le vide et son air espiègle était toujours là, bien accroché à son visage.

_ C'est bon, c'est bon.

Résignée, Monica introduisit sa GoldenCard dans l'appareil et tapa un nombre à trois chiffres. Puis, sous la pression du regard des deux hommes qui observaient la manœuvre par-dessus son épaule, elle rajouta un quatrième chiffre. Cela sembla leur convenir et elle valida l'opération.

AL jeta alors son ombre sur les trois personnages et déclara d'une voix grave :

_[FONT=Courier New][B] Mademoiselle Monica Carter, star de la télévision depuis longtemps au firmament de sa gloire, vient de s'abaisser à payer un échappé d'asile psychiatrique pour un service dont elle ne sait rien du tout. Total de l'opération financière 6000 Crédits tout ronds. Coût de la totalité des opérations effectuées jusque là : 987.438.345 Crédits et 23 Unités ! [/B][/FONT]

Monica fit la grimace en entendant AL déblatérer ainsi, et Stuart dû la faire taire avant que cette histoire d'évadé ne rencontre la désapprobation des gens venus consulter aujourd'hui.

Monsieur Huëll parut ravi de la transaction et rangea amoureusement le lecteur dans sa poche.

_ Bonne chance Monsieur Huëll.

_ Merci bien. Bonne chance à vous aussi.

Et sur ce, Monica Carter, Stuart Smith et AL observèrent Monsieur Huëll s'en aller vers le bureau de l'Archiveur. Nos héros le suivirent à distance afin de ne pas le perdre de vue et de se tenir prêt à fuir comme des voleurs le moment venu. Ils le virent adresser un salut poli à Baghert, ce dernier le salua à son tour, puis comme prévu Monsieur Huëll s'évanouit aussi sec. Dépité et bizarrement honteux, l'Archiveur alla porter secours au pauvre homme et Stuart, Monica et AL profitèrent de ce temps mort providentiel pour sortir du bâtiment.

A l'extérieur, le soleil tapait dur et la rue était bondée. Dans la foule, ils se sentaient en sécurité et Stuart pouvait envisager un peu plus sereinement la suite des évènements. Il avait une main à ausculter et un pistolet à examiner.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

Les découvertes que Monica et lui firent à l'Archiverie étaient annonciatrices de terribles évènements à venir. Encore sous le choc, le détective était rentré chez lui la tête prête à exploser. Il ne prit même pas la peine de dire au revoir à Monica et était sortie du camion de KLMW en pensant à ce que Korn Funzirsch lui ferait s'il apprenait qu'il enquêtait réellement sur le meurtre de Clifforn. En d'autres termes, Stuart sortit du camion de KLMW en regardant ses chaussures.

Une fois à l'intérieur de sa maison, il ne perdit pas de temps à prendre sa douche, et alla directement se coucher. Comme prévu, il dormit deux jours.

A son réveil, il passa des coups de fils après avoir vérifier que sa ligne n'était pas sur écoute. Il échafauda la suite de son plan. Il reçut aussi une dizaine d'appels mais il préféra ne pas décrocher, devenu quelque peu paranoïaque.

Durant ces deux jours, Monica avait continué de faire comme si de rien n'était. Elle présentait le journal du soir, ainsi que celui du midi, de l'après-midi, du matin et de la nuit. Elle continuait de se faire belle, sortait avec tout plein d'hommes et balançait des procès à tout va.

Son patron lui avait posé de nombreuses questions sur sa présence à l'Archiverie de Pirméd'cidouire et c'est ainsi qu'elle comprit qu'elle avait été suivie.

Puis très vite, les dernières personnes que l'on aimerait avoir au téléphone vinrent carrément s'inviter chez elle. Le genre de types qui portent des costumes noirs hiver comme été. Le genre de types qui peuvent tuer sans avoir peur de finir entre les mains de la justice justement parce que ceux qui leur demandaient de tuer [I]étaient[/I] La Justice. Et donc après quelques tasses de thé et quelques petits gâteaux secs, les hommes en costumes noirs s'en allèrent, laissant une Monica tremblotante, seule chez elle, face au pire choix de sa carrière.

D'un calme extérieur olympien, elle tenta d'appeler Stuart à plusieurs reprise, mais à force de tomber sur son répondeur, elle dû se résoudre à laisser un message. Puis deux…

Au terme du second jour, elle reçut un message de Stuart lui demandant de le rejoindre dans les plus brefs délais au Satrenk Perl, une cafét' du coin à la mode. Il avait la voix de quelqu'un d'affolé . Se doutait-il qu'on les avait fait suivre depuis leur échange à Diésantrium ? Avait-il compris que leur vie était en danger ? Comprenait-il qu'en cherchant réellement à disculper Kristan Waaldegård, tous deux s'étaient attirés les foudres du type le plus dangereux de la planète ?

Apparemment oui : avant de raccrocher, Stuart lui avait demandé d'emmener avec elle des affaires de rechanges et du matériel de survie.

[CENTER][B]***[/B]
[/CENTER]

L'ancien soldat-figurant-factice Kristan Waaldegård était enfermé en prison depuis trois jours maintenant. Sa barbe ainsi que ses cheveux avaient poussés et ses traits étaient tirés par la fatigue, la peur et l'incertitude. Il savait bien ce qui attendait les personnes accusées d'avoir commit un meurtre en pleine Reconstitution Annuelle.

Ce n'était bien sûr jamais arrivé, mais chaque année des campagnes de prévention étaient mises en place afin d'éviter les débordements. Ainsi il savait qu'il allait être exécuté et que, comme toujours dans de telles circonstances, ce serait Le Général Suprême Korn Funzirsch qui allait s'occuper de la besogne. Mais au fond, il continuait d'espérer que quelqu'un daigne l'aider. Il espérait qu'une tiers personne allait se rendre compte de la machination qui le visait, et que cette personne le sauverait. Malheureusement, quand on est condamné pour un tel crime, il devient obsolète d'espérer. Il allait croupir ici le temps qu'il faudrait, et le jour venu, on allait l'exécuter.

Jamais il n'aurait cru que sa vie se terminerait ainsi. Jamais il n'avait pensé que La Grande Reconstitution allait mettre un terme à son existence. Il était désabusé et à mesure que le temps passait, il sentait peu à peu son courage et sa volonté s'en aller.

Mais c'était sans compter le vortex ! Le vortex représentait la seule distraction qui permettait à Waaldegård de se changer les idées de temps à autres. Ainsi, chaque jour apparaissait au milieu de la cellule une sorte de trou d'assez petite taille, flottant dans l'air, à travers lequel le prisonnier pouvait observer des étendues de ciels bleus, des collines recouvertes d'herbe, de gigantesques champs de fleurs comme il n'en avait jamais vu auparavant. Et quand il s'approchait assez près du trou, il pouvait sentir l'air frais lui caresser le visage.

Ce qu'il y avait de vraiment intéressant dans ce vortex, c'est qu'à chaque apparition il devenait de plus en plus large.

Alors que Stuart était en train de fuir à toutes jambes L'Archiverie Nationale avec la main d'un cadavre dans une de ses poches, Waaldegård observait le trou qui venait encore une fois de s'ouvrir devant lui. Et il se surprit à penser que si le vortex continuait à grossir comme ça à chaque fois qu'il réapparaissait dans sa cellule, il pourrait se faire la malle dans moins d'une semaine. Un sourire se composa sur son visage fatigué.




[CENTER][I]Suite la semaine prochaine ![/I]
[/CENTER]



[/spoiler]

:D


Et, toujours paske je pense aux plus paresseux d'entres vous, un texte court :


[CENTER][B]L'Arme Ultime[/B]
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La paix entre les deux blocs avait été de courte durée. Et déjà les deux armées se dirigeaient l’une vers l’autre. Des milliers de soldats dans chaque camp, surentraînés, persuadés que leur cause était la plus juste, purement fanatiques et convaincus de l’emporter.

Leurs panoplies de satellites espions ainsi que leurs armadas de drônes anti-radars jetaient leur dévolu sur la masse adverse qui avançait imperturbablement ; comptabilisaient le nombre de fantassins, les tanks, les sous marins, les bombardiers ; calculaient les probabilités de victoires et montaient des stratégies en conséquences. Puis, face aux chances désastreuses de victoire, truquaient les chiffres et les communiquaient aux troupes.

Il faut dire que là où les deux armées devaient se rencontrer aurait lieu la bataille décisive, la dernière confrontation. Le destin de la Terre se déciderait alors et plus personne, ni les vaincus, ni les vainqueurs, ne pourraient faire marche arrière.
Il s’agissait de l’ultime croisade terrienne. Le camp qui l’emporterait n’aurait plus de soucis à se faire. Le monde serait sien à jamais.

Mais l’un des deux camps, celui qui évoluait vers l'Est, pensait avoir une longueur d’avance. Les scientifiques avaient profité de la période de paix pour mettre au point l’arme ultime qui annihilerait efficacement leurs adversaires et leur assurerait la victoire.
Cette arme ultime, ils l’appelèrent La Vague Pourpre.
Mais il ne s’agissait là que d’une métaphore poétique ; l’arme ultime étant incolore.
Pour être plus précis, il s’agissait d’un émetteur à longue portée qui propulsait dans une zone de cinq cents kilomètres, une onde de choc sonore. Touchant directement le système nerveux et l’oreille interne, La Vague Pourpre avait pour but de mettre hors d’état de nuire toute forme de vie animale.
La stratégie était donc d’équiper tous leurs soldats d’un casque spécial les protégeant des effets néfastes de l’arme ultime puis de bombarder l’ennemi avec.
Une fois l’adversaire efficacement mit à terre, les soldats déserteraient le périmètre sinistré puis les drônes aériens débarqueraient et nettoieraient la zone.

La victoire était assurément acquise. Il n’y avait aucune échappatoire. L’ennemi plierait sous la vague meurtrière de l’arme ultime et en quelques heures, la Terre aurait enfin un maître légitime.

Puis quelques jours après le départ des deux blocs, il ne resta plus que cinq cent kilomètres entre eux. Et on lâcha La Vague Pourpre.
Instantanément, l’armée adverse se disloqua ; leurs satellites stoppèrent instantanément toute investigation ; les bombardiers s’écrasèrent au sol ; les milliers de soldats s’évanouirent comme un seul homme.

Le silence radio se fit alors. L’armée qui avait lancé l’ultime attaque était comme en suspend, dans l’attente que les drônes aériens confirment leur victoire.
Mais le plus étonnant survint au bout de quelques minutes d’attente fébrile : soudainement, sans préambules, les soldats alors persuadés d’avoir triomphé de leurs ennemis, s’évanouirent à leur tour !

Il se trouvait que les deux camps avaient mit au point la même arme ultime, mais d’une intensité assez puissante pour outrepasser les faibles protections adverses.

Sur Terre, en ce gris matin d’Automne, six cent mille soldats s’écroulèrent comme des pierres au fond de l’eau, immobiles, paralysés, assommés. L’esprit encore remplit par la propagande de leurs chefs, les promesses de victoire, les pertes adverses magnifiées, les chiffres maquillés. Les soldats de chaque camp, incapables de se relever, en vinrent à se demander ce qui n’avait pas fonctionné. Qu’est-ce qui avait bien pu aller de travers ?

Puis l’Histoire de la Terre prit fin lorsque les drônes aériens des deux blocs survolèrent le camp adverse et nettoyèrent la zone.

[CENTER][LEFT]
Et hop, :bye:
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__________________
- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-(
Maman

>> J'écris des trucs ici
  #119  
Vieux 10/07/2008, 10h55
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Thoor Thoor est déconnecté
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Thoor change la caisse du Fauve
Lu épisode 2 ( oui je suis un poil à la bourre ). Toujours aussi dense et bien balancé. j'aime bien cette idée de folie complète ou les fous enferment ceux qu'il jugent plus fous qu'eux:zinzin:

Dés que possible je me fais le zode 3
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L'amour pour épée, l'humour pour bouclier ! (B WERBER)

ventes Ultimate

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nouvel épisode: SUNGIRL
  #120  
Vieux 10/07/2008, 12h28
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Ben Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à Galactus
J'ai tout lu, et tu m'impressionnes ! C'est vraiment bien écrit, bien fun et intelligent. Tu t'en sors très bien dans cette jolie "expérience" et j'avoue que je n'ai pas grand-chose à dire : je trouve toujours que tu vas parfois trop à la ligne et que tu en sautes de trop, mais ça va mieux qu'au début. Malgré tout, moi je trouve que ça perd un peu le lecteur, mais après chacun voit comment il veut faire les choses. Bravo !
 


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